La dernière campagne des grands médias pour créer la peur des terroristes
Le dirigeant nigérien déchu Mohamed Bazoum a publié, jeudi dernier, une tribune dans le Washington Post disant qu’il craignait que son pays ne devienne un foyer du terrorisme si les États-Unis ne parvenaient pas à le ramener au pouvoir. Cette tribune s’appuie sur le même narratif présenté précédemment par Voice of America, The Economist et Associated Press. L’Occidental moyen pourrait donc être induit en erreur en pensant que son régime a effectivement combattu le terrorisme, alors que la réalité est tout à fait opposée, comme nous allons le prouver.
D’un leader antiterroriste à un allié des terroristes
Par Andrew Korybko
Bazoum a commencé son règne en promettant de combattre les terroristes. Selon Africanews, il a déclaré lors de son investiture le 2 avril 2021 que “[leur] barbarie a dépassé toutes les limites“, ajoutant qu’”[ils] se livrent à des massacres à grande échelle de civils innocents et, ce faisant, commettent de véritables crimes de guerre“. Près d’un an plus tard, en mars 2022, l’AFP rapportait que “le Niger pousse à la paix en établissant des pourparlers avec les djihadistes“. Ce rapport contient des détails troublants sur la nouvelle politique mise en œuvre par le président nigérien dans ce domaine.
Il y est écrit que “le mois dernier, Bazoum a annoncé qu’il avait entamé des “discussions” avec des djihadistes dans le cadre de la “recherche de la paix“. Il a déclaré avoir libéré plusieurs militants et les avoir reçus au palais présidentiel. En 2016, alors qu’il était ministre de l’Intérieur, il avait réussi à faire adhérer des dizaines de djihadistes de Boko Haram dans le sud-est du Niger à un programme combinant déradicalisation et formation professionnelle.”
Les États-Unis et la France n’ont jamais vraiment combattu les terroristes au Niger
Au lieu de combattre les mêmes terroristes “dont la barbarie a dépassé toutes les limites” et qu’il a accusés de “commettre de véritables crimes de guerre“, Bazoum a fini par accueillir certains de ces mêmes criminels de guerre barbares au palais présidentiel, ce qui fut un crachas au visage de chacune des victimes de ces terroristes. L’influent Financial Times britannique l’a même félicité pour cette politique et a cité des responsables occidentaux qui pensaient la même chose dans son article de juillet intitulé “Niger : le rempart de l’Occident contre les djihadistes et l’influence russe en Afrique“.
L’article est payant mais peut être lu ici pour ceux qui sont intéressés. L’intérêt d’attirer l’attention sur cet article est de montrer que l’Occident a malhonnêtement présenté sa capitulation face aux terroristes comme une victoire antiterroriste, ce qui discrédite son dernier discours selon lequel son retour au pouvoir est nécessaire pour éviter que la région ne tombe sous le coup de cette menace. En outre, cela suggère également que cela a été fait avec l’approbation des Américains et des Français, ce qui signifie que leurs missions militaires officielles “antiterroristes” sur place n’étaient rien d’autre qu’une ruse.
Des témoins locaux ont fait part de leurs inquiétudes quant à la politique de Bazoum
L’Institut sud-africain d’études de sécurité a noté dans son rapport d’avril de cette année que “les personnes interrogées ont déclaré à ISS Today que certains émissaires communautaires facilitant le contact avec les djihadistes n’étaient pas nécessairement les plus qualifiés. Elles ont déclaré que ceux qui jouissaient d’une plus grande crédibilité et d’une plus grande influence sociale avaient été mis à l’écart. Des préoccupations ont également été exprimées quant à la manière d’intégrer efficacement les anciens combattants dans les communautés après leur libération du centre d’Hamdallaye“.
