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22 novembre 2024

Rosa Parks : Une combattante radicale de l’oppression sous toutes ses formes


11.mars.2023 // Les Crises
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Rosa Parks est née en 1913. Loin d’être un modèle de respectabilité politique, elle était une organisatrice expérimentée et provocatrice de la classe ouvrière, elle méprisait la soumission servile représentée par Jim Crow, [« Jim Crow » est une expression péjorative désignant les personnes noires vivant aux États-Unis, le nom vient d’une chanson sur laquelle chantait et dansait un comédien blanc visage et mains peints en noir et caricaturant les afro-américains NdT] et elle combattait farouchement l’oppression sous toutes ses formes.

Source : Jacobin Mag, Jeanne Theodaris
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

« Pour s’aventurer et déambuler sur la corde raide façon Jim Crow, de la naissance à la mort… Il faut une âme noble. Il y a toujours une ligne, une corde, quelle qu’elle soit : une ligne de couleur, une corde de pendaison, une corde raide. Pour moi, il semble que nous soyons des marionnettes dont l’homme blanc tire les ficelles. Ils disent qu’une ligne de ségrégation due à la couleur doit nous séparer, et pourtant ce sont ceux qui tirent les ficelles, et soit nous nous exécutons à leur grande satisfaction, soit, si nous franchissons cette ligne, nous en subissons les conséquences. »

-Rosa Parks

Rosa Louise McCauley Parks est née il y a 110 ans aujourd’hui. Son attitude courageuse dans un bus de Montgomery en décembre 1955 fait désormais partie de la légende américaine, [Elle a refusé de céder sa place à un Blanc dans un bus de Montgomery le 1er décembre 1955. Ce bus qui a marqué le point de départ du boycott des bus de la ville est maintenant exposé au musée Henry Ford, NdT] mais sa voix politique et son radicalisme sont encore largement sous-estimés. Même ceux qui savent qu’elle n’était pas qu’une simple couturière, et ils sont nombreux, continuent de la présenter comme un modèle de politique de respectabilité – déformant ainsi ses convictions politiques, les souffrances qu’elle a endurées et l’aspect radical du mouvement des droits civiques.

Lorsque le boycott des bus de Montgomery a commencé, Rosa Parks était une organisatrice chevronnée de quarante-deux ans, issue de la classe ouvrière. Elle avait grandi dans une famille qui soutenait le panafricaniste Marcus Garvey [Le Panafricanisme est un mouvement intellectuel et politique entre Africains et Afro-Américains qui considèrent ou ont considéré les Africains et les peuples d’ascendance africaine comme homogènes, NdT] et avait commencé sa vie politique adulte aux côtés de son mari militant, Raymond. Elle a rejoint la National Association for the Advancement of Colored People (NCAAP) locale en 1943 et a passé la décennie suivante à travailler dans le cadre de toute une série de procès contre le viol et le lynchage légal.

Aux côtés de E. D. Nixon, militant de Montgomery et leader de la Fraternité des porteurs des wagons-lits [Le Brotherhood of Sleeping Car Porters est un syndicat américain fondé en 1925 par Asa Philip Randolph. Regroupant des travailleurs du chemin de fer, il est le premier organisme syndical mené par des Afro-Américains à être reconnu par la Fédération américaine du travail, NdT], Parks a poussé la NAACP de la ville à prendre des mesures plus affirmées contre les lois Jim Crow [Lois nationales et locales issues des Black Codes imposant la ségrégation raciale aux États-Unis, NdT]. Soutenue par la très célèbre Ella Baker, figure légendaire, elle a été influencée par les conceptions démocratiques radicales de Septima Clark et Myles Horton lorsqu’elle a fréquenté la Highlander Folk School l’été précédant son arrestation.

Rosa Parks s’est installée à Detroit en 1957 et a passé la seconde moitié de sa vie à lutter contre l’injustice raciale du Nord, ne voyant « pas une grande différence » entre la ségrégation dans les écoles et les logements, la discrimination dans l’emploi et les brutalités policières et ce qui se passait dans le Sud. Elle a embrassé tout à la fois l’action directe non violente et le droit moral à l’autodéfense, citant Malcolm X comme le héros de son panthéon personnel.

