Comme pour conserver à notre pays dans l’esprit de ses dirigeants une exemplarité de plus en plus fallacieuse depuis une certaine conférence des amis de la Syrie réunie à Gammarth par l’inénarrable Marzouki et au prix d’une inexplicable confusion d’ordre moral, son adhésion à la résolution du conseil des ministres arabes de l’intérieur proclamant le Hezbollah organisation terroriste est une faute politique désastreuse dont personne n’est dupe mais dont il convient de tirer, parmi de nombreux enseignements, ceux qui ont laissé le goût le plus amer.
1- La Tunisie n’avait pas besoin de se fourvoyer dans un jeu mortel où certaines monarchies éminemment terroristes distribuent les cartes. En abritant la conférence et alors que la résolution en question avait nécessairement été négociée d’avance, Tunis, a servi de décharge, de dépotoir, à une vilénie diplomatique que les tunisiens vomissent du reste. Notons bien que la consolation nous vient de Hassan Nasrallah, au nom de la partie lésée !
2- La crédibilité de l’Etat sur la scène politique internationale s’en trouve ruinée puisque, en l’absence de nul fait avéré ou de notoriété pouvant laisser supposer que Hezbollah ait versé de quelque façon dans le terrorisme, la position prise par le ministre de l’intérieur en son nom est manifestement gratuite, en tous cas, pas dans le sens où l’on comprendrait sans contrepartie.
3- En essayant de justifier dans une intervention radiophonique le vote de la résolution par un lien peu subtil entre la préservation réussie d’intérêts nationaux et le souci de ne mécontenter, ou plus explicitement selon ses propres termes, de n’encourir la colère d’aucun des autres pays participants, le ministre des affaires étrangères a en toute simplicité avoué que la Tunisie a cédé à un chantage.
4-Par mauvais calcul ou forfaiture, la diplomatie tunisienne nous cherche de nouveaux ennemis.
5-Dans une vaine tentative de sauver les apparences, le Chef de l’Etat, dont personne ne doute que cette position injuste et inopportune ait pu être prise par un autre que lui, a commis un mensonge d’état en faisant tardivement mine de la désapprouver devant une opinion publique perplexe. Comble de l’outrage, il ne nous manquait que l’entrée en scène d’un sauveur de la dignité présidentielle en la personne du chef du mouvement ennahdha pour nous apprendre que Hezbollah avait quand même du sang sur les mains, exactement comme on l’aurait fait pour excuser un gamin surpris le doigt dans le pot de confiture.
Abdessalem Larif
Tunis 07/03/2016