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26 avril 2024

En 1 mois, le méga-yacht de Bernard Arnault a consommé 470 000 litres de diesel


« autant que ce qui serait économisé par 27 000 foyers français qui baisseraient la température de leur appartement pendant 1 an »

13 octobre 2022 – La Relève et La Peste

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Format : 290 pages
Impression : France

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Après les jets privés, c’est au tour des yachts des méga-riches d’être pistés dans leurs déplacements. Le compte yacht.co2.tracker révèle que le bateau de luxe de Bernard Arnault a émis 1250 tonnes de CO2 en un mois de vacances, soit 7500 fois plus que le budget moyen d’un.e français.e. L’objectif de ce jeu de piste : « attirer l’attention sur la surconsommation des ultra-riches à l’heure où le gouvernement enjoint la population à la sobriété ».

A l’image de son homologue @i_fly_Bernard, le compte Twitter Yacht CO₂ tracker s’est intéressé aux déplacements du plus gros milliardaire français, également deuxième homme le plus riche du monde, mais cette fois-ci en mer. Pendant un mois, il a « joué au chat et à la souris » pour suivre le périple maritime de Symphony, le méga-yacht de Bernard Arnault.

Lire aussi : « Ce que j’essaie de dénoncer, c’est leur utilisation de jets privés comme des taxis. »

Battant pavillon aux couleurs des Iles Caïmans, ce méga-yacht de 3460 tonneaux, 101,5 mètres de long et 14,10 m de large comprend de nombreux équipements « de loisirs » répartis sur ses six ponts : hélisurface, écran de projection en plein air, piste de danse, salon de beauté, practice de golf, salle de gym, salle de musique avec piano à queue, bibliothèque et même piscine.

Pour pister ce mastodonte des mers, le compte Yacht CO2 Tracker a tracé leur AIS, le système de sécurité obligatoire pour les navires de plus de 300 tonneaux qui transmet par ondes radio « la position, la vitesse, le cap et l’identification des gros navires aux navires proches ».

Parti depuis Monaco, le navire a fait durant ses vacances de septembre des allers-retours entre la Croatie et l’Italie, avant de faire un détour par Barcelone et revenir à Nice. Pour établir leurs calculs, l’équipe a « fait l’hypothèse que les 4 moteurs du Symphony le poussent à puissance nominale et à sa vitesse de croisière, par le chemin le plus court (on est sympas en plus) ».

Leur estimation s’est concentrée sur la seule consommation de carburant de bateau. Résultat des comptes : « sur la totalité de la croisière, il a parcouru environ 2872 miles nautiques, consommant 470 000 litres de diesel selon la documentation des moteurs. Avec le diesel à 2,15 € à la pompe au port de Nice, on parle de la modique somme de 1 million d’euros de budget carburant, soit 15 camions-citerne de diesel »

Surtout, le bateau de luxe a émis 1250 tonnes de CO2 en un mois, « c’est 7500 fois plus que le budget CO2 moyen d’un.e français.e pendant le mois de septembre » ou « autant que ce qui serait économisé par 27 000 foyers français qui baisseraient la température de leur appartement pendant 1 an (soit à peu près une ville comme Agde, Bondy, Quimper), d’après les chiffres de l’ADEME » donne comme éléments de comparaison le pisteur anonyme.

Un français consomme en moyenne une dizaine de tonnes de CO2 par an, et l’objectif est d’arriver à 2 tonnes de CO2 en 2050 pour respecter l’Accord de Paris et ne pas dépasser +1,5°C de réchauffement.

« Le Symphony est à presque 1250 tonnes de CO2 en UN mois » s’indigne le traqueur.

En pleine « pénurie des carburants » et d’une fronde sociale contre la major pétrolière française, qui n’a pas jugé utile de faire ruisseler ses superprofits sur ses salariés, mais également au moment où le gouvernement enjoint la population française à faire des économies et porter des cols roulés, cette surconsommation pose des questions cruciales de partage des ressources.

« Avec les politiques actuelles, difficile de croire que ce qui est mis en place n’est pas une logique de classe : le privilège d’ “ultra-polluer”. Aujourd’hui on le sait : la pollution, c’est l’effondrement de notre biodiversité, c’est l’impact constaté sur notre santé, et bien sûr c’est le réchauffement climatique avec tous les dérèglements (mégafeux, inondations, dômes de chaleur). En clair : c’est criminel. Cela ne devrait plus être acceptable. Et considérer que mettre ce sujet sur la table c’est “démago”, on préfère penser que ne pas le faire c’est être complice » annonce le compte dans une note Médiapart

De fait, lors d’un vote au Parlement européen pour réguler l’usage des jets privés et des yachts, la majorité gouvernementale s’est prudemment abstenue de voter à l’inverse des partis de gauche qui ont unanimement voté « pour » et le RN « contre » : aux méga-riches de continuer à voler et flotter comme bon leur semble.

« Si on doit faire gaffe à l’heure où on va cuire nos pâtes, on peut le comprendre à la condition que Bernard range son méga-yacht au garage ou le laisse à quai pour en faire des logements sociaux. C-o-l-l-e-c-t-i-f on a dit. Alors on continuera à jouer au chat et à la souris avec Bernard et tous les autres pour pousser le gouvernement dans ses derniers retranchements : accepter que la sobriété est affaire de toustes et surtout des plus riches ou nous dire enfin que tout cela n’est que de la com’ » conclut l’équipe de Yacht CO2 Tracker

Crédit photo couv : Frans Berkelaar

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