Jusqu’à la fin de sa vie, Parks est restée convaincue que la lutte n’était pas terminée et qu’il restait beaucoup de travail à faire. Pourtant, dans le panthéon des radicaux noirs, elle est souvent omise, et ses idées politiques restent largement ignorées.

Avant le boycott

Née en 1913 à Tuskegee, Alabama, Rosa Parks a commencé à militer dans sa ville. À six ans, lorsque la violence raciste explose à l’encontre des soldats noirs revenant de la Première Guerre mondiale, elle veille avec son grand-père qui, armé de son fusil de chasse, protège leur maison des attaques du Ku Klux Klan. Lorsqu’elle était pré-adolescente, alors qu’un individu blanc, véritable brute les menaçait, elle et son jeune frère Sylvester, elle a ramassé une brique et l’a menacé. Il a reculé. Lorsqu’elle a raconté l’incident à sa grand-mère, celle-ci l’a réprimandée en lui disant que si elle persistait dans ce genre de comportement, elle serait lynchée avant même d’avoir grandi. Se sentant trahie, la jeune Rosa a répliqué : « Je préfère être lynchée plutôt que de vivre en me faisant maltraiter, plutôt que de ne pas avoir le droit de dire : « Ça ne me plaît pas. »

À l’âge de dix-huit ans, un ami commun a présenté Rosa à un barbier très engagé politiquement, Raymond Parks. Elle le décrit comme « le premier vrai militant que j’aie jamais rencontré ». Raymond menait une action en faveur des Scottsboro Boys, neuf jeunes gens âgés de douze à dix-neuf ans qui avaient été accusés à tort de viol et qui, à l’exception du plus jeune, avaient été condamnés à mort. (La campagne était en grande partie menée par des communistes et d’autres gauchistes, car la NAACP se tenait à l’écart des affaires de violences à caractère sexuel, réelles ou supposées). La rencontre avec Raymond a ouvert pour elle un nouveau monde de lutte collective. Lorsqu’ils se sont mariés, Rosa l’a rejoint dans cette entreprise dangereuse ; elle se souvient de rassemblements se déroulant tard dans la nuit, les armes sur la table, car il était risqué de tenir une réunion.

Les Blancs vous accusaient de causer des problèmes, alors que vous vous contentiez d’agir comme un être humain normal au lieu de ramper.

En 1943, révoltée par le fait que les Noirs se battaient à l’étranger mais étaient interdits de vote chez eux, Rosa Parks rejoint la NAACP de Montgomery. Avec E. D. Nixon et l’activiste Johnnie Carr, elle contribue à transformer cette association en une branche plus militante. Ils ont organisé des campagnes d’inscription massive sur les listes électorales, lutté contre les injustices du système judiciaire pénal et milité pour la fin de la ségrégation dans les écoles et les bus. Voulant obtenir justice pour les victimes de lynchage, de viol et d’agression – y compris concernant Recy Taylor, un Afro-Américain de 24 ans, kidnappé et violé par six hommes blancs en Alabama en 1944 – elle parcourt l’État sans relâche pour recueillir des témoignages sur ces exactions.

« Les Blancs vous accusaient de causer des problèmes alors que tout ce que vous faisiez, c’était d’agir comme un être humain normal au lieu de ramper », a-t-elle expliqué. Parks s’est exprimée maintes fois par écrit concernant la « grande prouesse acrobatique » que représentait le fait de pouvoir défendre la suprématie des Blancs sur les Noirs. Ce travail avec la NAACP était dangereux, et elle faisait partie d’un petit groupe disposé à le mener. Elle se décourageait – et Raymond encore plus – face aux craintes et à la « complaisance » de nombreux autres Afro-Américains. « Un Noir militant était presque un monstre de la nature pour les Blancs, se lamente-t-elle, souvent tournée en ridicule par les autres membres de son propre groupe. »

Dans un autre texte, Parks a écrit : « On ne peut tolérer qu’un nombre limité de blessures, de déceptions et d’oppressions… La frontière entre la raison et la folie devient bien mince. » Elle notait alors la pression constante qu’elle subissait afin qu’elle se résigne et elle constate que « nous n’avons aucune alternative lorsque nous ne parvenons pas à nous conformer à ce mode de vie oppresseur ».

