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15 novembre 2024

Türkiye: Un réseau d’espionnage français démantelé


Publié par Gilles Munier sur 22 Février 2024, 07:08am

Les services du renseignement turc ont appréhendé trois Syriens espionnant pour le compte de la DGSE, le renseignement extérieur français.

Par la rédaction (revue de presse : yeni safak – 21 février 2024)*

Une récente opération de l’Organisation nationale du renseignement de la Türkiye (MIT) a permis de démanteler un réseau d’espionnage lié à la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) française. Cette révélation intervient dans un contexte tendu où la Türkiye est confrontée à des menaces multiples d’espionnage, provenant notamment d’Israël, d’Iran et de Russie.

Trois individus de nationalité syrienne ont été appréhendés dans le cadre de cette opération. Ils sont accusés d’avoir fourni de fausses informations et des documents falsifiés aux services de renseignement français, dans le but de discréditer la Türkiye en propageant des informations trompeuses sur le mauvais traitement présumé infligé aux réfugiés tentant de quitter le pays.

Contrefaçon et désinformation

Le réseau aurait été en relation avec une organisation à but non lucratif basée à Paris, le Collectif des Amis d’Alep. Les suspects auraient été introduits à cette organisation par les services de renseignement français, qui leur auraient également assuré l’obtention de l’asile en France.

Cependant, au lieu de fournir une aide humanitaire aux réfugiés, le réseau aurait été impliqué dans des activités d’espionnage à la demande des autorités françaises.

L’unité de contre-espionnage et la branche d’Istanbul du MIT surveillaient le réseau depuis des mois avant que la police d’Istanbul ne lance récemment une opération pour appréhender les suspects.

Les trois ressortissants syriens sont accusés de contrefaçon de documents contenant des informations diffamatoires sur la Türkiye et de fournir des informations aux services de renseignement étrangers sur les politiques migratoires turques.

Outre la fourniture de fausses informations, les suspects auraient tenté de contacter des partis politiques turcs et des médias étrangers pour diffuser de fausses nouvelles visant à discréditer le gouvernement turc. Ils auraient également cherché à recueillir des informations personnelles sur des étrangers résidant en Türkiye.

La tête de ce réseau est Ahmet Katie, basé à Istanbul, qui se présente comme « journaliste activiste ». Le MIT a découvert que Katie et ses comparses, les suspects Ibrahim Shewaish et Halis Elnahar, fournissaient des informations à une ONG française sur ordre d’agents de la DGSE.

Celle-ci serait par ailleurs contrôlée par les services de renseignement français et aurait instruit les trois hommes de falsifier des preuves de « tortures » de migrants dans les centres où ces derniers sont détenus avant leur expulsion.

Katie se faisait passer pour un militant des droits des réfugiés et a contrefait plusieurs documents en ce sens. Il a également tenté de contacter personnellement certains partis politiques turcs.

Parmi les fausses informations que le réseau Katie a fourni à des médias étrangers, on trouve les allégations selon lesquelles des Syriens auraient été massacrés par les troupes turques à la frontière turco-syrienne et affirmant que les troupes frontalières auraient jeté 55 migrants dans la rivière Meriç (Evros) entre la Türkiye et la Grèce.

Katie est également accusé d’avoir obtenu des données personnelles sur des étrangers résidant en Türkiye. Il échangeait des renseignements via un groupe WhatsApp qu’il avait formé avec un contact de l’ONG française.

Bien avant que l’agence du renseignement turc ne le soupçonne d’activités d’espionnage, le MIT avait brièvement interrogé Katie. Suite à ce bref interrogatoire, Katie a contacté le Consulat français d’Istanbul et affirmé qu’il était sur écoute.

L’une de ses contacts était une femme travaillant pour la DGSE nommée « Irène ». A l’intérieur de l’ONG française, Katie était en contact avec un certain Hussam Elnahar. C’est d’ailleurs Elnahar qui a « prévenu » Katie lorsqu’il était « lent » à fournir des informations aux services de renseignement français.

Sachant qu’une opération du MIT était en cours, les services de renseignement français ont demandé à Katie de « patienter » dans une maison sûre à Bursa, une province située au sud d’Istanbul. Mais c’est précisément là-bas que le renseignement turc l’a retrouvé. Le Consulat français avait accéléré son processus de visa. Katie s’apprêtait à partir pour la France lorsque la police et le MIT l’ont intercepté, lui et ses comparses.

Informations contre carte de séjour, la signature du renseignement français

Ahmet Katie a ainsi demandé l’asile pour lui-même et sa famille au Consulat français à Istanbul. Les services de renseignement français lui ont demandé de mener des activités d’espionnage militaire et politique visant la Türkiye en échange de l’asile. Katie a accepté l’offre et a commencé à compiler des données sur les réfugiés syriens et les politiques migratoires turques.

Le recrutement présumé de ressortissants syriens par le renseignement français soulève des questions sur les méthodes de recrutement et les motivations derrière de telles pratiques. Cette affaire met en lumière une stratégie de recrutement troublante et bien connue en France, puisqu’elle est utilisée également par les services du renseignement intérieur qui promettent régulièrement des renouvellements de titre de séjour à leurs « recrues » sur le sol français.

Ces promesses d’asile ou de régularisation servent de leviers de manipulation pour exploiter la vulnérabilité des individus cherchant une protection et une sécurité, créant ainsi un environnement propice au recrutement d’agents étrangers.

Espions russes, chinois, israéliens et iraniens

La découverte de ce réseau d’espionnage met également en lumière les défis croissants auxquels est confrontée la Türkiye en matière de sécurité. Avec l’instabilité persistante dans la région et les rivalités géopolitiques entre les puissances régionales et mondiales, la Türkiye en tant que pivot géopolitique entre l’Europe, le Moyen-Orient et l’Asie, est dans la nécessité de lutter contre l’installation de réseaux d’espionnages émanant de différents pays.

Ainsi, le MIT, en coopération avec la police turque, a découvert toute une série de réseaux d’espionnage ces dernières années, dont l’un travaillait pour la Russie. Il a également déjoué un complot de l’Iran visant à assassiner des citoyens israéliens en Türkiye.

Des opérations ont également conduit à la découverte d’un complot d’agents de renseignement iraniens visant à kidnapper des dissidents iraniens réfugiés sur le sol turc.

Plus récemment, un grand nombre de suspects travaillant pour le Mossad israélien et espionnant des Palestiniens et d’autres personnes en Türkiye ont été appréhendés après les opérations du MIT. Le Mossad aurait recruté des Palestiniens et des Syriens dans le cadre d’une opération contre les étrangers vivant en Türkiye.

Pas plus tard que cette semaine, c’est un réseau chinois chargé d’espionner les Ouïgours réfugiés en Türkiye qui a été démantelé.

*Source : Yeni safak (Nouvelle Aube)

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