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25 avril 2024

3e guerre mondiale ? Avec Jacques Baud, TSBC


mardi 10 mai 2022, par Dominique

TheSwissBox Conversation Source : https://www.youtube.com/watch?v=_8b…

Jacques Baud est un ancien colonel d’État-major général, ex-membre du renseignement stratégique suisse, spécialiste des pays de l’Est. Il a été formé dans les services de renseignement #américain et #britannique. Au sein de l’ #OTAN, il a suivi la crise #ukrainienne de 2014, puis a participé à des programmes d’assistance à l’Ukraine.

Les ukrainiens ont inventé un nouveau mot, le macronisme. La fRance était un des garants des accords de Minsk. Le macronisme désigne la faculté de faire croire que l’on cherche à résoudre les problèmes alors qu’en pratique on fait tout pour les empirer.

3e guerre mondiale ? Avec Jacques Baud, TSBC

En complément :

En réalité, dans quel état est l’armée ukrainienne aujourd’hui ?

Source : https://arretsurinfo.ch/en-realite-dans-quel-etat-est-larmee-ukrainienne-aujourdhui/

Par Moon of Alabama Arrêt sur info — 04 mai 2022

Il est très difficile d’obtenir des informations de terrain précises sur l’état de l’armée ukrainienne. Mais, comme un « black-out » total n’est pas possible, le blog Moon of Alabama tente ici de voir un peu plus clair à partir de quelques observations qui ont filtré.

Des soldats ukrainiens épuisés reviennent du front de l'est Des soldats ukrainiens épuisés reviennent du front de l’est

Paru sur le blog Moon of Alabama sous le titre Ukraine’s Army Is In Very Bad Shape – More Fighting Will Only Destroy It

L‘agence de presse française AFP a publié un reportage de Daphné Rousseau réalisé près de la ligne de front ukrainienne. Il nous permet d’avoir une vision réaliste de l’état des forces armées ukrainiennes.

Voici une carte actuelle de la ligne de front. Kiev se trouve dans le coin supérieur gauche. Ligne de front

Je vais citer des extraits du reportage de l’AFP et ajouter mes observations :

Chargé de soldats ukrainiens épuisés, les mâchoires serrées, le camion repart à toute vitesse. Les troupes de la 81e brigade viennent de recevoir l’ordre de se retirer du front oriental où avancent les forces russes.

La brigade a parcouru samedi 12 kilomètres (7,5 miles) à pied, camouflée dans les bois et sous les tirs croisés, jusqu’à son point de retraite à Sviatoguirsk.

La 81e brigade aéromobile se compose de 3 bataillons d’infanterie équipés de véhicules blindés de transport de troupes BTR-70, qui peuvent être chargés dans un avion. Elle dispose également d’un solide groupe d’artillerie composé de 3 bataillons équipés de canons et de missiles, ainsi que du méli-mélo habituel d’unités de soutien.

Comme les troupes ukrainiennes ont dû marcher 12 kilomètres, une question se pose. Où sont leurs véhicules blindés ? Même lorsque l’infanterie est déployée dans des abris et des tranchées, son transport devrait toujours être à proximité ( 3 km) pour qu’elle puisse le récupérer rapidement en cas de besoin.

La réponse la plus probable est que ces BTR-70, ainsi que l’artillerie de la brigade, n’existent plus. Extrait de la « liste des dégâts » publiée hier par le ministère russe de la Défense (gras ajouté) :

Au total, 146 avions et 112 hélicoptères, 683 véhicules aériens sans pilote, 281 systèmes de missiles antiaériens, 2 756 chars et autres véhicules de combat blindés, 316 systèmes de roquettes à lancement multiple, 1 234 pièces d’artillerie de campagne et mortiers, ainsi que 2 563 unités de véhicules militaires spéciaux des forces armées ukrainiennes ont été détruits au cours de l’opération.

Ces chiffres seront, comme tous les décomptes de ce type, quelque peu exagérés. Mais ils racontent une histoire.

Sviatoguirsk, le point d’extraction des troupes, se trouve à une dizaine de kilomètres au sud-est d’Izium, que les forces russes ont pris il y a quelque temps.

Plus d’informations dans l’article de l’AFP :

Pendant un mois, le 81e bataillon, dont la devise est « toujours le premier », a lutté pour repousser l’avancée russe dans la région orientale du Donbass, en Ukraine, où les troupes de Moscou avancent lentement, prenant les villages un par un.

