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25 avril 2024

Chabgement climatique


VERT

Changement climatique : la note de la Maison Blanche « qui aurait dû changer le monde »

Retour vers le futur. Le quotidien britannique The Guardian a tiré des archives de la présidence américaine un memorandum adressé à Jimmy Carter en juillet 1977. Les causes et les conséquences du changement climatique y sont détaillées avec une clairvoyance troublante.

Il n’y a aujourd’hui plus de doutes sur le fait que les principales majors pétrolières ont très tôt identifié puis caché l’impact de leurs activités sur le climat. Le Français Total était par exemple au courant dès 1971 comme l’a confirmé une étude récente. Mais les éléments concernant la prise de conscience des politiques sont moins connus. A ce titre, le document déterré par le Guardian est précieux puisqu’il démontre que le président de la première puissance émettrice de CO2 aurait pu s’en saisir dès l’été 1977. Le texte, d’une seule page, a en effet été lu par Jimmy Carter sept mois après sa prise de fonction, comme l’atteste la mention « le président a vu » tamponnée en en-tête. Rédigée par son principal conseiller scientifique, le géophysicien Frank Press, elle porte le titre annonciateur de « Émissions de CO2 fossiles et possibilité d’un changement climatique catastrophique ». La suite se lit avec effroi tant les événements décrits sont aujourd’hui d’actualité.

Pour commencer, Frank Press y détaille la hausse « exponentielle » de la combustion d’énergie fossile qui a déjà entraîné à l’époque une augmentation inédite du carbone dans l’atmosphère. « En raison de l’effet de serre du CO2, sa concentration en hausse induira un réchauffement climatique de 0,5 à 5°C » par rapport à l’ère pré-industrielle, prévient-il. « L’effet potentiel sur l’environnement d’une fluctuation climatique d’une telle rapidité pourrait être catastrophique », ajoute-t-il, prédisant en particulier « de larges pertes de récolte à une époque où la hausse de la population mondiale pousse déjà l’agriculture à ses limites ». L’avenir lui donnera raison (Vert).

En-tête du memorandum adressé au Président américain Jimmy Carter en juillet 1977 © Guardian

Pour Frank Press, « l’urgence du problème vient de notre incapacité à passer à des sources d’énergies non fossiles une fois que les effets climatiques deviendront évidents, peu après les années 2000 ». Une fois de plus Frank Press a eu raison, comme en témoigne l’accélération des épisodes extrêmes de pluie, de chaleur ou de vent. Dans le même temps, les énergies renouvelables ne parviennent toujours pas à supplanter les énergies fossiles tant la consommation énergétique augmente (Vert). À l’époque, Frank Press craignait d’ailleurs que « la situation [ne soit] hors de contrôle avant que les sources d’énergies alternatives et autres actions correctives deviennent effectives ».

Le Guardian raconte, enfin, que cette note au contenu explosif est arrivée sur le bureau de Jimmy Carter accompagnée d’un papier volant écrit par Jim Schlesinger, son premier secrétaire à l’Énergie. Celui-ci indique : « mon opinion est que les implications politiques de ce problème sont encore trop incertaines pour justifier l’implication présidentielle et des initiatives politiques ». La suite, on la connaît.

· Depuis lundi, environ 100 millions d’Américain·es, soit près d’un tiers de la population du pays, sont placé·es en alerte canicule. Un dôme de chaleur s’étend actuellement entre le Midwest (la région des Grands lacs) et le sud-est du pays, où les températures dépassent allègrement les 37 °C depuis plusieurs jours. En cette semaine noire, le pays connaît aussi des inondations dévastatrices, de fortes tempêtes et des incendies. – Le Monde

· Mercredi, à l’aube, les eurodéputé·es se sont finalement entendu·es sur la réforme du marché des quotas carbone (droits à polluer) après s’être déchiré·es sur le sujet la semaine dernière (Vert). L’accord, qui doit être entériné en séance plénière le 22 juin, prévoit la fin progressive des quotas gratuits entre 2027 et 2032. Les importations de produits polluants (acier, aluminium, ciment, engrais, électricité) seront également taxées, selon le même calendrier progressif, jusqu’à créer un « ajustement carbone aux frontières » – AFP

· Mercredi encore, une vingtaine d’activistes de la campagne Stop Eacop – du nom du gigantesque projet d’oléoduc de TotalEnergies entre l’Ouganda et la Tanzanie – se sont infiltré·es au salon Vivatech à Paris, dont est partenaire la compagnie pétrolière. Les militant·es ont interrompu une conférence à laquelle participait un membre dirigeant de TotalEnergies par un chœur reprenant le requiem de Mozart, Dies Irae (« le jour de la colère ») et qui remplaçait certaines paroles par le slogan « Stop Eacop ».

