Quels que soient les temps et les lieux…
L’Histoire, c’est souvent une histoire de gros sous…
Les remous auxquels nous assistons ces temps-ci ont incité Aline de Diéguez à revoir et à mettre à jour ce qu’elle écrivait naguère sur le fameux billet vert, dans sa somme Aux sources du chaos mondial actuel…
La naissance mafieuse du dollar
Aline de Diéguez – M. à j. mars 2022
1 – Les conspirateurs de l’île Jekyll
2 – Les banquiers de la City essaient de faire main basse sur les finances du Nouveau Monde
3 – Les banquiers passent à l’action : les crises monétaires successives : 1869 – 1873 – 1893 – 1901 – 1907
4 – Une éminence grise, le Colonel House
5 – Les banquiers de la City repartent à l’assaut de l’Amérique
6 – À l’attaque !
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1 – Les conspirateurs de l’île Jekyll
Le 22 novembre de l’année 1910, le luxueux wagon privé du richissime sénateur Nelson Aldrich a été accroché au train qui reliait New-York au sud des Etats-Unis et quelques personnes s’embarquent en direction de la Georgie.
Le voyage durera deux jours et deux nuits et les occupants de ce wagon affecteront, avec une ostentation puérile, de ne pas se connaître bien que leur long périple ait le même but : la chasse au canard sur une petite île située à quelques encablures des côtes de Georgie, l’île de Jekyll.
Notre groupe voyage sous des noms d’emprunts. Les participants avaient fait preuve de ruses de Sioux afin de ne pas se croiser avant l’ébranlement du convoi et s’étaient interdit de se nommer en s’adressant la parole – ou de n’utiliser que leurs prénoms – durant le temps que dura le voyage, tellement leur méfiance était grande et s’étendait au personnel de service. Un incognito total devait être préservé. L’un d’entre eux, qui n’avait jamais chassé de sa vie, portait même un grand fusil sur l’épaule afin de compléter le réalisme naïf du tableau.
Ces personnages, qui se comportaient de manière aussi étrange, représentaient pourtant à eux seuls le quart de la richesse planétaire de l’époque.
La description de l’embarquement et du voyage figure dans les ouvrages des auteurs qui rapportent cette scène, notamment dans celui, très détaillé, d’Eustace Mullins, Secrets of the Federal Reserve, The London Connection. Comme les voyageurs occupaient un wagon privé – donc soustrait par définition aux regards du public – les précautions des participants semblent pour le moins excessives, à moins que tel Monsieur Le Trouadec saisi par la débauche, nos sévères banquiers se soient livrés à un moment de détente ludique, avant de se concentrer sur le beau coup financier qu’ils étaient sur le point de monter.
Étaient présents :
– Le propriétaire du wagon qui roulait, tous rideaux baissés, vers son destin et vers le nôtre, le Sénateur Nelson Aldrich accompagné de son secrétaire privé, Shelton. Président de la National Monetary Commission (Commission Monétaire Nationale) créée en 1908 et entérinée par le Président Théodore Roosevelt à la suite de la panique monétaire de 1907 qui succédait à plusieurs autres catastrophes boursières, il était l’aiguillon et l’organisateur de la réunion.
Le Sénateur entretenait des relations commerciales étroites avec l’influent homme d’affaires et banquier, John Pierpont Morgan, beau-père de John D. Rockefeller et grand-père de Nelson Rockefeller, un ancien vice-président des États-Unis. Celui-ci n’était pas physiquement présent, mais triplement représenté, il marqua la réunion de son empreinte. Au Congrès, le Sénateur Aldrich passait pour être le porte-parole du banquier J.P.Morgan, lequel représentait également les intérêts des Rothschild d’Angleterre.
Les représentants directs de John Pierpont Morgan étaient Henry Davison, associé principal de la John Pierpont Morgan Company et considéré comme son émissaire personnel et Charles Norton, président de la First National Bank de New York, dominée par J.P. Morgan Company, ainsi que Benjamin Strong, le directeur général de la J. P. Morgan’s Bankers Trust Company, et connu pour être également un lieutenant de J.P. Morgan. Il devint d’ailleurs le P.D.G. de la banque trois ans plus tard, à la suite à l’adoption de la Loi sur la Réserve fédérale. Ces deux banquiers représentaient eux aussi et en même temps les intérêts des Rothschild d’Angleterre et de France.
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Sanctions bancaires contre la Russie, des retombées en cascade
Alastair Crooke – Entelekheia – 21.3.2022
Paru sur Al-Mayadeen sous le titre Canceling Russian reserves boomerangs to a new international monetary system
L’opération militaire actuelle en Ukraine sera reléguée un jour à une simple note de bas de page dans l’histoire mondiale, mais la guerre financière totale qui s’est répercutée sur la Russie sera essentielle pour définir le nouvel ordre mondial à venir.
