Un G7 à Hiroshima. • Aucun intérêt bien sûr, pour ce que le G7 est censé faire, tenter d’avancer dans les grands problèmes du monde avec la diplomatie, un esprit constructif, une vision concordante. • Rien de tout cela, sans aucun doute. • Toujours un Zelenski en tenue de combat, grave, arrogant, notant qui s’agenouille et qui ne le fait pas. • Un Biden toussotant et tremblotant, maître du monde en vitesse de croisière. • Et puis le reste, le plus intéressant, l’un ou l’autre à-côté témoignant de l’état démentiel du monde. • On a le G7 qu’on peut.
Dedefensa.org
22 mai 2023 – Il fut un temps où les rassemblements type G7, G20, etc., étaient suivis avec une grande attention quant à leur substance, les décisions qui y étaient prises, les conséquences qui étaient attendues. Ces temps ne sont plus du tout.
Ici, cette fois, pour ce G7 où ils étaient à peu près 15 avec les invités divers et plus ou moins intéressés, on s’intéresse d’abord au lieu qui est là où fut jetée en temps de guerre la première bombe atomique de l’histoire. Il y en eut deux en tout et elles sont toute deux américanistes, – et bien américanistes, il n’y a pas à s’y tromper.
Sur la scène du Crime
Le site ‘Strategic-Culture.org’ ne s’y trompe pas. Il consacre son éditorial à ce seul fait du choix du G7, qui ne produit par ailleurs rien d’autre qu’une bave de sanctions et d’anathèmes, avec Mister Z. en inévitable invité-vedette.
« La cabale du “Groupe des Sept”, dirigée par les États-Unis, a tenu ce week-end dans la ville japonaise d’Hiroshima l’un de ses jamborees de plus en plus dénués de sens. La solennité affichée par ces élites bellicistes dans un lieu qui représente la barbarie ultime de l’impérialisme américain n’est pas seulement écœurante par son hypocrisie et sa grossièreté. L’absence évidente de conscience et de honte de ces charlatans est un signe certain que leur comédie historique privilégiée touche à sa fin.
» Le président américain Joe Biden a profité de l’effondrement de l’économie de son pays et des scandales liés à la corruption rampante de sa famille pour assister au sommet du G7 au Japon. Il a été rejoint par les soi-disant dirigeants de la Grande-Bretagne, de la France, de l’Allemagne, de l’Italie et du Canada, ainsi que par le premier ministre du pays hôte, Fumio Kishida. La poupée ventriloque en chef de l’Union européenne, Ursula von der Leyen, et le comédien ukrainien devenu marchand d’armes, alias “président”, Vladimir Zelenski, se sont joints à ces laquais.
» Les débats ont commencé par une “dédicace” cynique et fallacieuse au parc de la paix d’Hiroshima, dont la pièce maîtresse est le dôme Genbaku, la ruine spectrale emblématique causée par le bombardement atomique des États-Unis en 1945. Les dirigeants qui se réunissent dans ce lieu sacré sont ceux-là mêmes qui poussent criminellement le monde vers une nouvelle conflagration.
» Biden et ses acolytes ont rapidement renoncé aux discours creux sur la “paix” et le “désarmement nucléaire” pour faire du sommet du G7 un appel au ralliement en faveur d’une plus grande hostilité envers la Russie et la Chine. Il était prévu d’intensifier la guerre économique (sanctions) contre Moscou, qui a été vilipendée comme d’habitude pour son “agression non provoquée” contre l’Ukraine. Des promesses ont été faites de fournir davantage d’armes à la poudrière que les États-Unis et leurs partenaires de l’OTAN ont créée en Ukraine. Les efforts diplomatiques internationaux visant à résoudre le conflit, proposés par la Chine et les pays d’Amérique latine et d’Afrique, ont été rejetés sans ménagement.
» La camarilla du G7, dirigée par les États-Unis, a également fait de cette fête de la haine un forum pour susciter davantage d’hostilité à l’égard de la Chine, accusant Pékin de se doter d’armes nucléaires et de menacer le monde.