Ces révélations jettent la suspicion sur les motifs qui ont poussé Bazoum à revenir sur sa promesse de lutter contre les terroristes. S’il avait sincèrement décidé de son propre chef, pour quelque raison que ce soit, qu’il valait mieux discuter avec les terroristes plutôt que de les exterminer, il aurait naturellement chargé les personnes jouissant de la plus grande crédibilité et de la plus grande influence sociale de mener à bien cette mission, afin d’augmenter les chances de succès. Au lieu de cela, il aurait écarté les médiateurs les plus qualifiés, ce qui a délibérément mis en danger la sécurité de son pays.
Le nouveau champ de bataille par procuration de la guerre froide en Afrique de l’Ouest
La semaine dernière, les médias occidentaux ont affirmé que les attaques terroristes avaient diminué au Niger pendant cette période, alors qu’elles avaient augmenté au Mali et au Burkina Faso, mais la révélation susmentionnée et tout ce qu’elle implique suggèrent qu’il se passait quelque chose d’infâme dans les coulisses. Il se pourrait très bien que les États-Unis et la France lui aient demandé de faire la paix avec les terroristes afin qu’ils puissent utiliser le Niger comme base pour déstabiliser les juntes militaires patriotiques du Mali et du Burkina Faso.
Cela expliquerait la baisse des attaques terroristes au Niger alors qu’elles se sont multipliées dans ces deux pays voisins au cours de la même période. Ceux-là mêmes que Bazoum qualifie de criminels de guerre barbares n’auraient aucune raison de s’en prendre à son régime s’il s’était allié à eux à la demande de ses protecteurs occidentaux pour les aider à se développer au Mali et au Burkina Faso. Les États-Unis et la France pourraient avoir accepté ce marché faustien dans le cadre de leur guerre par procuration contre la Russie en Afrique, qui a été expliquée ici, ici et ici.
The Economist a involontairement discrédité la réputation “antiterroriste” de Bazoum
Il est essentiel de garder à l’esprit ces soupçons crédibles lors de la lecture de l’article
de The Economist du 1er août alléguant que “les fanatiques et les putschistes créent des États en faillite en Afrique de l’Ouest“, qui est payant mais peut être lu dans son intégralité ici.
Voici les extraits les plus pertinents pour la présente analyse :
“Les djihadistes eux-mêmes ont utilisé la peur pour recruter, comme Moussa le sait bien. Son travail, dit-il, consistait à couper la tête des hommes qui refusaient de s’engager. Il porte la main à sa gorge pour souligner cet aveu macabre. Il ne se souvient pas exactement du nombre d’hommes qu’il a assassinés. Peut-être une dizaine, avance-t-il. Pourtant, Moussa a récemment abandonné le djihadisme, adoptant un plan de démobilisation soutenu par M. Bazoum, qui a promis que si les djihadistes renonçaient à la violence, ils pourraient “être réintégrés dans la société et dans l’économie”.
…
“Nous encourageons la réconciliation“, a déclaré M. Bazoum en mai, en faisant référence à un pacte de paix local signé plus tôt en janvier entre les chefs communautaires et religieux et les groupes d’autodéfense. La violence dans la région, autrefois généralisée, a diminué. L’accord a été tacitement approuvé par l’État islamique au Sahel (IS Sahel), l’un des deux plus grands groupes djihadistes de la région, qui a envoyé des émissaires à la signature du pacte et a rencontré le ministre de l’intérieur, selon un médiateur.
Plus audacieux encore, les cessez-le-feu tacites de M. Bazoum avec les djihadistes ont été nombreux, selon le général Mahamadou Abou Tarka, qui était avant le coup d’État à la tête d’un organisme chargé de gérer les négociations avec les groupes armés. L’un de ces accords consistait à s’engager à ne pas organiser d’attaques dans une commune donnée pendant six mois si le gouvernement envoyait en retour de la nourriture pour aider la population locale.
Le gouvernement a également été en contact avec Jama’at Nasr al-Islam wal Muslimin (JNIM), une coalition affiliée à Al-Qaïda, explique Ibrahim Yahaya Ibrahim, du groupe de réflexion Crisis Group. Les commandants du JNIM “envoient des messages disant… nous ne vous attaquerons pas si vous ne nous attaquez pas“, dit-il. Le groupe a également demandé au gouvernement de libérer certains prisonniers, ce qu’il a fait.
