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18 novembre 2024

C’en est fini de la fameuse « dissuasion israélienne »


par Abdel Bari Atwan
Publié par Gilles Munier sur 18 Avril 2024, 06:36am

​Au moins neuf missiles iraniens, que la défense aérienne israélienne n’a pas réussi à intercepter, ont frappé deux bases aériennes du régime et ont causé des dégâts, a déclaré un haut responsable américain à ABC News. Le samedi 13 avril en fin de journée, l’Iran a tiré des centaines de missiles et de drones sur des cibles du régime israélien en réponse à l’attaque du consulat iranien dans la capitale syrienne le 1er avril. Cette attaque a incité l’Iran à promettre des représailles. Le Conseil suprême de sécurité nationale (SNSC), le plus haut organe de sécurité de l’Iran, a déclaré que les forces armées avaient pris pour cible les bases aériennes, militaires et de renseignement israéliennes, s’abstenant d’attaquer les installations économiques et les infrastructures – Photo : ILNA

Par Abdel Bari Atwan (revue de presse : Chronique de Palestine – 16 avril 2024)*

La réponse de Téhéran sera bien plus puissante si l’Etat sioniste se risque à relancer une provocation.

Les mêmes personnes qui rejettent l’étonnante réussite des Palestiniens, qui ont résisté pendant plus de six mois à l’assaut d’Israël sur la bande de Gaza, minimisent à présent ce que l’Iran a réalisé samedi soir en lançant plus de 300 drones et missiles sur deux bases aériennes israéliennes dans la région méridionale du Naqab, en Palestine occupée.

Ils ont d’abord affirmé qu’Israël était une superpuissance régionale qui écraserait toute résistance et prendrait le contrôle de la bande de Gaza dans les deux semaines à venir. Aujourd’hui, ils se répandent sur les médias pour banaliser la riposte de l’Iran au raid aérien israélien contre son consulat à Damas.

Lorsque les Iraniens ont déclaré au plus haut niveau qu’ils exerceraient des représailles et que les Israéliens le regretteraient, ces prétendus experts se sont moqués. Et lorsque les représailles ont eu lieu, plutôt que d’admettre qu’ils avaient eu tort, ils ont prétendu qu’il s’agissait d’une mise en scène préparée à l’avance dans le cadre d’un accord secret entre l’Iran et les États-Unis – ce qui explique qu’aucun Israélien n’ait été tué.

Ils ont également affirmé qu’il s’agissait d’une conspiration visant à détourner l’attention du massacre en cours dans la bande de Gaza et à rallier à nouveau l’opinion mondiale derrière Israël.

Les responsables iraniens ont clairement indiqué à plusieurs reprises que l’objectif de la frappe était de riposter à l’attaque du consulat – et non de libérer la Palestine ou de mener une guerre ouverte – et qu’elle ne serait pas répétée si Israël ne s’engageait pas dans une riposte agressive.

Le fait que l’Iran ait prévenu les États-Unis de l’attaque n’est pas, selon les analystes militaires occidentaux, une preuve de collusion. Il s’agit plutôt d’une marque de confiance en soi, qui montre que l’Iran n’a peur ni d’Israël ni de son protecteur américain.

Ce dernier a rapidement annoncé qu’il ne participerait pas à une action de représailles israélienne contre l’Iran. Il ne veut pas être pris au piège d’Israël et entraîné dans une guerre régionale qu’il ne peut pas gagner, alors qu’il est en train de perdre sa guerre en Ukraine et que les risques d’une confrontation avec la Chine augmentent.

L’opération « Déluge d’Al-Aqsa » menée par le Hamas le 7 octobre a brisé le mythe de la dissuasion israélienne. Les tirs de roquettes iraniens de 2021 sur la base américaine d’Ain al-Asad en Irak, en réponse à l’assassinat du général Qasem Soleimani par les États-Unis, ont eu le même effet sur la dissuasion américaine, préparant le terrain pour sa fuite de Kaboul.

La guerre génocidaire d’Israël contre Gaza a retourné massivement l’opinion mondiale contre lui. Il se berce d’illusions s’il pense pouvoir la reconquérir en se posant en victime de l’Iran. La frappe iranienne visait deux bases aériennes militaires et n’a fait aucune victime civile.

Cela en dit long sur l’énorme gouffre moral qui sépare Israël – la « seule démocratie » et le représentant des valeurs occidentales dans la région – de l’Iran, qui est asphyxié par les sanctions américaines et occidentales depuis 40 ans.

La contre-attaque iranienne renforce la résistance palestinienne à Gaza, porte un coup puissant à l’État occupant agresseur et démontre concrètement que Gaza n’est pas seule.

Elle a en effet à ses côtés une grande puissance islamique qui a le courage de répondre, de dissuader et de punir l’occupant. (Il convient de noter que la plupart des roquettes et des armes non artisanales utilisées par la résistance palestinienne provenaient d’Iran. Aucun État arabe, à l’exception de la Syrie, n’a fourni la moindre balle pour la soutenir).

La fermeté et la résistance courageuse des Palestiniens à Gaza, associées à la dernière frappe iranienne, reflètent un changement stratégique fondamental qui se dessine dans le conflit israélo-arabe. Pour la première fois, après 75 ans d’occupation, d’apathie et d’inaction arabes et islamiques, la situation évolue en faveur de l’axe de la résistance.

Les représailles militaires israéliennes à la frappe iranienne pourraient marquer le début de la fin de l’État occupant. Les Iraniens ont préparé diverses options en prévision de la réaction de Netanyahu. Leurs représailles seront bien plus puissantes que le barrage de missiles et de drones de samedi.

Abdel Bari Atwan est le rédacteur en chef du journal numérique Rai al-Yaoum. Il est l’auteur de L’histoire secrète d’al-Qaïda, de ses mémoires, A Country of Words, et d’Al-Qaida : la nouvelle génération. Vous pouvez le suivre sur Twitter : @abdelbariatwan

*Source : Chronique de Palestine

Version originale : 16 avril 2024 – Raï al-Yaoum – Traduction : Chronique de Palestine

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