» En bref, le Groupe des Sept a organisé un sommet de guerre de facto à Hiroshima, un lieu synonyme de l’horreur et du mal de la guerre. »
On ajoutera pour être complet que l’invité d’honneur, Mister Z., fit un de ses discours dont il a le secret et il eut le très bon goût de comparer le champ de la bataille de Bakhmout, devenu entretemps Artyomovsk, à l’espace d’Hiroshima après la bombe atomique. On note donc à ce propos :
« La dévastation laissée par la bataille qui a duré des mois pour la ville d’Artyomovsk dans le Donbass rappelle les conséquences du bombardement nucléaire américain d’Hiroshima, a déclaré le président ukrainien Zelenski aux journalistes dimanche lors du sommet du G7 dans la ville japonaise.
» “Les photos d’Hiroshima me rappellent Bakhmout”, a déclaré Zelenski, en utilisant le nom ukrainien de la ville.
» Au cours de sa visite, il a déposé des gerbes au mémorial des victimes du bombardement atomique d’Hiroshima. “La destruction est totale. Il n’y a rien, il n’y a personne”, a-t-il déclaré, ajoutant que “tous les bâtiments sont détruits” dans la ville prise par la Russie au cours du week-end. »
Mis au courant de l’analogie catastrophique entre Hiroshima et Bakhmout-Artyomovsk faite par Zelenski qui a veillé jusqu’au bout à alimenter les éléments de chair humaine nécessaire à cette dévastation, Biden s’est exclamé à propos d’Hiroshima et a demandé qu’on punisse les coupables de la même façon que seront punis les coupables de Bakhmout-Artyomovsk. Tout cela était très clair dans son esprit.
Pour notre compte, nous allons poursuivre avec quelques points qui n’ont pas grand’chose de commun avec le G7, ses sanctions et ses ruines atomiques, mais qui situent bien, dans leur désordre et leur discontinuité, l’atmosphère des temps et l’utilité de telles rencontres.
Lula et le lapin d’Hiroshima
La politique assez controversé du brésilien Lula a subi un accroc de taille du fait de l’arrogance, de l’inconséquence et de l’inorganisation de Zelenski (et peut-être aussi de la mauvaise circulation des consignes). Lula veut poursuivre une politique “du milieu” entre la Russie et l’Ukraine, essentiellement pour garder la main à Washington tout en ne rompant pas avec son coéquipier du BRICS à Moscou. Il était donc possible qu’il rencontrât Zelenski à Hiroshima, et l’on avait insisté pour cela, dans un toussotement très bidenesque.
Donc, pas de rencontre finalement, et mauvaise humeur visible de Lula.
« Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a déclaré que son homologue ukrainien, Vladimir Zelenski, ne s’était pas présenté à une réunion bilatérale prévue lors du sommet du G7 à Hiroshima, au Japon.
» “Nous avions prévu un entretien bilatéral avec [Zelenski] ici, dans cette salle, à 15h15. Nous avons attendu et nous avons reçu l’information qu’il était en retard”, a déclaré lundi le président cité par Reuters. Il a ajouté que Zelenski “ne s’est pas présenté” parce que “manifestement, il avait des rendez-vous [ailleurs] et ne pouvait pas venir”.
» L’AFP a cité Lula qui s’est dit “contrarié” par l’échec de la rencontre.
» Une rencontre en tête-à-tête avec le dirigeant ukrainien ne figurait pas dans l’itinéraire publié par le bureau de M. Lula avant son voyage au Japon. Toutefois, Bloomberg a cité des fonctionnaires brésiliens anonymes qui ont déclaré samedi que la délégation brésilienne avait subi des pressions pour organiser une rencontre entre Lula et Zelenski, dont les projets de voyage n’avaient pas été annoncés publiquement. »
Donc, pas de rencontre et un certain froid du côté brésilien où Lula a la sensation d’être tombé dans un piège, – même si cela pouvait être involontaire, – et qu’il l’ait bien cherché après tout. La pression washingtonienne sur la Lula pour la rencontre ne s’était pas accompagnée d’une pression washingtonienne similaire sur Zelenski. L’Ukrainien s’est contenté d’observer, comme l’on fait dans les shows de téléréalité lorsqu’on enfonce ces portes ouvertes à coup de sophismes, que « Chacun a son emploi du temps, nous n’avons donc pas pu rencontrer le président brésilien », – ce qui a un côté “c’est l’évidence même, à la prochaine fois pour ne pas se renconntrer !”.
