Manifeste pour l’éradication du sionisme (2006)
9 octobre 2023
Comment l’ONU a rayé la Palestine de la carte, documents historiques sur le sionisme et le ‘partage’ de la Palestine
Collection Manifestes
Le Manifeste n° 4 :
Manifeste pour l’éradication du sionisme
édité par :
La Pierre et l’Olivier, l’Alliance Zapatiste de Libération Sociale (AZLS), Résistance Verte,
Entre la Plume et l’Enclume (EPE), Collectif de la Communauté Tunisienne en Europe (CCTE)
© Collection Manifestes
Sommaire
I – Pour une résolution urgente déclarant la dissolution de l’Etat d’Israël et appelant à l’éradication du sionisme dans le monde
II – Comment l’ONU a rayé la Palestine de la carte
Un coup d’Etat international
L’ONU, une illusion couvrant un syndicat de puissants
Balfour, la SDN et l’ONU : une continuité
Le mythe du ‘partage’
Le ‘partage’, une ruse de guerre ?
Une guerre préméditée
Le sionisme : un mouvement antisémite radical ?
La descente aux enfers des grandes puissances
Jouer sur deux registres : ou l’impunité garantie
Une humanité pécheresse
Le sionisme :
une catastrophe pour le judaïsme
III – Documents méconnus ou inédits
Ben Gourion : Nous sommes les agresseurs – 1938
Ben Gourion : était-ce leur faute ?
Moshe Dayan : sous nos pieds, la Palestine
Portes, fenêtres, linteaux…
Le génocide après 1967
Lois d’expropriation
Actualité du drame
Les intrigues de Nahum Goldmann lors du vote du ‘Partage’ de la Palestine relatées par… Nahum Goldmann
Mondher Sfar, La trahison de Léon Blum
Arnold Toynbee, Pour un Israël en Europe
Lettre de Dan Mayer arrière-petit-fils de Sir Leon Simon
Le sionisme usurpe l’identité juive (Collectif)
Georges Dumont : Le Drame Palestinien Devant la Conscience Chrétienne
La plus grave profanation du site d’Auschwitz par l’Armée Sioniste d’Israël
Les lois raciales nazies copiées sur celles des sionistes
1933 : « Nous aussi, nous sommes contre les mariages mixtes »
L’Irgun en 1941 : Nazisme et Sionisme, mêmes objectifs : la déportation des juifs et la guerre contre les Alliés
Moshe Zimmerman dénonce
Israel Shahak : La Nazification du Judaïsme
I
MANIFESTE
SOUMIS AU CONSEIL DE SECURITE
DE L’ONU
POUR UNE RESOLUTION URGENTE
DECLARANT LA DISSOLUTION
DE L’ETAT D’ISRAEL
ET APPELANT A L’ERADICATION
DU SIONISME DANS LE MONDE
CONFORMEMENT AUX BUTS DES NATIONS UNIES TELS QU’ILS SONT ENONCES AU § 1 DE L’ARTICLE PREMIER DE SA CHARTE : PRENDRE DES MESURES COLLECTIVES EFFICACES EN VUE DE PREVENIR ET D’ECARTER LES MENACES POUR LA PAIX…
CONSIDERANT LES PRINCIPES DE LA JUSTICE HUMAINE ET DU DROIT INTER¬NATIONAL
CONSIDERANT QUE L’ELIMINATION DU SIONISME EST UNE CONDITION SINE QUA NON AU RETABLISSEMENT DE LA PAIX AU MOYEN-ORIENT ET DANS LE MONDE
CONSIDERANT QUE LES NATIONS UNIES PORTENT UNE GRANDE PART DE RESPONSABILITE QUANT AU GENOCIDE ACTUEL DES PALESTINIENS QUI DURE DEPUIS UN SIECLE ; QU’ELLES PORTENT UNE RESPONSABILITE DANS L’EFFACEMENT DE LA PALESTINE DE LA CARTE DU MONDE ; QU’ELLES PORTENT UNE RESPONSABILITE DANS LA TRAGEDIE DU JUDAISME VICTIME DU PLUS GRAND MOUVEMENT ANTISEMITE DE L’ERE MODERNE QU’EST LE SIONISME DONT LA DOCTRINE REPOSE SUR LA MISE EN QUESTION DE LA LEGITIMITE DE LA PRESENCE JUIVE HORS LA PALESTINE
DEMANDONS UNE REUNION URGENTE DU CONSEIL DE SECURITE DE L’ONU EN VUE DE VOTER UNE RESOLUTION
1- ANNULANT LA RESOLUTION DU 29 NOVEMBRE 1947 RECOMMANDANT LA CREATION D’UN ETAT JUIF ET DECLARANT SON ILLEGITIMITE AU REGARD DE LA CHARTE DE L’ONU
2- DECLARANT LA DISSOLUTION DE L’ETAT D’ISRAEL ET SA QUALIFICATION D’ORGANISATION COLONIALE ET GENOCIDAIRE
3- APPELANT A L’ERADICATION DU SIO¬NISME DANS LE MONDE EN TANT QU’IDEOLOGIE RACISTE ET ANTI-SEMITE ET EN TANT QUE MENACE A LA PAIX DANS LE MONDE
CETTE RESOLUTION DEVANT AUSSI :
1) RECONNAITRE QUE L’ONU – COLLECTIVE¬MENT EN TANT QU’ORGANISATION ET INDIVIDUELLEMENT CHAQUE ETAT CONCERNE – EST RESPONSABLE DE TOUS LES CRIMES CI-DESSUS ENUMERES
2) CONDAMNER LA PRETENTION DU SIONISME A PARLER ET A AGIR AU NOM DU JUDAISME, UNE PRETENTION QUI CONSTITUE UNE GRAVE INCARNA-TION DE L’ANTISEMITISME – RECONNAITRE LE JUDAISME EN TANT QUE PORTEUR DE VALEURS UNIVERSELLES A L’INSTAR DE TOUTES LES RELIGIONS ET DENONCER CEUX QUI EN FONT UNE ASSOCIATION D’INTERÊTS POLITICO-ECONOMIQUES A FONDEMENT PRETENDUMENT RACIAL
3) RECONNAITRE L’ILLEGITIMITE ET L’ILLEGALITE DE LA RESOLUTION DU 29 NOVEMBRE 1947 N°181 (II) AUTORISANT LA CREATION D’UN ETAT RACIAL PRETENDUMENT JUIF ET QUI N’A RIEN A VOIR AVEC LE JUDAISME MAIS QUI EST EN FAIT UNE ENTITE COLONIALE FONDEE SUR LA NEGATION DES DROITS DU PEUPLE AUTOCHTONE PALESTINIEN ET LA DES-TRUCTION DE SON PATRIMOINE CULTUREL MULTIMILLENAIRE VRAI HERITIER DES CULTURES QUI Y ONT PROSPERE Y COMPRIS LE JUDAISME ANTIQUE
4) DENONCER : – LE GENOCIDE DU PEUPLE PALESTINIEN – L’ELIMINATION DE PLUS DE 530 VILLES ET VILLAGES PALESTINIENS PAR LES FORCES SIONISTES – LA LIQUIDATION ET LA DEPORTATION DE LEURS HABITANTS SOUS LA PROTECTION ET LA COMPLICITE DE LA SDN PUIS DE L’ONU
5) LANCER UN PROGRAMME DE RECONSTRUCTION DES VILLES ET VILLAGES PALESTINIENS DETRUITS – INDEMNISER LEURS HABITANTS ET LEURS AYANT DROITS – ORGANISER LE RETOUR DES REFUGIES PALESTINIENS DANS LEUR PAYS
6) DECLARER NULLE ET NON AVENUE LA DECLARATION BALFOUR DE NOVEMBRE 1917 EN TANT QUE PROJET COLONIAL FONDE SUR LA NEGATION DU DROIT DES HABITANTS AUTHOCHTONES A DISPOSER D’EUX-MEMES ET A EXISTER EN TANT QUE PEUPLE SUR LA TERRE DE LEURS ANCETRES – EN CONSEQUENCE DECLARER NULLES ET NON AVENUES LES DISPOSITIONS DE LA SDN FONDEES SUR CETTE DECLARATION AINSI QUE LE MANDAT SUR LA PALESTINE CHARGE DE L’ACCOMPLISSEMENT DE CE PROJET COLONIAL
7) DECLARER ILLEGALE LA COLONISATION DEMOGRAPHIQUE SIONISTE EN PALESTINE QUI SE POURSUIT JUSQU’A CE JOUR ET DEPUIS 1920 EN APPLICATION DE LA DECLARATION BALFOUR VISANT A IMPOSER LE FAIT ACCOMPLI COLONIAL – METTRE AU POINT UN PLAN DECENNAL DE RAPATRIEMENT DANS LEURS PAYS D’ORIGINE DES COLONS SIONISTES ETABLIS EN PALESTINE ET CONTINUANT A S’ETABLIR JUSQU’A CE JOUR DANS LE CADRE DE LA DECLARATION BALFOUR – CREER A CET EFFET UN FONDS SPECIAL FINANCE PAR LES ETATS DE LA SDN QUI ONT FAVORISE LE ‘FOYER NATIONAL JUIF’, LES ETATS QUI ONT VOTE LA CREATION DE L’ETAT DIT JUIF EN NOVEMBRE 1947 ET LES ETATS QUI ONT FINANCE L’ENTITE SIONISTE DEPUIS SA CREATION – LES HABITANTS JUIFS ORIGI¬NAIRES DE PALESTINE NE SONT NATUREL¬LEMENT PAS CONCERNES PAR CE PLAN NI CEUX QUI PROUVENT QUE LEUR IMMIGRATION EN PALESTINE N’A PAS ETE FAITE DANS L’INTENTION DE REALISER LE PLAN SIONISTE D’OCCUPATION POLITICO-MILITAIRE DE LA TERRE DE PALESTINE AVANT 1948 OU APRES ET QUI DENONCENT LE SIONISME, RECONNAISSENT LES TORTS ET LES CRIMES COMMIS PAR LEURS PARENTS OU COMMIS EN LEUR NOM CONTRE LES HABITANTS AUTOCHTONES DE LA PALES-TINE ET QUI LEUR DEMANDENT PARDON ET AGISSENT ACTIVEMENT DANS L’ŒUVRE DE RECONSTRUCTION DE CE QUI A ETE DETRUIT DU FAIT COLONIAL SIONISTE – JUGER CONFORMEMENT AU DROIT INTER¬NATIONAL LES COLONS QUI ONT COMMIS DES CRIMES CONTRE L’HUMANITE – ET DES CRIMES DE GUERRE EN TERRE DE PALESTINE
8) ORGANISER UN REFERENDUM POUR LA CREATION D’UN ETAT PALESTINIEN DEPOURVU DE TOUTE DISCRIMINATION RACIALE SUR TOUTE LA TERRE DE PALESTINE
9) PROCLAMER LE 29 NOVEMBRE JOURNEE INTERNATIONALE DE COMMEMORATION EN MEMOIRE DES VICTIMES JUIVES MUSULMANES ET CHRETIENNES DU SIONISME EN PALESTINE ET DANS LE MONDE
10) EN OUTRE ETABLIR LA RESPONSABILITE MORALE ET POLITIQUE DU SIONISME DANS LE GENOCIDE DES JUIFS AU COURS DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE : POUR AVOIR COMBATTU LES ASSIMILATIONNISTES ET ACCUEILLI FAVORABLEMENT L’ACCESSION DU NAZISME AU POUVOIR EN Y VOYANT UN PARTENAIRE IDEAL POUR LA REALISATION DU PROJET SIONISTE ; POUR AVOIR NEGLIGE ET ENTRAVE LE SAUVETAGE DES JUIFS (VOIR NOTAMMENT LE RAPPORT DE REB MOSHE SHONFELD : THE HOLOCAUST VICTIMS ACCUSE – DOCUMENTS AND TESTIMONY ON JEWISH WAR CRIMINALS) ; POUR AVOIR EMPECHE L’EMIGRATION DES JUIFS DES TERRITOIRES DE L’AXE VERS D’AUTRES PAYS QUE LA PALESTINE, ALLANT JUSQU’AU SABORDAGE DE NAVIRES TRANSPORTANT DES REFUGIES JUIFS A UNE DESTINATION AUTRE QUE LA PALESTINE ; POUR AVOIR SABOTE LA CONFERENCE D’EVIAN EN 1938 DESTINEE AU SAUVETAGE DES JUIFS VIVANT DANS LES PAYS DE L’AXE ; POUR AVOIR AJOUTE AUX SOUFFRANCES DES SURVIVANTS DES CAMPS ALLEMANDS EN LES EMBRIGADANT DANS DES OPERATIONS PERILLEUSES D’IMMIGRATION CLANDES-TINE EN PALESTINE EN LEUR FAISANT TRAVERSER LES MERS DANS DES CONDITIONS INHUMAINES ET AU PERIL DE LEURS VIES (CAS DE PATRIA ET D’EXODUS) – ETC.
II
Comment l’ONU a rayé
la Palestine de la carte
Contrairement aux affirmations des responsables politiques des grandes puissances, l’ONU n’a aucune vocation à créer le droit international. Sa vocation définie dans la Charte se limite à contribuer au maintien de la paix et à empêcher les conflits entre pays. Créer une entité juridique telle qu’un Etat est de sa part un abus manifeste de pouvoir, même si la résolution 181 de novembre 1947 a été déclinée sur le seul mode de la ‘recommandation’. Car l’idée même de création d’un régime politique nouveau relève du principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, affirmé dans le § 2 de l’Article 1er de la Charte : « Développer entre les nations des relations amicales fondées sur le respect du principe de l’égalité de droits des peuples et de leur droit à disposer d’eux-mêmes. » Plus loin, la Charte rappelle le même principe « de tenir compte des aspirations politiques des populations » (Article 73b) auquel l’Etat doit obéir dans son rapport aux populations sous sa tutelle ou sous son mandat. C’est le cas de la Grande Bretagne chargée par la SDN du mandat sur la Palestine. Or, quand la SDN a cessé d’exister lors de la Deuxième Guerre mondiale, le Royaume-Uni aurait dû dès la création de l’ONU et en tant que membre fondateur lui faire appel à elle aux fins de se conformer à l’Article 73b et plus généralement à l’Article 1er § 2 réaffirmant le principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Or, le Royaume-Uni a refusé d’assumer cette responsabilité définie par la Charte et au lieu d’organiser un referendum en Palestine pour que la population de Palestine décide de son sort, il a eu recours à un subterfuge remarquable consistant à remettre la décision politique du sort de la Palestine entre les mains des pays membres de l’ONU, au lieu de s’en référer à la volonté des habitants de la Palestine. Il y a là une violation flagrante des fondements de la Charte des Nations Unies. Mais, ce coup monté par le Royaume-Uni n’avait aucune chance de réussir sans la compli¬cité de l’Organisation des Nations Unies elle-même. C’est ce que nous allons voir en détail.
