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28 mars 2024

Respectez le droit inaliénable du peuple kanak à l’autodétermination !


Respectez le droit inaliénable du peuple kanak à l’autodétermination !

Des centaines d’organisations, de personnalités et d’universitaires internationaux exhortent le Président de la République française à reporter le référendum d’autodétermination en Kanaky – Nouvelle-Calédonie. « Tout ce qui a été bâti patiemment depuis plus de trente ans laissait augurer d’une sortie responsable et visionnaire de 168 ans de colonisation. Il est encore temps de ne pas menacer ce qui a été accompli en reportant ce scrutin inconsidérément maintenu. »

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Le 12 décembre prochain, les électrices et électeurs en Kanaky – Nouvelle-Calédonie auront à répondre par « oui » ou par « non » à la question suivante « Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ? »

Il s’agit du troisième et dernier référendum d’autodétermination prévu par des accords assurant un processus de décolonisation signés en 1988 (Matignon-Oudinot) et 1998 (Nouméa) entre l’État français et les forces politiques locales, dont le peuple autochtone kanak de cet archipel, qui a été reconnu dès 1946 par les Nations Unies comme peuple à décoloniser et définitivement inscrit dans cette liste en 1986 suite à la résolution 41/41.

L’accord de Nouméa du 5 mai 1998 a favorisé un processus d’émancipation devant connaître son point d’achèvement avec une consultation sur l’accession à la pleine souveraineté. Cette souveraineté induit un transfert de compétences de l’État à ce territoire tendu vers l’indépendance.

Ce scrutin est donc décisif pour l’avenir de Kanaky – Nouvelle-Calédonie.

Or, en l’état, les conditions d’organisation de ce référendum méconnaissent le droit à l’autodétermination du peuple kanak garanti par la déclaration de l’Organisation des Nations Unies de 2007 et protégé par la Constitution française qui y consacre un titre à la Nouvelle-Calédonie et aux accords de Nouméa.

Il est impératif que ce référendum soit reporté à la fin de l’année 2022. En effet, plusieurs raisons militent pour un tel report.

Premièrement, au terme de 33 ans de mise en œuvre des accords avec constance, l’actuel gouvernement ne les respecte plus en avançant la dernière échéance après deux scrutins en 2018 et 2020 qui ont vu les partisans de l’indépendance progresser de 43% à 47%. Il rogne ainsi sur le temps démocratique nécessaire à se prononcer sur l’avenir de cet archipel, riche d’une histoire de trois millénaires, initiée lors des peuplements de culture Lapita, ancêtres des Kanak. Une telle accélération unilatérale est incompatible avec l’idée même d’une décolonisation partagée.

Deuxièmement, la brusque irruption de la pandémie de Covid-19 début septembre 2021 a frappé de plein fouet le pays, imposant un long confinement facteur d’isolement, éprouvant les structures sanitaires et sociales, empêchant toute vie démocratique par un couvre-feu prolongé et un état d’urgence sanitaire, et meurtrissant les familles et les clans par des deuils en nombre : plus de 275 morts, dont plus de la moitié sont wallisiens-et-futuniens et kanak, alors que ces deux groupes représentent moins de la moitié des quelque 270 000 habitants.

En septembre 2021, on dénombrait +144% de décès par rapport à un mois de septembre hors année Covid. Cette situation sanitaire conduit à une impossibilité de se réunir et de débattre en toute sérénité sur l’avenir de ce territoire, après cette longue période d’isolement qui s’achève à peine, et surtout par la volonté d’observer avec soin et attention les rituels kanaks de deuil, réunissant tous les membres des clans et alliés. Des rituels vitaux pour les peuples autochtones océaniens qu’il est impossible d’expédier sous prétexte du maintien d’un calendrier référendaire qui s’apparente à un diktat. Ainsi s’achèverait l’accord de Nouméa, alors que dans son essence, il s’engage à considérer et respecter le peuple kanak.

