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26 novembre 2024

« Toute déstabilisation de l’Algérie aurait des répercussions géostratégiques sur tout l’espace méditerranéen et africain »


Algérie Résistance

le blog de Mohsen Abdelmoumen

Prof. Mebtoul :

Publié le Mis à jour le

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Professeur Abderrahmane Mebtoul. DR.

English version here:https://mohsenabdelmoumen.wordpress.com/2016/12/29/prof-mebtoul-any-destabilization-of-algeria-would-have-geostrategic-repercussions-on-all-the-mediterranean-and-african-space/

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Mohsen Abdelmoumen : Nous suivons depuis longtemps vos travaux. Pour l’économiste que vous êtes, l’Algérie respecte-t-elle les engagements internationaux?

Prof. Abderrahmane Mebtoul : Vous faites allusion à l’Accord d’Association signé en toute souveraineté le 01 septembre 2015. Pour l’Algérie, par la voix du directeur général des relations économiques et de la coopération internationale au ministère des Affaires étrangères, en date du 05 aout 2015, il n’est pas question de remettre en cause l’architecture générale, l’Europe ayant accédé à la demande algérienne et donné son accord pour une révision partielle de certains articles permettant un partenariat gagnant/gagnant, tout en soulignant pour la partie européenne que, pour une économie diversifiée, les réformes structurelles dépendent avant tout du gouvernement algérien, afin de bénéficier de cet accord. On reparle à nouveau d’une éventuelle adhésion de l’Algérie à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) qui représente 97% du commerce mondial et 85% de la population mondiale. Fin juillet 2016, l’organisation comptait 164 pays membres et 20 pays observateurs dont l’Algérie. À ce jour, l’Algérie a mené 12 rounds de négociations multilatérales durant lesquels elle a traité 1.900 questions liées essentiellement à son système économique. Pour ma part, je suis favorable à cette adhésion et pour le respect des accords internationaux, l’Algérie les ayant toujours respectés. La récente loi votée du retour des licences d’importation s’insère dans le cadre du respect des engagements internationaux de l’Algérie. La liberté du commerce et de l’industriel est le fondement de la politique économique et commerciale du gouvernement algérien, consacrée par l’ensemble des dispositions de la législation algérienne. Dans ce cadre, cette législation, à l’instar de ce qui est prévu par les législations de plusieurs pays à économie ouverte en Europe et ailleurs, offre la possibilité de recourir dans des cas précis et prédéfinis à une période de transition afin de mettre à niveau l’appareil productif, aux licences d’importation ou d’exportation neutres dans leur application et administrées de manière juste et équitable, pour gérer des exceptions à cette liberté du commerce et ce, en conformité avec les règles de l’OMC. D’une manière générale, l’adhésion de l’Algérie à l’OMC lui imposera l’ouverture des frontières et la spécialisation accrue suscitée par la mondialisation. En effet, tant les accords avec l’Union européenne que ceux avec l’OMC prévoient de développer les échanges en mettant en place les conditions de la libéralisation progressive des échanges de biens, de services et de capitaux. Récemment, des organes de presse ont versé dans la supputation en sortant le contenu de son contexte. Il n’a jamais été question, ni de la part de l’Union européenne ni des USA, de geler la coopération économique avec l’Algérie. Le souhait, face à la chute du cours des hydrocarbures de longue durée, est un changement de la politique du gouvernement qui devra accélérer les réformes afin d’éviter la déstabilisation de l’Algérie et, par là, de la région, ce que la communauté internationale ne souhaite pas. Cela m’a été confirmé lors de ma conférence à l’invitation du Parlement européen et récemment par des responsables de l’Union européenne. C’est que la lutte contre le terrorisme de l’ANP et des forces de sécurité de l’Algérie est fortement saluée par la communauté internationale, des liens dialectiques sécurité/développement existant devant à terme mutualiser les dépenses par une entente régionale. En cas de récession économique de l’Algérie et de l’ensemble du Maghreb, l’intégration à laquelle je suis profondément attaché depuis des décennies, avec la forte pression des démographies, c’est tout le Maghreb qui risque la déstabilisation et, par ricochet, l’Afrique et l’Europe, surtout après l’annonce par les services de renseignement américains de la pénétration de Daech dans la région. Cette stabilité passe par l’approfondissement de la réforme globale interne qui dépendra grandement des rapports de forces politiques entre les réformistes et les conservateurs assis sur la rente. Pour terminer avec votre question, effectivement il a été constaté des litiges internationaux en cascade pour certaines entreprises algériennes dont Sonatrach avec leurs partenaires étrangers, mais il existe une prise de conscience qu’une loi doit se conformer aux normes internationales afin d’encourager tant l’investissement privé national qu’international. Cela pose d’ailleurs la problématique de la règle de 49/51% généralisable que le gouvernement algérien n’a pas introduit dans le nouveau code des investissements dont j’ai préconisé l’assouplissement au gouvernement depuis 2010, tant aux segments hydrocarbures pour les gisements marginaux qu’aux autres segments non stratégiques afin de dynamiser les exportations hors hydrocarbures. Les exportations « hors hydrocarbures » qui restent toujours marginales avec seulement 5,46% du volume global des exportations, soit l’équivalent de US$ 2,06 milliards en 2015, ont enregistré une diminution de 20,1% par rapport à l’année 2014. Les groupes de produits exportés en dehors des hydrocarbures sont constitués essentiellement par des demi-produits qui représentent une part de 4,48% du volume global des exportations, soit l’équivalent de 1,69 milliard de Dollars US, des biens alimentaires avec une part de 0,62%, soit US$ 234 millions, des produits bruts avec une part de 0,28%, soit en valeur absolue de 106 millions de dollars US et enfin des biens d’équipements industriels et des biens de consommation non alimentaires avec les parts respectives de 0,05% et 0,03%.

L’élection américaine et la future élection française auront-telles des répercussions sur l’Algérie ?

Les États-Unis d’Amérique, la France et l’Algérie entretiennent des relations d’amitiés depuis de longues années. Pour les USA, il faut reconnaitre qu’avec la révolution du pétrole/gaz de schiste, ils sont devenus des concurrents de Sonatrach et cela a eu des répercussions sur la valeur de la balance commerciale qui est passée de 12 milliards de dollars vers les années 2008 à $ 5 milliards en 2015. Mais d’importants investissements hors hydrocarbures américains sont en cours. Reconnaissons que les principaux clients et fournisseurs sont les Européens avec une percée pour la Chine en matière d’importation. Malgré certains remous saisonniers, comme un vieux couple, les relations économiques avec la France sont excellentes. L’Espagne demeure un partenaire clef de l’Algérie avec la France. En bref, la situation est différente des impacts de la crise de 1986 : les réserves de change, bien qu’en baisse, sont substantielles de plus de 112/116 milliards de dollars fin 2016, l’endettement extérieur est faible. L’Algérie a toutes les potentialités de sortie de la crise et a pris conscience de l’urgence de la dynamisation de la production hors hydrocarbures dans le cadre d’une économie ouverte. Toute déstabilisation de l’Algérie aurait des répercussions géostratégiques sur tout l’espace méditerranéen et africain, d’où l’importance du développement reposant sur un partenariat gagnant/gagnant.

Où en est le partenariat avec les États-Unis et la Grande-Bretagne ?