« On ne peut tolérer qu’un nombre limité de blessures, de déceptions et d’oppressions… La frontière entre la raison et la folie devient bien mince. »

En lisant Parks aujourd’hui, il est frappant de constater à quel point elle soulignait la difficulté de la dissidence et la pression exercée sur ceux qui en faisaient preuve. Elle a théorisé l’effort et l’ostracisme que représente le fait d’être une rebelle et la façon dont le système était conçu pour empêcher d’en être une, véritable témoignage de décennies de militantisme de terrain. Si ses contemporains tels Martin Luther King, Malcolm X, Stokely Carmichael et Bayard Rustin ont longuement réfléchi à ce même thème, ils n’ont pas autant écrit à ce sujet.

Parks a lutté contre cette pression et ce climat hostile pendant plus de dix ans avant que ne commence le boycott des bus ; se désespérant pendant des années, aux côtés de Nixon et de Carr, qu’aucun mouvement de masse n’émerge.

Le boycott des bus de Montgomery

Le bus, avec son arbitraire manifeste et sa servilité attendue, constitue l’une des expériences les plus viscérales de la ségrégation dans le Montgomery de Jim Crow. « On mourait un peu chaque fois que l’on se trouvait face à ce genre de discrimination », a noté Parks. Quelques rares Noirs de Montgomery avaient résisté à la ségrégation dans les bus de la ville au cours de la décennie qui a précédé sa prise de position. En 1944, Viola White est arrêtée pour avoir refusé de céder son siège ; elle est battue et condamnée à une amende de dix dollars. Son cas était toujours en appel lorsqu’elle est décédée dix ans plus tard. Le voisin de Rosa Parks, Hilliard Brooks, a été tué par la police pour avoir résisté dans un bus en 1950.

Et puis, le 2 mars 1955, Claudette Colvin, âgée de quinze ans, a refusé de céder son siège dans le bus. La police l’a traînée hors du bus et, lorsqu’elle s’est défendue, elle a été accusée d’avoir agressé un officier. Rosa Parks a collecté des fonds pour la défense de Colvin et l’a invitée à devenir secrétaire du Conseil des jeunes de la NAACP de Montgomery, créé par Parks l’année précédente pour former et encourager les jeunes gens à prendre des positions plus fermes contre la ségrégation.

Empreintes digitales de Rosa Parks, datant du 1er décembre 1955. (National Archives and Records Administration-Southeast Region via Wikimedia Commons)

Lorsque les dirigeants de la communauté ont présenté à la ville une pétition pour obtenir un meilleur traitement après l’arrestation de Colvin, Parks a refusé d’y assister : « J’avais décidé que je n’irais nulle part avec un bout de papier à la main pour demander une quelconque faveur des Blancs. » Au cours de l’été 1955, Parks participe à un atelier de deux semaines à la Highlander Folk School du Tennessee ; cela lui redonne le moral et elle redouble d’efforts auprès du Youth Council.

Quatre jours avant son arrestation, Parks a assisté à une grande réunion pleine à craquer. L’organisateur principal pour le procès concernant l’affaire Emmett Till, le Dr T. R. M. Howard, était venu en ville pour annoncer la mauvaise nouvelle : les deux hommes qui avaient tué Till avaient été acquittés. Parks était furieuse et complètement abattue. Cette affaire avait fait l’objet de bien davantage de publicité que toutes les autres sur lesquelles ils avaient travaillé, et pourtant les coupables étaient repartis libres.