Nous avions déjà parlé de la difficulté pour Lula de « jouer très longtemps avec une jambe au SC Flamengo et l’autre au Santos FC ». Andrew Korybko, qui suit Lula de près et est très dur pour lui, n’a pas manqué de faire un commentaireactant dans des termes très (trop ?) sévères la débâcle du président brésilien, qui s’accroche pourtant à sa politique alors que nous pensons qu’il devra très vite l’abandonner et trancher : ou Washington (hors des BRICS ?), ou Moscou (avec les BRICS).
« Le président brésilien Lula vient d’être humilié après que Zelenski lui a posé un lapin au G7. Il s’est ensuite plaint d’être “contrarié” par l’échec de leurs projets, ce qui l’a fait passer pour un faible. Pire encore pour son image, il a continué à s’accrocher à son ancienne rhétorique pacifiste à l’égard de la guerre par procuration entre l’OTAN et la Russie en proposant un sommet des Nations unies sur ce conflit. Lula n’a pas réalisé qu’il s’agissait d’un jeu de pouvoir mesquin de Zelenski pour lui montrer qui est le patron, ou bien il n’a tout simplement pas assez d’amour-propre pour s’en préoccuper.
» Le dirigeant ukrainien est connu pour sa rancune, ce qui, dans ce cas, est lié à la rhétorique pacifiste antérieure de Lula, qui blâmait les deux parties pour la guerre par procuration en cours. Comme nous l’avons expliqué ici, il sert en réalité de cheval de Troie à l’Occident pour tromper le Sud et l’amener à soutenir la position maximaliste de l’Occident au lieu du compromis beaucoup plus pragmatique de la Chine. Il ne s’agit pas de spéculations comme le prétendent les propagandistes de son camp, mais d’une preuve de sa position officielle à l’égard du conflit… »
N’est pas Evita qui veut
Poursuite de la chronique avec une triste nouvelle au G7 : Giorgia Meloni ne cesse de se confirmer comme l’inverse de ce que certains avait cru voir en elle. En plus de son enthousiasme pour Zelenski et la cause du Zelenskistan (elle n’est pas loin d’être à hauteur des Polonais à cet égard), elle a profité de la réunion pour relever le gant d’une critique personnelle du mignon-Trudeau et a affirmé hautement son soutien aux LGTBQ+. Cela fait beaucoup…
Note de PhG-Bis : « PhG broie du noir à cet égard, lui qui avait cru distinguer en elle une nouvelle Evita Peron. On ne peut mieux se tromper ! PhG avait cru que son adhésion au groupe des rencontres d’Aspen (Colorado), repaire des ultra-américanistes, était une ruse ou une erreur de jeunesse. C’est tout juste le contraire et le voilà, PhG, fort bien marri. »
Voici donc quelques observations de l’algarade entre les deux, Meloni-Trudeau. Manifestement l’Italienne pédale dur pour écarter la semoule de ses penchants naturels (elle disait encore, en mars dernier, ce constat terrifiant et scandaleux : « être un homme ou une femme est ancré dans ce que nous sommes et ne peut être changé »). Elle semble vouloir ainsi paraître encore plus wokeniste que nombre de ses collègues ; c’est comme une sorte de course à la dégénérescence, avec le gentil-mignon Trudeau comme coach.
« La première ministre italienne Giorgia Meloni a défendu son bilan sur les questions LGBT lors de la réunion du G7 du week-end, déclarant aux journalistes que le Premier ministre canadien Justin Trudeau était “victime de fake news” après qu’il ait exprimé ses inquiétudes sur ses actions en matière de droits LGBT devant les journalistes vendredi.