Un coup d’Etat international
Le drame a commencé en ce 2 avril 1947, quand, selon un document officiel de l’ONU, « la délégation du Royaume-Uni a adressé au Secrétaire Général par intérim des Nations Unies une lettre demandant l’inscription de la question de la Palestine à l’ordre du jour de la prochaine session ordinaire de l’Assemblée Générale et la convocation […] d’une session extraordinaire aux fins de créer et de constituer une commission spéciale chargée de soumettre à l’examen de la prochaine session régulière de l’Assemblée Générale un rapport sur la question de la Palestine et définissant le mandat de cette commission. La délégation du Royaume-Uni […] demanderait à l’Assemblée de formuler des recommandations sur le gouvernement futur de la Palestine, conformément à l’Article 10 de la Charte ». [Rapport de la Commission Spéciale pour la Palestine à l’Assemblée Générale des Nations Unies – 31 août 1947, § 1er.]
Tels sont les termes mêmes du coup d’État international préparé par les grandes puissances pour contourner les dispositions énoncées par la Charte sur le droit du peuple de Palestine à exercer sa souveraineté. Le Royaume-Uni a fait semblant de ployer sous un mystérieux fardeau qu’il a appelé la « question de la Palestine » si lourd à porter qu’il en a appelé au secours de l’ONU pour la « résoudre ». Ainsi est née de toutes pièces la « question de la Palestine ». De plus, la « question de la Palestine » n’est une « question » que pour les sionistes tels que Balfour, la SDN et l’ONU. Tous ceux-ci ont créé de toutes pièces la « question » palestinienne qui n’a jamais existé depuis que la Palestine existe. Pour les Palestiniens, il n’existe pas de « question » palestinienne, il existe seulement une « question coloniale occidentale » dont l’origine est précisément la Déclaration Balfour et le Mandat britannique. C’est plutôt, dirions-nous, le Royaume-Uni qui constitue « la question », lui qui a accepté d’être la couverture militaire et politique de l’instauration du soi-disant « Foyer National juif » en terre de Palestine. S’il y a une « question », elle ne peut être autre que la décision de l’Assemblée Générale de l’ONU de ‘partager’ la Palestine. La Palestine n’a à aucun moment constitué ou souffert d’autres « questions » que celles imposées autoritairement par les grandes puissances.
Que demande le Royaume-Uni aux Nations Unies ? : « de formuler des recom-mandations sur le gouvernement futur de la Palestine, conformément à l’Article 10 de la Charte ». Voici donc que l’on charge une commission de faire des « recommandations » sur le sort politique de la Palestine et pour justifier le recours à celle-ci, le Royaume-Uni en appelle à l’Article 10 de la Charte. Or voici ce que dit l’Article 10 : « L’Assemblée générale peut discuter toutes questions ou affaires rentrant dans le cadre de la présente Charte ou se rapportant aux pouvoirs et fonctions de l’un quelconque des organes prévus dans la présente Charte, et, sous réserve des dispositions de l’Article 12, formuler sur ces questions ou affaires des recom¬mandations aux Membres de l’Organisation des Nations Unies, au Conseil de sécurité, ou aux Membres de l’Organisation et au Conseil de sécurité. » On le voit, invoquer cet Article 10 pour justifier la manœuvre, est une pure supercherie. Cet Article dit bien que les recommandations que l’Assemblée générale pourrait formuler ne peuvent concerner que ce « qui rentre dans le cadre de la présente Charte ». Or le cadre de la Charte, on l’a vu, ne dépasse pas les questions de sécurité et de paix dans le monde, et ne touche nullement les questions politiques qui relèvent, elles, de la souveraineté des États, et en cas d’absence d’État, relèvent de la souveraineté populaire reconnue par la Charte à travers le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Il y a là une manœuvre frauduleuse, mais, naturellement, la demande du Royaume-Uni a été acceptée sans autre forme de procès par le Bureau de l’Assemblée :
En recevant la lettre que lui a destinée le Royaume-Uni le 2 avril 1947, le Secrétaire Général n’a pas, comme il se devait, rejeté son contenu pour irrecevabilité. Il est vrai qu’en cela il n’a fait que se conformer à ses compétences « administratives » en tant que « le plus haut fonctionnaire de l’Organisation » (Article 97 de la Charte). Le Secrétaire Général n’a pas à apprécier le contenu des lettres reçues, comme tout secrétaire qui ouvre le courrier.
Le Secrétaire Général des Nations Unies remet alors ce courrier à l’organe politique de l’Assemblée Générale qu’est son Bureau. Jusque là rien à signaler. Mais, après avoir examiné la lettre du Royaume-Uni, le Bureau « recommanda l’inscription à l’ordre du jour et le renvoi à la première commission du point soumis par le Gouvernement du Royaume-Uni ». [Rapport de la Commission Spéciale pour la Palestine à l’Assemblée Générale des Nations Unies – 31 août 1947, § 4.] En somme, le Bureau de l’Assemblée Générale, en décidant l’inscription à l’ordre du jour du sort de la Palestine, prononce implicitement un jugement favorable sur la question de la recevabilité de la demande du Royaume-Uni, sachant pertinemment que la Charte s’y oppose catégoriquement. Cette acceptation abusive de la demande du Royaume-Uni constitue l’acte initial et décisif de la violation de l’esprit et de la lettre de la Charte, et du déclenchement du processus de l’éradication juridique de la Palestine de la carte.
En fait, ce véritable coup d’État international a été organisé par le Royaume-Uni, les Nations-Unies et les États-Unis. L’acte final ‘juridique’ du ‘coup’ est scellé. Désormais, il existe une « question de la Palestine », et cette question est désormais du ressort de la volonté des États membres de l’Organisation et non plus du peuple de la Palestine.
L’acceptation de la proposition du Royaume-Uni par le Bureau ne manque pas d’un cruel cynisme. Alors que ce Bureau accepte une proposition britannique qui ne relève pas de la compétence de l’ONU, il a l’audace de rejeter la contre proposition arabe demandant l’indépendance de la Palestine : « Cinq États membres (Arabie saoudite, Égypte, Irak, Liban, Syrie) demandèrent au Secrétaire général d’ajouter le point supplémentaire suivant à l’ordre du jour de la session extraordinaire : Cessation du mandat sur la Palestine et proclamation de l’indépendance de ce pays. » Le Bureau rejeta simplement l’inscription de cette demande à l’ordre du jour.
L’ONU, une illusion couvrant
un syndicat de puissants
Bien sûr, cette malversation juridico-politique est pleine d’enseignements sur la nature et le fonctionnement de l’Organisation des Nations Unies. Et nous sommes ici au centre du système politique mondial tel qu’il a été forgé vers la fin du dernier conflit mondial. Ce nouveau système mondial n’est en fait pas si nouveau que cela. Il prolonge celui de la SDN créée elle aussi au lendemain d’un conflit mondial. Ces organismes qui promettent la paix universelle reposent sur la doctrine qui prétend que la légitimité doit procéder du sabre ou du canon. Le puissant aurait le droit sacré de faire régner l’ordre et la justice. En somme le Roi de la jungle est investi du pouvoir de ‘paix’ sur les autres animaux, et le loup est investi du devoir de faire régner la ‘paix’ dans le poulailler. C’est pourquoi l’exemple de la Palestine est un ‘cas d’école’ pour qui voudrait découvrir la véritable nature de notre ‘ordre’ mondial.
Parallèlement, l’on nous fait croire que l’ONU est une institution extra étatique, qu’elle prend des décisions indépendamment des États qui la composent. C’est là une illusion entretenue par les promoteurs de cet organisme dès ses origines. L’organisation des Nations Unies n’est rien d’autre qu’un syndicat des grandes puissances ayant toute latitude pour imposer leur volonté sur toutes les autres nations du monde en faisant passer leur volonté pour la volonté d’un organisme neutre.
Dès 1922, lors de son discours devant la SDN, Lord Balfour a eu en sa qualité de Président du Conseil britannique, à désillusionner ceux qui ont eu la naïveté de croire que la SDN était un organisme souverain décidant elle-même de la gestion des mandats. Erreur, s’écrie Balfour : « Les mandats n’ont pas été créés par la Société des Nations, qui ne peut pas en modifier le caractère. Le mandat est, par définition, une limitation que des vainqueurs s’imposent à eux-mêmes dans l’exercice de leur souveraineté sur les territoires conquis. Les puissances alliées et associées se sont imposées cette limitation pour assurer ce qu’elles croyaient être l’intérêt de l’humanité et elles ont demandé à la Société des Nations de les aider dans l’application de cette politique générale. Mais la Société des Nations n’est pas la créatrice [de cette limitation] ; elle n’est que l’instrument de cette politique. Ce n’est pas elle qui a inventé le système des mandats ; ce n’est pas elle qui a posé les règles définissant les trois types de mandats. Son devoir, je le répète, est de veiller, en premier lieu, à ce que les termes des mandats soient conformes aux principes du Pacte et en second lieu, à ce que les termes règlent véritablement la ligne de conduite des puissances mandataires, dans les territoires sous mandat.’ [Propos cités dans le même Rapport de la Commission sur la Palestine à son § 180 qui les rapporte d’après le Troisième annuaire de la Société des Nations, par Charles L. Levermore, 1922, p. 147.]
Eblouissante leçon de choses en matière de fondements du système politique mondial. La SDN est la porte-parole des ‘puissances alliées’. Elle œuvre sous leurs ordres et leur contrôle. Il en va de même des Nations Unies. L’État d’Israël, comme le ‘Mandat’ sur la Palestine, est le produit de la volonté des puissants, et non le produit d’une décision propre à l’ONU. Tout le reste n’est qu’illusion, seule raison d’être de ces ‘machins’, pour reprendre l’expression de quelqu’un qui s’y connaissait.
En fait, la SDN et l’ONU sont des syndicats des vainqueurs de la guerre, qui se réunissent pour se partager ‘en bonne entente’ et ‘en paix’ les dépouilles de leurs victimes, exactement comme les seigneurs de la jungle. Tous, la main sur le cœur, jurent qu’ils n’aspirent qu’à la ‘paix’. Et ils ont raison : c’est la paix entre les vainqueurs qu’ils recherchent, en imposant LEUR paix (cf. la pax romana) aux peuples vaincus ou susceptibles d’être soumis, colonisés ou exterminés par eux. La SDN et l’ONU ont rendu effectivement service à la paix entre les vainqueurs afin qu’ils se partagent le gâteau au moyen de la ‘réconciliation’, et non de la guerre. Quant aux vaincus et aux faibles, ils croient que les soupirs de ‘paix’ s’adressent à eux, et se laissent bercer par cette douce illusion jusqu’au prochain ‘conflit’ ou à la prochaine ‘conquête militaire’ qui les arrachent alors à leurs rêveries. La ‘paix’ proclamée en 1945 par la Charte des Nations Unies n’a eu aucun effet sur les peuples martyrisés par les grandes puissances signataires de la Charte. Aucune colonie n’a été libérée par l’ONU ou sous son autorité, chose exclue même par son statut. Bien plus, pour le cas de la Palestine, l’on a utilisé les instances de l’ONU pour légitimer une entreprise coloniale et la consacrer en un État reconnu. C’est pourquoi la Palestine reste un véritable monument vivant de l’ordre mondial colonial déguisé en ‘messager de la paix’.
Le statut même de l’organisme onusien illustre bien sa nature prédatrice. C’est, on l’a vu, le Bureau de l’Assemblée générale qui a pris la décision de statuer sur le sort de la Palestine, en violation de sa propre Charte. Ainsi, le Bureau de l’AG a un pouvoir discrétionnaire, arbitraire et irrévocable. Ce dispositif est complété par un autre : le Bureau a la capacité d’interdire à une partie lésée par une décision onusienne d’avoir un recours juridique, nommément à la Cour Internationale de Justice. C’est ce qui s’est passé lors de la soumission de la ‘question’ palestinienne à l’ONU. Les demandes de recours des pays arabes à l’arbitrage de la CIJ au sujet de la légitimité des décisions onusiennes ont été écartées conformément au § 1 de Article 96 de la Charte qui stipule que « L’Assemblée Générale ou le Conseil de Sécurité peut demander à la Cour Internationale de Justice un avis consultatif sur toute question juridique. » En clair, les membres de l’ONU sont, eux, en tant qu’individualités, exclus de tout recours en justice sur la légitimité des décisions de l’Assemblée Générale ou du Conseil de Sécurité. Ce déni de justice est encore la règle de nos jours. L’ONU est un monument remarquable et organisé de l’état de non-droit.
Balfour, la SDN et l’ONU :
une continuité
Le forfait commis par le Bureau de l’Assemblée Générale a pourtant été avoué en toute simplicité dans le Rapport du 31 août 1947, § 176, de la Commission Spéciale pour la Palestine : « En ce qui concerne le principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, s’il a été internationalement reconnu à la fin de la Première Guerre mondiale et s’il a été admis en ce qui concerne les autres territoires arabes à l’époque de la création des mandats « A », il ne s’appliquait pas à la Palestine, car on avait sans doute l’intention de permettre la création d’un foyer national juif dans ce pays. En fait, il est permis de dire que le foyer national juif et le Mandat conçu spécialement pour la Palestine vont à l’encontre de ce principe. »
Le soutien apporté au sionisme par les grandes puissances a un objectif évident de nature stratégique. Il a été formulé en toutes lettres dans un document secret américain peu avant la décision du partage de la Palestine, évoquant « l’importance stratégique et économique qu’offre la Palestine et les pays voisins pour le pétrole américain, l’aviation et les télécommunications. » [Mémorandum préparé par la Division des Affaires du Proche-Orient au Département d’État américain, en date du 14 janvier 1947, in Foreign Relations of the US 1947, vol. 5, Washington, 1971, p. 1004.] Cet aveu résume toute l’affaire palestinienne depuis la Déclaration Balfour jusqu’à nos jours.