La réalité est que l’opération militaire actuelle en Ukraine sera reléguée un jour à une simple note de bas de page dans l’histoire mondiale, mais la guerre financière totale qui s’est répercutée sur la Russie sera essentielle pour définir le nouvel ordre mondial à venir. En fait, nous avons peut-être déjà assisté au moment où l’histoire économique a changé de voie : Le 26 février, l’Occident collectif a saisi toutes les réserves de change de la Banque centrale de Russie qui étaient détenues en Occident.
Source : Sanctions bancaires contre la Russie, des retombées en cascade (entelekheia.fr)
« La directrice de la Banque Centrale Russe est-elle un “agent étranger hostile” qui sabote délibérément l’économie russe ? »
Une interview de l’économiste Paul Craig Roberts
Mike Whitney et Paul Craig Roberts – The Unz Review – 15.3.2022
Traduction : c.l. pour L.G.O.
« Nous pourrions complètement compenser les conséquences négatives des sanctions financières, si la Banque de Russie remplissait son devoir constitutionnel de garantir un taux de change stable du rouble, au lieu de suivre les recommandations des organisations financières de Washington… C’est la connivence de la Banque Centrale qui a fait que la Russie et son industrie ont été vidées de leur sang et incapables de se développer ». Sergueï Glazyev, économiste et auteur russe.
« On peut se demander pourquoi la Russie n’a pris aucune de ces mesures qui entraîneraient des cris d’agonie instantanés de la part de l’imbécile Occident et la fin immédiate de toutes les « sanctions » et de la propagande russophobe. La Russie peut dicter les conditions. Pourquoi renonce-t-elle à ce pouvoir ? » Paul Craig Roberts
URL de cet article : http://blog.lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.fr/index.php/17848-2/
Le « gel » des fonds russes
Andreï Martyanov − Reminiscence of the future – 17.3.2022
Publié par hervek – Le Saker Francophone – 19.3.2022
Saudi Arabia considers ditching the dollar for Chinese oil sales
Pour ceux qui pensent encore que la Russie est intimidée ou affectée par le « gel » des fonds russes à l’Ouest ou par d’autres déclarations grandioses de l’Ouest axées sur les relations publiques. Je n’aime pas la chaîne russe Tsragrad TV – elle est très, et c’est un euphémisme, particulière et la présence d’un bullshiter et d’un ignorant professionnel comme Sergei Mikheev sur ses longues (très longues) émissions d’information est l’un des facteurs qui m’ont empêché personnellement de considérer cette société sérieusement. Cela dit, en 2020, Google a bloqué cette chaîne de partout. Aucune explication réelle n’a été donnée, mais Tsargrad, ayant une tendance quelque peu nationaliste, était définitivement la cible de Google pendant un certain temps. Eh bien, devinez quoi. Aujourd’hui, sans grand bruit, l’un des tribunaux russes a ordonné la saisie d’un premier milliard de roubles sur les comptes Google en Russie en faveur de Tsargrad (en russe).
Ce n’est que le début, de nombreuses autres actions comme celle-ci sont à venir et beaucoup d’autres sont prévues. Vladimir Poutine, s’exprimant lors de la réunion sur le développement socio-économique de la Crimée, a déclaré que, désormais, les banques et les entreprises russes ne devaient plus s’inquiéter des sanctions et pouvaient revenir au pays sans crainte (en russe). Comme je l’ai déjà dit, je le répète encore une fois, le « gel » d’environ 300 milliards de dollars d’avoirs en devises russes dans les banques occidentales sera contré et cela fera très mal au système financier occidental. En voici la preuve avec cette vidéo en début d’article.
Et encore une fois, j’insiste : le pétro-yuan est une chose, le rouble-roupee dans le commerce entre la Russie et l’Inde est une toute autre histoire, tout comme le rouble-yuan dans le commerce entre la Russie et la Chine. La domination du dollar est en train d’être anéantie au moment où je tape ces lignes. Et je ne peux que citer Michael Hudson qui a lui-même admis qu’il ne s’attendait pas à ce que cette implosion se développe à une telle vitesse. Comme vous le savez, je suis connu – l’économie physique et son principal dérivé, l’état de l’art militaire, est ce qui compte dans le monde réel. L’étape suivante, qui est déjà en cours, consiste à démolir toute réputation restante de toutes les agences de « notation » occidentales et autres institutions qui n’existent que pour semer la confusion chez les gens du monde entier en ce qui concerne les économies occidentales en déclin rapide et irrécupérables. Il est évident que l’opération en Ukraine sera utilisée par l’ensemble de l’Occident pour couvrir sa propre incompétence économique et de politique étrangère, qui a commencé à se manifester bien avant que la Russie ne commence à traiter avec l’Ukraine de près et personnellement, mais là encore, vous attendiez-vous à autre chose ? Je ne m’y attendais pas.
P.S. Dans le même ordre d’idées, la Slovaquie aurait accepté (provisoirement, je le souligne) de livrer certains de ses S-300 à l’Ukraine. Il est intéressant de noter que cela vous indique que l’AD du pays 404 [la couverture anti-aérienne de l’Ukraine, NdT] est réduite aux manpads principalement. Si la Slovaquie se lance dans l’aventure, je pense que nous aurons des vidéos intéressantes de l’annihilation de ces S-300 une fois qu’ils auront franchi la frontière.