Troisièmement, les partis kanak et océanien ont martelé la nécessité de convoquer le 3ème référendum en dehors des échéances électorales nationales françaises. En octobre 2019, le premier ministre avait déclaré exclure que le 3ème référendum se déroule « entre le milieu du mois de septembre 2021 et la fin du mois d’août 2022 », précisément pour ces raisons.

Une telle échéance est d’ailleurs conforme aux accords de Nouméa puisqu’ils disposent que le dernier référendum doit être organisé avant le 4 octobre 2022. Protestant contre l’inconséquence de l’actuelle décision, les partis indépendantistes ont appelé à la non-participation. Cela conduirait donc à la situation absurde où le dernier référendum se conclurait sans le premier concerné, le peuple kanak.

Tout ce qui a été bâti patiemment depuis plus de trente ans laissait augurer d’une sortie responsable et visionnaire de 168 ans de colonisation. Il est encore temps de ne pas menacer ce qui a été accompli en reportant ce scrutin inconsidérément maintenu.

Pour faire valoir ses droits, le peuple kanak n’est pas seul : se tiennent à ses côtés tous les autres calédoniens progressistes, des peuples qui sont aussi inscrits sur la liste de la déclaration des Nations Unies, des chefs autochtones, des organisations de défense des droits des peuples autochtones, des associations élaborant une justice transitionnelle, des collectifs de justice environnementale, des associations de promotion des droits humains et des droits du vivant, et toutes celles et ceux qui veulent assumer leur part dans cet événement historique afin qu’il marque la cohésion de la communauté locale, régionale internationale en faveur d’une décolonisation effective.

C’est d’une seule voix que nous exhortons le Président de la République française à reporter le référendum d’autodétermination en Kanaky – Nouvelle-Calédonie.

Nous ne doutons pas qu’il nous entendra et comprendra que la voix de la France portera d’autant plus loin qu’elle respectera les engagements qu’elle a pris devant son peuple, inscrit dans sa constitution, et se conformera au droit inaliénable des peuples à disposer d’eux-mêmes. Il en va en effet du respect du principe d’autodétermination sans lequel aucun processus de décolonisation viable et pérenne ne peut aboutir.

Pour signer ce texte : https://chng.it/Hy2hjLFG

Signataires

Associations et collectifs

Al Haq (Palestine)
Archive Editor (Berlin/Dakar/Milan)
Association SOS MOOREA (Tahiti Nui)
BDS Movement for Palestinian Rights, Omar Barghouti
Collectif des Citoyens de Mayotte
Collectif Vietnam Dioxine (France)
Comitè Català de Solidaritat Internacionalista – CCSI  (Catalunya)
Confederación Indígena Tayrona CIT – Organización del Pueblo Arhuaco (Abya Yala/Colombie)
Darwin Climax Coalitions, Philippe Barre & Nathalie Bois (France)
Equinox (Europe)
Estat Català, Jordi Miró, Président (Catalunya)
Extinction Rebellion Lyon (France)
Federació d’Entitats de la Mediterrània – Mare Nostrum (Catalunya)
Fiji Women’s Rights Movement, Nalini Singh, Directeur Executif
Forsea – Forces of Renewal South East Asia
Rosalva Aida Hernandez Castillo Dr, Centro de Investigaciones y Estudios Superiores en Antropologia Social, Mexico DF, (Abya Yala, Mexico)
Hui Ho’oniho, Edward Halealoha Ayau (Hawai’i)
Independent Guåhan, Michael Lujan Bevacqua
Indigenous Environmental Network (Turtle Island/USA)
Colectivo Hojas al Viento, Jorge Luis Rodríguez Solarte (Abya Yala, Colombie)
Love Aotearoa Hate Racism (Aotearoa Nouvelle-Zélande)
Khalistan Centre
Mouvement des Océaniens Indépendantistes, Arnaud Chollet-Leakava
Natives, Jean-Pierre Chometon (France)
Ohana Ho’opakele (Hawai’i)
Organisation des Nations Autochtones de Guyane – ONAG
Pasifika Uprising
Radiation Exposure Awareness Crusaders for Humanity, Desmond Narain Doulatram (Marshall Islands)
Red Room Poetry, Anne-Marie Te Whiu (Australie)
Suport Internacional Kanaky (Catalunya)
Survie (France)
The Funambulist (France)
We Are Not Numbers, Majed Abusalama (Palestine)
 