Le mythe du ‘partage’
Pour légitimer l’entité sioniste, l’on a violé la Charte, tout en faisant croire à la ‘neutralité’ de l’ONU. Mais, les choses ne s’arrêtent pas là : l’on a aussi fait croire que le droit des victimes a été respecté. Pour cela, l’on a inventé le concept de ‘partage’ : il a été décidé de ‘partager’ la terre de Palestine en deux États. Là aussi : une imposture. On laisse entendre que dans son souci d’équité entre deux parties en conflit, l’on procède à un compromis, une sorte de conciliation équitable. Or, l’affaire palestinienne ne concerne pas un conflit territorial. Elle concerne un droit, en l’occurrence un droit à la vie, le droit d’un peuple de vivre sur sa terre. Et pour trancher une question de droit l’on ne peut trancher un droit en deux, ou un objet volé en deux, moitié pour le voleur et moitié pour la victime. Le juge doit déterminer une question de droit : à qui appartient l’objet en question. Or, l’Assemblée Générale des Nations Unies n’a pas déterminé à qui appartient la terre de Palestine. Elle a rendu sa décision comme s’il s’agissait d’un conflit frontalier entre deux États. Et elle ne pouvait décider à qui la terre de Palestine appartenait, parce qu’elle serait obligée de dire qu’elle appartient à ses habitants autochtones, ce qui ne l’arrangeait point. Ainsi, le concept de ‘partage’ donne l’illusion de l’équité ou de justice, alors qu’il masque une spoliation, la négation d’un droit, la négation de l’équité et de la justice.
Cette manœuvre de prestidigitation juridico-politique constitue en fait le pendant à la fameuse Déclaration Balfour, source du ‘droit’ sioniste international. Cette Déclaration est un engagement de la puissance britannique à créer un ‘Foyer national juif’ en terre de Palestine. Il n’y a là, avec Balfour, point de ‘partage’, seulement l’affirmation de la volonté d’instaurer une entité politique à leur solde, sous couvert d’une identité religieuse supposée ‘raciale’ attribuée au judaïsme. Cette volonté d’ériger un pouvoir politique étranger en lieu et place d’une population autochtone ne pouvait être affirmée avec une telle brutalité. Il avait fallu la modérer par deux promesses illusoires, car contraires au projet défendu. C’est pourtant ainsi que la Déclaration Balfour a été formulée : « Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif, et emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte ni aux droits civils et religieux des collectivités non juives existant en Palestine, ni aux droits et au statut politique dont les juifs jouissent dans tout autre pays. » Les deux dispositifs de sécurité adjoints au projet principal du Foyer national sont d’une haute importance pour notre propos et méritent que l’on s’y arrête brièvement.
Prenons tout d’abord le second dispositif conçu au profit des juifs dans le monde. Il est clair que le projet du soi-disant Foyer national juif a pour conséquence immédiate et logique de mettre en péril les droits et l’existence même des juifs vivant dans leurs pays d’origine. C’est ce que ce que ce dispositif de sécurité reconnaît : la nature antisémite du projet sioniste. Celui-ci a pour objectif la déportation des juifs au nom d’un supposé caractère étranger que les antisémites leur attribuent, opinion partagée et défendue jusqu’à nos jours par le sionisme et leurs amis politiques. Pour tempérer l’antisémitisme dont le projet du Foyer national est porteur, la Déclaration a anticipé cet effet, en formulant des vœux ‘pieux’ pour limier les dégâts et défendre les ‘droits’ des juifs dans leurs pays natals.
Quant au premier dispositif de sécurité, nous y retrouvons la même hypocrisie. Ici ce sont les droits des habitants de la Palestine qui sont concernés, car mis directement et naturellement en cause par le projet sioniste. De toute évidence, le Foyer national juif ne pourrait être réalisé sans l’élimination politique et démographique des autochtones que la Déclaration ne désigne même pas nommément. En ignorant l’identité ‘arabe’ des Palestiniens – qu’ils soient juifs, chrétiens ou musulmans – la Déclaration avoue déjà son intention génocidaire, au sens juridique du terme. D’où le vœu pieux de préserver les ‘droits’ des autochtones, sans que l’on ait expliqué comment, d’autant que la Déclaration les prive des droits ‘politiques’, contrairement aux droits qu’elle y accorde aux juifs de la ‘diaspora’. D’où le paradoxe : les juifs de la diaspora doivent garder leurs droits politiques acquis dans leurs pays d’origine, alors que les populations autochtones palestiniennes sont invitées à s’en dessaisir dans leur propre pays ! Naturellement ces droits politiques de la population palestinienne sont incompatibles avec ceux promis au Foyer national juif en Palestine. Ainsi, dès la Déclaration Balfour, l’on a ouvertement spolié les Palestiniens de leurs droits politiques, prélude à la spoliation des autres droits, jusqu’au droit à la vie.
Nous devons ouvrir ici une brève parenthèse pour signaler que le sionisme en général et la Déclaration Balfour en particulier sont à l’origine de la mise en question des droits des juifs à la citoyenneté dans leurs pays d’origine. Cela n’a pas été sans conséquence lors de l’émergence des mouvements fascistes en Europe, conduisant au drame du judaïsme pendant la Deuxième Guerre mondiale. Le dispositif introduit dans la Déclaration Balfour pour la préservation des droits politiques des juifs vivant hors de la Palestine, loin de constituer une quelconque protection des droits acquis par les juifs en diaspora, constitue l’aveu implicite de ce qu’implique fatalement la mise en œuvre du projet sioniste : la mise en question du droit des juifs à vivre parmi les nations du monde, comme s’ils étaient des étrangers dans leurs propres pays, puisque le sionisme fait des juifs une ‘nation’ à part, une ‘nation’ étrangère, appelée à se rassembler dans un ‘Foyer national’, avec un drapeau, des armes et des frontières à elle. Comment les promoteurs d’un tel ‘Foyer’ pourront-ils défendre sérieusement les droits citoyens des juifs dans le monde, après en avoir fait un État étranger ?
Quand l’ONU a décidé du sort de la Palestine, elle a promu, on l’a vu, l’idée du ‘partage’. Mais ce ‘partage’ est une fausse monnaie tout comme l’idée de ‘Foyer national’. Le ‘Foyer national’ joue sur l’ambiguïté puisqu’il évite, pour des raisons diplomatiques, de parler d’un ‘État juif’ en Palestine, objectif fondamental du mouvement sioniste. De même qu’en 1947, le terme de ‘partage’ donne l’illusion d’une solution équitable et en retrait par rapport à la promesse de Balfour, puisque l’on concède la moitié de la Palestine aux Palestiniens. Ce n’est là aussi qu’une illusion, un habile tour de passe-passe.
En effet, Balfour a promis ‘toute’ la Palestine au soi-disant ‘Foyer national juif’. Il n’y a là pas la trace du moindre ‘partage’. La SDN a chargé le Royaume-Uni de servir de tutelle pour la mise sur pied du ‘Foyer national’ sur toute la Palestine et non sur une portion de la Palestine. De sorte que depuis 1922 jusqu’en 1947, c’est un véritable État juif qui a progressivement vu le jour dès les premières années du Mandat avec son appareil administratif et militaro-sécuritaire. Cet ‘État juif’ était caché sous le nom de ‘l’Agence juive’ dénomination officielle de l’État en germe et partenaire officiel de la SDN.
A la fin de la Deuxième Guerre mondiale, les sionistes ont harcelé l’Angleterre pour mettre fin à son Mandat, et passer à l’étape supérieure et finale du projet sioniste : la reconnaissance d’un État juif par une instance internationale. C’est dans ces conditions que l’idée d’un ‘partage’ a vu le jour, même si elle avait déjà été proposée dans le Rapport Peel du 7 juillet 1937, et vite rejetée par les sionistes. En 1945-47, un ‘partage’ a un tout autre sens dans les conditions fort avantageuses de l’après guerre où le sionisme est devenu une force irrésistible en terre de Palestine et même sur le plan international.
D’abord, la victoire alliée pouvait donner l’apparence d’une victoire du sionisme, puisque Hitler avait fait de la question juive un point de fixation dans son idéologie. De même le sionisme a bénéficié – indûment d’ailleurs – du mouvement de sympathie suite aux persécutions antisémites nazies et à la découverte des horreurs dans les camps allemands (rappelons que les sionistes n’avaient rien fait, tout au contraire, pour empêcher ces persécutions). Mais il y avait aussi un renforcement sans précédent de la puissance organisationnelle politique et diplomatique du sionisme depuis les années trente, notamment avec l’ouverture en 1929 de l’Agence juive aux ‘non-sionistes’, et la création du Congrès juif mondial en 1936, réalisant une identification organique du judaïsme au sionisme. Sur le terrain, en Palestine, après vingt-cinq ans de croissance sous la protection et avec l’aide de la puissance mandataire, l’Agence juive, organe officiel du sionisme en Palestine, était en passe d’ébranler la puissance mandataire elle-même, sa protectrice attitrée.
C’est dire qu’en 1947, le ‘Foyer’ était même en mesure de tenir tête aux armées arabes peu entraînées et dépourvues du matériel de guerre venant du monde entier dont ont bénéficié les sionistes. Quant à la population palestinienne, elle a été progressivement affaiblie et disloquée par des décennies de colonialisme impitoyable, outre le fait qu’elle était une laissée pour compte de la puissance mandataire, toute préoccupée par la réalisation de son mandat : l’établissement du ‘Foyer national juif’.
Le ‘partage’, une ruse de guerre ?
Il est donc parfaitement logique dans ces conditions que le mot d’ordre de ‘partage’ ait résonné de façon plus agréable aux oreilles sionistes qu’en 1937. Car il signifie désormais : transformation du ‘Foyer’ en ‘État’. Quant aux limites géographiques de cet État, cela pose un problème secondaire, et ce à deux titres.
D’une part, sur le plan stratégique, l’État juif naissant reste toujours le produit d’une décision majeure des grandes puissances d’édifier une souveraineté politique occidentale sur une terre hautement stratégique. Les limites de cet État sont celles de la bonne volonté des commanditaires du projet. Ce sont ces derniers qui ont défini le tracé géographique de l’État dit ‘juif’ et ce sont eux qui pourront le modifier en cas de besoin ou à la faveur d’une guerre.
D’autre part, la partie du territoire effectivement allouée en 1947 à l’État juif, non seulement était surdimensionnée par rapport à la population juive trois fois moins importante que la population autochtone, mais elle représente la partie la plus riche de la Palestine à tous points de vue, y compris sa position essentiellement côtière. L’on a laissé aux autochtones l’arrière pays rural, pauvre et désormais peu accessible à la mer. Le ‘partage’ géographique n’a fait qu’officialiser l’œuvre de colonisation entreprise sous le Mandat britannique, reléguant les Palestiniens dans l’arrière-pays.
En fait, l’idée était que la partie allouée aux Arabes de Palestine était vouée à se fondre avec un pays limitrophe arabe pour pouvoir être économiquement viable. C’est ce que dit le Mémorandum en date du 14 janvier 1947 déjà cité, préparé par la Division des Affaires du Proche-Orient au Département d’État américain, qui évoque une « solution à travers une partition faisable de la Palestine en un État arabe qui pourrait joindre un État arabe voisin, et un État juif contrôlant sa propre immigration et sa politique économique. » [in Foreign Relations of the US 1947, vol. 5, Washington, 1971, p. 1005.]
Cette doctrine ‘marginaliste’ américaine – allouant aux Palestiniens ce qui reste comme terre une fois les juifs servis, a été avancée très sérieusement dès 1920 par Marcel Bernfeld, un théoricien sioniste dans une thèse de doctorat en Droit soutenue à la Faculté de Droit de Paris, où il dit que le droit de la population palestinienne « ne peut venir qu’après le droit du peuple juif à restaurer l’antique État palestinien. Le droit de la population arabe est pour ainsi dire un droit de second degré, ce qui veut dire que la Palestine ne constituera ni un État arabe, ni peut-être un État arabo-juif, mais un État juif dans lequel les Arabes devront certainement jouir du maximum de liberté en tant que groupement national. », [Marcel Bernfeld, Le Sionisme, étude de droit international public, Thèse, Paris, 1920, p. 391.]
Cette conception ‘marginaliste’ des droits des Palestiniens n’est évidemment qu’un euphémisme de circonstance, celle d’une soutenance de thèse. Ben Gourion, lui, n’a pas eu à soutenir de thèse devant un jury. Son langage était plus direct, laissant entendre, quatre jours après le vote du partage, que même la décision d’accorder une portion de terre aux Palestiniens n’était que momentanée : « Même un élève sait qu’il n’existe pas dans l’histoire une chose telle qu’un ‘arrangement définitif’ : ni pour ce qui est du régime politique, ni des frontières, ni des conventions internationales. » [“Every school child knows that there is no such thing in history as a final arrangement — not with regard to the regime, not with regard to borders, and not with regard to international agreements”, Ben Gurion, War Diaries, 03/12/1947, in Simha Flapan, The Birth of Israel: Myths and Reality, New York, 1987, p.13.] Et Ben Gourion d’avouer plus explicitement le sens de la ‘partition’ à la veille de la création de l’État d’Israël : “Après la constitution [prochaine] d’une importante armée à la veille de l’établissement de l’État [juif], nous allons abolir la partition et nous étendre sur toute la Palestine”, [in Simha Flapan, The Birth of Israel: Myths and Reality, New York, 1987, p. 22.]
C’est dire que le ‘partage’ promu par l’ONU n’était qu’une ruse de guerre. En fait, dire que l’on accorde aux Arabes ce qui reste après avoir servi les soi-disant ‘juifs’, revient à la position de Ben Gourion consignée dans le secret de son journal intime : ne rien accorder aux Arabes, le reste n’est que du vent.
