Un homme passe devant les anneaux olympiques à l’extérieur du Stade national, également connu
sous le nom de Nid d’oiseau, qui accueillera les prochains Jeux olympiques d’hiver de 2022, à Pékin.
(AP Photo/Mark Schiefelbein)

Par John Malvar

 

Lundi, le gouvernement Biden a annoncé que les États-Unis monteraient un boycott diplomatique des Jeux olympiques d’hiver devant s’ouvrir à Pékin en février prochain, pour protester contre les «violations des droits de l’homme» commises par la Chine. Ce qui veut dire que si les athlètes américains y participeront, il n’y aura pas de délégation officielle américaine, une action provocatrice de la part de Washington.

La secrétaire de presse de la Maison-Blanche Jen Psaki a déclaré que le boycott exprimait l’opposition de Washington au «génocide et aux crimes contre l’humanité en cours au Xinjiang et à d’autres violations des droits de l’homme».

L’affirmation par Washington d’un génocide de la population ouïghoure du Xinjiang par Pékin, a été répétée si souvent par la Maison-Blanche et les médias américains qu’elle est désormais largement traitée comme aussi bien établie que les faits arithmétiques de base.

Le mot «génocide» a un sens très concret, issu de l’histoire. Il est associé à l’extermination systématique de populations sans défense et renvoie à des images de massacres industrialisés, dont l’Holocauste est le plus connu. La Maison Blanche de Biden et les médias américains agitent ce mot à tout propos sans le définir, insinuant que Pékin est en train de commettre des crimes de proportions hitlériennes.

La Maison-Blanche recycle les accusations sans fondement de Mike Pompeo, secrétaire d’État du gouvernement Trump. Si l’on cherche suffisamment, on trouvera l’affirmation de la Maison-Blanche, que l’internement massif et les restrictions sur le comportement religieux de la population musulmane minoritaire ouïghoure – en soi des allégations largement infondées – équivalent à une tentative d’éradication de la culture ouïghoure. La Maison-Blanche l’a nommé «génocide culturel».

Faire une fausse allégation de génocide est en soi un crime politique. L’immensité du mensonge exprime l’ampleur de l’intention criminelle qui se cache derrière. Washington invoque depuis longtemps les «droits de l’homme» pour justifier son agression impérialiste, mais le boycott officiel des Jeux olympiques d’hiver de Pékin pourrait bien remporter la médaille d’or de l’hypocrisie.

Quand Biden pointe du doigt la Chine, il le fait du haut d’une montagne de cadavres. La Maison-Blanche ne peut fournir aucune preuve de ses allégations de «génocide», mais il existe bien des chiffres réels de mort massive dans le monde d’aujourd’hui, dont les accusations contre la Chine sont destinées à détourner l’attention.

Huit cent mille Américains sont morts de la COVID-19 en moins de deux ans. Il était entièrement évitable que ces décès – qui dépassent désormais le nombre total de morts américains dans toutes les guerres de l’Amérique à l’étranger – atteignent ces proportions colossales. Ils sont le produit d’une politique délibérée menée par les gouvernements Trump et Biden, consistant à accepter la mort de masse, à donner la priorité aux profits sur les vies humaines et à refuser de prendre les mesures nécessaires pour empêcher la propagation du virus.

Ces chiffres offrent un contraste effrayant avec le nombre de morts en Chine. Chaque semaine, plus de gens meurent de la COVID-19 aux États-Unis que pendant toute la pandémie en Chine, dont la population est pourtant quatre fois plus nombreuse. Il ne fait aucun doute que la politique scientifique «Zéro Covid» de confinement coordonné, de tests agressifs, de recherche des contacts et de quarantaine menée par le gouvernement chinois a sauvé des millions de vies.

Mais si la politique de la Chine a sauvé des vies, la réponse de la classe dirigeante américaine à la pandémie a sauvé les profits, la richesse des milliardaires américains ayant augmenté de plus de 60 pour cent depuis le début de 2020.

En dehors de la pandémie, les États-Unis mènent une guerre sans fin depuis plus de trois décennies, dont le nombre de morts se compte par millions. Tout en menant chaque guerre sous le drapeau sanguinolent des «droits de l’homme», l’impérialisme américain ne laisse de ce qu’il touche que des ruines. Son seul souci est de maintenir et d’étendre l’hégémonie économique du capital américain.

La guerre qu’il a menée en Irak a tué plus d’un million d’Irakiens. Après deux décennies d’occupation américaine de l’Afghanistan, le peuple afghan meurt de faim dans les décombres de la guerre; plus de 20 millions de gens sont confrontés à une insécurité alimentaire risquant d’être mortelle. Le peuple du Yémen est affamé, bombardé par des armements fournis par Washington à l’Arabie saoudite. La guerre civile fait rage en Syrie et en Libye dans les cendres laissées par la machine de guerre américaine.

