publié le vendredi 11 août 2023

Gilles Perrault est décédé le 4 août 2023 à l’âge de 92 ans à son domicile de Sainte-Marie-du-Mont dans la Manche. Avocat devenu journaliste puis écrivain, il a publié plusieurs dizaines d’ouvrages. Son livre « Le pull-over rouge » (1978) souvent cité, porte sur le cas de Christian Ranucci, guillotiné en 1976 après une enquête bâclée, pour le meurtre d’une petite fille, livre qui a contribué à l’abolition de la peine de mort, mais d’autres comme « Les Parachutistes » (1961), « Un homme à part » (1984) consacré à Henri Curiel, ou « Notre ami le roi » (1990), sur le Maroc d’Hassan II et ses soutiens, ont joué également un rôle important pour éclairer certains épisodes de l’histoire coloniale et postcoloniale et dénoncer des violations des droits de l’homme. Ci-dessous quelques-uns des hommages publiés sur cet écrivain talentueux.

publié le jeudi 10 août 2023

Sous le titre Après l’abolition. Les fantômes noirs de l’esclavage, les éditions Autrement ont publié en janvier 2023 la traduction de Black Ghost of Empire : The Long Death of Slavery and the Failure of Emancipation, de l’historien états-unien Kris Manjapra. Dans cet essai comparatif, l’auteur, après d’autres, contribue à déconstruire le mythe selon lequel lors des abolitions de l’esclavage au XIXe siècle, « les captifs noirs auraient profité d’un plein affranchissement, et les sociétés esclavagistes blanches d’une rédemption ». Il montre comment les conditions concrètes de ces abolitions incomplètes ont perpétué la suprématie blanche. Nous publions la présentation de l’éditeur et la recension de ce livre dans Le Monde.

publié le mercredi 9 août 2023

Jean-François Gavoury, le président de l’ANPROMEVO, l’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS, inlassable pourfendeur des nostalgiques de cette organisation terroriste, est décédé le 3 août 2023 à l’âge de 73 ans. Son père, commissaire central d’Alger, avait été assassiné par l’OAS le 31 mai 1961. Ci-dessous, le film de la cérémonie de dévoilement le 6 octobre 2011 de la stèle à toutes les victimes de l’OAS au cimetière du Père-Lachaise à laquelle il est intervenu après le maire de Paris, Bertrand Delanoë. Nous y joignons un rappel de « l’affaire Gavoury », tiré du livre d’Alain Ruscio, « Nostalgérie, l’interminable histoire de l’OAS », ainsi que l’interview qu’il a donné en 2022 au site « Place Audin ».

publié le mardi 8 août 2023

Le coup d’Etat militaire perpétré au Niger le 25 juillet 2023 a suscité des manifestation d’hostilité à la France. Dans un entretien à Mediapart, la spécialiste de l’histoire du Niger Camille Lefebvre, autrice de Des pays au crépuscule. Le moment de l’occupation coloniale (Sahara-Sahel) (Fayard, 2021, réédité en poche en 2023), met en perspective historique cette hostilité, ainsi que les réactions françaises. Elle décrit la marque indélébile laissée par la violence colonisatrice, qui fut particulièrement grande au Niger. Elle pointe le fait que les autorités civiles et militaires françaises, comme l’opinion publique, se refusent à la prendre en compte et perpétuent une approche néo-coloniale de la situation. Faute, dit-elle, « d’affronter collectivement » la question du passé colonial.

publié le mercredi 2 août 2023

Que dire de plus sur L’Étranger d’Albert Camus sinon paraphrase ou commentaire de commentaire ? Bon connaisseur de la vie et l’œuvre de Camus, Christian Phéline relève le défi dans son récent essai, « L’Étranger en trois questions restées obscures » (Pézenas, Éditions Domens, 2023). Il questionne trois angles morts de ce récit, autour du personnage de Meursault, l’assassin. Pour reprendre ses mots, il aborde « ce qui touche, tour à tour, au lieu du meurtre, au mouvement intérieur qui y mène son auteur, et à la sanction qui lui est apportée ». Dans un dialogue avec le journaliste algérien Faris Lounis, dont nous avons déjà publié une tribune réfutant l’idée que Camus fut un partisan de l’Algérie française suivie d’un texte de Christian Phéline sur ce point.