Universitaires, artistes, personnalités

Tania Leoncia Batista, Shaman du peuple Palikur , Abya Yala/Brésil
Mundiya Kepanga chef de la tribu Huli , Papouasie Nouvelle Guinée
Liudmila Oyun, Siberian Shaman, Asie
Ann Marie Sayers, Leader Mutsun Ohlon, spokeswoman for Indian Canyon communities, Californie, Turtle Island/USA
Assossa Hervé Soumouna, Puvi-Pygmy Shaman, Gabon
Ivanice Pires Tanoné, Cacique Kariri-Xoco, Abya Yala/Brésil
Minoo Alinia, Sociologue, Uppsala Université, Suède
Paola Bacchetta, Université de Californie, Berkeley, Turtle Island /USA
Etienne Balibar, Professeur émérite, Université Paris-Nanterre, France
Debbie Bargallie, Griffith University, Australie
Saïd Bouamama, Sociologue, France
Judith Butler, Professeur émérite, University of California, Berkeley, Turtle Island/USA
Anna Carlson, University of Queensland, Australie
Benoit Challand, New School for Social Research, New York City, Turtle Island/USA
Ben Etherington Dr, Western Sydney University, Australie
Terri Ginsberg, film scholar, New York City, Turtle Island/USA
Barbara Glowczewski, Directrice de recherche au CNRS, France
Alyosha Goldstein, Professor of American Studies, University of New Mexico, Turtle Island/USA
Lorenz Gonschor, Hawaiian Society of Law and Politics, Hawai’i
CD Green, Independent researcher, Turtle Island/USA
Michael Griffiths Dr, University of Wollongong, Australie
Adrián Groglopo, Lecturer at the University of Gothenburg, Suède
Holly Guise, University of New Mexico, Turtle Island/USA
Sari Hanafi, American University of Beyrouth, Liban
Engin Isin, Queen Mary University in London, Grande-Bretagne
Diego Landivar, Origens Medialab, France
Esther LaurentBaroux, Cinéaste, France
Alana Lentin, Western Sydney University, Australie
Ronit Lentin, Trinity College Dublin, Irlande
Peter Mayo, University of Malta, Malte
Amy McQuire, University of Queensland, Australie
Institute for American Research at the University of New Mexico, Turtle Island/USA
Jamal Nabulsi, University of Queensland, Australie
Anders Neergaard, Professor, Linköping university, Suède
Arjuna Neuman, Cinéaste, Allemagne
Observatoire Terre-Monde, France
Ilan Pappe, University of Exeter, Grande Bretagne
Richard Raber, Indiana University Bloomington, Turtle Island/USA
Norma Rantisi, Concordia University, Turtle Island/Canada
Marco Renzo Dell’Omodarme MCF, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, France
Ronald RoseAntoinette Ph.D., Concordia University, Turtle Island/Canada
Shela Sheikh Dr, Goldsmiths, University of London, Grande-Bretagne
Ella Shohat, NYU, Turtle Island/USA
Lucia Sorbera, University of Sydney, Australie
Sullivan, Mills College, Turtle Island/USA
Terroir Dealer, Laboratoire transdisciplinaire, France
LouisGeorges Tin Dr, Premier Ministre de l’État de la Diaspora Africaine
Irma A. Velásquez Nimatuj Ph.D., Antropóloga Maya K’ichee’, Quetzaltenango, Guatemala/Abya Yala
Mara Viveros Vigoya, Universidad Nacional de Colombie/Abya Yala
AnnaEsther Younes, Sociology affiliate University of Amsterdam, Pays-Bas
Sarover Zaidi, Professor, Jindal School of Art & Architecture, Inde G

Ginette Hess Skandrani rédactrice de la voix de la Libye.com

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