« Tout le monde comprend que nous devons garder la ligne ici, nous ne pouvons pas laisser l’ennemi s’approcher, nous essayons de la tenir de toutes nos forces », explique le lieutenant Yevgen Samoylov, anxieux à l’idée que l’unité puisse être touchée par les tirs russes à tout moment.

« Comme vous pouvez l’entendre, l’ennemi est très, très proche, » dit-il en désignant le ciel. La ligne de chars russes est de l’autre côté d’une colline, à environ sept kilomètres (4,3 miles).

Les troupes ont marché 12 kilomètres et sont maintenant sur des camions. L’ennemi est actuellement à 7 kilomètres. De simples calculs expliquent cela par un gain de 5 kilomètres en profondeur par les forces russes.

A 21 ans, Samoylov, un officier de l’académie militaire d’Odessa, se retrouve à diriger 130 conscrits, souvent deux fois plus âgés que lui.

« C’est ma première guerre. Je devais être diplômé dans quatre mois, mais on m’a envoyé ici », raconte cet officier au visage poupin et à la courte barbe noire.

Quel désastre. 130 conscrits, dont quelques-uns de plus de 40 ans. Ce ne sont pas des guerriers bien entraînés mais des enseignants, des mécaniciens automobiles ou des fermiers enrôlés dans la guerre. Avec 130 hommes, l’unité a à peu près la taille d’une compagnie. Les compagnies d’infanterie dans l’armée soviétique/russe/ukrainienne sont relativement grandes :

L’effectif d’une compagnie de chars est de 31-40 personnes, et le nombre de militaires d’une compagnie de fusiliers motorisés est de 150 personnes. Souvent, une compagnie est commandée par un officier ayant le grade de capitaine, et seulement dans certaines unités, ce poste est occupé par un major.

Le jeune lieutenant Samoylov, qui n’a même pas terminé ses études d’officier, dirige une unité qui est habituellement commandée par un officier de deux ou trois rangs supérieurs au sien. Où sont les officiers supérieurs ?

Plus d’informations de l’AFP :

L’unité est entrée en action le 23 février, un jour avant que la Russie ne lance l’invasion.

Au début de la guerre, ils ont passé un mois à défendre Izium, qui est tombé le 1er avril, avant de rejoindre les combats autour du village d’Oleksandrivka.

« Des batailles vraiment difficiles », dit le tranquille Samoylov.

Izium se trouve sur le front nord, d’où les forces russes avancent vers le sud. Il y a plusieurs villages ou lieux-dits nommés Oleksandrivka (Alexandrovka) en Ukraine, dont trois dans l’oblast de Donetsk. Il est possible qu’il y en ait d’autres non officiels portant ce nom. Deux des lieux-dits connus se trouvent au nord-ouest de l’oblast de Donetsk, respectivement à environ 20 kilomètres au sud-ouest et au sud-est d’Izium.

La carte montre Izium au nord, l’Oleksandrivka occidentale se trouve en bas à gauche. L’autre Oleksandrivka se trouve à la périphérie ouest de la ville de Kramatorsk, à laquelle elle appartient pratiquement. Elle n’est pas nommée sur la carte.

Aucune des deux bourgades ne se trouve directement sur la ligne de front actuelle, qui s’étend sur environ 10 kilomètres au nord. Sviatoguirsk, le point d’extraction, est beaucoup plus proche du front. C’est là que les troupes se trouvaient probablement avant de se diriger vers les camions. Carte d'Izium

L’article de l’AFP continue :

Dans cette brigade, comme dans les autres, on ne dit pas combien de personnes ont été tuées.

Lorsque le sujet est abordé, le regard de Samoylov s’embrume. La douleur est à fleur de peau.

Un silence de mort s’installe dans le camion militaire pendant le trajet vers le bâtiment abandonné où les soldats vont séjourner pendant leur semaine de permission.

Les 130 hommes de Samoylov ne sont probablement pas issus d’une seule et même compagnie. Ils sont probablement tout ce qui reste d’un bataillon qui comptait à l’origine trois compagnies et plus de 400 hommes.