Les sentiments n’existent pas dans ce monde mais seulement des intérêts devant analyser avec lucidité le poids économique de chaque nation, l’objectif face aux nouvelles mutations géostratégiques mondiales et l’instauration de l’Amérique première puissance économique mondiale, concurrent énergétique de l’Algérie avec le pétrole/gaz de schiste. Comme client, en 2015, les États-Unis représentent $ 1,977 milliards, une baisse de 59,04% par rapport à 2014 et, comme fournisseur, $ 2,710 milliards soit une baisse par rapport à 2014 de 5,48%. Alors qu’en 2012, les exportations algériennes vers les USA (source douanes algériennes) ont été estimées à $ 10,778 milliards et pour les importations de $ 1,651 milliards. À prix courant, le PIB des USA pour une population de 324 millions d’habitants en 2015, a été de $ 17 698 milliards, le Royaume Uni de $ 3 371. L’Union européenne, y compris la Grande Bretagne, avec un PIB de $ 180 812 milliards pour une population de 510 millions d’habitants, reste la première puissance économique mondiale. Les USA et l’Europe, pour moins d’un milliard d’habitants, totalisent plus de 40% du PIB mondial estimé à $ 73 400 milliards en 2015 et $ 75 700 milliards en 2016. Des perspectives commerciales s’offrent entre les USA et l’Algérie en dehors des hydrocarbures, l’Algérie étant avant tout intéressée par le transfert du savoir-faire technique et managérial avec la présence d’importantes sociétés américaines devant impulser la coopération, notamment dans le domaine des nouvelles technologies, de l’industrie, les services, l’agriculture et le BTPH, sans oublier la formation. Récemment, en dehors des hydrocarbures où les USA sont présents, le dernier contrat en date est celui signé en 2013 entre le groupe Sonelgaz et le groupe américain General Electric (GE) pour un partenariat dans un complexe industriel de fabrication de turbines à gaz en Algérie, pour un investissement de 200 millions de dollars. Cette société, qui sera détenue à 51% par Sonelgaz et 49% par GE, produira à partir de 2017 entre six à dix turbines à gaz par an, soit une capacité de 2 000 MW, dont une partie pourrait être exportée. Par ailleurs, GE a remporté un marché de fournitures de turbines à gaz et à vapeur d’une capacité de 8.400 MW pour un montant de $ 2,2 milliards, destiné à équiper les six centrales électriques que l’Algérie prévoit de construire d’ici à 2017. Mais les relations dépassent le cadre économique.

Les USA reconnaissent que l’Algérie est la puissance militaire et économique dominante dans la région du Maghreb. Elle représente un partenaire-clé des États-Unis dans la lutte contre le terrorisme, selon un document composé de 6 chapitres du service de recherche en sécurité du Congrès américain qui traite essentiellement la question du gouvernement et de la politique en Algérie. Abordant les relations entre l’Algérie et les États-Unis, le rapport note que l’Algérie est un pays de plus en plus important dans les efforts américains pour lutter contre le terrorisme international et représente un partenaire-clé dans la lutte contre les groupes liés au terrorisme. Mais n’oublions jamais que les USA ont une stratégie planétaire qui ne se différencie pas fondamentalement de celle de l’Europe (sauf certaines divergences tactiques) avec pour fondement les intérêts économiques et insistent sur l’intégration du Maghreb sous segment du continent Afrique, dont le contrôle économique à travers les rivalités notamment de la Chine constituera un enjeu majeur du XXIe siècle.

La Grande-Bretagne avec 64 millions d’habitants, a un produit intérieur brut PIB (2014) de € 2 231,5 milliards. Elle est la 5ème économie mondiale avec une exportation de € 407,4 milliards et une importation de € 493,8 milliards. En 2015, selon le CNIS, pour les échanges algéro-britanniques, nous avons $ 903 millions à l’importation représentant 1,75% et $ 2 883 millions à l’exportation soit $ 3,8 milliards contre $ 2,5 milliards en 2012. Aussi, reconnaissons que la coopération algéro-britannique a connu un réel essor depuis la nomination de lord Risby, envoyé spécial du Premier ministre britannique pour le partenariat économique avec l’Algérie, qui a exploré bon nombre d’opportunités d’affaires en Algérie. Le Royaume-Uni est présent dans le secteur traditionnel des hydrocarbures, notamment à travers BP, Shell et BG, mais également dans d’autres domaines tels que l’éducation (Linguaphone), les infrastructures (Biwater), les industries pharmaceutiques (GSK), les produits à la consommation (Unilever), les services financiers (HSBC), ainsi que le transport (BA). Sans oublier les récents contrats signés avec Hospital Group pour la construction d’un CHU de 500 lits à Tlemcen. Petrofac a obtenu un contrat de $ 970 millions dans une association entre Sonatrach (40%), l’espagnol Repsol (29,25%), l’allemand RWE (19,5%) et l’italien Edison (11,25%), pour la construction d’une usine de traitement de gaz dans le Sud.

Quant à l’Algérie, le Produit intérieur brut nominal (PIB) devrait s’établir à US$ 166 milliards en 2016 contre US$ 172,3 milliards en 2015, selon les prévisions du FMI, pour une population dépassant 40 millions d’habitants. Concernant la balance commerciale entre l’Algérie et le reste du monde, pour 2015, les hydrocarbures ont représenté l’essentiel de nos exportations à l’étranger avec une part de 94,54% du volume global des exportations, et une diminution de 40,76% par rapport à l’année 2014. Les exportations « hors hydrocarbures », qui restent toujours marginales, avec seulement 5,46% du volume global des exportations soit l’équivalent de US$ 2,06 milliards, ont enregistré une diminution de 20,1% par rapport à l’année 2014. Les groupes de produits exportés en dehors des hydrocarbures sont constitués essentiellement par des demi-produits qui représentent une part de 4,48% du volume global des exportations, soit l’équivalent de US$ 1,69 milliards, des biens alimentaires avec une part de 0,62% , soit US$ 234 millions, des produits bruts avec une part de 0,28%, soit en valeur absolue de US$ 106 millions et enfin des biens d’équipements industriels et des biens de consommation non alimentaires avec les parts respectives de 0,05% et 0,03%. Concernant l’année 2015, selon les statistiques publiées par le CNIS, l’Espagne était le principal client de l’Algérie, avec US $ 6,56 milliards, suivie de l’Italie (US$ 6,16 milliards), la France (US$ 4,92 milliards), la Grande-Bretagne (US$ 2,88 milliards), les Pays-Bas (US$ 2,28 milliards) et la Turquie (US$ 2,07 milliards). Parmi les principaux fournisseurs de l’Algérie, la Chine occupe la première place pour la troisième année consécutive, avec (US$ 8,22 milliards), suivie de la France (US$ 5,42 milliards), de l’Italie (US$ 4,82 milliards), de l’Espagne (US$ 3,93 milliards), de l’Allemagne (US$ 3,38 milliards) et des États-Unis (US$ 2,71 milliards). Selon les statistiques officielles, ces chiffres dévoilent également que 63,49% des importations de l’Algérie proviennent des pays de l’OCDE qui sont également la destination des 82,64% des exportations algériennes. Les membres de l’Union européenne sont les principaux partenaires commerciaux de l’Algérie qui y importe à hauteur de 49,21% de ses produits et y exporte 68,28% des biens qu’elle produit dominés par les hydrocarbures. Les échanges avec les pays du Maghreb (UMA) restent très marginaux, ayant connu un recul de 40% en 2015, passant à US$ 2,28 milliards contre US$ 3,8 milliards en 2014, et les échanges avec les pays arabes ont baissé de 2,68% à US$ 2,54 milliards contre US$ 2,61 milliards. Quant aux échanges avec l’Afrique, elles sont marginales. Les échanges commerciaux étaient relativement modestes, ayant atteint en 2010, $ 2 milliards, dont 1,260 milliards d’exportations algériennes et $ 771 millions d’importations, mais elles ont fortement progressé entre 2012/2014.

En ce qui concerne le modèle économique, d’après nos sources, les autorités ne vous ont pas écouté alors que vous avez tiré la sonnette d’alarme dès le début. Êtes-vous écouté aujourd’hui ? Nous avons eu écho que vous aviez subi des pressions concernant le travail que vous faites et des constats que vous avez élaborés, n’est-il pas trop tard pour redresser la situation économique actuelle ?

