A l’occasion des massacres du 8 mai 1945, le Collectif Régional de la Communauté Franco-Algérienne appelle à un rassemblement ce dimanche à Lille, Place de la République. Retour sur cet événement fondateur qui a pavé la route à la Révolution du 1er Novembre 1954. Nous republions, à titre de rappel, un article paru sur notre site le 8 mai 2012.
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L’historien et ancien président de la fondation du « 8 mai 1945 », M. Mohamed Corso a appelé, samedi à Alger, l’État français à reconnaître les massacres du 8 mai 1945 comme crimes d’État contre l’humanité et faire ainsi « acte de repentance ».
« Nous espérons un sursaut de la part de la France qui doit reconnaître les crimes commis au nom de l’État contre une population civile, désarmée dont des enfants, des femmes et des vieux, qui ont payé le prix de la haine coloniale », a déclaré M. Corso sur les ondes de la Radio internationale algérienne.
Cette haine, « raciste » dans son fond, est toujours présente dans le discours politique, notamment lors de la compagne électorale des présidentielles françaises 2012, a-t-il constaté, soulignant que cet esprit colonial est « ancré » dans la culture de l’État français. Il considère que les déclarations faites par quelques officiels français ces dernières années, notamment l’ancien ambassadeur de France en Algérie.
M. Hubert Colin Verdière qualifiant les massacres du 8 mai 1945 de « tragédie inexcusable », comme une « avancée » dans le discours politique français, mais qui nécessite « plus de réflexion et d’analyse » sur l’histoire coloniale de la France.
M. Corso a expliqué que les massacres du 8 mai 1945, qui étaient « massifs » et « préparés », s’inscrivaient dans une « tradition coloniale » dont « il était impossible de séparer l’acte militaire de la responsabilité de l’autorité politique ».
« Ces génocides commis par l’armée française et des milices coloniales ont été couverts par le gouverneur d’Algérie de l’époque Yves Chataigneau, comme couverait le Maréchal Bugeaud en 1845 ces officiers, auteurs des enfumades du Dahra, et comme le fera plus tard le Général de Gaulle, avec le préfet Maurice Papon lors des manifestations organisées par les Algériens de France en 17 octobre 1961 », a-t-il expliqué.
Ces massacres dont l’objectif était de faire taire les voix opposantes à la France coloniale, étaient d’une « férocité inimaginable », affirme M. Corso, soulignant que beaucoup de victimes ont été privées de leur droit d’être enterrées et ont été des proies pour les chiens et les chacals. D’autres ont été brûlées dans des fours à chaux à Guelma pour nettoyer la ville qui recevait une commission d’enquête parlementaire sur cette « folie meurtrière ».
M. Corso préconise, d’autre part, l’élaboration d’une nouvelle perception historique visant à faire face à l’héritage de l’école de l’Histoire coloniale, qui a transmis des connaissances « déformées, réduites et biaisées ».
Les « événements » du 8 mai 1945 ont été réduits à une seule journée, alors qu’ils ont commencé en fait avec la célébration de la fête des travailleurs, le 1er mai et se sont poursuivis jusqu’au 26 juin 1945. En outre, ces « événements » n’ont pas été limités à Guelma, Sétif et Kherrata, mais ils se sont étendus sur tout le territoire algérien, même si « les autres villes n’ont pas connu le même niveau d’atrocité », a-t-il dit.
Concernant le nombre de martyrs de cette date repère, fondatrice de la guerre de la Révolution, M. Corso a précisé qu’il était difficile pour les historiens de donner un chiffre exact, vu que les assassinats ont été massifs, et que les Algériens ne déclaraient pas leurs membres de familles militants dans le mouvement national.
« Même si certaines sources parlent de 45 000 à 85 000 victimes, les chiffres ne veulent rien dire devant l’atrocité des événements », a-t-il expliqué.
Ces événements ont donné lieu à un front algérien anticolonial et ont permis de hâter le déclenchement de la guerre de libération, a-t-il ajouté.
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