Lorsque le convoi passe devant un camion chargé de missiles à longue portée qui fonce vers le front, les soldats font automatiquement le signe « V » de la victoire avec leurs doigts avant de fixer à nouveau leur regard sur leurs pieds ou l’horizon, en silence.

Ces hommes ont-ils encore un peu de moral ou s’agit-il simplement d’un geste de routine ? Je penche pour la deuxième hypothèse.

A leur arrivée à la base, les soldats déchargent leurs armes, enlèvent leur paquetage et se rendent immédiatement dans l’une des salles délabrées et sans électricité, où ils subissent un examen médical de retour du front.

Pour les survivants, « il y a de petites blessures sur le front, ceux qui ont été enterrés sous les décombres lors d’un bombardement ont des fractures et (des blessures) liées à des éclats d’obus », explique Vadym Kyrylov, le médecin de la brigade.

« Mais nous voyons surtout des problèmes psychosomatiques, comme de l’hypertension ou des maladies chroniques qui se sont aggravées », ajoute le jeune homme de 25 ans.

Chaque bataillon de la 81e brigade devrait disposer d’un médecin, dont le plus expérimenté servirait dans le quartier général de la brigade. Le fait qu’un jeune homme de 25 ans occupe le poste de médecin-chef de la brigade met à nouveau en évidence un manque d’hommes.

– Le « pied de tranchée » –

Les hommes souffrent aussi beaucoup du syndrome du « pied de tranchée », causé par une exposition prolongée à l’humidité, à des conditions insalubres ou au froid.

« Pendant un mois, ils ne sont pas en mesure de faire sécher leurs chaussures… il y a donc de nombreuses blessures liées aux pieds, principalement des champignons et des infections », explique le médecin.

Les bottes militaires doivent être étanches. Lorsque j’étais dans l’armée, nous étions parfois entraînés dans des zones très boueuses, mais je n’ai jamais eu les pieds mouillés. On peut se demander quelle est la qualité des bottes de l’armée ukrainienne.

Après la visite médicale, ils ont tous le même réflexe : s’isoler et utiliser leur téléphone pour appeler une compagne, un enfant ou un parent.

Les soldats ne peuvent pas utiliser leur téléphone sur le front, et toute application nécessitant une géolocalisation est interdite.

Dans quelle mesure le contrôle de ces politiques est-il strict ? L’expérience montre que si les soldats sont autorisés à avoir des téléphones sur eux, ils les utilisent inévitablement. C’est pourquoi la Russie interdit à ses soldats de porter des téléphones.

Quatre soldats réassemblent des cadres de lit métalliques rouillés et balaient le sol couvert de poussière pour se composer un semblant de chambre.

Cela ne ressemble pas à un endroit accueillant pour le repos et la récréation. Y a-t-il même des matelas pour ces cadres métalliques ?

« C’est le moment pour les gars de se détendre, de prendre soin de leurs blessures physiques et psychologiques, de reprendre des forces avant de retourner au combat », explique Samoylov.

« Ils vont dormir au chaud, manger une nourriture normale et essayer de se remettre plus ou moins sur pied ».

Ces troupes ont passé neuf semaines sur la ligne de front et n’ont maintenant qu’une semaine de repos dans un endroit misérable. Samoylov est un optimiste. Aucune de ces blessures, surtout pas les blessures psychologiques, ne guériront en une semaine. Il faut des années pour surmonter les cruautés de la guerre, parfois même plus d’une vie.

L’armée ukrainienne est manifestement en très mauvais état, puisqu’elle envoie des conscrits à peine formés sur la ligne de front, où l’artillerie russe les dévorera. Mais il n’est pas étonnant qu’elle soit dans un tel état.

L’officier suisse du renseignement militaire Jacques Baud a travaillé en Ukraine et a écrit sur la guerre actuelle (ici, ici et ici :

L’armée ukrainienne était alors dans un état déplorable. En octobre 2018, après quatre ans de guerre, le procureur militaire ukrainien en chef, Anatoly Matios, a déclaré que l’Ukraine avait perdu 2 700 hommes dans le Donbass : 891 de maladies, 318 d’accidents de la route, 177 d’autres accidents, 175 d’empoisonnements (alcool, drogues), 172 de maniement négligent des armes, 101 de violations des règles de sécurité, 228 de meurtres et 615 de suicides.

