C’est une première dans l’offensive des forces américaines contre l’organisation Etat islamique en Libye. Faïez Sarraj, chef du gouvernement libyen d’union nationale (GNA), a annoncé lundi 1er août que les Etats-Unis ont procédé à des frappes aériennes contre des positions de l’organisation Etat islamique (EI) dans son fief de Syrte.
« Les premières frappes américaines contre des cibles précises de l’EI ont eu lieu aujourd’hui » à la demande du GNA, « infligeant de lourdes pertes [aux djihadistes] à Syrte », située à 450 kilomètres à l’est de Tripoli, a dit M. Sarraj lors d’une allocution télévisée. Le chef du gouvernement a ajouté que les forces américaines ne seraient pas déployées au sol.
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Un peu plus tard, Peter Cook, porte-parole du Pentagone, confirmait : « A la demande du gouvernement d’union nationale libyen, les forces armées des Etats-Unis ont procédé à des frappes précises contre des cibles de l’EI à Syrte. »
Reconquérir Syrte
En juin 2015, l’EI s’était emparé de Syrte à la faveur du chaos dans lequel est plongée la Libye depuis la chute de Mouammar Kadhafi, en août 2011. Syrte est considérée comme l’un des principaux bastions de l’organisation extrémiste en dehors de la Syrie et de l’Irak.
Le 12 mai, une coalition de brigades et milices ayant prêté allégeance au gouvernement de M. Sarraj, activement soutenu par les capitales occidentales et les Nations unies, a déclenché l’offensive contre Syrte. La ville de Misrata, métropole portuaire située à 225 kilomètres à l’ouest du bastion djihadiste, est tout à la fois la base arrière de cette opération – baptisée « Banyan Al-Marsous » – et le principal pourvoyeur en hommes au sein des unités qui font le siège de Syrte.
Les raids américains sont menés alors que les forces résiduelles de l’EI à Syrte opposent une résistance meurtrière aux assaillants, victimes de snipers et de mines. Si les forces de « Banyan Al-Marsous » ont enfoncé les défenses de la ville et repris des quartiers entiers, l’EI tient toujours le centre de conférences Ouagadougou – ancienne vitrine du régime de Kadhafi –, l’hôpital Ibn Sina et l’université.
Des forces occidentales déjà présentes sur le terrain
Si ces raids sont une première depuis le déclenchement de l’offensive contre Syrte, les forces américaines étaient en fait déjà présentes sur le terrain. Les officiels de Misrata ne cachaient plus la présence à leur côté de forces spéciales américaines et britanniques dont la mission était d’aider à « l’identification et la surveillance des cibles ennemies ».
Les forces spéciales françaises, elles, aidaient à combattre l’EI dans une autre région de la Libye, à Benghazi, au côté des forces du général Khalifa Haftar. Mais la raison politique de cette présence française en Cyrénaïque (Est) a été perçue différemment en Tripolitaine (Ouest). L’admission le 20 juillet par le ministère de la défense de la France que trois sous-officiers de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) ont péri trois jours plus tôt dans un accident d’hélicoptère à proximité de Benghazi a suscité à Tripoli une vive protestation de la part de M. Sarraj, qui s’est dit non informé de cette présence française.
De fait, le général Haftar ne reconnaît pas les autorités du gouvernement d’union nationale, sis à Tripoli, et a même tout fait pour éviter que ce gouvernement soit légalisé par le Parlement siégeant à Tobrouk (Est). Les forces spéciales occidentales combattent aujourd’hui l’EI au côté de deux camps rivaux, ce qui ajoute à l’extrême complexité du terrain libyen.