publié le samedi 29 juillet 2023

Du 24 au 26 juillet 2023, le président de la République, Emmanuel Macron, s’est rendu en Nouvelle-Calédonie. Cela faisait suite aux rencontres bilatérales organisées lors du trimestre précédent entre l’État français et des représentant∙es indépendantistes d’une part, et entre l’État français et les partisan∙es de la Nouvelle-Calédonie française d’autre part. Autant dire que dans le deuxième cas, les convergences sont grandes, puisque les deux camps n’en font qu’un pour rechercher à priver les Kanak de leur droit à l’autodétermination, et la Kanaky de son indépendance et de la reconnaissance des méfaits de 170 ans de colonisation. Ci-dessous la lettre de juillet 2023 du Collectif Solidarité Kanaky.

publié le vendredi 28 juillet 2023

Le festival d’Avignon 2023 a présenté Carte noire nommée désir, de et par Rébecca Chaillon, comédienne, autrice et metteuse en scène. Ce spectacle qui déconstruit avec un humour ravageur l’imaginaire raciste colonial relatif à la femme noire a été salué par la critique et largement acclamé par le public. Il a cependant suscité de violentes réactions hostiles d’une partie de celui-ci et il fait l’objet sur les réseaux sociaux d’une campagne de l’extrême droite sur le thème du « racisme anti-blancs ». Nous publions la critique publiée à l’issue de la première par Le Monde, ainsi qu’un compte-rendu des réactions suscitées par ce spectacle dans Télérama. Carte noire nommée désir est programmé à l’Odéon-Théâtre de l’Europe, à Paris, du 28 novembre au 17 décembre 2023, puis au Havre et à Malakoff.

publié le mardi 25 juillet 2023

Dans L’invention du colonialisme vert. Pour en finir avec le mythe de l’Éden africain, paru chez Flammarion en 2020 et réédité en poche en 2022, l’historien Guillaume Blanc rappelle les origines coloniales du mythe d’une nature africaine vierge. Il montre comment ce dernier se perpétue à travers l’Afrique aujourd’hui, à l’initiative de l’Unesco et de puissantes ONG, dans une politique qui exclut et criminalise les populations autochtones des parcs naturels. Il pointe ainsi « les contradictions des pays développés qui détruisent chez eux la nature qu’ils croient protéger là-bas ». On trouvera ci-dessous la présentation de l’éditeur, la vidéo d’un entretien avec l’auteur ainsi qu’une recension de son livre publiée par En attendant Nadeau

publié le dimanche 23 juillet 2023

Impossible d’empêcher que les épisodes du passé qu’une mémoire officielle a voulu refouler fassent retour. En marge du défilé des Champs-Elysées, où le président de la République a affiché une amitié choquante avec le premier ministre indien, Narendra Modi, qui mène une politique intégriste à l’opposé des fondateurs de l’Union indienne, plusieurs rassemblements ont eu lieu. Le 13 juillet, un hommage aux victimes du 14 juillet 1953, six Algériens et un syndicaliste français, place de la Nation, et, le 14 juillet au matin, place de la Bastille, de nombreuses associations ont proclamé lors d’un rassemblement leur intention de reprendre en 2024 les défilés populaires pour la fête nationale. Elles se sont jointes l’après-midi au défilé de la Marche des solidarités auquel plusieurs milliers de personnes ont participé entre la place Félix Eboué (Daumesnil) et la Bastille.

publié le samedi 22 juillet 2023

Le récent ralliement de l’historien et politologue camerounais Achille Mbembé aux initiatives africaines du président Macron a surpris, venant d’un intellectuel connu jusqu’alors pour être des plus sévères à l’égard de ce dernier et de la Françafrique. Il déclarait par exemple en 2017 : « Africains, il n’y a rien à attendre de la France que nous ne puissions nous offrir à nous-mêmes. » En 2020, dans une tribune publiée par Le Monde, il annoncait prôner à présent « un nouveau réalisme » pour « une nouvelle transition » à l’exemple de « celle engagée par le général de Gaulle en 1944 ». La revue en ligne Afrique XXI publie une tribune en trois volets du Camerounais Roger Esso-Evina, dans laquelle ce dernier analyse de ce qui apparaît comme un revirement. Nous en publions ici la première partie.