En fait, l’armée est minée par la corruption de ses cadres et ne bénéficie plus du soutien de la population. Selon un rapport du ministère de l’Intérieur britannique, lors du rappel des réservistes en mars/avril 2014, 70 % ne se sont pas présentés à la première session, 80 % à la deuxième, 90 % à la troisième et 95 % à la quatrième. En octobre/novembre 2017, 70 % des conscrits ne se sont pas présentés à la campagne de rappel « automne 2017 ». Sans compter les suicides et les désertions (souvent au profit des séparatistes), qui ont atteint jusqu’à 30 % des effectifs dans la zone de l’ATO. Les jeunes Ukrainiens ont refusé d’aller se battre dans le Donbass et ont préféré l’émigration, ce qui explique aussi, au moins partiellement, le déficit démographique du pays.

Le ministère ukrainien de la Défense s’est alors tourné vers l’OTAN pour l’aider à rendre ses forces armées plus « attractives ». Ayant déjà travaillé sur des projets similaires dans le cadre des Nations Unies, j’ai été sollicité par l’OTAN pour participer à un programme de restauration de l’image des forces armées ukrainiennes. Mais il s’agit d’un processus à long terme et les Ukrainiens voulaient aller vite.

Alors, pour pallier le manque de soldats, le gouvernement ukrainien a eu recours à des milices paramilitaires. Elles sont essentiellement composées de mercenaires étrangers, souvent des militants d’extrême droite. En 2020, elles constituaient environ 40 % des forces ukrainiennes et comptaient environ 102 000 hommes, selon Reuters. Ils étaient armés, financés et entraînés par les États-Unis, la Grande-Bretagne, le Canada et la France. Ils étaient de plus de 19 nationalités – dont des Suisses.

L’armée ukrainienne ne gagnera pas la guerre, non plus que les milices fascistes. Le pays n’a tout simplement aucune chance.

Les gouvernements « occidentaux » maltraitent l’Ukraine et ses soldats. Ils veulent « affaiblir la Russie » et ne permettent pas à l’Ukraine de demander la paix.

C’est criminel.

En réalité, dans quel état est l’armée ukrainienne aujourd’hui ? Jacques Baud encore :

Malgré la volonté probable [du président Zelensky] de parvenir à un règlement politique de la crise avec la Russie, Zelensky n’est En réalité, dans quel état est l’armée ukrainienne aujourd’hui ?pas autorisé à le faire. Juste après qu’il ait indiqué être prêt à discuter avec la Russie, le 25 février, l’Union Européenne a décidé deux jours plus tard de fournir 450 millions d’euros d’armes àEn réalité, dans quel état est l’armée ukrainienne aujourd’hui ? l’Ukraine. La même chose s’est produite en mars. Dès que Zelensky a indiqué vouloir discuter avec Vladimir Poutine, le 21 mars, l’Union Européenne a décidé de doubler son aide militaire pour la porter à 1 milliard d’euros, le 23 mars. Fin mars, Zelensky a fait une offre intéressante qui a été rétractée peu après.

Apparemment, Zelensky tente de naviguer entre les pressions occidentales et son extrême droite d’une part, et son souci de trouver une solution d’autre part, et est contraint à un « va-et-vient » qui décourage les négociateurs russes. … Aujourd’hui, Zelensky doit diriger son pays sous l’épée de Damoclès, avec la bénédiction des politiciens occidentaux et des médias dénués d’éthique. Son manque d’expérience politique a fait de lui une proie facile pour ceux qui tentent d’exploiter l’Ukraine contre la Russie, et pour les mouvements d’extrême droite. Comme il le reconnaît dans une interview à CNN, il a manifestement été leurré en croyant que l’Ukraine entrerait plus facilement dans l’OTAN après un conflit ouvert avec la Russie, comme l’a confirmé Oleksey Arestovich, son conseiller, en 2019.

L’Ukraine a perdu la guerre. Tous les systèmes d’armes que l’ « Occident » lui impose maintenant ne sont d’aucune utilité, car l’Ukraine n’a manifestement pas les hommes pour les utiliser. Ils seront probablement pillés et, à l’avenir, certains d’entre eux pourraient bien être utilisés contre l’ « Occident » lui-même.

Ce qui ne serait que justice.

Source : Moon of Alabama

Traduction Autey-Roussel /Entelekheia

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