En somme, et en toute logique, l’État ‘juif’ est en contradiction historique, politique, géographique, économique et stratégique avec un État arabe réduit à une vue de l’esprit, à un ‘État’ virtuel ou fantomatique qui ne peut exister au mieux qu’en marge de l’État juif. La ‘partition’ était en soi une illusion tout comme l’alinéa de la Déclaration Balfour consacré à la préservation des ‘droits’ non politiques des Arabes : un vœu pieux. Nous pouvons même dire que la définition la plus exacte de la ‘partition’ de 1947 se trouve indiquée dans la Déclaration Balfour, quand elle évoque les droits des Arabes palestiniens, précisément : le ‘partage’ de 1947 n’a pas été conçu contre ou aux dépens du projet – devenu réalité – d’un ‘Foyer national juif’, mais bien au contraire, ce ‘partage’ en a été une consécration politique. Le ‘partage’ couronne le projet Balfour, sans le trahir. Et si les droits – non politiques – alloués aux Palestiniens par la Déclaration Balfour consacrent leur effacement politique sur leur propre sol, le ‘partage’ qui leur alloue un ‘État’ consacre politiquement leur marginalité politique, économique, stratégique, etc., telle qu’elle a été conçue et mise en œuvre sous la tutelle britannique.
Une guerre préméditée
Sans parler des sionistes qui dès 1945 ont commencé à acheminer des quantités d’armes en Palestine en vue de la grande bataille projetée avant même la ‘résolution’, les États-Unis d’Amérique étaient bien conscients que leur projet allait déclencher la guerre au Proche-Orient. Dans un document secret de la Division des Affaires du Proche-Orient du Department of State américain en date du 14 janvier 1947 signé par Fraser Wilkins, il a été reconnu que « La population arabe de la Palestine dépasse celle des juifs dans un rapport de deux à un. Les Arabes en Palestine et dans les pays voisins sont opposés à la partition de la Palestine et à la domination juive sous toute forme. » [Memorandum by Mr. Fraser Wilkins, Department of State, in Foreign Relations of the US 1947, vol. V, Washington, 1971, p. 1004, §4.] Huit mois plus tard, la même source revient sur la ‘Question de la Palestine’ dans un nouveau Memorandum en date du 30 septembre 1947, où sous la rubrique ‘Considérations de base’, il a été constaté ceci : « Il est probable que les États arabes vont rejeter toute solution de création d’un État ou province juive, ou qui permette une immigration supplémentaire en Palestine ; il est possible qu’ils se retireront des Nations Unies au cas où de telles solutions seront adoptées. Il est fort à parier que toute solution équivalente à une indépendance immédiate [accordée à la colonie juive de Palestine] ne puisse récolter la moindre adhésion des États arabes, ne les prévienne d’un retrait des Nations Unies, et ne constitue un prélude à un conflit armé au Proche-Orient. » [Memorandum du Department of State, in Foreign Relations of the US 1947, vol. V, Washington, 1971, p. 1169.]
En somme, les grandes puissances qui ont poussé vers la soi-disant ‘solution’ de la ‘question’ de la Palestine, étaient parfaitement conscientes qu’elles ne faisaient qu’allumer le feu de la guerre dans la région, et dans le monde arabo-musulman. Les documents cités montrent que les États-Unis étaient décidées à passer outre la menace possible du retrait d’une majorité des membres de la toute nouvelle ONU suite au partage projeté.
Dans un document du Quai d’Orsay, l’on a même envisagé l’hypothèse d’une solution par le ‘massacre’ des populations. Ainsi écrivait Alexandre Parodi, représentant de la France aux Nations Unies, quatre mois après le vote de la résolution dite de ‘partage’ de la Palestine, dans un télégramme adressé à son Ministre de tutelle : « A vrai dire, il y a une autre solution possible, que l’on peut concevoir et qui est celle d’un massacre général. Bien entendu, personne ne peut l’admettre, et je pense d’ailleurs que s’il devait y avoir, au-delà des luttes actuelles qui sont déjà si douloureuses, des massacres étendus, ils aboutiraient encore finalement à un accord. » [Archives MAE 396/73, doss. 9 ; Palestine Levant 44-65, Télégramme de la Représentation de la France aux Nations Unies, New York, le 31 mars 1948.]
Neuf jours après cette curieuse suggestion, le massacre de Deir Yassine eut lieu, faisant suite à d’autres massacres et donnant le signal à d’autres encore plus massifs. Les architectes de la résolution du ‘partage’ se rendaient bien compte de la logique sanguinaire de leur décision de ‘partage’ et des guerres qu’elle allait fatalement engendrer.
Ces guerres continuent de nos jours cinquante huit ans après la légitimation de l’État ‘juif’, et quatre-vingt huit ans après la déclaration Balfour en 1917. Cette guerre coloniale touche aujourd’hui plusieurs centaines de millions de personnes à travers notre planète, au-delà même des pays arabo-musulmans.
Le sionisme :
un mouvement antisémite radical ?
Parmi les effets insoupçonnés du projet sioniste, il y a l’instauration de l’antisémitisme comme idéologie dominante du judaïsme. Le juif est appelé à se considérer comme un être à part au sein de sa propre patrie et vis-à-vis de son prochain. Le juif est déclaré ‘étranger’ dans son propre pays, et la mythique ‘Sion’ sa vraie patrie. En inversant l’histoire et la géographie, le judaïsme sionisé adopte lui-même les poncifs éculés de l’antisémitisme.
Cette idéologie a été initiée notamment par un antisémite méconnu en tant que tel, nommé Théodore Herzl, ancien membre d’une organisation estudiantine antisémite autrichienne ‘Albia’. Dans son Introduction à l’État des juifs, Herzl donne cette justification de l’antisémi-tisme : « L’antisémitisme est un mouvement varié et complexe que je crois comprendre. Comme Juif, je considère ce mouvement sans haine et sans crainte. Je pense discerner ce qui dans l’antisémitisme n’est que plaisanterie grossière… de ce qui peut être considéré comme légitime défense. » L’antisémitisme est ainsi accepté et justifié par le fondateur du mouvement sioniste.
Antisémite convaincu, Herzl a recom-mandé la déportation des juifs en Palestine, après en avoir fait une ‘race’ distincte des populations avec lesquelles ils vivent depuis parfois des millénaires. Le judaïsme n’a plus rien de religieux. Le sionisme a réussi ce prodige de faire des juifs des membres d’une internationale politique pourvue d’une force armée basée en Palestine. Les faux ‘Protocoles des Sages de Sion’ ne sont que de pâles pastiches de l’ ‘État des juifs’ et des ‘Protocoles du Congrès des Sionistes’.
Abondant dans le sens des théoriciens antisémites, Herzl prit aussi à son compte cette autre croyance en l’existence d’une ‘question juive’ : « La question juive existe. Il serait vain de la nier », dit Herzl encore dans son ‘État des juifs’ à l’adresse de ses ennemis juifs antisionistes. Pourquoi le judaïsme doit-il constituer une ‘question’ ? C’est que, pour les sionistes, les principes de l’humanisme universaliste et anti-raciste ne sont que fadaises. Seule règne la loi de la lutte des races.
C’est ce que Hitler, cet autre Autrichien pétri des mêmes idées que son devancier Herzl, a tenté d’appliquer avec l’assentiment explicite ou implicite des sionistes. A la fin de la guerre, après avoir été complice plus ou moins ouvertement de Hitler, le sionisme a retourné magistralement la situation en sa faveur en se posant, après la guerre, en parangon de l’anti-nazisme, et en se permettant de donner cyniquement la leçon aux juifs : ‘Vous voyez, je vous ai pourtant prévenus depuis longtemps qu’il fallait partir en Palestine, et vous ne m’avez pas écouté…’ Vieux procédé du pompier pyromane.
Les sionistes ont non seulement perverti le judaïsme, ils ont eu aussi le malheur de s’attaquer aux véritables descendants historiques des peuplades hébraïques de la terre de Canaan, alors qu’ils sont eux-mêmes des Occidentaux convertis au judaïsme. La ‘pureté raciale sémite’ est aussi illusoire que la ‘pureté raciale aryenne’ chez Hitler. Résultat de ces phantasmes : les Palestiniens, vrais héritiers des Hébreux, se font exterminer par de faux ‘Hébreux’.
La descente aux enfers
des grandes puissances
Imposture antisémite du sionisme, mais aussi piège dans lequel les grandes puissances sont tombées en mettant leur doigt dans l’engrenage sioniste. Le dit ‘partage’ de 1947 n’est qu’une étape dans la descente aux enfers des grandes puissances, dès lors qu’elles ont cru pouvoir instrumentaliser l’idée sioniste. En reconnaissant aux juifs un État en Palestine, les grandes puissances croyaient couronner leur projet de domination d’un territoire hautement stratégique du Moyen-Orient. Les puissances croyaient naïvement pouvoir ‘utiliser’ le sionisme comme cheval de Troie de la pénétration impérialiste dans cette région. Et c’est l’inverse qui s’est produit : c’est le sionisme qui a utilisé les grandes puissances pour se hisser au rang d’une super-puissance extra-territoriale. La monture s’est retournée contre son cavalier. La France, l’Angleterre, puis les États-Unis ont cru tour à tour gagner en puissance en s’alliant avec un modeste aspirant à la puissance. Aujourd’hui, ils se retrouvent en position de dominés.
Tel est le procédé qui a permis au sionisme de se hisser au rang d’une super puissance. Dès lors que le sionisme a damé le pion aux puissants, ceux-ci n’ont plus eu d’autre choix que de faire contre mauvaise fortune bon cœur, et mettre chaque fois plus à la disposition des vainqueurs sionistes le système politique et diplomatique mondial érigé depuis plus d’un siècle au service de l’impérialisme. Le sionisme est aux commandes des instruments de la politique internationale et impérialiste.
Jouer sur deux registres :
ou l’impunité garantie
L’autre facteur qui garantit la suprématie du sionisme, c’est son ambivalence fonda-mentale : à la fois mouvement politique, et corps identitaire religieux et/ou ‘ethnique’. En jouant sur ces deux registres, le sionisme fait dans la duplicité. Précisément, grâce à cette ambivalence, le sionisme se crée une véritable immunité politique, puisqu’à toute critique politique qu’on lui oppose, il ne manque pas d’exciper de sa qualité religieuse ou supposée ethnique. En accusant ses adversaires politiques d’antisémites, le sionisme avoue en fait son propre antisémitisme, puisqu’il assimile sa qualité politique à celle de sa religion, par l’abaissement d’une religion en simple outil de propagande politique.
Si l’antisémite prête au judaïsme une intention politique imaginaire, le sionisme, lui, dénie à son adversaire politique son droit à avoir une opinion politique, en lui prêtant une vision raciale imaginaire, produit du propre racisme sioniste. Le seul vrai antisémite est bien le sioniste, de la même manière que le vrai antisémite est un sioniste : de Balfour à Hitler en passant par Eichmann, tous avaient un dénominateur commun : le sionisme.
C’est une situation qui se traduit aussi pour le judaïsme nationaliste par une véritable immunité judiciaire de fait. Tout nationaliste juif est jugé pour ce qu’il est, non pour ce qu’il fait. S’il commet un crime, on n’ose plus le poursuivre en justice, car il y a risque qu’il excipe de son identité juive, et que l’institution judiciaire soit attaquée pour ‘antisémitisme’.
Une humanité pécheresse
Enfin, la dernière perversion induite par le principe de l’immunité juive, est celle qui a conduit au dogme de la peccabilité intrinsèque de l’humanité, coupable en tant que telle du péché de l’‘antisémitisme’. Toute une littérature national-judaïque a vu très tôt le jour pour promouvoir cette thèse. Ainsi, dès 1882, Nahum Sokolov, un des plus importants activistes et agitateurs sionistes d’origine russe, et artisan de la déclaration française en faveur d’un foyer national juif en Palestine, a intitulé une anthologie de l’antisémitisme dans le monde : Sinat Olam le-Am Olam : ‘La Haine éternelle pour un Peuple éternel’, mettant en cause l’humanité entière. Quarante ans plus tard, un autre propagandiste sioniste déjà cité soutient dans sa Thèse d’Université l’idée de ‘L’Indestructibilité de l’Antisémitisme’ [Marcel Bernfeld, Le Sionisme,…, Paris, 1920, p. 246.], s’appuyant sur un ‘Argument historique’ que sont, selon lui, les ‘vingt siècles d’antisémitisme’. Il est évident que cette propagande vise à terroriser les juifs et à les dissuader de s’intégrer dans les pays de leurs aïeux, ou terre nourricière d’adoption récente, suite aux migrations forcées ou non.
Mais, l’effet pervers de cette propagande a été de culpabiliser les non-juifs, au point que le péché antisémite a quasiment supplanté le péché originel dans la conscience chrétienne, tendance qui a atteint son point culminant avec l’idéologie de l’Holocauste, dont un des principaux registres est bien la culpabilité de l’humanité face au ‘juif’, hissé au rang d’un être à part, ne pouvant de fait être soumis aux règles morales ou juridiques exigées du commun des mortels. C’est ce qui permet aujourd’hui à des hommes politiques français, comme un certain François Bayrou, de parler sans gêne devant le CRIF du ‘peuple élu’ comme une ‘fatalité’, sans que cette thèse antisémite ne suscite d’indignation de nulle part.
Le sionisme :
une catastrophe pour le judaïsme
Ce qui est certain aujourd’hui, c’est que le mouvement nationaliste racial juif initié par Herzl a été une véritable catastrophe morale et matérielle pour le judaïsme. Sans le sionisme, il n’y aurait jamais eu d’holocauste.
C’est pourtant Herzl qui le premier a inventé le concept de ‘solution finale’ de la question juive. Ce terme : ‘endgültige Lösung des Judenfrage’ (Solution finale de la question juive) se trouve pour la première fois sous la plume de Herzl dans l’article Der Kongress datant du 4 juin 1897 [in T. Herzl, Zionistische Schriften, Gesam¬melte Zionistische Werke, Bd. I, Tel Aviv, 1934, p. 154.], soit près de trois mois avant le premier Congrès Sioniste de Bâle, et près de quarante cinq ans avant la tragique Conférence de Wannsee du 20 janvier1942, décidant de la ‘Solution finale’ de la question juive dans l’Europe sous contrôle allemand. Et les deux conférences sont inspirées par les mêmes principes idéologiques et le même projet politique. Le sionisme et le nazisme voulaient tous les deux apporter une ‘solution finale’ à la ‘question juive’ par la déportation, dût-elle coûter la vie de millions de juifs innocents.