Tout cela pourrait maintenant s’effondrer. Le général Tchiani, dans son premier discours depuis le coup d’État, a critiqué les politiques de sécurité de M. Bazoum, en particulier celle qui consiste à libérer des djihadistes. Son régime a également arrêté le ministre de l’intérieur de M. Bazoum, qui était un soutien essentiel des accords de paix locaux. Il semble peu probable que la France, les États-Unis et leurs alliés européens continuent à travailler avec l’armée nigérienne et à la former tant que le pays est sous régime militaire. L’une des conséquences, déclare sans ambages un responsable militaire occidental, sera “davantage d’attaques terroristes“.
La sombre vérité sur le régime de Bazoum
Sans aucune exagération, même si cela semble sensationnel, Bazoum s’est littéralement allié à Al-Qaïda et aux affiliés régionaux d’ISIS, et il est même allé jusqu’à accorder l’amnistie à des coupeurs de têtes avoués comme Moussa. Des tueurs en série psychotiques comme lui ont été “réintégrés dans la société” sans aucune punition pour leurs crimes de guerre barbares. Les Nigériens ordinaires ont également été laissés sans défense après que leur ancien dirigeant a déclaré, il y a quelques mois, que “armer des civils pour combattre les terroristes est une erreur tragique“.
En rassemblant tous ces détails factuels accablants, il est irréfutable que Bazoum a reçu l’ordre de ses patrons occidentaux de s’allier avec Al-Qaïda et ISIS afin que ces deux organisations utilisent ensuite le Niger comme base pour déstabiliser les juntes militaires patriotiques du Mali et du Burkina Faso dans le cadre de leur guerre par procuration contre la Russie. Il a déroulé le tapis rouge pour les mêmes personnes qu’il avait précédemment qualifiées de criminels de guerre barbares en les accueillant dans le palais présidentiel et a même relâché dans la société des coupeurs de têtes avoués.
Les alliés terroristes de Bazoum pourraient bientôt attaquer la junte et/ou le nord du Nigeria
Le peuple au nom duquel il a officiellement gouverné n’a pas été autorisé à s’armer pour se défendre contre ces tueurs en série psychotiques qu’il a lâchés dans leurs quartiers dans le cadre de son accord d’amnistie avec Al-Qaïda et les affiliés régionaux d’ISIS. Bazoum n’a jamais réellement combattu les terroristes, mais s’est plutôt allié à eux dans le cadre d’un accord faustien orchestré par les États-Unis et la France. Si l’invasion du Nigerpar la CEDEAO, soutenue par l’OTAN et menée par le Nigeria, est annulée, ses alliés terroristes devraient passer à l’offensive.
Cette guerre hybride imminente sera présentée par les médias dominants comme étant le résultat de l’incompétence de la junte nigérienne, afin de la discréditer et de servir de prétexte à une plus grande ingérence dans les affaires du pays. Dans le cas où des terroristes basés au Nigeria commenceraient bientôt à attaquer le nord du pays, ils pourraient présenter ce développement comme un “complot russe/Wagner“, à la fois pour discréditer ces deux derniers et pour forcer Abuja à envahir son voisin s’il se dégonflait à la dernière minute.
Conclusion
Quoi qu’il en soit, la déstabilisation complète du Niger est probablement inévitable d’une manière ou d’une autre, que ce soit par une invasion de la CEDEAO soutenue par l’OTAN et menée par le Nigéria et/ou par une guerre hybride menée par Bazoum et les terroristes alliés de ses protecteurs occidentaux dans le pays. Les gens ordinaires seront impuissants à empêcher ces scénarios, mais ils peuvent au moins essayer de sensibiliser au maximum à ce qui se passe réellement et pourquoi, afin d’exposer tous les mensonges contenus dans le récit des médias dominants sur cette crise en Afrique de l’Ouest.
Andrew Korybko
Traduit par le Saker Francophone.