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19 avril 2024

Dans un marché mondial qui se recompose : La valse-hésitation du pétrole et du gaz


Publié par Gilles Munier sur 9 Janvier 2023, 09:42am

Catégories : #Pétrole, #Gaz

Par Ali Bahmane (revue de presse : El Watan.dz – 6/1/23)*

La Chine subit, en effet, depuis quelque temps, un retour fulgurant de l’épidémie de Covid-19 à la faveur d’une politique d’assouplissement des mesures de lutte avec comme conséquence un certain ralentissement de l’activité économique ce qui influe sur la demande en pétrole et en gaz. Les autorités chinoises ne prédisent pas pour 2023 la fin de cette situation mais plus fondamentalement, Pékin règle en profondeur sa question énergétique. D’abord par la production. Le champ pétrolier de Changqing, le plus grand gisement de pétrole et de gaz, a établi un nouveau record de production atteignant plus de 65 millions de tonnes d’équivalent pétrole (tep) en 2022. Selon la PetroChina Changqing Oilfield Company, le champ pétrolier de Changqing a bâti une capacité de production de pétrole et de gaz de plus de 10 millions de tonnes en 2022 et mis en service 2210 puits de pétrole et 2338 puits de gaz au long de l’année. La production de pétrole et de gaz du champ pétrolifère en 2022 a augmenté de près de 2,57 millions de tonnes par rapport à 2021, a-t-elle également précisé. Situé dans le bassin d’Ordos, dans le nord-ouest de la Chine, le champ pétrolifère de Changqing a joué un rôle important dans la garantie de la sécurité énergétique du pays. A l’heure actuelle, la société a développé avec succès 35 champs pétrolifères et 13 champs gaziers, apportant plus de 890 millions de tonnes d’équivalent pétrole au pays. En matière d’importations, Pékin s’est davantage tourné vers la Russie. Récemment, Vladimir Poutine a officiellement lancé l’exploitation du champ gazier de Kovykta, le plus grand de Sibérie dont la production sera destinée à la Chine et permettra à la Russie de contourner l’embargo des pays occidentaux notamment européens dans un contexte de durcissement du conflit entre la Russie et l’Ukraine. D’autres pays développent  frénétiquement leur production d’hydrocarbures ; citons l’Irak dont les recettes pétrolières ont dépassé les 115 milliards de dollars en 2022.

Deuxième plus gros producteur de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), l’Irak dispose d’immenses réserves d’hydrocarbures, et l’or noir représente plus de 90% de ses revenus qu’il destinera à la reconstruction économique après des décennies de guerre. Malgré ses richesses en hydrocarbures, le pays de 42 millions d’habitants importe près du tiers de sa consommation en gaz et en électricité de l’Iran. L’Europe, la première touchée par les restrictions russes redoutait un long hiver rigoureux nécessitant de grandes consommations mais  jusque-là les températures sont restées clémentes, ce qui a limité la consommation en produits énergétiques. A partir du 15 février, en vigueur le nouveau mécanisme de plafonnement des prix du gaz suivi par la mise en place d’un consortium européen pour l’achat groupé du gaz sur le marché spot, une mesure très controversée au motif  qu’elle va peser négativement sur l’offre en gaz sur les marchés internationaux.

L’Algérie avait estimé que cette décision unilatérale est susceptible de déstabiliser le marché gazier précisant que «des marchés du gaz ouverts, transparents, sans restrictions et non préférentiels sont plus que nécessaires». De leur côté, les  pays producteurs de pétrole de l’Opep+ sont restés sur leur ligne d’une réduction de deux millions de barils par jour de pétrole jusqu’à fin 2023, le prochain rendez-vous étant fixé au 4 juin 2023. Le groupe s’était dit  prêt à se réunir «à tout moment» d’ici là pour prendre des «mesures  supplémentaires immédiates» si besoin est. Les quelques facteurs cités plus haut sont susceptibles de peser sur la demande en produits énergétiques, auxquels il faut ajouter l’aggravation de la récession mondiale, mais d’autres facteurs sont susceptibles de la booster, tels que la stagnation de la production américaine et des réserves aux USA ainsi qu’une réduction ou une stagnation de l’offre OPEP + . Mais, l’élément déterminant restera incontestablement la fin du conflit entre la Russie et l’Ukraine ou son apaisement, ce qui pourrait conduire à un rétablissement des échanges d’avant-guerre entre Moscou et les capitales occidentales. Cela ne se fera pas rapidement en raison de la méfiance entre les deux parties, mais l’effet psychologique jouera dès le départ avant le retour à la vérité des prix.

L’Algérie a pris ses devants en signant avec ses partenaires européens des contrats à moyen terme, notamment avec l’Italie et s’est montrée relativement prudente en établissant la loi de finances 2023 sur la base d’un prix du baril de 60 dollars pour le prix de référence et 70 dollars pour le prix du marché. Cette loi a été élaborée dans un contexte international marqué par la guerre entre la Russie et l’Ukraine qui a fait exploser les prix des hydrocarbures, notamment du gaz. Les entrées financières de l’Algérie se sont sensiblement améliorées et parallèlement les pouvoirs publics ont tenté des programmes d’exportation hors hydrocarbures. Fin 2022, les exportations ont atteint au total 56,5 milliards de dollars (dont 49,5 pour les exportations des hydrocarbures), soit l’équivalent de 14,3 mois d’importations de biens et de services hors facteurs de production. La question est de savoir si les prévisions seront respectées l’année 2023. D’ores et déjà, le Brent s’approche des 85 dollars.

*Source : El Watan.dz

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