Sans le sionisme, l’antisémitisme n’aurait été qu’une lubie trottant dans la tête d’une poignée de décervelés. Mais le sionisme n’a pas seulement provoqué l’antisémitisme, il en a été l’incarnation la plus cruelle et la plus dévastatrice. Le vingtième siècle et le début de nouveau siècle en portent le triste témoignage. C’est aux juifs de se réveiller de leur cauchemar. Le drame n’est pas seulement dans les effets dévastateurs du sionisme à travers le monde entier, il est aussi au sein du judaïsme, piégé par une idéologie diabolique qui lui a fait prendre les vessies pour des lanternes, le racisme pour l’humanisme, la guerre pour la paix, l’exclusion pour l’intégration.
Les sionistes sont disqualifiés pour accuser qui que ce soit d’antisémitisme, tant qu’ils ne se sont pas débarrassés de leur propre antisémitisme, vrai et grave racisme. Et ils ne pourront se débarrasser de leur antisémitisme qu’en condamnant leur idéologie nationaliste juive. Seuls parmi les juifs les antisionistes ont droit de se défendre contre l’antisémitisme. On pourra même dire que l’antisémitisme disparaîtra le jour où le nationalisme juif inventé par des antisémites se disant ‘juifs’ aura disparu.
III
Documents
méconnus ou inédits
Ben Gourion : Nous sommes les agresseurs – 1938
Ne nous cachons pas la vérité entre nous… Politiquement, nous sommes les agresseurs et ils [les Palestiniens] se défendent eux-mêmes… Le pays est le leur, parce qu’ils y habitent, alors que nous voulons prendre leur pays… Derrière le terrorisme [des Arabes] il y a un mouvement qui, bien que primitif, n’est pas dépourvu d’idéalisme et de sacrifice de soi. Simha Flapan, Zionism and the Palestinians, New York, 1979, p. 141-42.
Ben Gourion :
était-ce leur faute ?
Si j’étais un leader Arabe, je ne signerais jamais un accord avec Israël. C’est normal ; nous avons pris leur pays [aux Palestiniens]. Il est vrai que c’est la Terre Promise, mais comment cela pourrait les concerner ? Notre dieu n’est pas le leur. Il y a eu l’antisémitisme, les Nazis, Hitler, Auschwitz, mais était-ce leur faute ? Ils ne voient qu’une seule chose : nous somme venus et nous avons volé leurs terres. Pourquoi devraient t-ils accepter ça ?
Nahum Goldmann, Le Paradoxe Juif, Paris, 1976, p. 121.
Moshe Dayan : sous nos pieds,
la Palestine
Les villages juifs ont été construits sur l’emplacement des villages arabes. Vous ne savez même pas le nom de ces villages arabes, et je ne vous blâme même pas parce que les livres de géographie n’existent plus, et non seulement les livres n’existent plus, les villages arabes n’existent plus eux aussi. Nahlal s’est érigée sur la place de Mahlul ; le kibbutz Gvat à la place de Jibta ; le kibbutz Sarid à la place de Huneifis ; et Kefar Yehushu’a à la place de Tal al-Shuman. Il n’y a pas un seul endroit construit dans ce pays qui n’ait pas connu une ancienne population arabe. »
Discours de Moshe Dayan, au Technion (Israel Institute of Technology), Haifa. Cité in Ha’aretz, 04/04/1969.
Portes, fenêtres, linteaux…
Le pillage tous azimuts des biens des Palestiniens par les juifs [en 1948] était si répandu qu’il suscita ce commentaire de la part du Premier Ministre, consigné dans son Journal intime. Il était « amèrement surpris par la ‘rapine massive’ à laquelle toutes les couches de la population ont participé ». […] Tom Segev a rapporté que : « A Haïfa, Jaffa et Jérusalem il y avait beaucoup de civils parmi les pilleurs. » Un autre auteur israélien, Moshe Smilansky, a rapporté que : « Des individus, des groupes et des communautés se sont jetés sur le butin. Les portes, les fenêtres, les linteaux, les briques, les tuiles, les carreaux de sol, la ferraille et les pièces de rechange… » Segev a commenté que Smilansky « aurait pu ajouter à la liste : les cuvettes de toilettes, les éviers, les robinets et les abat-jour.’ »
Donald Neff, Fallen Pillars: U.S. Policy Towards Palestine …, NY, p. 68.
Le génocide après 1967
Pour consolider leurs gains après la guerre de 1967, selon les statistiques de l’ONU, les Israéliens ont détruit entre le 11 juin 1967 et le 15 novembre 1969 quelque 7.554 maisons d’Arabes palestiniens dans les territoires saisis durant cette guerre ; ce chiffre n’inclut pas trente-cinq villages dans le Golan occupé qui ont été complètement rasés. Au cours des deux années entre septembre 1969 et 1971 le chiffre des maisons détruites a atteint les 16.312 maisons. »
Alfred Lilienthal, The Zionist Connection II, 1978, p.160.
Lois d’expropriation
[…] Une politique systématique de pillages et de vols de propriétés a été récemment mise à jour par l’ouverture des archives israéliennes (B. Morris cité par Masalha, 2002: 45-46). Dès décembre 1948, une loi sur les propriétés abandonnées est instituée par les Israéliens, visant à légitimer l’expropriation de près de 92% du territoire. Les Palestiniens expulsés sont déclarés absents, il est donc possible de s’emparer de leurs terres et habitations. Selon l’historien israélien Simha Flapan, 300 000 hectares de terres, 73 000 pièces d’habitation dans les maisons abandonnées, 7 800 boutiques, ateliers et entrepôts et 5 millions de Livres palestiniennes reposant sur des comptes en banque sont simplement dérobés (Vidal, 2002: 129). Cette politique continuera jusqu’à la seconde expulsion de 150 000 Palestiniens (que suivront 300 000 de plus), lors de la Guerre de 1967.
Sous-Commission des droits de l’homme 2003, §7, Cote : E/CN.4/Sub.2/2003/NGO/48, §7.
Actualité du drame
Le droit au retour des réfugiés palestiniens reste la question la plus épineuse du conflit israélo-palestinien. 85% des habitants de la Palestine historique furent expulsés de 531 de leurs villes et villages, soit plus des deux tiers de la population palestinienne. Ainsi, près de 4 millions de réfugiés sont actuellement enregistrés auprès de l’UNRWA (United Nations Relief and Works Agency). Partagés entre les camps de Cisjordanie, Gaza, Jordanie, Liban et Syrie, cette population palestinienne regroupe les déplacés résidant en Palestine du 1er juin 1946 au 15 mai 1948 ainsi que leurs descendants, ayant perdu leur domicile et leurs sources de revenu en raison du conflit de 1948. Ne sont pas recensés près d’un million de réfugiés en plus, soit les résidents hors de la Palestine mandataire en 1948 et 1967, les résidents hors de la zone d’intervention de l’UNRWA (Egypte, Irak), les réfugiés de 1967 ou les Palestiniens aisés, exilés en 1948 et non inscrits à l’UNRWA.
Sous-Commission des droits de l’homme 2003; Cote ONU: E/CN.4/Sub.2/2003/NGO/48.
Les intrigues de Nahum Goldmann
lors du vote du ‘Partage’ de la Palestine
relatées par… Nahum Goldmann
Dans ses Mémoires, « Mein Leben USA-Europa-Israel », Nahum Goldmann expose en détail les intrigues dont il a dû user pour faire aboutir la Résolution du ‘Partage’ de la Palestine. C’est que le vote devait avoir lieu quelques jours avant la fameuse date du 29 novembre 1947, à un moment où la majorité requise n’était pas assurée, ce qui aurait compromis, peut-être définitivement, la création de l’État ‘juif’. On y apprend, entre autres, que c’est grâce au vote français, imposé par un grand sioniste méconnu : Léon Blum, que la résolution a pu aboutir. Extraits traduits par nos soins de l’Allemand :
Le vote lui-même a été un drame qui a mis les nerfs à rude épreuve. Il trouva sa conclusion, comme l’on sait, un samedi : le 29 novembre 1947. Mais il était en fait prévu trois jours plus tôt, un mercredi. Le 26 novembre dans l’après-midi, nous étions allés à la réunion de l’Assemblée Générale où nous nous sommes rendu compte de façon plus claire sur la base des informations qui nous parvenaient que le quorum des deux tiers n’est pas atteint.
La veille j’avais été en compagnie de Shertok auprès d’Alexandre Parodi, le repré-sentant français auprès des Nations Unies et j’avais eu l’impression que la France allait soit s’abstenir ou voter contre la résolution de partage, sans qu’ils nous le disent clairement. Même les nouvelles que nous avions eues concernant d’autres nationalités laissaient penser qu’il était plus que douteux que nous réussirions à réunir la majorité des deux tiers. L’inquiétude et l’incertitude se lisaient sur le visage de mes collègues. Trygve Lie me prit à part et me pria de regarder la mine de mon ami Shertok : tout un chacun pouvait voir à son visage que le plan de partage tombait à l’eau.
Il fut très vite clair pour moi que nous devrions faire tout ce que l’on pouvait pour ajourner le vote, car en ce mercredi, pour autant que je pouvais en juger, nous ne pourrions atteindre les deux tiers.
Cela ne pourrait se réaliser qu’avec l’aide de Trygve Lie qui était un supporter de l’idée sioniste et avec qui je m’étais lié d’amitié. J’avais envoyé dans la salle de réunion un émissaire pour demander au Secrétaire Général de me rencontrer dans son bureau, car je ne pouvais y accéder moi-même du fait que l’Organisation sioniste n’était pas membre des Nations Unies. Il vint me voir aussitôt. Je lui décrivis la situation et lui demandai d’essayer de repousser la date du vote. Du fait que le lendemain était un jour de fête en Amérique, cela ne pouvait que bien tomber. Nous avions deux à trois jours de répit pour gagner les voix de quelques pays. Trygve Lie était d’accord avec ma proposition, mais il me dit que la décision revenait au Président de l’Assemblée et qu’il ne pourrait le lui demander car cela pourrait trahir sa bonne disposition à notre égard. Je devais donc m’entretenir personnellement avec le Président Oswaldo Aranha, Ministre des Affaires étrangères du Brésil. Je connaissais très bien Aranha que j’avais rencontré quelques fois à New York et à Rio de Janeiro, et de ce fait je savais qu’il était favorable au sionisme. J’ai demandé à Trygve Lie de retourner à la salle de réunion pour amener Aranha à déléguer momentanément la présidence de la séance à un des Vice Présidents et pouvoir ainsi me rencontrer dans le bureau de Lies.
Au cours de mon entretien avec Oswaldo Aranha je lui ai expliqué les circonstances qui rendaient nécessaire un ajournement du vote. Bien qu’il comprît mes raisons, il m’a répondu que ce serait très difficile, car les débats duraient déjà depuis trois jours et que tous ceux qui s’intéressaient au problème s’étaient exprimés, certains même à plusieurs reprises. La seule possibilité qui nous restait était que nos amis présents à la Session de l’ONU, avant tout Enrique Rodriguez Fabregat de l’Uruguay et Garcia Granados du Gatemala, mais éventuel-lement aussi quelques autres représentants, puissent reprendre la parole. Selon la procédure alors en vigueur aux Nations Unies – je crois qu’elle est encore en vigueur – il n’y avait pas de limitation pour les discours, que ce soit pour la durée ou pour le nombre de prises de parole pour chaque délégué. J’ai fait demander Granado, Fabregat et un ou deux autres pour qu’ils me rejoignent dans le corridor et je les ai supplié de prendre encore une fois la parole. Je leur ai expliqué la méthode des « flibustiers » pratiquée aux Sénat américain : pour gagner du temps comme nous ils déclament pendant des heures des passages des Psaumes ou du Nouveau Testament, sans que personne ne les en empêche. Je leur ai demandé de faire quelque chose dans ce genre. J’ai réussi à les convaincre que le sort de l’État juif reposait sur l’ajournement et ils s’annoncèrent pour une nouvelle prise de parole. Entre temps, l’on est arrivé à sept heures du soir. Oswaldo Aranha se leva inopinément et déclara : « Nous avons maintenant eu une journée de débats difficiles et nous sommes tous épuisés. Le prochain vote est nominatif et cela demande beaucoup de temps. Nous sommes trop fatigués pour pouvoir le faire aujourd’hui. Je lève donc la séance et je convoque la prochaine séance pour le samedi 29 novembre. »
Les représentants arabes qui étaient bien sûrs de pouvoir en ce jour [du jeudi 26 novembre] empêcher l’adoption d’une résolution en faveur de l’idée sioniste comprirent ce que signifiait cet ajournement et provoquèrent un violent scandale. Ils montèrent sur les chaises et crièrent : « les juifs dominent l’ONU », et « on a trahi les Arabes ! » Aranha a quitté aussitôt la salle et la séance a pris fin.
Trente-cinq ans après ces événements historiques il peut paraître judicieux de montrer selon quelques exemples, comment des résolutions des Nations Unies dépendaient de motivations et de facteurs marginaux.
Les jeudi et vendredi qui restaient à notre disposition, nous avions mobilisé tous nos amis, pour utiliser leurs relations auprès des gouvernements que nous voulions influencer. Même le Président Truman a été très actif et il a fléchi quelques États de sorte qu’au lieu de s’opposer à la partition de la Palestine, ils décidèrent de s’abstenir, ou au lieu de s’abstenir ils décidèrent de voter pour la partition. Pour ce qui est de mon activité personnelle, j’ai poussé Milton Berle sous-secrétaire d’État de longue date au Département d’État, qui était aussi avocat à New York et qui,en cette qualité, travaillait pour Haïti, d’appeler le Président de Haïti qui était aussi son ami, et de l’inciter à donner des instructions à la délégation haïtienne à L’ONU pour voter pour la résolution de partage. Nous avons exercé des pressions sur le Libéria qui au départ voulait voter contre la résolution. Ce fut à travers le Directeur Général de Firestone, un des principaux clients importateurs de caoutchouc libérien, que le Président du Libéria fut convaincu de la nécessité de changer sa position.
Je n’hésite pas aujourd’hui à dévoiler de tels détails, car de telles choses sont monnaie courante aux Nations Unies et parmi tous les États, et les Arabes ne sont pas en reste. La majorité contre Israël qui a prédominé dans les dernières années aux Nations Unies ne serait pas imaginable sans les pressions des Arabes du fait de leur pétrole. Que nous aussi ayons eu recours à de telles manœuvres pour obtenir une décision en faveur de la solution sioniste, cela n’est que légitime.
