Les explosions de 2 août 1987
Pendant la nuit du 2 au 3 août 1987, quelques heures avant les célébrations de l’anniversaire du leader et Président Habib Bourguiba, 3 explosions terroristes ont secoué 3 hôtels : Hannibal Palace, Hanaa Beach et Kuriat Palace à Sousse et à Monastir en pleine saison touristique.
On a compté plusieurs tunisiens et 13 touristes de différentes nationalités parmi les blessés dont certains gardent les séquelles et souffrent de leurs blessures à ce jour.
Une unité spéciale de sécurité d’État avait débarquée sur place pour mener une enquête et prélever les indices permettant d’identifier les coupables.
L’enquête a mené à l’arrestation d’une cellule organisationnelle active secrètement à Monastir, dirigée par un Faouzi Sarraj et appartenant au mouvement islamiste.
En fait, cette cellule est liée à une autre qui est active à Jemmel et qui est spécialisée dans la fabrication des bombes. Elle est dirigée par Mehrez Boudega.
Une autre cellule dirigée par Fathi Maatoug a été identifiée à Sousse. Sa mission consistait à placer les bombes dans les lieux choisis
Les investigations techniques ont démontré que les bombes utilisées par les terroristes étaient faites à partir de pièces de ferrailles
Après un énorme travail dans les dépotoirs de ferrailles, les enquêteurs ont pu trouver des pistes les conduisant aux coupables.
Une fois arrêté, Mehrez Boudega le fabriquant des bombes a avoué aux enquêteurs avoir fabriqué 4 bombes dont 2 ont été transférées à Sousse, à Fathi Maatoug pour les placer.
L’une de ces bombes a explosé à l’hôtel Hannibal Palace et l’autre a été placée à Hanna Beach , mais elle ne s’est pas déclenchée.
C’est un agent de l’unité de sécurité spéciale antigang qui a désamorcé la bombe au péril de sa vie.
Quant à la troisième bombe qui a explosé à l’hôtel Kuriat Palace , c’est Mehrez Boudega qui a fait le trajet à bicyclette pour la déposer. Une fois la bombe installée, il s’est retiré sans être inquiété.
En ce qui concerne la quatrième bombe, elle a été retrouvée dans le jardin de Mehrez Boudega où il a enterrée . C’était lui même qui a indiqué sa place aux interrogateurs.
Le feu président Ben Ali qui était ministre de l’intérieur à l’époque a suivi en personne et attentivement les détails des enquêtes préliminaires surtout qu’il se trouvait dans la région pour superviser l’organisation de la fête d’anniversaire du président Bourguiba à Sousse et Monastir , célébrée le 3 août. Ben Ali a tenu à superviser lui même l’enquête sur ces attentats qui ont terrifié les organisateurs de ces fêtes.
Dès que Ben Ali , ministre de l’intérieur a été informé des derniers éléments de l’enquête et du passage aux aveux de Mehrez Boudega, il s’est rendu de suite au poste de police de Sousse. Une fois sur place , il a exigé que Mehrez Boudega lui répète ses aveux et réponde à toutes ses questions.
Compte tenu de sa formation militaire et de sa connaissance en matière de bombes , Ben Ali a demandé à Mehrez Boudega , de démanteler la bombe afin de vérifier que c’est bien lui qui l’a fabriqué puis une fois fait de la rassembler de nouveau c’est ce que Boudega fît aisément. Alors Ben Ali se retourna vers les officiers et agents de police et leur dit « Bravo, Vous avez fait du bon travail les gars » en précisant que Mehrez Boudega maitrise bien la fabrication des bombes.
Les aveux de Boudega ont été confirmées par l’autre accusé, Fathi Maatoug, dans une interview accordée à la fin des années 90 alors qu’il se trouvait en Espagne pour fuir la peine de mort prononcée à son encontre en Tunisie.
Il a confirmé avoir reçu deux bombes de la part de Mehrez Boudega et avoir installé une à l’hôtel Hana Beach et la seconde à l’hôtel Hannibal Palace. Il a prétendu être revenu à l’hôtel après l’explosion pour secourir les blessés. Et qu’il a bu délibérément de la bière pour tromper les policiers et éviter la suspicion.
On rappelle que Fathi Maatoug a été acheminé secrètement en Algérie avec son homologue Mohamed El Chemli directement après l’attentat terroriste. Ils ont trouvé refuge chez un étudiant originaire de Sousse, fils d’un vice premier ministre, avant que Fathi Matoug ne s’en aille à Valence en Espagne pour retrouver les officiers islamistes putschistes qui se sont enfuis depuis le 8 Novembre 1987.
Il est rentré en Tunisie en 2011 et a bénéficié d’une amnistie législative comme tous les autres condamnés islamistes.
En plus de ces attentats , les islamistes ont organisé des manifestations presque quotidiennement et ont perpétué des actes de violence telles les agressions au vitriol qui ont fait des victimes. On peut citer les cas d’Ibrahim el Ouerghi qui est tombé devant la mosquée d’El Kram, et le cas du juge Kaider devant la cour d’appel de Monastir…).
D’autres agressions ont eu lieu dans le contexte de la stratégie de perturbation mise en place par les leaders du courant islamiste en Tunisie en guise de préparation pour le putsch prévu pour le 8 Novembre 1987.
C’est toute la vérité sur les attentats perpétrés à Sousse et à Monastir. Je l’écris par devoir de Mémoire , pour que la vérité triomphe , pour que personne ne falsifie ces faits, ni les sophistes ni les menteurs ni ces nahdhaouis qui nient complètement la vérité par ignorance étant des militants de la base ou par déni pour ne pas assumer leurs responsabilités ou pour cacher la vérité et ne pas ternir leur image pour se maintenir au pouvoir
Les islamistes continuent à considérer ces actes terroristes abominables comme des actes de résistance à la tyrannie et comme des réactions non concertés et non réfléchies résultant de l’arrestation par le pouvoir tyrannique des leaders du mouvement islamiste.
Mohamed Ennaceur.
Traduit par Salah Chatti
Revu et corrige par Zohra Credy