· Dans le nord de l’Italie, l’assèchement du fleuve Pô est tel qu’un rationnement de l’eau potable est prévu dans 125 communes du Piémont et de Lombardie. Des coupures nocturnes sont envisagées pour répondre à cette « crise de l’eau extraordinaire ». La sécheresse risque d’avoir des conséquences sur l’agriculture et l’élevage, mais aussi sur l’alimentation en électricité, car l’eau nécessaire au refroidissement des centrales pourrait venir à manquer, explique le quotidien italien Il Fatto Quotidiano dans un article repéré par le Courrier international.

© Anna Sardin / Vert

Chaud devant ! Ce n’est pas qu’une impression : les épisodes de chaleurs extrêmes sont de plus en plus fréquents et intenses. La hausse des températures moyennes a déjà atteint 1,1 °C par rapport à l’ère pré-industrielle, entraînant des pics de chaleurs extrêmes 4,8 fois plus nombreux et plus chauds – de 1,2 °C en moyenne. Le consensus scientifique est clair : chaque dixième de degré de réchauffement supplémentaire aura des impacts de plus en plus graves. À +4 °C de réchauffement, un événement qui se produisait une fois tous les 50 ans au 19ème siècle reviendra presque quatre années sur cinq et ceux-ci seront de 5,3 °C plus intenses, en moyenne.

Des transports en commun en illimité : et si la France testait le ticket climat ?

En roue libre. Depuis plusieurs mois, des pays voisins de l’hexagone expérimentent des formules d’abonnement extrêmement avantageuses destinées à booster l’usage des transports en commun. Pourrait-on faire de même en France et comment ? Vert s’est penché sur la question.

Depuis le 1er juin et jusqu’à la fin de l’été, les voyageur·ses allemand·es peuvent souscrire à un abonnement de neuf euros par mois pour avoir accès à l’ensemble des transports en commun urbains et régionaux du pays. Cette mesure expérimentale décidée par le gouvernement fédéral vise à la fois à promouvoir les transports en commun dans un contexte de lutte contre le changement climatique et à dégager du pouvoir d’achat pour les Allemand·es, alors que l’inflation a atteint +7,9 % en un an sur fond de crise ukrainienne.

À la veille du lancement, sept millions de tickets spéciaux étaient déjà vendus, d’après l’Association des entreprises de transport allemandes (VDV). Celle-ci estime qu’environ 30 millions de personnes seront amenées à l’utiliser tous les mois. Toutefois la mise mise en place du ticket climat a été largement débattue. En effet, le signal envoyé par cette baisse des prix a beau être incitatif, beaucoup interrogent la fiabilité de l’infrastructure ferroviaire générale. D’autres s’inquiètent des effets d’aubaine pour les touristes et du trou généré dans les finances publiques (2,5 milliards d’euros), sans effet garanti sur le comportement des automobilistes, qui bénéficient par ailleurs d’une baisse des taxes sur les carburants. Richard Lutz, le directeur de la compagnie publique Deutsche Bahn (DB) qui gère le réseau, a reconnu de lui-même qu’il serait difficile, à ce prix, de moderniser le réseau tout en augmentant le trafic.

Un train autrichien faisant la promotion du Klimaticket, à Pottenbrunn (Basse Autriche) en mai 2022 © Streckengleis
S’il est trop tôt pour juger des effets de ce forfait, d’autres pays ont déjà instauré des mesures similaires. En Suisse, il existe un « abonnement général » qui permet de voyager sur l’ensemble des transports publics à un coût annuel de 3 700 euros en seconde classe et 6 100 en première classe. En Autriche, le « Klimaticket » ouvre l’accès à tous les transports en communs publics et privés moyennant 1 095 euros par an, soit trois euros par jour (Vert).

Pour Neil Makaroff, responsable Europe pour le Réseau action climat (RAC), une telle mesure ne pourrait fonctionner en France que « si l’on bénéficie d’un réseau de transport public dense, régulier, viable, qui dessert les petites communes ». Or le RAC estime qu’il manque chaque année au moins trois milliards d’euros d’investissements rien que dans le réseau ferroviaire pour régénérer les petites lignes, moderniser les gares, ou encore pour créer de nouveaux services. A quand le changement de vitesse ?

Ciel, mon week-end !

De haut vol. La campagne pour le second tour des élections législatives bat son plein et tout est permis pour faire gagner son parti favori. Quoique. Mercredi, les Jams, pour Jeunes avec Macron, se sont essayé•es au récit dystopique, avant de faire marche arrière devant le tollé provoqué par leur vidéo. Dans un futur proche où la Nouvelle union populaire, écologique et sociale (Nupes) aurait gagné les élections, on peut y suivre une jeune femme accaparée par les notifications de son téléphone portable. Au milieu d’alertes médias aussi saugrenues qu’anxiogènes, une invitation pour un week-end à Marrakech… qui pourrait bien voler en éclats si le futur ministre Nupes de l’écologie décidait de supprimer « les vols hors de l’Europe à faibles coûts », comme l’indique une notification de BFMTV. Qu’on les rassure, il fait assez chaud à Nantes en ce moment pour leur éviter ces sueurs froides.

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