Non, il n’est pas trop tard, l’Algérie recelant d’importantes potentialités de sortie de la crise sous réserve d’une gouvernance rénovée et du primat de l’économie, de la connaissance, loin de la vision rentière qui ne peut que conduire le pays au suicide collectif. Par ailleurs, je tiens à souligner que je n’ai jamais subi de pressions, étant expert indépendant. Un modèle technique n’a aucune portée s’il n’est pas porté par des forces sociales économiques et politiques chargées de sa mise en œuvre. Evitons le tout-sinistrose, tout ce qui a été réalisé entre 2000/2016 n’est pas totalement négatif. Beaucoup de réalisations ont été faites après la décennie sanglante de 1989/1999, mais aussi beaucoup d‘erreurs qu’il s’agit de corriger impérativement. Fin 2013, toujours à titre d’expert indépendant, j’avais dirigé pour le gouvernement, avec plus de 20 experts, un important dossier suivi de bon nombre de recommandations entre 2014/2016 en insistant sur l’urgence de revoir l’actuelle politique socio-économique. Si on avait eu une bonne gouvernance, plus de rigueur dans la gestion, une meilleure allocation des ressources favorisant l’économie et la connaissance, piliers du développement, loin de la vision matérielle périmée des années 1970, en prenant en compte la non maturation des projets avec les différentes réévaluations et les surcoûts qui ont été parfois entre 25/30% pour certains projets (dépenser sans compter), selon le rapport de la banque mondiale, l’Algérie aurait pu économiser plus de 130 milliards de dollars entre 2000/2016, un montant qui dépasse les réserves de change actuelles, tout en créant une dynamique de croissance. Lorsque le gouvernement invoque le tourisme, l’industrie, l’agriculture, les services comme secteur dynamisant entre 2016/2020 pour atteindre un taux de croissance de 7% notamment, on doit avoir une vision précise projet par projet et s’inscrire dans le cadre de filières internationalisées selon les normes coût-qualité en rapport avec les nouvelles mutations mondiales et non parler de secteur globalement. Comme doit être pris en compte en dynamique les accords de libre échange passés avec l’Europe depuis le 01 septembre 2005, un dégrèvement tarifaire progressif zéro étant prévu à l’horizon 2020, sans compter les contraintes de l’OMC en cas d’adhésion. Aurons-nous des entreprises compétitives en cette période courte ? La politique de substitution à l’importation pour alléger la facture d’importation doit reposer sur une analyse minutieuse de la rubrique importation, produit par produit, à partir des grandes masses. L’Algérie, si elle veut devenir un pays émergent, et elle en a les capacités, n’a pas besoin d’une stratégie non industrielle, vision des années 1970/1980, mais d’une stratégie d’entreprises dans le cadre de filières internationalisées. Un taux de croissance en termes réels de 9/10% entre 2016/2020 est nécessaire pour dynamiser les exportations hors hydrocarbures et réduire les tensions sociales. Ce, d’autant plus que l’Algérie devrait connaitre des tensions budgétaires à l’horizon 2016/2020 avec la baisse du cours des hydrocarbures, étant utopique de prédire un cours supérieur à 75/90 dollars entre 2017/2020, l’OPEP représentant 33% de la production commercialisée mondiale ayant un impact déclinant. Gouverner étant prévoir, il s’agira, en fonction des résultats quantifiés et datés, de mettre en place des stratégies d’adaptation, tant sur le plan économique que social et politique solidaires, supposant un large front national, tenant compte des différentes sensibilités, des mutations locales et internationales, étant à l’aube de la quatrième révolution économique mondiale avec de profonds bouleversements géostratégiques. Je suis persuadé que l’Algérie souffre d’une crise de gouvernance et non d’une crise financière, la situation étant différente de celle de 1990. Mais en absence de réformes, cette crise de gouvernance risque de se transformer en crise financière, car l’Algérie reposera encore pour longtemps sur la rente des hydrocarbures. Rappelons que, selon les données officielles produites en conseil des Ministres en 2015 suite au rapport du Ministre de l’Énergie, les réserves de gaz de l’Algérie sont de 2 700 milliards de mètres cubes gazeux et de pétrole de 10 milliards de barils, allant, au vu des exportations et de la consommation actuelle, à l’épuisement à l’horizon 2030. On se focalise actuellement sur le cours du pétrole en oubliant le cours du gaz, représentant 33% des recettes de Sonatrach dont les contrats à long terme expirent vers 2018/2019 avec une très forte concurrence, devant assister à une révision des prix à la baisse. C’est une erreur stratégique de raisonner sur un modèle de consommation linéaire axé sur les énergies fossiles traditionnelles. Le monde se prépare à une transition énergétique entre 2020/2030, comme cela s’est produit en passant du charbon aux hydrocarbures, d’où l’urgence d’une nouvelle politique économique 2016/2025. Face à une situation tant géostratégique que socio-économique inquiétante pour le devenir de l’Algérie, au-delà de l’État, l’ensemble des acteurs de la société doit être mobilisé si l’Algérie veut renouer avec une croissance durable hors-hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales.

Comment ne pas rappeler que les pays ayant entrepris avec succès des réformes, notamment les pays émergents, se sont appuyés sur une mobilisation de l’opinion. La nécessité de réformer s’impose à l’Algérie. Malgré des dépenses monétaires sans précédent, les résultats économiques sont mitigés et peuvent conduire à des crises sociales politiques à terme si l‘on continue à dépenser sans compter, posant l’urgence sur le caractère inéluctable des changements structurels à opérer. La croissance forte peut revenir en Algérie. Mais elle suppose la conjugaison de différents facteurs : une population active dynamique, un savoir, le gout du risque et des innovations technologiques sans cesse actualisés, le combat contre toute forme de monopole néfaste, une concurrence efficace, un système financier rénové capable d’attirer du capital et une ouverture à l’étranger. Ces réformes passent fondamentalement par une démocratie vivante, une stabilité des règles juridiques et l’équité, les politiques parleront de justice sociale. La conduite d’ensemble de ces réformes ne peut ni être déléguée à tel ou tel ministre ni mise dans les mains de telle ou telle administration. Elle ne pourra être conduite que si, au plus haut niveau de l’État, une volonté politique forte (que seuls, le président de la République et le Premier ministre portent) la conduit et convainc les Algériens de son importance, d’où, avec l’ère d’internet, une communication active transparente permanente. Ensuite, chaque ministre devra recevoir une « feuille de route » personnelle complétant sa lettre de mission et reprenant l’ensemble des décisions qui relèvent de sa compétence. Au regard de l’importance des mesures à lancer et de l’urgence de la situation, le gouvernement devra choisir le mode de mise en œuvre le plus adapté à chaque décision : l’accélération de projets et d’initiatives existantes, le vote d’une loi accompagnée, dès sa présentation au Parlement, des décrets d’application nécessaires à sa mise en œuvre et, pour les urgences, seulement des décisions par ordonnance pourront être utilisées.

