Aller à…
RSS Feed

25 avril 2024

Luttes ouvrières et intervention des révolutionnaires


Luttes ouvrières et intervention des révolutionnaires

Robert Bibeau

Avr 27

Par Révolution ou guerre. Sur  http://www.igcl.org/Workers-Struggles-and

 

Luttes ouvrières et intervention des révolutionnaires

Depuis le printemps dernier, en lien non seulement avec la crise mais aussi avec la guerre en Ukraine et ses conséquences, directes ou indirectes, sur les conditions de vie du prolétariat international, une dynamique de reprise des luttes ouvrières tend, bien que lentement, à s’affirmer lui-même et de se développer. C’est au Royaume-Uni que cette dynamique s’est le plus exprimée. On ne peut expliquer ici pourquoi, sans ignorer ou sous-estimer d’autres luttes ouvrières et révoltes sociales au niveau international  [ 1 ], nous pensons que le prolétariat en Grande-Bretagne a été et est toujours à l’avant-garde du renouveau ouvrier, si modeste soit-il en soi. Il s’agit donc d’une première expérience, dans la période ouverte par la guerre, pour les forces révolutionnaires tant du point de vue de la compréhension des dynamiques d’affrontement entre les classes que de l’intervention qu’elles doivent mettre en avant pour assumer au mieux le rôle pour laquelle le prolétariat les produit : celui de la direction politique.

C’est pourquoi nous publions ci-dessous le communiqué que nous avons mis sur notre site internet et envoyé à nos contacts et groupes du camp prolétarien. Il est daté du 9 septembre. S’il est dépassé quant au cours même des événements, des faits, il nous semble qu’il reste un moment de cette mobilisation ouvrière – l’intervention des groupes communistes, même limitée, fait partie intégrante de luttes ouvrières. Rappelons que le printemps et l’été avaient vu éclater une série de grèves sauvages au Royaume-Uni, accablant d’abord les syndicats ; les obligeant ensuite à organiser en urgence des grèves légales par secteur d’une durée de 24 à 48 heures pour tenter de canaliser et de contrôler la combativité ouvrière grandissante. En août, nous avons publié un tract, Pour des augmentations salariales, faites grève partout et sans tarder !appelant tous les travailleurs du pays à se mettre en grève sans attendre. En particulier, sans attendre le soi-disant « automne chaud » que les syndicats ont avancé comme alternative à l’entrée immédiate dans la lutte de masse. Cette orientation a suscité quelques critiques, notamment que « les travailleurs [n’ont pas] besoin qu’on leur dise de faire grève car la situation va devenir désastreuse mais de savoir que la grève n’est que le début ». Nous avons répondu à cela alors en réponse à certains «messages» critiques sur notre interventionen essayant de présenter notre conception et notre méthode d’intervention dans les luttes ouvrières. Au fond, on considérait alors qu’attendre l’automne laissait le champ libre à la bourgeoisie et à ses syndicats pour se préparer et préparer le terrain avec une planification à l’avance des journées d’action syndicale réparties par secteur et corporation et dans le temps – par 24 ou grèves de 48 heures ; et ainsi briser définitivement la dynamique de grève de masse annoncée par les grèves sauvages de l’été.

Et puis… La reine Elizabeth II est morte. Il nous était clair que cet événement, indépendant de l’affrontement de classe particulier en cours, en tant que pure contingence, ne pouvait que casser la dynamique en cours. C’est l’objet du communiqué suivant, qui était notre responsabilité politique, « responsabilité de parti », à assumer jusqu’au bout, puisque nous avions appelé à la grève le 20 août. Depuis lors, à l’appel et sous le contrôle des syndicats , les grèves – légales – ont repris en Grande-Bretagne, notamment pendant la période de Noël et du Nouvel An. Elles touchent de nombreux secteurs, santé, chemins de fer, poste, éducation, qui sont appelés à faire grève les uns après les autres. Évidemment, c’est tout l’appareil d’État, gouvernement, partis politiques, syndicats, médias, y compris l’appareil répressif, qui sont prêts à rendre impuissants et à saboter toute réponse ouvrière généralisée et unie. Ainsi, le prolétariat en Grande-Bretagne a perdu l’initiative au profit de la bourgeoisie et ne pourrait la reprendre aujourd’hui qu’au prix d’une confrontation ouverte et frontale avec les syndicats et au risque d’une répression massive – le gouvernement ne menace-t-il pas déjà de déclarer des grèves dans certains secteurs illégaux ? [ 2 ] Malheureusement, il est peu probable qu’il soit en mesure de le faire dans un avenir immédiat – nous n’avons aucune indication ou fait matériel suggérant le contraire.

Notre intervention si nous avions une section ou des militants au Royaume-Uni ? Nous n’appellerions pas à une grève massive au moyen d’un tract comme nous l’avons fait en août. Là où la combativité continue de s’exprimer, essentiellement derrière les syndicats et leurs journées d’action, nous participerions bien sûr aux grèves et tenterions de rassembler les travailleurs les plus combatifs et les plus sensibilisés au travail de sabotage des syndicats afin qu’ils puissent se regrouper, intervenir auprès de leurs camarades de travail et agir pour proposer des alternatives particulières – voire locales – aux journées d’action syndicale ; notamment en prônant toute action concrète, y compris grève et manifestations de rue, visant à dépasser les divisions corporatistes.

Partager

Plus d’histoires deAngleterre