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18 avril 2024

Le maréchal Haftar a-t-il allumé l’étincelle du conflit entre généraux au Soudan ?


Le rôle du maréchal libyen Khalifa Haftar dans la crise soudanaise pose question. (image d'illustration)
Le rôle du maréchal libyen Khalifa Haftar dans la crise soudanaise pose question. (image d’illustration) © Esam Omran Al-Fetori / REUTERS

Le 12 avril dernier, juste un jour avant le début des affrontements au Soudan entre l’armée régulière et les paramilitaires, l’un des fils du maréchal libyen Khalifa Haftar était en mission à Khartoum. Officiellement, il faisait suite à sa nomination en tant que président d’honneur du deuxième plus grand club de foot dans la capitale soudanaise. Mais le soir même, il a rencontré le général Hemedti, chef des forces de soutien rapide qui soutient le même club. Al-Siddik Haftar a diné chez lui à Khartoum. Selon The Observer, il lui aurait transmis des informations confidentielles, révélant que l’armée planifiait d’attaquer les Forces de soutien rapide.

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L’Égypte allait-elle aider l’armée soudanaise à mener une attaque contre les Forces de soutien rapide ? La question se pose à la lumière des derniers événements avant le début des hostilités au Soudan. Dès le 13 avril, le lendemain de la rencontre entre Al-Siddik Haftar et le général Hemedti – et les confidences qui lui ont été faits – ce dernier attaque la base militaire Merowe située au nord du Soudan.

Sur cette base stationnaient des soldats et des avions militaires égyptiens, officiellement pour des manœuvres militaires communes. Les soldats ont alors été détenus et humiliés avant d’être libérés après une médiation émiratie. S’ensuit à cela des combats qui éclatent le 15 avril entre l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide à Khartoum et dans plusieurs autres villes.

Al-Siddik Haftar a beau répété que sa mission à Khartoum n’avait rien de politique, personne en Libye n’y croit. De nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer l’ingérence de Khalifa Haftar dans la crise soudanaise.  Cette intervention au Soudan, inquiète également plusieurs généraux de son armée (l’ANL). Ce soutien à Hemedti pourrait bien porter atteinte aux rapports que cette armée entretiennent avec l’Égypte, allié de Haftar par ailleurs.

Relations anciennes entre l’ANL et le FSR

Les relations entre l’homme fort de l’est libyen et le chef des Forces de soutien rapide remontent bien à une période précédant la chute d’Omar el-Béchir. Néanmoins, elles ont pris un tournant important lors de la guerre menée par Khalifa Haftar en 2019 pour le contrôle de Tripoli. Hemedti lui a prêté main forte en envoyant des centaines d’hommes combattre aux côtés de l’ANL.

Certains sont restés à l’est libyen et ils auraient été entrainés par les soldats de Wagner tout comme les rebelles tchadiens présents dans le sud libyen et qui avaient mené une opération au Tchad en 2021, opération s’étant soldée par la mort sur le champ de bataille du général Idriss Déby.

Selon le Wall Street Journal, l’homme fort de l’est libyen enverrait du renfort en armes, en munitions et en carburant à son allié soudanais. Depuis le début des combats, des images circulent sur les réseaux sociaux montrant des armes portant le sigle des Émirats arabes unis et qui auraient été abandonnés sur le terrain par les forces de Hemedti. Ses armes seraient envoyées de Libye.

Les deux généraux Hemedti et Haftar sont soutenus par les Émirats arabes unis, et sont également impliqués dans différentes sortes de trafics transfrontaliers, surtout d’or et d’uranium extraits illégalement en Libye et au Soudan.

Le groupe Wagner derrière Haftar en Libye ?

De nombreux médias américains ont récemment repris des documents secrets américains qui ont fuité. Ces documents démontrent l’étendu de l’influence de Wagner en Afrique et particulièrement en Libye. Ses forces utilisent depuis des années des bases aériennes dans le sud libyen sous contrôle de Khalifa Haftar. Des images satellites montrent un mouvement inhabituel dans ces bases depuis quelques jours.

L’implication de parties étrangères au Soudan fait craindre un conflit de longue durée alimenté par des intérêts extérieurs. Les analystes mettent en garde contre un scénario catastrophique où de multiples acteurs et pouvoirs régionaux mènent une guerre par procuration dans ce pays de plus de 45 millions d’habitants.

► À lire aussi : Soudan: comment les intérêts du Caire, Abou Dhabi et Riyad compliquent le conflit entre généraux

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