Les actions coordonnées et synchronisées dans le temps exigeront le courage de réformer vite et massivement, non des replâtrages conjoncturels, mais de profondes réformes structurelles à tous les niveaux en ayant une vision stratégique pour le moyen et le long terme, devant donc réhabiliter la planification et le management stratégique. L’Algérie peut y parvenir dans un délai raisonnable. Elle en a les moyens. Pour cela, elle doit réapprendre à envisager son avenir avec confiance, sécuriser pour protéger, préférer le risque à la rente, libérer l’initiative, la concurrence et l’innovation, car le principal défi du XXIème pour l’Algérie sera la maîtrise du temps. Le monde ne nous attend pas et toute nation qui n’avance pas recule forcément. Retarder les réformes ne peut que conduire à la désintégration lente, à l’appauvrissement, à une perte de confiance en l’avenir puisqu’avec l’épuisement de la rente des hydrocarbures, l’Algérie n’aura plus les moyens de préparer ces réformes et vivra sous l’emprise de la peur, voyant partout des menaces où les autres voient des chances. Cette croissance exige l’engagement de tous, et pas seulement celui de l’État, en organisant les solidarités devant concilier efficacité économique et équité par une participation citoyenne et un dialogue productif permanent. Le pouvoir algérien a vécu longtemps sur l’illusion de la rente éternelle. La majorité des Algériens dont le revenu est fonction à plus de 70% de la rente des hydrocarbures doivent savoir que l’avenir de l’emploi et de leur pouvoir d’achat n’est plus dans la fonction publique, et que celui des entreprises n’est plus dans les subventions à répétition. L’essentiel de l’action est entre les mains des Algériens, qui devront vouloir le changement et partager une envie d’avenir, d’apprendre davantage, de s’adapter, de travailler plus et mieux, de créer, de partager, d’oser. La nature du pouvoir doit également changer, supposant une refonte progressive de l’État par une réelle décentralisation autour de grands pôles économiques régionaux, impliquant qu’il passe de l’État gestionnaire à l’État régulateur, conciliant les coûts sociaux et les coûts privés, en étant le cœur de la conscience collective, par une gestion plus saine de ses différentes structures.

Pour s’inscrire dans la croissance mondiale, l’Algérie doit d’abord mettre en place une véritable économie de la connaissance, développant le savoir de tous, de l’informatique au travail en équipe, de l’arabe, du français, du chinois, de l’anglais, du primaire au supérieur, de la crèche à la recherche. Elle doit ensuite faciliter la concurrence, la création et la croissance des entreprises, par la mise en place de moyens modernes de financement, la réduction du coût du travail et la simplification des règles de l’emploi. Elle doit favoriser l’épanouissement de nouveaux secteurs clés, dont : le numérique, la santé, la biotechnologie, les industries de l’environnement, les services à la personne avec le vieillissement de la population. Simultanément, il est nécessaire de créer les conditions d’une mobilité sociale, géographique et concurrentielle et de permettre à chacun de travailler mieux et plus, de changer plus facilement d’emploi, en toute sécurité. Pour mener à bien ces réformes, l’État et les collectivités locales doivent être très largement réformés. Il faudra réduire leur part dans la richesse commune, concentrer leurs moyens sur les groupes sociaux qui en ont réellement besoin, faire place à la différenciation et à l’expérimentation, évaluer systématiquement toute décision, a priori et a posteriori. L’Algérie doit s’adapter à la quatrième révolution économique avec d’importantes incidences géostratégiques qui s‘annoncent entre 2020/2030/2040, loin de l’ère matérielle des années 1970. C’est que les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), un ensemble de technologies utilisées pour traiter, modifier et échanger de l’information, plus spécifiquement des données numérisées qui regroupent les innovations réalisées en matière de volume de stockage et de rapidité du traitement de l’information ainsi que son transport grâce au numérique et aux nouveaux moyens de télécommunication, ont des implications au niveau de la gouvernance politique, la gestion des entreprises et des administrations et un impact également sur notre nouveau mode de vie renvoyant au savoir et à l’innovation permanente. Politiques, entrepreneurs, citoyens, nous vivons tous aujourd’hui dans une société de la communication électronique, plurielle et immédiate, qui nous contraint à prendre des décisions en temps réel. La maîtrise du temps étant le défi principal de ce XXIe siècle, engageant la sécurité nationale, toute inadaptation à ces mutations isolerait encore plus le pays. Toute nation ne peut distribuer plus que ce qu’elle produit annuellement, si elle veut éviter la dérive sociale. L’entrave principale au développement en Algérie provient de l’entropie qu’il s‘agit de dépasser impérativement, renvoyant non seulement aux facteurs économiques mais également sociaux et politiques, dont la profonde moralisation des dirigeants et de la société.

Où va l’Algérie, à votre avis ? L’Algérie ne risque-t-elle pas l’épuisement de ses réserves de change à l’horizon 2019/2020 et quelles sont les propositions que vous avez émises au gouvernement algérien ?

L’Algérie a un répit de seulement trois ans pour changer de cap et éviter de vives tensions sociales (2018/2020). Alors que faire pour maintenir à un niveau acceptable les réserves de change qui tiennent la valeur du dinar, car à 10/20 milliards de réserves de change, la cotation officielle du dinar serait à plus de 200 dinars un dollar ?

La première solution est une nouvelle gouvernance centrale et locale, une moralisation de la vie politique, sociale et économique, la lutte contre la corruption et l’évasion fiscale pour un sacrifice partagé, et une réelle décentralisation autour de pôles régionaux dynamisant l’entreprise et l’économie de la connaissance.

La deuxième solution est la réhabilitation du travail, source de la richesse de toute nation, évitant cette distribution de revenus sans contreparties productives ; évitant ces emplois fictifs pour une paix sociale éphémère que voile le taux de chômage officiel.

La troisième solution est l’amélioration du climat des affaires, la bureaucratisation de la société, la réforme du système financier, socio-éducatif, et l’épineux problème du foncier.

La quatrième solution est que tout projet doit être pensé par rapport aux normes coût/qualité/concurrence, donc selon les normes internationales par une lutte contre les surcoûts qui ont pris de proportions exorbitantes, parfois 20/30%, et donc d’avoir une vision stratégique au sein de filière internationalisées.

La cinquième solution est le développement pour les projets structurants, notamment dans les infrastructures de la technique du Build, Operate and Transfer (B.O.T), ce qui allégerait à court terme les tensions au niveau du budget des devises de l’État, mais en étant conscient qu’à terme, il y aura transferts des profits. Rappelons que la technique du BOT repose principalement sur le modèle du «Project financing/Project finance» qui est en substance une technique de financement où les prêteurs acceptent de financer un projet en se basant uniquement sur sa rentabilité et sa valeur propre. En pratique, le remboursement du prêt dépend principalement du cash-flow généré par le projet lui-même, de sorte que la capacité du projet à générer des revenus qui serviront au remboursement du prêt constitue la pierre angulaire du Project financing.

La sixième solution est l’assouplissement de la règle des 49/51% (bilan mitigé à ce jour) pour les segments non stratégiques, devant définir avec précision ce qui est stratégique et ce qui ne l’est pas, où l’Algérie supporte tous les surcoûts sans que souvent le partenaire étranger ne partage les risques, remplacé par une minorité de blocage.

La septième solution est une exportation plus accrue des hydrocarbures, dont le prix dépend de facteurs externes échappant totalement à l’Algérie et là, attention aux faux calculs, comme ceux effectués par le Venezuela qui est au bord de la faillite. Les recettes de Sonatrach à un cours de 60 dollars le baril, la majorité des contrats de gaz dont le prix lui est indexé à long terme expirant entre 2018/2019 sont évaluées à 34 milliards de dollars, déduction des charges de 20%, donnant un profit net de 27 milliards de dollars qui s’ajoutent aux réserves de change actuelles. À 50 dollars, le profit net est de 21 milliards de dollars, et à 40 dollars, le profit est de 15/16 milliards de dollars. Entre 2016/2020, il est utopique de compter sur les exportations hors hydrocarbures (la maturation et la rentabilité de tout projet mis en œuvre en 2016 mettant au minimum en Algérie 4/5 ans au vu des contraintes bureaucratiques).

La huitième solution est un arbitrage nécessaire entre la satisfaction du marché intérieur et les exportations posant la problématique des subventions généralisées, source de gaspillages et d’injustice sociale, alors qu’elles doivent être ciblées. L’Algérie risque d’être un importateur net de pétrole à l’horizon 2025/2030 devant miser sur le gaz et surtout sa transformation, dans le cadre d’un partenariat gagnant/gagnant. C’est que la majorité des contrats à moyen terme expirent entre 2018/2069, devant s’aligner sur le marché libre dit marché spot, étant impossible de concurrencer la Russie (fameux gazoduc Sibérie/Chine) et l’Iran sur le marché asiatique, ne devant plus compter sur les exportations vers les USA qui eux-mêmes exportent vers l’Europe, le marché naturel de l’Algérie étant le marché européen, d’où l’urgence de la transition énergétique et d’un nouveau modèle de consommation reposant sur un mix énergétique, dont les énergies renouvelables, en tenant compte de la forte concurrence internationale.