Rosa Parks avait été chassée du bus à plusieurs reprises parce qu’elle ne voulait pas suivre ce qui avait été institué par certains chauffeurs de bus de Montgomery, qui consistait à obliger les Noirs à descendre du bus après avoir payé pour ensuite remonter par l’arrière. Cette nuit-là, le 1er décembre 1955, lorsqu’elle a refusé d’obéir à l’ordre du chauffeur de bus James Blake lui demandant de bouger, Parks a pensé à son grand-père et à son arme. Elle a pensé à Emmett Till. Et elle a décidé de tenir bon. « Certains disent que j’étais exténuée… Mais la seule chose dont j’étais fatiguée, était celle de devoir donner. »

Bien que timide de nature, Rosa Parks n’était pas tranquille ce soir-là. Lorsque Blake a décidé de la faire arrêter et que la police est montée dans le bus, lui demandant pourquoi elle ne bougeait pas, elle a répliqué : « Pourquoi nous bousculez-vous ? » Il ne s’agissait pas d’un siège à côté d’un blanc, a-t-elle expliqué plus tard : « Je n’ai jamais été ce qu’on pourrait appeler tout simplement une intégrationniste. Je sais que c’est le qualificatif qu’on m’a appliqué… L’intégration lorsqu’il s’agissait de ce bus ne signifiait pas plus d’égalité. Même en période de ségrégation, l’intégration n’a pas manqué dans le Sud, mais c’était pour le seul bénéfice et la satisfaction des Blancs, pas pour nous. » L’objectif de Rosa Parks était de « mettre fin à toutes les formes d’oppression ».

Les habitants noirs de Montgomery étaient à un point de rupture. Tard dans la nuit, lorsque Parks a décidé d’engager une action en justice, le Women’s Political Council (WPC) est entré en action. Jo Ann Robinson, leader du WPC et professeure à l’Alabama State, s’est rendue sur le campus au milieu de la nuit et, avec l’aide d’un collègue et de deux étudiants, a distribué 35 000 tracts sur lesquels on pouvait lire : « Une autre femme a été arrêtée dans le bus…»

Le tract ne disait pas que Rosa Parks avait été arrêtée ; ce qui était mis en évidence, c’était l’accumulation des injustices. Le boycott s’est poursuivi pendant 382 jours, alimenté par l’organisation des Noirs de Montgomery qui ont mis en place quarante stations de ramassage dans la ville. Au plus fort du boycott, l’Association pour l’amélioration de Montgomery coordonnait de dix mille à quinze mille trajets par jour.

Au plus fort du boycott, l’Association pour l’amélioration de Montgomery coordonnait de dix mille à quinze mille trajets par jour.

La famille Parks vivait dans les Cleveland Court Projects depuis douze ans lorsque Rosa a été arrêtée. Cinq semaines après l’incident du bus, elle a été licenciée de son emploi d’assistante-tailleur au grand magasin Montgomery Fair ; peu après, Raymond a perdu son emploi de barbier à la base aérienne de Maxwell. La famille a plongé dans la pauvreté.

Bien que le boycott, couronné de succès, ait pris fin un an plus tard, la famille Parks continuait d’être menacée de mort et ne parvenait pas à trouver un emploi stable. Alors, huit mois après la fin du boycott, en août 1957, ils ont quitté Montgomery pour Detroit, là où vivaient le frère et les cousins de Rosa.

Elle l’appelait « la terre promise du Nord qui n’en était pas une ». Pendant des années, ils se sont battus pour trouver du travail ou un endroit décent où vivre. En 1965, John Conyers, membre du Congrès nouvellement élu, l’a engagée pour travailler au sein de son bureau de Détroit. Dix ans après l’affaire du bus, au moins Parks retrouvait enfin un minimum de stabilité économique. Finalement elle a aussi obtenu une assurance maladie.

Rosa Parks et sa vision mondiale de la liberté

Rosa Parks a vécu pendant près de cinq décennies à Détroit. Elle détestait la ségrégation en matière de logement et d’école, l’exclusion de l’emploi et la brutalité des forces de l’ordre, qui ne faisaient que trop penser à Montgomery. Elle s’est battue pour obtenir davantage de logements sociaux et d’allocations sociales, a rejoint les luttes syndicales et a fait pression pour que l’histoire des Noirs soit intégrée dans tous les programmes scolaires.