Des millions de personnes ont été déplacées, fuyant leurs foyers et leurs communautés. Les civilisations du Moyen-Orient et de l’Asie centrale ont été dévalisées, les monuments historiques détruits, des cultures et groupes linguistiques entiers dispersés. Examinant des décombres de l’Afghanistan, de la Syrie et de l’Irak, on bien pourrait renvoyer son accusation de génocide culturel dans les dents de Washington.

Les personnes déplacées par les guerres de l’impérialisme américain sont confrontées à des frontières hostiles, à un possible esclavage et à des conditions désespérées. Des milliers de personnes se noient dans la Méditerranée et les cadavres d’enfants migrants échouent sur ses côtes.

Les foules massées qui tentent de franchir la frontière américaine et d’entrer dans le pays des «droits de l’homme» et de la «démocratie» finiront probablement dans des cages. Trente mille immigrants sont actuellement emprisonnés aux États-Unis pour le «crime» d’avoir cherché à entrer dans le pays, soit deux fois plus que lorsque Trump a quitté ses fonctions.

La CIA, connue dans le monde entier sous le nom d’Assassinat & Cie, a financé des guerres sales, renversé des démocraties et installé des dictateurs brutaux, du Shah d’Iran à Pinochet. Alors qu’elle dénonce Pékin, la Maison-Blanche adopte Rodrigo Duterte, le voyou fasciste qui dirige les Philippines, l’invitant à un Sommet pour la démocratie plus tard cette semaine.

Au cours des cinq dernières années, Duterte a supervisé une campagne de meurtres de masse, sous couvert d’une «guerre contre la drogue», qui a tué plus de 30.000 Philippins pauvres. L’invitation de Biden à Duterte déclarait: «Nous reconnaissons et apprécions votre partenariat dans la construction de sociétés démocratiques et respectueuses des droits de l’homme qui permettent à tous les citoyens de s’épanouir.»

Les surplus militaires, lorsqu’ils sont obsolètes pour ce qui est d’écraser les droits de l’homme à l’étranger, sont donnés aux services de police américains pour supprimer la démocratie chez eux. Des véhicules militaires blindés ont été déployés dans des villes des États-Unis en réponse à des manifestations de masse contre les meurtres policiers. Dans cette «Ville sur une colline» [expression désignant l’Amérique comme modèle de moralité] de la démocratie et des droits de l’homme, la police a tué plus de 30.000 personnes depuis 1980.

Aujourd’hui, le vaste appareil d’hypocrisie et de tartufferie que sont les médias américains s’en prend à la Chine. Tout en invoquant la «démocratie» à Taïwan et Hong Kong, les «droits de l’homme» au Xinjiang et la «liberté» en mer de Chine méridionale, les États-Unis ont déstabilisé les relations internationales et rapproché dangereusement la planète d’une guerre mondiale .

Outre les impératifs géopolitiques de l’impérialisme américain et ses efforts pour contenir la montée économique de la Chine, cette campagne est motivée par des considérations intérieures et politiques. La criminalité stupéfiante de la réponse de Washington à la pandémie – 800.000 morts! – est totalement démasquée par la politique du «Covid zéro» de la Chine. Chaque jour que cela continue montre à la classe ouvrière internationale que ses gouvernements complotent contre ses vies.

Tout au long du mois de novembre, une campagne agressive a été menée dans les médias internationaux, sous la houlette du New York Times, pour demander à la Chine de mettre fin à son «isolement» et de «s’ouvrir». Covid zéro, disait-on avec insistance, ne pouvait être maintenu.

La découverte et la propagation rapide du variant Omicron, une mutation lâchée sur le monde par le refus des principales puissances capitalistes d’adopter une politique scientifique d’élimination, a temporairement fait taire cette campagne. La Maison-Blanche de Biden s’est tournée vers d’autres moyens ; elle a annoncé le boycott des Jeux olympiques d’hiver au nom des droits de l’homme et accusé la Chine de génocide.

Si la Chine suivait les diktats américains et mettait fin à sa politique de «Covid zéro», en s’ouvrant au virus, des millions de personnes mourraient, dont sans aucun doute des dizaines de milliers de Ouïghours. La Maison-Blanche ne se préoccupe pas de cela. Alors qu’il parle de démocratie et de droits de l’homme, Washington exige que chaque gouvernement adopte sa politique de la mort en masse.

(Article paru d’abord en anglais le 8 décembre 2021)

Source : WSWS
https://www.wsws.org/fr/…

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