La neuvième solution, que j’ai préconisée au gouvernement depuis deux ans, est l’endettement extérieur ciblé à long terme, mais uniquement pour les segments à avantages concurrentiels de 30/50 milliards de dollars entre 2017/2020, afin de maintenir le niveau des réserves, sinon les prévisions de 60 milliards de dollars de la Banque mondiale qui ont été établies selon mes informations à Washington, à partir des données 2014/2016 de la Banque d’Algérie, horizon 2018, sont réalistes.

La dixième solution, la plus sûre, est d’avoir une vision stratégique, loin de tout replâtrage, les tactiques pour paraphraser les experts militaires devant s’insérer au sein d’une fonction objectif stratégique, ce qui fait cruellement défaut actuellement, comme l’a instruit le Président de la République, c’est d’aller vers de profondes réformes structurelles sans lesquelles l’on ne pourra pas faire émerger une économie diversifiée.

Dans plusieurs de vos écrits depuis 2009, vous avez alerté le gouvernement sur les impacts de la baisse du cours des hydrocarbures. Vous n’avez pas été écouté. Pouvez-vous nous rappeler vos propositions pour une transition énergétique ?

Il faut passer des discours aux actes. Il ne faut plus se faire d’illusion sur un cours du baril supérieur à 70/80 dollars entre 2017/2020. En effet, tenant compte de l’évolution des coûts croissants, des nouvelles mutations énergétiques mondiales et de la concurrence de nouveaux producteurs, des exportations et de la forte consommation intérieure induits par de nouveaux investissements dans le doublement des capacités des centrales électriques qui fonctionneront à partir des turbines de gaz, favorisé par des bas prix, l’Algérie sera importatrice de pétrole dans 10 ans et de gaz conventionnel dans 15 ans. D’où l’importance, dès maintenant, de prévoir la transition énergétique que je résumerai en sept axes directeurs :

Le premier axe est d’améliorer l’efficacité énergétique car comment peut-on programmer deux (02) millions de logements selon les anciennes normes de construction exigeant de fortes consommations d’énergie, alors que les techniques modernes économisent 40 à 50% de la consommation?

Le second axe est de repenser la politique des subventions qui doivent être ciblée pour les produits énergétiques, dossier que j’ai dirigé avec le bureau d’études américain Ernest Young et avec les cadres du Ministère de l’Energie et de Sonatrach que j’ai présenté personnellement à la commission économique de l’APN en 2008, renvoyant à une nouvelle politique des prix (prix de cession du gaz sur le marché intérieur environ un dixième du prix international, occasionnant un gaspillage des ressources qui sont gelés transitoirement pour des raisons sociales). À cet effet, une réflexion doit être engagée par le gouvernement algérien pour la création d’une Chambre nationale de compensation, que toute subvention devra avoir l’aval du Parlement pour plus de transparence, la Chambre devant réaliser un système de péréquation, segmentant les activités afin d’encourager les secteurs structurants et tenant compte du revenu par couches sociales, impliquant une nouvelle politique salariale.

Le quatrième axe, l’Algérie a décidé d’investir à l’amont pour de nouvelles découvertes. Mais pour la rentabilité de ces gisements, tout dépendra du vecteur prix au niveau international et du coût, pouvant découvrir des milliers de gisements non rentables, posant le problème de la rentabilité des 100 milliards de dollars annoncés par le Ministère.

Le cinquième axe est le développement des énergies renouvelables devant combiner le thermique et le photovoltaïque dont le coût de production mondial a diminué de plus de 50% et le sera davantage à l’avenir. Or, avec plus de 3 000 heures d’ensoleillement par an, l’Algérie a tout ce qu’il faut pour développer l’utilisation de l’énergie solaire, ou presque. Le soleil tout seul ne suffit pas. Il faut la technologie et les équipements pour transformer ce don du ciel en énergie électrique. La production à grande échelle permettrait de réduire substantiellement les coûts tout en favorisant à l’aval une multitude de PMI-PME, renforçant le tissu industriel à partir des énergies propres (industries écologiques). La promotion des énergies renouvelables suppose des moyens financiers importants en investissement et en recherche-développement. Le Fonds technologique pour les énergies renouvelables décidé en conseil des ministres dont le taux est passé de 0,5% à 1% de la rente des hydrocarbures devrait être revu à la hausse à 3% minimum afin de pouvoir permettre le soutien entre le tarif garanti permettant la rentabilité de l’investissement. Grâce aux recettes d’hydrocarbures alimentant ce Fonds, l’Algérie peut éviter de faire supporter ces investissements sur le consommateur à revenus faibles, à l’instar de l’Allemagne où la différence entre le prix garanti et celui du marché est reportée sur les factures des consommateurs via une surtaxe, suite à sa décision de sortir du nucléaire d’ici à 2022. L’Algérie a réceptionné en mi-juillet 2011 la centrale électrique hybride à Hassi R’mel, d’une capacité globale de 150 MW, dont 30 MW provenant de la combinaison du gaz et du solaire. Cette expérience est intéressante. La combinaison de 20% de gaz conventionnel et 80% de solaire me semble être un axe essentiel pour réduire les coûts et maîtriser la technologie. À cet effet, le CREG (l’agence de régulation) a annoncé la publication de décrets destinés à accompagner la mise en œuvre du programme algérien de développement des énergies renouvelables. Des mesures incitatives sont prévues par une politique volontariste à travers l’octroi de subventions pour couvrir les surcoûts qu’il induit sur le système électrique national et la mise en place d’un Fonds national de maîtrise de l’énergie (FNME) pour assurer le financement de ces projets et octroyer des prêts non rémunérés et des garanties pour les emprunts effectués auprès des banques et des établissements financiers. Le programme algérien consiste à installer une puissance d’origine renouvelable de près de 22 000 MW dont 12 000 MW seront dédiés à couvrir la demande nationale de l’électricité et 10 000 MW à l’exportation. D’ici 2030, l’objectif de l’Algérie serait de produire 30 à 40% de ses besoins en électricité à partir des énergies renouvelables. Le montant de l’investissement public consacré par l’Algérie à la réalisation de son programme de développement des énergies renouvelables, à l’échéance 2030, est contradictoire, annoncé une fois à 100 milliards de dollars selon le Ministère de l’énergie, et une autre fois à 60 milliards de dollars. En effet, le gouvernement algérien avait annoncé 100 milliards de dollars en Conseil des ministres en 2009 et 60 milliards de dollars fin 2015. En septembre 2016, il a annoncé que du fait de la crise financière, le programme se ferait en partenariat public privé national et international sans annoncer le montant exact. L’appel d’offres pour la réalisation d’une capacité de 4 000 mégawatts (mW) en énergie renouvelable de partenariat public privé va être lancé au début de l’année 2017, a annoncé récemment le ministre algérien de l’énergie, Nouredine Boutarfa, à l’ouverture de la conférence sur l’énergie dans le cadre du Forum africain d’investissements et d’affaires qui s’est déroulé à Alger.

Le problème est le suivant : l’Algérie aura-t-elle les capacités d’absorption, la maîtrise technologique pour éviter les surcoûts, la maitrise du marché mondial, et ne sera-t-il pas préférable de réaliser ces projets dans le cadre d’un partenariat public privé national, international, et pourquoi pas dans le cadre de l’intégration de l’Afrique du Nord, pont entre l’Europe et l’Afrique, marché naturel du Maghreb et de l’Europe, continent à enjeux multiples qui, horizon 2O3O/2040, tirera la croissance de l’économie mondiale ?

