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26 avril 2024

urquie : Erdogan a remporté la victoire ce dimanche soir, avec 52% des voix…Mais quelle sera sa politique ?


Par Jean LÉVY

 

 

 

Erdogan réélu, ce n’est pas une bonne nouvelle pour la démocratie en Turquie.

Certes, son concurrent, Kemal Kiliçdaroglu, candidat de l’opposition, a fait de belles promesses électorales, mais du fait de ses alliances avec des formations, dont certaines sont franchement réactionnaires et même islamistes, n’offraient pas la garantie de la parole donnée.

L’absence de représentants d’une gauche progressiste, aujourd’hui en prison et même torturée, victimes des vingt ans de pouvoir d’Erdogan, et du pouvoir d’avant, fausse la réalité. Et le tremblement de terre qui a ravagé des régions entières, tragédie qui aurait pu être évitée, a permis d’exclure du vote des centaines de milliers de pauvres, abandonnés par le pouvoir à son triste sort, sans la possibilité de voter…

Les cartes le montrent : ce sont les campagnes qui ont voté pour Erdogan, les villes, dont Istanbul, la capitale, se sont prononcées pour son rival.  Phénomène exemplaire du poids de la religion dans ces régions reculées où les classes moyennes n’existent pas, alors que dans les grandes cités, la culture et les universités, la fréquentation de millions de touristes, ont éveillé à la politique.  Tandis que sur le plateau d’Anatolie, la tradition ancestrale a fait voter pour le président sortant.

S’il est difficile à chaud de tout expliquer, on peut avoir sur les répercussions sur le plan international de la réélection d’Erdogan quelques indices à vérifier.

Dès le résultat du vote proclamé, le chefs d’État du monde entier se sont tous félicités de la victoire d’Erdogan. De Moscou à Pékin, de Washington à Paris et Berlin, ce ne sont que paroles angéliques à propos du vainqueur.  Derrière ces beaux discours, la stratégie est de mise. Faire en sorte qu’Ankara ne penche pas trop dans le camp de l’adversaire et tenter de l’attirer dans ses filets. Mais il faut se rappeler que les nations occidentales, n’avaient d’yeux que pour Kemal Kiliçdaroglu, l’adversaire d’Erdogan. Celui-ci, selon « Le Monde » était l’enfant chéri de l’Union européenne, de l’OTAN, en fait, de tout ce qu’ils appellent l’Occident.

Les résultats de l’élection les a fait peut-être changer de cheval…

Mais avec Erdogan, qui n’est pas le symbole de la fiabilité en politique, on peut tout s’attendre avec lui. Il choisira comme camp celui qu’il considère comme favorable à son nationalisme exacerbé, et pratiquer une politique de bascule.

Quand on considère la position stratégique de la Turquie au carrefour de l’Europe, de la Russie et du Moyen-Orient, l’alignement servile dans l’OTAN dont son pays fait partie, ne semble pas correspondre à la stratégie du président.

De ce point de vue géostratégique, en ce monde dangereux, où la guerre rode autour de nous, il faut suivre attentivement Erdogan et son cheminement.

JEAN LÉVY

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