Dans un certain sens, la position de la France était décisive non seulement en tant que grande puissance, mais aussi parce que les trois pays du Benelux – Belgique, Hollande et Luxembourg – ont décidé de voter comme la France. Du fait de ses intérêts séculiers au Moyen-Orient, surtout au Liban, la France avait décidé de s’abstenir au vote sur la partition, ce qui signifiait pour nous la perte aussi des voix des trois pays du Benelux. Le sauveur, dans cette situation, a été Léon Blum. Bien qu’il ne fût pas membre du Gouvernement, son prestige moral et politique était si incontestable qu’il a pu changer la position française, après que je lui ai passé plusieurs coups de fil. Le samedi tôt, j’ai rendu visite en compagnie de Shertok à Parodi, représentant de la France [aux Nations Unies]. Sans nous dire ouvertement qu’il avait reçu de nouvelles instructions, il nous le laissa comprendre de façon diplomatique et élégante, et il me demanda si j’avais prévu une fête pour le mercredi en prévision d’un vote positif. Je lui ai raconté que j’avais invité chez moi Dr. Weizmann, la délégation sioniste et d’autres leaders juifs, mais que j’avais dû ajourner l’invitation et retourner les bouteilles de Champagne à la cave. Parodi a souri et a dit : « Je voulais dire que vous devriez conseiller à votre femme de remettre le champagne au frais. » Après que nous ayons quitté Parodi, j’ai dit à Shertok qu’il ne devait plus se faire de souci pour la France.
Au début de séance de l’après-midi la salle de réunion s’était remplie de monde. Une centaine de juifs se sont installés dans la mezzanine et la salle des délégués était bondée. La tension devint insupportable, surtout quand le vote nominal commença et que des centaines de délégués et d’invités s’assirent pour suivre les résultats munis de listes imprimées des membres des NU. Comme le vote s’effectuait par ordre alphabétique, la France se présenta tôt au vote. Quand Monsieur Parodi a dit « Oui », une ovation a éclaté, et cela a duré une minute, car il était clair pour la plupart que ce Oui avait décidé de l’affaire. Quand les résultats ont commencé à être connus, les représentants arabes ont commencé à protester avec colère, mais on ne pouvait plus rien changer au vote. Le bonheur de notre délégation est difficile à décrire. Des scènes de jubilation dans les corridors des NU ont continué des heures après la fin de la réunion.
Source : Nahum Goldmann, Mein Leben USA-Europa-Israel, Frankfurt… 1984, p. 182-85.
La trahison de Léon Blum
par Mondher Sfar
Nous venons de lire cet étonnant témoignage du grand stratège sioniste Nahum Goldmann. C’est un aveu supplémentaire de ce que l’on sait du fonctionnement de l’ONU, un miroir aux alouettes. Sous ses airs de colombe blanche, elle cache un rapace sans scrupules. Mais, se défend Goldmann : les Arabes aussi jouent le même jeu, avec leur pétrole… Goldmann veut-il nous faire croire que la majorité qui dans un premier temps s’est prononcée contre la création de l’État ‘juif’, a été victime du chantage pétrolier des Arabes ? N’a-t-elle pas agi plutôt par solidarité avec les Palestiniens opprimés, en repoussant le projet d’un nouveau colonialisme, à un moment où l’anticolonialisme battait son plein à l’issue de la Guerre, alors que justement le pétrole était encore entre les mains des Américains, et pas des Arabes… ?
Quant à Léon Blum, l’histoire a pratiquement passé sous silence le sioniste qui se cache derrière le socialiste, et pas n’importe quel sioniste : le plus engagé d’entre tous. Nous nous contentons de relater ici son rôle décisif évoqué par Goldmann dans le vote onusien de la résolution sur le ‘partage’. En effet, Blum a envoyé le 25 novembre 1947 une lettre pressante à son ami Georges Bidault, ministre français des Affaires Etrangères, pour infléchir la décision prise par la France de s’abstenir lors du vote de la résolution de partage : « Une forte majorité, lui explique-t-il, en faveur du projet [de la résolution de partage] pourrait désamorcer les menaces arabes… Donnerons-nous le signal de la dissidence, sur le seul problème où l’URSS et les États-Unis sont enfin d’accord ? Ce serait un manque de courage. Réfléchissez encore ! » [Fragment de lettre in Jean Lacouture, Léon Blum, Paris, 1977, p. 576.]
On le voit, Blum parle comme le porte-parole du sionisme, non de la France : ‘les menaces arabes’ sont-elles dirigées contre la France, ou plutôt contre les projets sionistes d’agression ? Lapsus révélateur. Cette haute trahison de la France, subordonnant les intérêts de celle-ci aux intérêts sionistes et hypothéquant son destin jusqu’à nos jours dans ses relations avec le monde arabo-musulman, a été amèrement ressentie par le Quai d’Orsay, qui dans une note signée ‘Ostrorog’ adressée le 2 décembre 1947 à ‘Monsieur de la Tournelle, Ministre Plénipo¬tentiaire, New-York’, explique :
« L’approbation par l’Assemblée des Nations Unies du projet de partage de la Palestine n’est pas une surprise. Chacun sait pour quels motifs les Etats-Unis d’Amérique et l’Union Soviétique ont respectivement soutenu ce projet. N’ayant pas de rapports intimes avec les Arabes, les deux plus grandes puissances du monde peuvent prendre ce risque. On comprend mieux encore que l’Angleterre, tenue de maintenir des relations avec le monde musulman, soit restée dans une prudente réserve.
« L’attitude de la France est moins explicable, et cette course au secours de la majorité victorieuse, à la dernière minute de la onzième heure, alors que rien n’est changé depuis deux mois dans le régime de l’Union française ni dans la situation internationale, demeure inexplicable si l’on reste sur le plan de l’intérêt général.
« Pour ma part, occupé depuis plus de dix ans des affaires du Levant, j’ai pu constater qu’en ce domaine les appréhensions et les passions particulières l’emportent généralement chez nous, avec les conséquences inéluctables qu’entraîne pareille méthode. Ce n’est pas manque d’intelligence ni faute de solutions raisonnables. Les agents des Affaires Etrangères ont même pour mélancolique consolation de constater que notre Département a souvent vu juste et que les obstacles sont venus d’ailleurs.
[…]
« Dans l’affaire de Palestine également, le Ministre des Affaires Etrangères avait vu juste. Pour tout homme de sang froid, ne se laissant pas égarer par les sentiments de cette indignation dont Bismarck disait qu’elle n’est pas une attitude politique, il était clair qu’en raison de notre absence du Levant, nous n’étions pas directement impliqués dans ce problème, et qu’à défaut d’une solution satisfaisante à proposer, nous n’avions pas à intervenir. Tout le monde avait donc reconnu la sagesse de la position prise par Monsieur Bidault lorsqu’il signala à l’Assemblée le 20 septembre [1947] dernier les graves inconvénients d’une solution contestée.
« L’impossibilité de trouver une solution acceptable aux deux parties apparut rapidement. Si l’on voulait tenir entre Arabes et Juifs une juste balance et maintenir de part et d’autre des relations satisfaisantes, il fallait donc s’abstenir. […] Mais un enfant comprendrait que le partage de la Palestine en six morceaux comme actuellement prévu, est une chose absurde et de réalisation impossible. […]
« Pour la France, l’obligation de ménager l’opinion des Arabes est un devoir. Si l’Union Française a un sens, si nous voulons garder l’espoir de maintenir dans ce cadre, les positions essentielles de l’Empire, nous ne pouvons délibérément négliger les sentiments et les passions des vingt millions d’Arabes qui sont un des éléments majeurs de l’Union française. A défaut, et si l’opinion de ces vingt millions d’Arabes ne compte guère, si nous croyons pouvoir les traiter par prétérition, c’est alors que toute notre politique est inerte, qu’aucune foi ne l’anime et qu’il faut abandonner toute espérance.
« Pour ma part, je ne le crois pas, je me refuse à désespérer. Je me refuse aussi à considérer d’avance les Arabes comme des adversaires qu’il faut toujours traiter en ennemis. […] Cela n’empêche point de penser que la solution de partage adoptée par l’U.N.O. pour la Palestine est une faute en même temps qu’un crime :
« Une faute, parce qu’elle pousse le monde à la dissidence et ouvre un nouveau foyer de trouble et de violence dans des régions qui échappaient jusqu’à ce jour, à l’action de Moscou.
« Un crime, parce qu’elle éveille dans toute l’Asie un sentiment d’antisémitisme dont les Juifs déjà si terriblement éprouvés supporteront les conséquences.
[…]
« Je sais d’ailleurs fort bien que ce n’est pas une pression du State Department qui nous a contraints à changer d’attitude en négligeant les assurances données aux Gouvernements arabes. Une fois de plus, comme en 1938 et comme en 1945, les appréhensions et les passions personnelles l’ont emporté.
« Dans la situation inextricable où va se trouver le Levant, la France, si elle s’en était tenue à l’attitude de réserve prise par Monsieur Bidault et fixée par le Ministère des Affaires Etrangères, serait apparue un jour comme l’arbitre désigné ; peut-être eussions-nous pu reprendre un jour, par sagesse et bon sens, cette place de premier plan que la maladresse de notre politique et la faiblesse de nos armes nous ont fait perdre au Levant. Mais il semble vraiment que dans nos relations avec le monde arabe, les Dieux ne soient point favorables, que ce soit Eux qui nous aveuglent. Signé : Ostrorog. » [Archives MAE L 398/73]
Pour autant, et à sa décharge, Blum n’était pas le premier à faire endosser à la France la responsabilité d’une politique pro-sioniste. En fait, son prédécesseur, ce fut Nahum Sokolow, sioniste d’origine russe, qui a su pendant la Première Guerre mondiale arracher à la France une déclaration en faveur de « la colonisation israélite en Palestine [… et] la renaissance de la nationalité juive sur cette terre ». [Lettre de Jules Cambon, Secrétaire Général au Quai d’Orsay, à Nahum Sokolow du 9 avril 1917, in Philippe Prévost, La France et l’orrigine de la Tragédie Palestinienne, 1914-1922, Paris, 2003, p. 106.]. Cette déclaration devait être réaffirmée avec les mêmes protagonistes dans une seconde lettre de Cambon en date du 4 juin 1917. [Prévost, op. cité, p. 108-9.] Cette Déclaration officielle française en faveur du projet sioniste ouvrit la voie à la Déclaration Balfour plusieurs mois plus tard.
Arnold Toynbee
Pour un Israël en Europe
Je peux comprendre que les Juifs, après avoir vécu leur terrible expérience aux mains des Nazis, demandent qu’il lui soit donné un morceau de territoire où ils pourraient être maîtres chez eux, qui serait, de plus, un sanctuaire pour tout juif qui, à l’avenir, pourrait être menacé par une répétition de ce que les Nazis ont fait. Mais, si les Juifs ont le droit à ce territoire, il devrait leur être donné au détriment de la nation qui a multiplié les efforts pour les exterminer. Si la création d’un nouvel Etat d’Israël était considérée comme une forme de compensation légitime pour les Juifs survivants, son espace aurait dû être soustrait aux Européens et non aux Arabes. Le nouvel Israël n’aurait pas dû être taillé à partir de la Palestine, mais de l’Europe centrale.
Cela me semble simple et évident. Mais, quand, lors d’une conférence dans un pays occidental, j’y ai fait allusion, j’ai été accueilli par des rires. Ceux qui riaient n’étaient pas des juifs mais des occidentaux non juifs et le pays, un pays traditionnellement hostile au colonialisme. Ils riaient parce qu’il leur paraissait grotesque qu’une nation occidentale puisse payer pour ses propres crimes avec son territoire alors que la dette morale de l’Occident à l’égard des juifs pouvait, à leurs yeux, être réglée en offrant aux juifs le territoire d’un peuple non occidental qui n’avait commis aucun crime contre eux.
Ces rires m’ont choqué parce qu’ils traduisaient la persistance scandaleuse d’un état d’esprit colonialiste. Le territoire d’un peuple occidental coupable, se révélait sacro-saint parce que, bien que coupable, il était occidental. Le territoire d’un peuple non occidental innocent pouvait, il en était convenu, être légitimement donné aux juifs par les puissances occidentales victorieuses. On en revenait ainsi à une déclaration de l’inégalité entre les souches occidentales et non occidentales de la race humaine. La prétention est que les Occidentaux, mêmes coupables, sont des privilégiés. C’est la négation de ces droits de l’homme universels, qu’en vérité chaque homme, femme et enfant possède, nonobstant les différences de civili-sation, de religion, de nationalité et de race.
Source : Article : Two Aspects of The Palestinian Question, 1963.
Lettre de Dan Mayer
arrière-petit-fils de Sir Leon Simon
Messieurs,
En ma qualité d’arrière-petit-fils de Sir Leon Simon, permettez-moi de vous dire que je suis convaincu que le monde irait bien mieux qu’il ne va si la déclaration Balfour, que [mon aïeul] avait contribué à rédiger [votre article du 26 mai : « A scrap of paper that changed history » (Un bout de papier qui a changé le cours de l’histoire)] n’avait jamais été écrite.
Le fait que ce soient des antisémites tel Balfour (et, plus tard, les évangélistes antisémites de l’administration Bush) qui aient pesé de tout leur poids en faveur de la création d’Israël suffit à démontrer que cette création n’a jamais été de l’intérêt du peuple juif.
Au contraire, il était dans l’intérêt de l’impérialisme occidental de disposer d’un État de colonisation en Palestine, un État qui dépende totalement de l’aide (militaire et économique) occidentale, et qui soit tout à fait effrayé par les gens qui l’entourent (qui ont été chassés par la force de leurs maisons, en 1948). Il était dans l’intérêt des gouvernants occidentaux de détourner les luttes des juifs de l’anti-racisme et de la justice sociale, pour les orienter vers le nettoyage ethnique à l’encontre des Palestiniens.
De plus en plus nombreux, les juifs prennent conscience de ce que mon arrière-grand-père n’avait pas réussi à voir, à savoir que la seule solution juste au Moyen-Orient consiste en une Palestine où les juifs et les musulmans, les Arabes et les Européens, vivent ensemble, et jouissent de droits et égaux et d’une représentation égale au niveau de l’État ; une solution pour laquelle il faut mettre la résolution Balfour où elle aurait finalement toujours dû se trouver : à la poubelle.