Le sixième axe, l’Algérie compte construire sa première centrale nucléaire en 2025 à des fins pacifiques pour faire face à une demande d’électricité galopante où, selon le ministre de l’Energie et des Mines, le 19 mai 2013, l’Institut de génie nucléaire créé récemment, doit former les ingénieurs et les techniciens en partenariat qui seront chargés de faire fonctionner cette centrale. Les réserves prouvées de l’Algérie en uranium avoisinent les 29 000 tonnes, de quoi faire fonctionner deux centrales nucléaires d’une capacité de 1 000 Mégawatts chacune pour une durée de 60 ans, selon les données du Ministère de l’Energie. La ressource humaine étant la clef, à l’instar de la production de toutes les formes d’énergie et afin d’éviter cet exode de cerveaux massif que connaît l’Algérie, le poste services avec la sortie de devises étant passé de 2 milliards de dollars en 2002 à 10/12 milliards entre 2010/2015, dont une grande partie destinée au secteur hydrocarbures, Sonatrach se vidant de sa substance, il convient de résoudre le problème récurrent des chercheurs du nucléaire (cela s’applique à l’ensemble des chercheurs) qui depuis des années demandent l’éclaircissement de leur statut, la revalorisation de leur rémunération et surtout un environnement propice par la levée des obstacles bureaucratiques qui freinent la recherche.

Le septième axe, l’option du pétrole/gaz de schiste (3ème réservoir mondial selon des études internationales) introduite dans la nouvelle loi des hydrocarbures de 2013, dossier que j’ai l’honneur de diriger pour le compte du gouvernement et remis en janvier 2015. En Algérie, tout en évitant des positions tranchées pour ou contre, un large débat national s’impose, car on ne saurait minimiser les risques de pollution des nappes phréatiques au Sud du pays. L’Algérie étant un pays semi-aride, le problème de l’eau est un enjeu stratégique au niveau méditerranéen et africain, et un arbitrage pour la consommation d’eau douce doit être opéré (les nouvelles techniques peu consommatrices d’eau n’étant pas encore mises au point malgré le recyclage, quel sera le coût, fonction de l’achat, du savoir-faire), un milliard de mètres cubes gazeux nécessitant 1 million de mètres cubes d’eau douce devant être pris en compte dans les coûts (en plus de l’achat des brevets) et il faut forer plusieurs centaines de puits moyens pour un milliard de mètres cubes gazeux. Sans compter la courte durée de vie de ces gisements et la nécessaire entente avec des pays riverains se partageant ces nappes. Le sixième axe, rentrant dans le cadre des résolutions de la COPE21 et de la COP22 est l’action climatique qui ne peut être conçue dans le cadre d’une nation, impliquera une large concertation avec notamment les pays du Maghreb et de l’Afrique. D’une manière générale, pour le Maghreb, dont l’Algérie, les ressources hydriques sont vulnérables aux variations climatiques. L’eau et sa gestion sont des problèmes conditionnant son avenir, le volume maximal d’eau mobilisable étant déficitaire d’ici à 2020 selon Femise (réseau euro-méditerranéen sur la région MENA). Dans la région du Maghreb, les effets négatifs toucheront la production de légumes dont les rendements diminueraient de 10 à 30% et une baisse du blé à près de 40%. Ainsi, le changement climatique pourrait entraîner une véritable crise migratoire. L’or bleu sera l’enjeu du XXIème siècle qui, non résolu, pourrait provoquer des guerres planétaires.

En résumé, la transition pouvant être définie comme le passage d’une civilisation humaine construite sur une énergie essentiellement fossile, polluante, abondante et peu chère, à une civilisation où l’énergie est renouvelable, rare, chère, et moins polluante ayant pour objectif le remplacement à terme des énergies de stock (pétrole, charbon, gaz, uranium) par les énergies de flux (éolien, solaire). La transition énergétique renvoie à d’autres sujets techniques, posant la problématique sociétale.

Il ne suffit pas de faire une loi car le déterminant est le socle social. Cela pose la problématique d’un nouveau modèle de croissance. Tous les secteurs économiques, tous les ménages, sont concernés : transport, BTPH, industries, agriculture. Les choix techniques d’aujourd’hui engagent la société sur le long terme. Dès lors, la transition énergétique suppose un consensus social car la question fondamentale est la suivante : cette transition énergétique, combien coûte-t-elle, combien rapporte-t-elle et quels en seront les bénéficiaires ? Pour une transition énergétique cohérente visant à renforcer les interconnexions des réseaux et l’optimisation de leur gestion (smart grids) afin de contribuer à l’efficacité énergétique et au développement industriel, en allant vers un nouveau modèle de croissance afin de favoriser l’émergence d’une industrie del’énergie au service de l’intégration économique, les avantages octroyés par l’État doivent être fonction de ce taux. Dans ce cadre, un partenariat public privé national et international est souhaitable afin de favoriser la concurrence, le monopole entraînant forcément des surcoûts. Pour ce segment, la règle des 49/51% reposant sur une vision idéologique dépassée est inappropriée, d’autres mécanismes doivent être prévus pour protéger la production nationale (autres critères, balances technologique et financière positives). Pour cela, une nouvelle politique des prix est nécessaire car la détermination de la politique des tarifs est inséparable des mécanismes de répartition du revenu national. Il vaudrait mieux cibler ces subventions qui sont supportées par le trésor sans distinction de revenu. Il existe un véritable paradoxe en Algérie: la consommation résidentielle (riches et pauvres payent le même tarif ; idem pour les carburants et l’eau) représente 60% contre 30% en Europe et la consommation du secteur industriel 10% contre 45% en Europe montrant le dépérissement du tissu industriel, soit moins de 5% du produit intérieur brut. Les décisions dans le domaine de l’énergie engagent le long terme et la sécurité du pays au regard des priorités définies sur le plan politique (indépendance nationale, réduction des coûts, réduction des émissions de carbone, création d’emplois). Chaque décision majeure devra être préalablement analysée par le conseil national de l’Énergie, présidé par le président de la République, après un large débat national, comme je l’ai préconisé il y a deux ans à Bruxelles à l’invitation du Parlement européen. Le co-développement et le co-partenariat avec des partenaires étrangers peuvent être le champ de mise en œuvre de toutes les idées innovantes, l’avenir étant au sein des espaces euro-méditerranéens et africains. L’Afrique avec 25% de la population mondiale à l’horizon 2040, des ressources tant matérielles qu’humaines considérables, sous réserve de sous régionalisations homogènes et d’une meilleure gouvernance, sera la locomotive de l’économie mondiale horizon 2030/2040.

L’Algérie ne risque-t-elle pas l’implosion sociale sans réformes structurelles ?

Non, il n’y aura pas d’implosion sociale à court terme, mais c’est un scenario à ne pas écarter entre 2019/2020 si l’Algérie n‘entame pas rapidement de profondes réformes structurelles douloureuses impliquant une profonde cohésion sociale et la moralité des dirigeants. Aussi, je recense quatre raisons pour la période 2017/2019 :

Premièrement, l’Algérie n’est pas dans la situation de 1986 où les réserves de change étaient presque inexistantes avec un endettement qui commençait à devenir pesant. Avec 118 milliards de dollars de réserves de la banque d’Algérie fin 2016, 112 milliards de dollars selon le FMI, et une dette extérieure inférieure à 4/5 milliards de dollars, ces réserves de change, si elles sont bien utilisées, peuvent à la fois servir de tampon social.

Deuxièmement, vu la crise du logement, le regroupement de la cellule familiale concerne une grande fraction de la population et les charges sont payées grâce au revenu familial global. Mais il faut faire attention : résoudre la crise du logement sans relancer la machine économique prépare à terme l’explosion sociale.

