Ce que l’on sait des frappes américaines contre des cibles iraniennes en Irak et en Syrie
4 février 2024
Les États-Unis ont mené des frappes vendredi en Irak et en Syrie. Elles ont été menées en représailles à l’attaque de drone dans laquelle trois soldats américains ont été tués fin janvier sur une base en Jordanie, près de la frontière avec la Syrie, qui affirme samedi matin que l’occupation américaine de « certaines parties » du pays « ne peut plus durer », tandis que l’Iran « condamne avec force » les frappes américaines. France 24 fait le point sur la situation.
Revue de presse : France 24 (3 février 2024)*
Les États-Unis ont mené des frappes visant des forces d’élite iraniennes et des groupes pro-iraniens en Irak et en Syrie, en représailles à une attaque de drone en Jordanie qui avait tué trois militaires américains le 28 janvier. Voici ce que l’on sait à ce stade.
Frapper des cibles iraniennes, mais pas l’Iran
La Maison Blanche a indiqué que les avions de combat américains avaient visé au total 85 cibles sur sept sites différents – trois en Irak et quatre en Syrie – et que l’opération avait été un « succès ». Les forces armées américaines ont pris pour cible le corps des Gardiens de la Révolution islamique, armée idéologique du régime iranien, sa force Qods, qui est son unité d’élite, et des groupes armés pro-iraniens.
Au moins 23 combattants pro-iraniens ont été tués par ces frappes sur l’est de la Syrie, a rapporté l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Selon le directeur de cette ONG, Rami Abdel Rahman, 10 combattants pro-Iran ont été tués dans la région de Deir Ezzor et 13 dans la région d’al-Mayadine. Le bilan compte neuf combattants syriens et six irakiens, a-t-il ajouté, précisant qu’aucun civil n’était à déplorer.
Selon des sources sécuritaires, des positions de groupes armés pro-Iran dans l’ouest de l’Irak, à la frontière syrienne, ont été bombardées. Bagdad, qui a fait état de « 16 morts, dont des civils » selon le porte-parole du gouvernement, a fustigé une « violation de la souveraineté irakienne », tandis que les États-Unis ont affirmé « avoir prévenu le gouvernement irakien avant les frappes ».
L’Iran a « condamné avec force » ces frappes américaines samedi, en dénonçant « une violation de la souveraineté de la Syrie et de l’Irak », selon le porte-parole de la diplomatie. « L’attaque de la nuit dernière est une action aventureuse et une autre erreur stratégique de la part des Américains, qui n’aura d’autre résultat que d’intensifier les tensions et l’instabilité dans la région », a réagi Nasser Kanani dans un communiqué, sans indiquer si des Iraniens avaient été tués dans ces frappes.
Joe Biden n’a pas ordonné de frappes sur l’Iran comme le réclamaient certains opposants républicains. Le dirigeant démocrate n’a semble-t-il pas visé non plus de responsables iraniens comme l’avait fait son prédécesseur Donald Trump en janvier 2020 en faisant tuer dans une frappe à Bagdad Qassem Soleimani, ex-architecte des opérations militaires iraniennes au Moyen-Orient.
Le président américain a déclaré vendredi que « les États-Unis ne voulaient pas de conflit ni au Moyen-Orient ni ailleurs dans le monde » et la Maison Blanche a répété après les frappes ne pas vouloir d’une « guerre » avec l’Iran avec lequel ils n’entretiennent plus de relations diplomatiques depuis 1980.
À quoi les États-Unis ripostent-ils ?
Joe Biden, en campagne pour un second mandat, s’était engagé à répondre à la mort, dimanche 28 janvier, de trois militaires américains tués par une frappe de drone en Jordanie, près de la frontière syrienne, où 350 soldats sont stationnés dans le cadre de la lutte contre le groupe État islamique. Leurs corps ont été rapatriés vendredi.
Les États-Unis ont montré du doigt des groupes armés irakiens soutenus par l’Iran. Les forces américaines en Irak et en Syrie ont subi au moins 165 attaques de drones ou tirs de roquette depuis la mi-octobre, selon un responsable officiel, mais c’était la première fois dimanche que des soldats américains perdaient la vie.
Comment en est-on arrivé là ?
Les tensions régionales ne cessent de croître depuis l’attaque sanglante du Hamas, soutenu par l’Iran, contre Israël, suivie par des bombardements israéliens incessants sur la bande de Gaza.
Par leur diplomatie et leur présence militaire dans la région, les États-Unis tentent depuis près de quatre mois d’empêcher que le conflit entre l’État hébreu et le mouvement islamiste palestinien ne s’étende au Liban et à un conflit entre Israël et le Hezbollah soutenu par l’Iran.
Mais Washington, avec l’appui de Londres, a eu recours à l’action militaire depuis le 7 octobre contre les rebelles pro-iraniens Houthis au Yémen qui lancent des attaques contre des navires marchands ou militaires en mer Rouge.
Et maintenant ?
Joe Biden a prévenu que la « riposte » des États-Unis avait « commencé aujourd’hui [vendredi] » et qu’elle continuerait « selon le calendrier et aux endroits » que Washington « décider(a) ».
« Nous ne voulons plus voir une attaque de plus contre des positions ou des militaires américains dans la région », a prévenu le Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche.
Nombre d’experts à Washington pensent que l’Iran ne prendra pas le risque d’un conflit direct avec la première puissance mondiale, mais qu’il s’est renforcé depuis la guerre à Gaza et son soutien au Hamas en ralliant davantage d’appuis dans le monde arabe.
« L’occupation de certaines parties du territoire syrien par les forces américaines ne peut plus durer », a déclaré samedi l’armée syrienne, affirmant sa « détermination à libérer l’ensemble du territoire syrien du terrorisme et de l’occupation ».
Les frappes américaines ont entraîné « la mort d’un certain nombre de civils et de soldats, des blessures chez d’autres et des dégâts importants », selon le même communiqué de l’armée.
*Source : France 24 (avec AFP)