Quelque chose comme ça : l’annihilation d’une batterie de 152 mm de l’armée ukrainienne près de Kiev. Je ne sais même pas à quoi ils pensaient en se déployant en plein champ. C’est une condamnation à mort. Eh bien … quand on est vraiment stupide, citant la maman bien-aimée de Forrest Gump.
Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
Source : https://lesakerfrancophone.fr/le-gel-des-fonds-russes
Dites bonjour à l’or russe et au pétroyuan chinois
Pepe Escobar – Entelekheia – 16.3.2022
Paru sur The Cradle sous le titre Say hello to Russian gold and Chinese petroyuan
L’Union économique eurasienne, emmenée par la Russie et la Chine, vient de convenir de concevoir le mécanisme d’un système financier et monétaire indépendant qui contournerait les transactions en dollars.
Cela a été long, mais enfin, certains linéaments clés des nouvelles fondations du monde multipolaire sont en train d’être révélés.
Vendredi, après une réunion par vidéoconférence, l’Union économique eurasienne (UEEA) et la Chine ont convenu de concevoir le mécanisme d’un système monétaire et financier international indépendant. L’UEEA est composée de la Russie, du Kazakhstan, du Kirghizstan, du Belarus et de l’Arménie. Elle établit des accords de libre-échange avec d’autres nations eurasiennes et s’interconnecte progressivement avec l’initiative chinoise « Belt and Road » (BRI).
À toutes fins utiles, l’idée vient de Sergueï Glazyev, le plus grand économiste indépendant de Russie, ancien conseiller du président Vladimir Poutine et ministre de l’intégration et de la macroéconomie de la Commission économique eurasienne, l’organe de réglementation de l’UEEA.
Le rôle central de Glazyev dans la conception de la nouvelle stratégie économique/financière russe et eurasienne a été examiné ici (lien en français). Il avait vu venir la pression financière occidentale sur Moscou des années avant les autres.
Sergueï Glazyev c/ les nazis ukrainiens : une déjà vieille histoire
Source : Dites bonjour à l’or russe et au pétroyuan chinois – Entelekheia.fr
Il est hallucinant, quand on lit Pepe Escobar après Aline de Diéguez, de voir à quel point l’histoire des grands méfaits financiers est répétitive… jusque dans les détails.
Tout ce qui brille n’est pas nécessairement de l’or russe
Pepe Escobar – The Unz Review – 18.3.2022
L’« ordre international fondé sur des règles » – comme dans « subis ma loi ou tire-toi » – s’effiloche beaucoup plus rapidement que quiconque aurait pu le prévoir.
L’Union économique eurasienne (UEE) et la Chine commencent à concevoir un nouveau système monétaire et financier contournant le dollar américain, supervisé par Sergei Glazyev et destiné à concurrencer le système de Bretton Woods.
L’Arabie saoudite – perpétrateur des bombardements, de la famine et du génocide au Yémen, sous le parrainage des États-Unis, du Royaume-Uni et de l’Union européenne – accélère l’avènement du petroyuan.
L’Inde – troisième plus grand importateur de pétrole au monde – est sur le point de signer un méga-contrat d’achat de pétrole à la Russie, avec une énorme remise et en utilisant un mécanisme rouble-roupie.
Les exportations de pétrole de Riyad s’élèvent à environ 170 milliards de dollars par an. La Chine en achète 17%, contre 21% pour le Japon, 15% pour les États-Unis, 12% pour l’Inde et environ 10% pour l’UE. Les États-Unis et leurs vassaux – Japon, Corée du Sud, UE – resteront dans la sphère des pétrodollars. L’Inde, tout comme la Chine, pourrait ne pas le faire.
Le retour de flamme des sanctions est à l’ordre du jour. […]
URL de cet article : http://blog.lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.fr/index.php/tout-ce-qui-brille-nest-pas-necessairement-de-lor-russe/
Il nous paraît clair, ; à nous qui sommes nuls en finances mais pas en histoire, que l’hypothèse de Pepe Escobar a de fortes chances d’être la bonne et que les Russes, aussi incapables de venir à bout de l’invincible cartel des banques (les mêmes ?) que l’ont été les USA dans les 13 premières années du XXe siècle, aient choisi l’option Mazarin (ou judo, c’est pareil) : pousser les assaillants à aller au bout de leurs méfaits au point de se mettre eux-mêmes à nu devant tous les yeux de la planète et, aussi incapables de s’arrêter que de faire machine arrière, se précipiter sur leurs propres armes.
Le grand atout de la Russie, qu’on lui souhaite de conserver est sa cohésion intérieure – « Une et Indivisible » ! – qui n’a jamais été à la portée de l’Amérique du Nord à aucun moment de son histoire.
Mis en ligne le 21 mars 2022