Troisièmement, grâce à leur travail mais également aux subventions étatiques, les familles algériennes ont accumulé une épargne sous différentes formes. Cependant, il suffit de visiter les endroits officiels de vente de bijoux pour voir qu’il y a « déthésaurisation » et que cette épargne est malheureusement en train d’être dépensée face à la détérioration de leur pouvoir d’achat. Cela peut tenir encore deux à trois ans. À la fin de cette période tout peut arriver.

Quatrièmement, l’État, malgré des tensions budgétaires qui iront en s’accroissant et les dispositions de la loi de finances de 2017, continue à subventionner les principaux produits de première nécessité : il n’est pas question de toucher à deux produits essentiels pour les plus pauvres, à savoir le pain et le lait. En revanche, à terme, il s’agira de cibler les subventions qui, généralisées, sont insoutenables pour le budget.

L’Algérie a un répit seulement de trois ans pour changer de cap et éviter de vives tensions sociales en 2018/2020. Certes, à court terme, cette situation peut être maîtrisable, sous réserve d’une plus grande rigueur budgétaire et d’une lutte contre les surcoûts, le gaspillage et la corruption. Avec la baisse des recettes de Sonatrach de 45%, il est indispensable d’accroître la fiscalité ordinaire : c’est là un exercice difficile sans pénaliser les activités productives et les couches les plus défavorisées. Mais à moyen terne, en cas de faiblesse de la production interne, d’un dérapage accéléré de la valeur du dinar corrélé à la baisse des réserves de change, nous devrions assister à un processus inflationniste accéléré. En effet, il faut être aussi conscient que sans réformes structurelles, évitant les replâtrages et les discours populistes, l’implosion sociale est inévitable horizon 2018/2020. L’inflation joue toujours comme facteur de redistribution des revenus au profit des revenus variables et il appartient à l’État de concilier l’efficacité économique et une profonde justice sociale, laquelle n’est pas antinomique avec l’efficacité. Tous les appareils de l’État doivent donner l’exemple. J’avais préconisé, lors d’une conférence devant le Premier ministre en novembre 2014, que les responsables au plus haut niveau (Présidence, Gouvernement, hauts cadres de l’État, députés, sénateurs, etc.) donnent l’exemple par une réduction de leurs salaires et évitent des réceptions inutiles. Certes, une telle attitude n’aura pas une importante répercussion sur le budget de l’État mais ce sera un signe fort de mobilisation en faveur d’une austérité justement partagée, car tout responsable doit penser au devenir de l’Algérie à l’horizon 2025/2030. La question est pertinente et relève de la géostratégie. La population algérienne était de 40 millions d’habitants au 1er janvier 2016 et sera d’environ 50 millions en 2030 avec une demande d’emploi additionnelle qui varierait entre 300.000 à 400.000 personnes par an, nombre d’ailleurs sous-estimé puisque le calcul de l’ONS applique un taux largement inférieur pour les taux d’activité à la population féminine, représentant pourtant la moitié de la population active et dont la scolarisation est en forte hausse, qui s’ajouteront au stock de chômage. Ainsi, il existe deux scénarios pour l’Algérie : réussir les réformes ou aller vers le FMI à l’horizon 2019/2020.

Le premier scénario serait le statu quo de l’activisme, vivant de l’illusion d’un retour à un cours du pétrole supérieur à 80 dollars et des discours d’autosatisfaction, source de névrose collective, déconnectés des réalités tant locales que mondiales. Ce serait une erreur politique d’une extrême gravité, une fuite en avant (« après moi le déluge »), d’attendre les élections législatives de 2017 comme solution à la crise, en se livrant entre temps à de l’activisme sans procéder à de véritables changements, car en économie, le temps ne se rattrape jamais. Entre-temps, la crise financière risque de s’accentuer avec une demande sociale croissante, des exigences accrues de la jeunesse dont plusieurs centaines de milliers de diplômés qui exigeront un emploi et un logement. Ceux qui travaillent actuellement auront plus de 60 ans en 2030 et seront en retraite. De ce fait, il est à prévoir que sans hydrocarbures, et c’est une forte probabilité, il y aura forcément suppression du ministère des Hydrocarbures et celui de la Solidarité nationale avec le risque d’implosion de la caisse de retraite, et sans devises, pas d’attrait de l’investissement. Il s’ensuivra un chômage croissant, des tensions sociales et une instabilité politique à l’instar des pays les plus pauvres de l’Afrique subsaharienne, et le risque d’intervention de puissances étrangères.

Quant au second scénario, et je suis optimiste quant à l’avenir l’Algérie, il se base sur les conditions favorables de développement de l’Algérie où l’on aura préparé l’après-pétrole. On aura révisé profondément la politique socio-économique en misant sur des segments de savoir en évitant l’instabilité juridique, le manque de cohérence et de visibilité. La corruption qui devient dramatiquement généralisable à tous les secteurs, source d’une démobilisation générale, serait alors combattue par de véritables contrepoids démocratiques et non par des organes techniques aux ordres et peu d’efficaces, dans les faits et non par des textes. Dès lors, la sphère informelle intimement liée à la logique rentière, produit de la bureaucratie et des dysfonctionnements des appareils de l’État qui favorise cette corruption, serait intégrée progressivement au sein de la sphère réelle. Le développement se fonderait alors sur les piliers du développement du XXIe siècle, tels que la revalorisation du savoir, l’État de droit, une nouvelle gouvernance par la réhabilitation du management stratégique de l’entreprise et des institutions, et par une libéralisation maîtrisée grâce au rôle central de l’État régulateur. Le dialogue politique, économique et social évitant la concentration excessive du revenu national au profit de rentes spéculatives destructrices de richesses, aurait remplacé les décisions autoritaires. On aurait mis fin au gaspillage de la rente des hydrocarbures, de ces dépenses monétaires, sans se préoccuper des impacts pour une paix sociale fictive. On aurait préparé un nouveau modèle de consommation énergétique reposant sur un Mix, dont les énergies renouvelables. On aurait réhabilité l’entreprise publique et privée, loin de tout monopole, seule source de création de richesses permanente. Et l’on aurait misé sur l’investissement immatériel qui manque aujourd’hui cruellement à l’Algérie, privilégiant la qualité et non la quantité, évitant des universités à fabriquer des chômeurs, non imputable uniquement à l’enseignement supérieur qui hérite du fonctionnement de l’école du primaire en passant par le secondaire et la formation professionnelle.

Comment un pays qui dispose de tant d’atouts de réussite se retrouve-t-il à la traîne et quelle est la trajectoire future que vous avez souvent proposée dans vos différentes contributions ?

Évitons l’illusion juridique, mentalité bureaucratique en panne d’imagination, un texte-loi n’est qu’un texte de loi que peuvent contredire quotidiennement les pratiques sociales. Pour son efficacité, le texte juridique quelle que soit sa forme, doit s’attaquer au fonctionnement de la société, favoriser les forces sociales acquises aux réformes et se projeter dans l’avenir en tenant compte de la future carte géostratégie mondiale. Car nous ne pouvons pas ne pas reconnaître le décalage qui existe entre les potentialités que recèle l’Algérie, et elles sont énormes, et le niveau de développement, loin des attentes que le pays a atteint après plusieurs décennies d’indépendance. Comme rappelé précédemment, il faut faire un diagnostic réaliste afin de corriger les erreurs. Environ 95% des recettes en devises proviennent de Sonatrach, le secteur industriel représentant moins de 5% du PIB, et sur ces 5%, plus de 95% sont issues des PMI-PMI à dominance familiale peu concurrentielles, le petit commerce et les services 83% de la superficie économique, la sphère informelle drainant plus de 40% de la masse monétaire en circulation qu’il s’agira d’intégrer dans la sphère réelle, et sur les 5% d’exportation hors hydrocarbures, plus de 60% des recettes en devises sont des dérivés d’hydrocarbures et des déchets ferreux et semi ferreux. Il s’agira de préparer l’après-hydrocarbure dans le cadre de la mondialisation, passant impérativement par une mutation systémique. Aussi faut-il éviter l’euphorie de certains, car en perpétuant le statu quo et sans changement profond, le risque réel est l’accélération des tensions sociales différées par la distribution de la rente des hydrocarbures sans contreparties productives conduisant à terme le pays au suicide collectif.