Dan Mayer, Londres
[Lettre publiée dans courrier des lecteurs du The Independent du 3 juin 2005, trad. fr. : S.C.]
Le sionisme usurpe l’identité juive
(Collectif)
[…]
Si le sionisme s’est approprié la notion de peuple juif, c’est au prix d’un détournement de la question et les signataires pensent qu’il est nécessaire, à l’encontre du discours sioniste officiel, de dissocier sionisme et peuple juif.
[…]
– Cette dissociation est d’autant plus nécessaire que l’influence du sionisme sur les Juifs reste forte, le sionisme s’appuyant sur l’histoire pour se présenter comme la seule solution capable de mettre fin à la souffrance juive et sur une confusion savamment entretenue entre l’antisémitisme européen et l’antisionisme. Il est vrai que la politique israélienne, incapable de se distancier de l’idéologie sioniste, peut conduire à des réactions anti-juives d’autant plus fortes que les sionistes insistent sur l’identification du judaïsme et du sionisme, ce qui relève de l’imposture. C’est pourquoi, en tant que juifs, nous devons dénoncer cette imposture ; lutter contre le sionisme, c’est d’abord refuser d’être les complices de l’occupation et de l’oppression contre les Palestiniens, lesquels n’avaient aucune raison d’accepter la création d’un État étranger sur leur propre sol. […]
– Quitte à heurter, on ne peut éviter la comparaison entre sionisme et nazisme. S’il y a des différences idéologiques, il y a des ressemblances à commencer par cette volonté d’identifier un peuple à une idéologie, nazisme et peuple allemand, y compris les Allemands de l’étranger, sionisme et peuple juif, au-delà d’Israël; on y retrouve la même forme de chauvinisme ethnique. Autre ressemblance, l’aspect suicidaire que l’on pourrait résumer pour les uns par un « périssent les Allemands plutôt que le nazisme » et pour les autres par un « périssent les Juifs plutôt que le sionisme ». Et l’on sait la catastrophe subie par les Allemands.
[…]
– Si le sionisme s’est voulu une réponse à l’antisémitisme européen, il apparaît aujourd’hui que le sionisme a besoin de cette nouvelle judéophobie, pour reprendre le terme d’un intellectuel égaré dans la défense inconditionnelle du sionisme, afin de mieux étendre son emprise sur les juifs et de continuer à arguer des malheurs des Juifs pour mieux mobiliser autour de lui. En ce sens le sionisme est devenu aujourd’hui l’un des plus dangereux ennemis des juifs.
– Parce que nous sommes juifs, nous refusons de nous identifier à une idéologie totalisante qui veut rassembler les juifs autour de la politique d’un État.
– Parce que nous sommes juifs nous refusons la Loi du Retour qui considère tout juif comme un citoyen israélien en puissance.
Signataires : Rudolf Bkouche, professeur émérite, Université de Lille 1 – Liliane Cordova-Kaczerginski, conseillère principale d’éducation, Paris – Mark Cramer, écrivain, Paris – Daniel Lartichaux-Ulman, étudiant, Paris – Pierre Stambul, professeur de mathématiques, Marseille – Michel Bilis, professionnel de santé, Paris. NB : Certains des signataires sont fils ou fille de déportés ou de résistants.
Les signatures sont à envoyer à rbkouche@wanadoo.fr ou par courrier à Rudolf Bkouche – 64, rue Négrier – 59800 Lille (France)
Le Drame Palestinien
Devant la Conscience Chrétienne
par Georges Dumont
prêtre melkite belge
Aqaba, le 19 septembre 1967
[Document dactylographié inédit, déposé aux Archives des Manifestes, Paris.]
La vulgarisation des études bibliques et la littérature juive moderne, écrite ou traduite dans les langues occidentales, ont beaucoup contribué à intéresser le grand public chrétien à l’étrange histoire du peuple juif. Les persécutions hitlériennes ont développé en lui un sentiment de culpabilité et lui ont inspiré de l’horreur pour toute discrimination raciale, particulièrement pour l’antisémitisme. Vatican II, en insistant sur l’égalité foncière de tous les hommes et sur les affinités judéo-chrétiennes, en condamnant tout racisme et toute haine raciale, a beaucoup fait pour transformer chez des chrétiens sincères ce qui n’était qu’un complexe de culpabilité par rapport aux Juifs ou un élan de pitié à leur égard en un véritable amour, fondé sur la foi.
Malheureusement, abusés par la propa-gande sioniste, scientifiquement menée dans tous les pays du monde, avec des moyens de diffusion excessivement puissants, pas mal de chrétiens se sont laissés aller à confondre les destinées du noble peuple juif avec le mouvement sioniste contemporain, la dernière en date des grandes entreprises colonialistes, peut-être la plus perfide, en tout cas moralement injustifiable. Ils ont instinctivement porté leurs sympathies pour les enfants d’Israël sur l’ « État d’Israël », État raciste fondé sur la violence avant 1947 avec la complicité de la puissance mandataire, contrairement aux vœux et aux intérêts de la population locale, puis entretenu et développé après 1947 par la guerre. Ils ont manifesté un enthousiasme délirant pour les magnifiques réalisations techniques et sociales de la communauté juive conquérante, sans remarquer que ces résultats positifs avaient été payés trop chèrement par le massacre de milliers de pauvres, sans défense, et le déplacement de plus d’un million de réfugiés arabes, voués depuis vingt ans à une vie abjecte. Lorsque les Nations Unies le 29 novembre 1947, votèrent pour le partage de la Palestine, sous la pression des États-Unis et de la haute finance judéo-occidentale, beaucoup d’âmes de bonne volonté se sont réjouies de cette initiative collective, apparemment humanitaire, qui permettrait pour l’année suivante l’érection d’un État juif indépendant ; mais elles n’entendirent pas à travers les cris de triomphe des nations riches, les gémissements de la population arabe de Terre Sainte qui faisait les frais de cette conspiration capitaliste et qui, au sortir du Mandat, n’avait même pas de représentation politique qui pût plaider pour elle. Il y a même des chrétiens qui, faute d’arguments moraux, prétendent trouver dans la Bible l’annonce et le fondement eschatologique du retour des Hébreux en Terre Promise à notre époque ; sans souci des réalités temporelles ni des victimes de l’entreprise, ils jouent inconsciemment sur deux plans différents, cherchant dans leurs convictions religieuses une confirmation de leurs options politiques. On peut concevoir que des théologiens sentimentaux s’extasient devant le rétablissement du peuple de la Bible dans le pays de la Bible ; mais il faut comprendre aussi que les Arabes chassés de chez eux par les nouveaux occupants, à la suite d’un accord inique de toutes les grandes nations, n’éprouvent pas le même plaisir esthétique devant cette reconstitution.
Il serait plus réaliste et plus juste de considérer avant tout les dures réalités humaines. Quelles que soient les erreurs passées, il existe de fait aujourd’hui, dans le Proche-Orient, deux communautés humaines qui s’affrontent. La première est le peuple arabe palestinien, profondément attaché à la terre de ses ancêtres, qui a lutté comme il a pu, avec des moyens faibles, pendant les cinquante dernières années, pour défendre son existence et son pays contre l’invasion systématique, d’abord pacifique, ensuite armée, d’immigrants juifs. Ce peuple a évidemment droit à la vie. La loi du premier occupant joue en sa faveur. Depuis vingt ans, il a souffert de profondes injustices. Non seulement il ne peut être écarté, contre son gré, des positions qu’il occupe actuellement, mais il a incontesta¬blement droit à des réparations et des restitutions pour les préjudices que les sionistes et la commu¬nauté internationale lui ont fait subir.
A côté de ce peuple arabe, autochtone, il y a maintenant une importante communauté juive installée en Palestine. Elle compte environ deux millions d’hommes. La plupart de ceux-ci y ont été introduits par le mouvement sioniste, avec l’appui intéressé des grandes puissances occidentales. Du moins à partir du Mandat britannique, toute l’opération d’immigration s’est poursuivie par la ruse et la force contre la volonté des premiers occupants. Ces nouveaux venus ne se sont pas contentés des limites que leur avait dévolues, aux dépens des Arabes, le partage décidé par les Nations Unies le 29 novembre 1947. A plusieurs reprises, (surtout pendant les deux guerres de 1948 et de 1967) ils ont conquis de nouveaux territoires, mettant chaque fois les Nations Unies, dont beaucoup étaient indulgentes ou même bienveillantes à leur égard, devant un fait accompli. On peut donc contester la légitimité de leur situation, mais on ne peut nier leur existence en Palestine. Personne ne songe les jeter à la mer.
Voilà, en résumé, les données humaines du problème : deux communautés, l’une arabe, l’autre juive, comptant chacune environ deux millions d’âmes, se disputent le même pays. Je crois que l’on peut dire qu’elles ont toutes deux droit à la vie et à un statut honorable. On peut évidemment objecter que les juifs sont des intrus ; c’est par la force qu’ils sont entrés et c’est encore uniquement par la force qu’ils maintiennent leurs positions au milieu d’un monde arabe qui leur est hostile. Je reconnais la caducité de la promesse Balfour, la partialité de l’autorité britannique au temps du Mandat, l’injustice du partage de 1947, le caractère immoral du mouvement sioniste (du moins à partir de l’époque du Mandat) et les graves responsabilités des puissances occidentales qui ont patronné et armé cette aventure coloniale au risque de jeter le genre humain dans la troisième guerre mondiale. Mais, tout en condamnant les dirigeants du sionisme et leurs supporters, je crois qu’il faut considérer avec beaucoup de compréhension et de sympathie la masse des juifs qui ont émigré en Palestine. La plupart d’entre eux étaient malheureux dans leur pays d’origine. Certains ont fui les persécutions. Ce sont des P[ersonnes]. D[éplacées]. Ils ont cru au mythe palestinien. Ils se sont facilement laissés mener en Terre Promise, sans penser qu’on les conduisait à la guerre. Ils n’ont joué qu’un rôle passif dans cette lamentable affaire. Il ne faut pas qu’ils soient punis pour les crimes de leurs chefs. Il est même souhaitable que, comme les Arabes, avec les Arabes, ils puissent enfin se stabiliser et vivre en paix dans la région.
Toute la question est de savoir s’il y a place pour les deux communautés en Palestine et s’il est encore possible, après tout ce qui s’est passé, qu’elles arrivent à s’entendre.
Je crois que l’on peut répondre affirmativement aux deux points de la question, à condition toutefois que la communauté juive désavoue immédiatement le mouvement sioniste, à qui elle a permis de se constituer, et que, par conséquent, elle refuse toute immigration ultérieure. Si elle ne se soumet pas à cette condition, à première vue paradoxale, il ne reste plus qu’une solution, l’épreuve de force, qui tôt ou tard devra se terminer en guerre mondiale.
Beaucoup de gouvernements et d’indivi-dus, qui se croient impartiaux, préconisent des pourparlers directs entre les pays arabes et l’ « État d’Israël ». Par une telle proposition, ils prennent partie pour le sionisme conquérant, contre les Arabes, contre la paix du monde et, en fin de compte, contre les juifs installés en Palestine. Leur erreur est de confondre la cause du sionisme avec celle du peuple juif. Les juifs ne sont que hommes, un peuple vénérable, marqué par la Providence, ennobli par la souffrance, qui a défié et déçu, au cours de l’histoire, tous ses puissants ennemis acharnés à sa destruction. Le sionisme est un système de conquête et de colonisation ; une étape à la fois héroïque et criminelle, de la destinée des enfants d’Israël. C’est par désespoir, par révolte contre un sort injuste, par impiété, qu’un grand nombre d’entre eux s’y sont laissés entraîner. La mystique de la race, dans laquelle la religion n’est plus qu’un souvenir et un prétexte, les a aveuglés. Assimiler le peuple au système, c’est faire offense au premier. Le sionisme n’est pas digne du peuple juif.
L’« État d’Israël » a malheureusement partie liée avec le sionisme. Il a non seulement été créé par lui, mais il ne cesse de s’inspirer de sa philosophie raciste ; il est emporté dans sa dialectique irrationnelle. Il prétend vouloir la paix et se tenir sur la défensive, mais il ne fait qu’attaquer. Il ne pourrait pas ne pas le faire. La guerre est inscrite dans son système. En moins de vingt ans, il a eu trois guerres à son actif : 1948, 1956 et Juin 1967. Edifié pour assurer l’immigration continue des Juifs en Palestine, il est obligé, pour rester fidèle au principe de sa fondation, d’élargir indéfiniment ses frontières pour faire place aux nouveaux arrivants. A chaque bond en avant, il doit se débarrasser des anciens occupants, en en massacrant une partie et en déplaçant une autre. L’emploi de la violence et les déplacements de populations ne sont pas accidentels dans l’histoire de ce jeune État, comme une propagande tendancieuse voudrait le faire croire. L’état de belligérance permanente et les « problèmes de réfugiés » sont prévus dans son sinistre programme.
Il faut donc comprendre que les Arabes ne puissent reconnaître cet État fondé sur un principe raciste, qui ne peut subsister fidèle à lui-même sans leur nuire et qui constitue une menace permanente pour la paix du monde. En refusant de le reconnaître et donc de traiter avec lui, non seulement ils défendent leurs propres intérêts mais ils servent aussi la cause de la paix universelle.
[…]
Il faut que les Nations Unies comprennent que le sionisme est une aventure sans issue. Il faudrait aussi qu’elles le fassent comprendre aux juifs qui ont émigré en Palestine, non seulement pour sauver les Arabes et le monde d’un fléau, mais également pour l’honneur du peuple d’Israël et même pour sa propre sécurité. […]
Les chrétiens, par respect pour les juifs et par honnêteté pour les Arabes, devraient avoir le courage de dissocier le peuple d’Israël de l’« État d’Israël ». […]
Il y a une solution : que la communauté juive établie au Proche-Orient se libère du complexe de la race élue, qu’elle se désolidarise du mouvement sioniste mondial et qu’elle mette un arrêt à l’immigration. […]
Après l’exploitation politico-financière de la
Mémoire des victimes juives de Hitler
La plus grave profanation
du site d’Auschwitz
par l’Armée Sioniste d’Israël
Vol symbolique d’avions de chasse israéliens au-dessus d’Auschwitz
Malgré l’opposition formelle de la direction du musée d’Auschwitz, qui a dénoncé le caractère militaire de cette démonstration, et en dépit du mauvais temps, trois avions de chasse israéliens F15 ont effectué jeudi [4 septembre 2003] un vol symbolique au-dessus du camp de concentration nazie, en mémoire des victimes qui y ont été massacrées.