» Devant les caméras de télévision, M. Trudeau avait déclaré à Mme Meloni que “le Canada est préoccupé par certaines des positions prises par l’Italie en matière de droits LGBT” et qu’il était impatient de discuter de ces questions avec elle. Elle avait fait une grimace mais n’avait rien répondu.
» Mme Meloni aurait été « surprise » d’entendre son homologue canadien aborder la question, qui ne figurait pas à l’ordre du jour de la réunion, ont rapporté les médias italiens par la suite.
» S’adressant à la presse avant de quitter Hiroshima dimanche, Meloni a expliqué que Trudeau avait été “un peu irréfléchi” dans ses commentaires, mais qu’il s’était probablement rendu compte, après avoir parlé avec elle, que ce qui était écrit à son sujet dans les médias ne ressemblait guère à la réalité et qu’il avait été “victime de fausses nouvelles”. »
Ouf… Voilà donc dissipé un malentendu sur une affaire de la plus haute importance qui aurait pu engendrer une crise de la plus haute intensité. Ainsi le sommet du G7 montre-t-il son utilité extrême dans la marche du monde et rapproche-t-il les cœurs égarés de nos fiers dirigeants politiques.
Les socialistes au pouvoir à D.C.
Pour Biden, sérieux, parlons d’autre chose. L’essentiel à Hiroshima, pour lui, se passait entre Washington et lui ; et particulièrement, à Washington, le ‘Speaker’ (président) de la Chambre Kevin McCarthy. Il s’agit du budget et de la dette, McCarthy et les républicains voulant une réduction des dépenses publiques que l’administration refuse. En cas d’échec sur un nouveau niveau de la dette, celui qui est en vigueur étant alors dépassé le gouvernement fait défaut.
McCarthy se plaint de l’attitude de Biden, lequel se plaint de l’attitude de McCarthy. Air connu, illustré ici par deux tweets de McCarthy, – mais aussi, et le principal pour nous, pour mettre en évidence un élément de langage, une expression, un terme complètement incroyables aux États-Unis.
« “La Maison Blanche recule dans les négociations”, a tweeté McCarthy samedi après-midi. “Malheureusement, l’aile socialiste du parti démocrate semble être aux commandes, surtout lorsque le président Biden n’est pas dans le pays”. »
« “Le président Biden ne pense pas qu’il y ait un seul dollar d’économie à trouver dans le budget du gouvernement fédéral”, a tweeté McCarthy dans la soirée. “Il préfère être le premier président de l’histoire à faire défaut sur la dette plutôt que de risquer de contrarier les socialistes radicaux qui mènent la barque des démocrates en ce moment”. »
En effet, ce qui nous intéresse ici n’est certes pas l’enjeu de la bagarre qui se résout en général comme dans un mauvais film de Hitchcock, mais bien le langage employé par McCarthy : « l’aile socialiste du parti démocrate » et « les socialistes radicaux qui mènent la barque des démocrates en ce moment » Il importe de mettre en évidence l’emploi de ces termes pour désigner l’administration, aux mains des “socialistes”, et même des “socialistes radicaux”.
Venu des trumpistes maximalistes et très minoritaires à la fois (avec Marjorie Taylor-Greene) dans un parti républicain croulant sous ses caciques type-Politburo, ce langage était absolument incongru et inconcevable il y a huit ans encore, en 2015-2016. Il relève des appréciations US concernant les pays du bloc communiste durant la Guerre Froide. Il est devenu aujourd’hui courant et quasiment officiel.
C’est un événement bien plus important qu’un relèvement du plafond de la dette ou qu’un balbutiement de Biden, et bien entendu d’un G7 à Hiroshima où eut lieu cet atroce crime contre l’humanité dont le président américaniste s’est juré de trouver le coupable. Il (ce langage) révèle à la fois un climat, une perception, une polarisation extrêmes, aux États-Unis bien plus qu’au G7, puisque c’est aux États-Unis que tout se joue.
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