Parks s’est longtemps nourri du militantisme des jeunes. C’est ce qu’elle a fait une fois de plus, en travaillant aux côtés d’un mouvement Black Power en plein essor. Elle adorait Malcolm et Martin Luther King, Ella Baker et Queen Mother Moore [La reine mère Moore était une leader afro-américaine des droits civiques et une nationaliste noire, NdT] . À ses yeux, « tout ce qui permet de montrer notre mécontentement » était essentiel, et elle a pris part à des dizaines de campagnes de lutte contre l’injustice sociale.

Rosa Parks, c. 1978. (Schlesinger Library, RIAS, Harvard University via Wikimedia Commons)

Lors du soulèvement de Detroit en 1967, la police a tué un certain nombre d’habitants noirs, dont trois adolescents non armés au motel Algiers. Comme aucun policier n’a été inculpé et que les médias refusaient d’enquêter, de jeunes radicaux ont décidé d’organiser un « Tribunal du peuple ». Lorsqu’ils ont demandé à Rosa Parks de faire partie du jury, elle a accepté. Lorsque les jeunes du Student Nonviolent Coordinating Committee (SNCC) ont aidé à créer un parti politique noir indépendant avec les habitants du comté de Lowndes, en Alabama, Parks s’est rendue sur place pour les soutenir. Lorsque le juge George Crockett de Detroit a remis en cause les arrestations massives de personnes ayant participé à une convention de la République de la Nouvelle Afrique (RNA), il a installé le tribunal au sein même du commissariat de police, le syndicat de la police a lancé une pétition pour le destituer. Elle s’est alors jointe à la campagne visant à le protéger. Elle s’est rendue à l’école des Black Panthers à Oakland, a assisté à la convention Black Power de 1968 à Philadelphie, a fait partie du personnel de la convention politique nationale noire de 1972 à Gary, Indiana, a participé à l’organisation de nombreux comités locaux de défense des prisonniers (notamment ceux en faveur de Joan Little, des Wilmington Ten et des RNA Eleven) et elle s’est battue aux cotés de la National Coalition of Blacks for Reparations in America (N’COBRA) pour obtenir des réparations.

Selon Parks, le seul fait que des Noirs occupent des postes à responsabilité ne correspondait pas à sa définition de la justice .

Parks avait une vision mondiale de la liberté. Opposée très tôt à l’engagement des États-Unis au Vietnam, elle s’est opposée à la politique américaine en Amérique centrale dans les années 1980 et a protesté contre la complicité des États-Unis dans l’apartheid sud-africain. Huit jours après le 11-Septembre, elle s’est jointe à Harry Belafonte, Danny Glover et d’autres militants des droits civiques pour demander aux États-Unis de s’appuyer sur les institutions internationales et de ne pas recourir à la guerre.

Le seul fait que des Noirs occupent des postes à reponsabilité ne correspondait pas à sa définition de la justice. Elle a publié une déclaration publique contre la nomination de Clarence Thomas à la Cour suprême (avant que le témoignage d’Anita Hill ne soit rendu public), consternée que la Cour suprême « ignore le fait indéniable qu’il y avait de la discrimination et de l’exclusion ». Étant donné les mauvais résultats de Thomas en matière de droits civils et de droits de vote, sa nomination « ne représentait pas un pas en avant sur la voie du progrès racial, mais un virage à 180 degrés. »

Un peu plus tard, dans les années 1990, une Rosa Parks plus âgée griffonnait inlassablement sur des sacs en papier : « La lutte continue… La lutte continue… » Jusqu’au jour de sa mort, en octobre 2005, elle insistait : « N’abandonnez pas et ne dites pas que le mouvement est mort. »

Contributrice

Jeanne Theoharis est professeure émérite de sciences politiques au Brooklyn College de CUNY, elle est l’auteure de l’ouvrage primé The Rebellious Life of Mrs. Rosa Parks, récemment adapté en documentaire réalisé par Johanna Hamilton et Yoruba Richen, actuellement en streaming sur Peacock.

Source : Jacobin Mag, Jeanne Theodaris, 04-02-2023

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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