Les appareils étaient pilotés par des petits-fils de rescapés de la Shoah. Au cours de ce vol, les avions ont représenté dans le ciel le signe du Maguen David, qui était parfaitement visible à partir du sol, où deux cents soldats de Tsahal se tenaient au garde à vous. L’ambassadeur d’Israël en Pologne, Shevah Weiss, a précisé qu’il s’agissait d’un geste dénonçant le côté inhumain des nazis qui avaient commis des atrocités en Pologne (et ailleurs).
Le diplomate israélien a déploré la prise de position de la direction du musée. Il a ajouté que ceux qui s’opposaient à une telle manifestation « ne comprenaient pas réellement ce qui s’était passé à Auschwitz-Birkenau ». Il a précisé que les officiers israéliens n’étaient pas venus en Pologne pour combattre mais pour pleurer. A Tsahal et au ministère des Affaires étrangères, on condamne également l’attitude du musée et on rappelle la coopération entre Israël et la Pologne. Les deux pays ont en effet organisé de concert cette commémoration, au cours de laquelle sera rappelé le souvenir d’un million de personnes, juives pour la plupart, qui ont été massacrées dans ce camp entre les années 1940 et 1945.
Commentaire du Manifeste :
Ce communiqué repris du site ‘Communauté¬Online, La voix de la communauté juive de France’, http://www.col.fr/breve-138.html, ne nous dit pas tout. Notamment que cette opération a été effectuée contre la volonté des autorités polonaises concernées, comme l’indique clairement le communiqué de l’agence d’information israélienne Israel News Agency (http://www.israelnewsagency.com/auschwitzisrael.html). Celle-ci a avoué sans ambages qu’il s’agit là d’une démonstration de force : “Trois F-15 de l’Armée de l’Air israélienne ont vrombi jeudi dernier au-dessus du Camp de la mort d’Auschwitz en guise de démonstration de la puissance juive moderne » (Three Israeli Air Force F-15 fighter jets thundered over the Auschwitz death camp Thursday afternoon in a display of modern Jewish might.) Le Directeur du Musée d’Auschwitz Jaroslaw Mensfelt a critiqué en termes diplomatiques cette démonstration de force : « [Auschwitz] est un cimetière, un lieu de silence et de recueillement. Le vol des F-15 est une démonstration du pouvoir militaire, une façon entièrement inappropriée de rendre hommage aux victimes. »
La même agence israélienne précise que : « Mensfeld a affirmé que le Musée d’Auschwitz n’a pas été consulté au sujet de ce vol et que le Conseil International d’Auschwitz, un organe consultatif du Musée présidé par Wladyslaw Bartoszewski, un survivant d’Auschwitz et ancien ministre polonais des Affaires étrangères, ne soutient pas lui non plus une telle façon de commémorer les victimes ».
Pour justifier cette profanation, Shevach Weiss, Ambassadeur israélien en Pologne, a dit à la Radio israélienne : « Ils m’ont demandé ici en Pologne pourquoi nous perturbons le calme (à Auschwitz). Ce calme est le silence qu’on nous a imposé. Ceci [le vol d’avions] est un événement ponctuel. Je leur ai expliqué que ce calme pourrait être perturbé une fois par un déchirement. Ce déchirement est le cri des petits fils de ceux dont les cendres sont à Auschwitz. »
Weiss a raison, mais il a oublié de nous expliquer qu’il est lui-même en tant que sioniste responsable du ‘silence’ qu’il fait semblant de condamner. En effet, il est connu que ce sont les sionistes qui ont fermé les yeux sur les déportations massives des juifs par les nazis, y voyant le prélude de leur Alya en Palestine. Durant toute la période des déportations aucun plan de sauvetage n’a été envisagé par les sionistes, contrairement aux chrétiens qui ont fait ce qu’ils ont pu. Ce sont les sionistes qui sont les premiers responsables de l’échec de la Conférence internationale d’Evian en 1938 consacrée au sauvetage des juifs sous occupation nazie. Ces sionistes y ont vu une menace pour leur objectif stratégique : l’immigration juive en Palestine, soutenue en ce temps par… les nazis, et en particulier par Adolf Eichmann.
Les lois raciales nazies
copiées sur celles des sionistes
Devant le Tribunal de Nuremberg, Julius Streicher, directeur de la publication antisémite nazie Stürmer, a été interrogé par son avocat Dr. Marx sur le Congrès du Parti nazi à Nuremberg où ont été promulguées les lois antisémites. Au grand étonnement du Tribunal, Streicher a révélé l’identité idéologique qui existe entre le sionisme – auquel se réfère Streicher en parlant du judaïsme – et le nazisme.
Dr. Marx : En 1935 au Congrès du Parti à Nuremberg les « lois raciales » ont été promulguées. Lors de la préparation de ce projet de loi, avez-vous été appelé en consultation et avez-vous participé d’une façon quelconque à l’élaboration de ces lois ?
Accusé Streicher : « Oui, je crois y avoir participé en ce sens que, depuis des années, j’écrivais qu’il fallait empêcher à l’avenir tout mélange de sang allemand et de sang juif. J’ai écrit des articles dans ce sens, et j’ai toujours répété que nous devions prendre la race juive, ou le peuple juif, pour modèle. J’ai toujours répété dans mes articles que les Juifs devaient être considérés comme un modèle par les autres races, car ils se sont donné une loi raciale, la loi de Moïse, qui dit : « Si vous allez dans un pays étranger, vous ne devez pas prendre de femmes étrangères. » Et ceci, Messieurs, est d’une importance considérable pour juger les lois de Nuremberg. Ce sont ces lois juives qui ont été prises pour modèle. Quand, des siècles plus tard, le législateur juif Esdras constata que, malgré cela, beaucoup de Juifs avaient épousé des femmes non juives, ces unions furent rompues. Ce fut l’origine de la juiverie qui, grâce à ses lois raciales, a subsisté pendant des siècles, tandis que toutes les autres races, et toutes les autres civilisations, ont été anéanties. »
Dr Marx : Monsieur Streicher, vous sortez un peu du sujet. (…)
Source : 115ème Journée, vendredi 26 avril 1946, TMI, 23 ?, p. 321.
1933 : « Nous aussi, nous sommes contre les mariages mixtes »
Extraits du Mémorandum adressé par la Fédération sioniste d’Allemagne au Parti nazi le 21 juin 1933 :
Dans la fondation du nouvel État [nazi], qui a proclamé le principe de la race, nous souhaitons adapter notre communauté à ces nouvelles structures… notre reconnaissance de la nationalité juive nous permet d’établir des relations claires et sincères avec le peuple allemand et ses réalités nationales et raciales. Précisément parce que nous ne voulons pas sous-estimer ces principes fondamentaux, parce que nous aussi nous sommes contre les mariages mixtes, et pour le maintien de la pureté du groupe juif.. Les Juifs conscients de leur identité, au nom desquels nous parlons, peuvent trouver place dans la structure de l’État allemand, car ils sont libérés du ressentiment que les Juifs assimilés doivent éprouver ; … nous croyons en la possibilité de relations loyales entre les Juifs conscients de leur communauté et l’État allemand. Pour atteindre ses objectifs pratiques, le sionisme espère être capable de collaborer même avec un gouvernement fondamentalement hostile aux Juifs… La réalisation du sionisme n’est gênée que par le ressentiment des Juifs à l’extérieur, contre l’orientation allemande actuelle. La propagande pour le boycott actuellement dirigée contre l’Allemagne est, par essence, non sioniste…
Source: Lucy Dawidowicz, A Holocaust reader, p. 155.
L’Irgun en 1941 : Nazisme et Sionisme,
mêmes objectifs : la déportation des juifs et la guerre contre les Alliés
Extraits du Memorandum de l’organisation militaire sioniste l’Irgun remis à l’Ambassade nazie à Ankara en date du 11 janvier 1941. Le Memorandun porte ce titre : « Principes de la proposition de l’Organisation Militaire Nationale (O.M.N.) en Palestine au sujet de la solution de la question juive d’Europe et de la participation active de l’O.M.N. à la guerre aux côtés de l’Allemagne. »
Il est fréquemment ressorti des déclara-tions et discours des hommes d’Etat dirigeant l’Allemagne national-socialiste que l’instauration d’un nouvel ordre européen suppose une solution radicale de la question juive par le moyen de l’évacuation (« L’Europe nettoyée des juifs » [judenrein]).
L’évacuation des masses juives hors de l’Europe est un préalable à la solution de la question juive mais qui ne peut être seulement possible et définitif que par la migration de ces masses dans le pays natal [Heimat] du peuple juif, en Palestine et par l’édification de l’Etat juif dans ses frontières historiques.
Résoudre le problème juif de cette façon et libérer ainsi le peuple juif définitivement et pour toujours est le but de l’action politique et du combat, qui dure depuis de longues années, du mouvement indépendantiste israélite, l’Organi-sation Militaire Nationale en Palestine (Irgun Zewai Leumi).
L’O.M.N. dont l’activité sioniste au sein de l’Allemagne et les plans d’émigration sionistes ont rencontré, comme il est bien connu, une attitude bienveillante de la part du gouvernement du Reich allemand et de son administration est d’avis que :
1. Une communauté d’intérêt peut être établie entre l’attachement à l’instauration d’un ordre nouveau en Europe au sens de la conception allemande et les vraies aspirations nationales du peuple juif qui sont incarnées par l’O.M.N.
2. Une coopération entre la Nouvelle Allemagne et une hébraïcité [Hebraeertum] national-raciale [völkisch-national] rénovée serait possible et
3. L’édification de l’Etat juif historique sur une base nationale et totalitaire qui serait dans un rapport contractuel avec le Reich allemand serait dans l’intérêt de la conservation et du renforcement des futures positions de force allemandes au Moyen-Orient.
Sur la base de ces considérations, l’O.M.N. s’adresse au gouvernement du Reich allemand, à la condition d’une reconnaissance des aspirations du mouvement indépendantiste israélite susmentionnées de la part du gouverne-ment du Reich, pour proposer à celui-ci une participation active à la guerre aux côtés de l’Allemagne.
Cette proposition de la part de l’O.M.N., dont l’activité dans le domaine militaire, politique et celui de l’information, pourrait s’étendre à l’intérieur et même, sous certaines conditions d’organisation, en dehors de la Palestine, serait liée à l’organisation et à l’instruction militaires des ressources en hommes [Manneskraft] de l’Europe, sous la direction de l’O.M.N. dans les unités militaires et à sa participation dans des opérations de combat en vue de la conquête de la Palestine si tant est qu’un tel front dût se former.
[…]
La coopération du mouvement indépendantiste israélite serait dans le droit fil des derniers discours du chancelier du Reich allemand où M. Hitler soulignait qu’il mettrait à profit toute combinaison [Kombination] ou association pour isoler et battre l’Angleterre.
[…]
Source : David Yisraeli : The Palestine Problem in German Politics 1889-1945, Bar Ilan University (Ramat Gan, Israel), 1974, p. 315-17.
Moshe Zimmerman dénonce
Moshe Zimmerman professeur à l’Université Hébraïque de Jérusalem :
Il y a un secteur entier de la population juive que je définis sans hésitation comme une copie des nazis allemands. Regardez les enfants des colons juifs d’Hébron, ils ressemblent exactement à la jeunesse hitlérienne. Depuis leur enfance on les imprègne de l’idée que tout Arabe est mauvais, et que tous les non-Juifs sont contre nous. On en fait des paranoïaques: ils se considèrent comme une race supérieure… »
http://membres.lycos.fr/wotraceafg/conflit_pal_isr_3.htm
En guise de conclusion
Israel Shahak :
La Nazification du Judaïsme
Je ne crains pas de faire une comparaison entre la situation d’Israël et celle qui régnait en Allemagne entre les deux guerres ; et je ne crains pas de dire que les Juifs israéliens – et avec eux la plupart des Juifs dans le monde – connaissent actuellement un processus de nazification. […]
Je ne parle pas seulement de ceux qui, parmi nous, sont, à mon avis, de vrais nazis – et il y en a beaucoup -, mais aussi de ceux qui ne protestent pas contre le nazisme juif, dans la mesure où ils pensent qu’il y va de l’intérêt des Juifs. C’est un fait que, par exemple, selon la loi talmudique juive qui est encore en vigueur en Israël, les femmes goy sont traitées d’impures, esclaves et prostituées. (…) Existe-t-il en Israël un juriste pour expliquer un tel jugement, et quelqu’un se pose-t-il la question de savoir si une telle loi est sage et juste, ou non ? Pour la même raison que les juristes de l’Allemagne nazie acceptaient les lois de Nuremberg (…), les juristes israéliens refusent d’examiner les demandes d’enquêtes faites par des non-Juifs.
[…]
Je concluerai par les paroles de Yugh Trevor-Roper, à la fin de son livre Les Derniers Jours de Hitler, parlant d’Albert Speer.
« Il était capable de mesurer les forces politiques […] Cependant, du point de vue politique, Speer est le véritable criminel de l’Allemagne nazie, parce qu’il représentait, plus que tout autre, la philosophie qui a conduit l’Allemagne au désastre, et faillit entraîner le mode entier dans le naufrage. Pendant dix ans, il a été au centre du pouvoir politique ; son intelligence aiguë discernait la nature et les mutations du gouvernement et de la politique nazis ; il voyait clair dans les personnages qui gravitaient autour de lui, et il les méprisait. Mais il ne dit rien. Partant du principe que les politiques étaient incapables, il s’en détournait, et construisait des routes, des ponts et des usines, alors que les conséquences logiques de ce gouvernement de fous se faisaient sentir. A la fin, lorsqu’elles entraînèrent la ruine de toute son œuvre, il décida d’agir. Mais il était trop tard. L’Allemagne était réduite. »
Ainsi parle Trevor-Roper. Quant à moi, j’essaie d’agir avant qu’il ne soit trop tard.
Source : Israel Shahak, Le Racisme de l’Etat d’Israel, Guy Authier éditeur, 1975, p. 267-268.