D’où les huit propositions suivantes, quitte à me répéter :

1 – L’Algérie doit engager de véritables réformes structurelles et notamment les réformes du système politique, centre névralgique de la résistance au changement et à l’ouverture en choisissant clairement entre un régime parlementaire ou présidentiel afin de responsabiliser les acteurs politiques.

2 – Réaliser la réforme de la justice par l’application et l’adaptation du droit par la lutte contre la corruption qui se socialise et devient un danger pour la sécurité nationale, devant synchroniser le contrôle populaire, parlementaire et le contrôle technique.

3 – Les réformes du système éducatif, centre d’élaboration et de diffusion de la culture et de l’idéologie de la résistance au changement et à la modernisation du pays misant sur le nombre au détriment de la qualité et donnant un système socio-éducatif non adapté.

4 – Procéder aux réformes du secteur des hydrocarbures, source de rente et objet de toutes les convoitises, et de l’agriculture par une nouvelle politique foncière et une politique de gestion de l’eau.

5 – Facteur de cohésion sociale, il s’agira d’avoir une nouvelle gestion des stratégies sociales, devant revoir la gestion des caisses de retraite et de la Sécurité sociale.

6 – S’attaquer à la réforme du système financier qui est un préalable essentiel à la relance de l’investissement national et étranger, les banques publiques et privées étant au cœur d’importants enjeux de pouvoir entre les partisans de l’ouverture et ceux de la préservation des intérêts de la rente, étant considérée, à juste titre, comme l’indice le plus probant de la volonté politique de l’État algérien d’ouvrir ou non l’économie nationale à la libre entreprise.

7 – Intégrer la sphère informelle contrôlant 40% de la masse monétaire en circulation et 65% des segments des produits de première nécessité.

8 – Et enfin adapter l’Algérie aux nouvelles mutations mondiales en analysant les impacts de l’accord d’association avec l’Europe applicable depuis le 1er septembre 2005 et son éventuel adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), dans le Maghreb, pont entre l’Europe et l’Afrique, son espace social naturel.

Justement, le système financier algérien, pilier des réformes, n’est-il pas obsolète ?

C’est une évidence d’affirmer que le système financier algérien a besoin d’être réformé, puisqu’il n’existe pas de banques accompagnant les véritables investisseurs et pas de véritable bourse des valeurs. Il y a une hérésie économique des entreprises étatiques dominantes souvent déficitaires achetant des entreprises étatiques déficitaires. Ni Sonatrach, ni Sonelgaz, ni aucune grande entreprise privée comme Cevital n’est cotée en bourse. À partir de là, il faut parler de refondation du système financier. La société des hydrocarbures ne créait pas de richesses ou du moins très peu. Elle transforme un stock physique en stock monétaire (champ de l’entreprise) ou contribue à avoir des réserves de change qui, du fait de la faiblesse de capacité d’absorption, sont placées à l’étranger. La richesse ne peut apparaitre que dans le cadre de la transformation du stock de monnaie en stock de capital, et là est toute la problématique du développement, puisque cette transformation n’est plus dans le champ de l’entreprise mais se déplace dans le champ institutionnel (problème de la répartition). Dans cette relation, le système financier est-il passif ou à l’inverse actif ? Un système, par définition, n’est jamais neutre, il porte toujours en lui un ou plusieurs enjeux. Le système financier algérien porte en lui la substance de l’enjeu du fait qu’il cadre parfaitement la politique économique développée jusqu’à présent et son corollaire, les sources et les modalités de son financement ; du fait que l’on a affaire à une économie de nature publique au sens ou la totalité des activités quelles que soient leur nature se nourrissent de flux budgétaires, c’est à dire que l’essence même du financement est liée à la capacité réelle ou supposée du Trésor. L’analyse des lois de finances de l’année et des lois de finances complémentaires, et les modalités de répartition du budget de l’État sur la période 2000-2017 avec le déficit budgétaire, avec les risques de tensions inflationnistes à l’avenir que l’on comprime artificiellement par des subventions transitoires, le prouvent si besoin est. On peut considérer que les conduits d’irrigation, les banques commerciales et d’investissement, opèrent non plus à partir d’une épargne puisée du marché, éventuellement un reliquat du travail, mais par les avances récurrentes (tirage: réescompte) auprès de la Banque d’Algérie pour les entreprise publiques qui sont ensuite refinancées par le Trésor public en la forme d’assainissement (rachat des engagements financiers des EPE auprès de la Banque d’Algérie, plusieurs dizaines de milliards de dollars entre 1991/2016 alors que plus de 70% de ces entreprises sont revenues à la case de départ). En ce qui concerne la majorité des entreprises privées dont plus de 80% ont une organisation familiale peu ouverte au management stratégique, il en existe, certes, mais ce sont des exceptions. Sans vouloir les stigmatiser, une analyse rapide de leur structure du capital et de leur structure de financement montre à l’évidence qu’elles sont dans des positions d’endettement vis-à-vis du système financier. Que ce soit pour leur investissement ou leur exploitation courante, elles sont entièrement dépendantes de la « monnaie hydrocarbure ». C’est un système économique construit sur un ensemble de réseaux portés par des intérêts financiers individuels à court terme, développant ensuite à long terme des stratégies d’enracinement. La théorie de l’enracinement nous enseigne que les élites créent des situations et des processus de manière à ce qu’elles se considèrent, à juste titre, indispensables. Cet enracinement n’est possible en réalité que par le fait de l’absence de définition de stratégie économique. Les erreurs de management quotidien sont couvertes grâce au transfert financier qui transite par le système financier et qui irrigue le système économique. C’est la répartition de la rente par les canaux ou les conduits du système financier. Si on construit un graphique avec en ordonnées une échelle de date (1980-2016) et en abscisses le prix du baril de pétrole (0-130 dollars), à prix constants, on trace suite une courbe, on remarque parfaitement les moments de stagnation et de régression d’une part et les moments d’avancées. Il y a une corrélation étroite entre : plus le prix du pétrole est bas, plus il y a émergence de potentiel de développement en ressources matérielles et ressources humaines. En revanche, plus le prix du pétrole s’accroît plus le potentiel de développement décélère, stagne et tend au final à régresser si le renchérissement du prix du baril de pétrole perdure.

Quelle est votre impression concernant la Loi de Finances 2017, notamment les taxes supportées par les couches les plus défavorisées ?

La Loi de Finances 2017 qui vient d’être adoptée par l’APN n’est qu’un document comptable relevant de la finance publique, retraçant les dépenses et les recettes, l’Algérie ayant besoin avant tout d’une vision stratégique qui fait cruellement défaut. Le projet de loi de finances fait une projection sur les trois prochaines années sur la base d’un prix de référence du baril à 50 dollars en 2017, 55 en 2018 et 60 dollars le baril en 2019 avec un cours de la devise nationale de 108 dinars le dollar et une inflation moyenne de 4%. Le taux de croissance serait de 3,9% en 2017, de 3,6% en 2018 et de 4,3% en 2019. Or, selon le rapport Perspectives de l’Économie mondiale présenté le 4 octobre 2016 par le Fonds monétaire international (FMI), le PIB algérien devrait passer de 3,6 en 2016 à 2,9 en 2017. Mais le plus inquiétant est que le gaz traditionnel représentant un tiers des recettes de Sonatrach avec une révision de 50% en 2020, selon le FMI, a atteint son cours le plus bas en douze ans en raison de la chute des cours du pétrole, certes, mais également par la vigueur de l’offre russe en gaz naturel et par l’affaiblissement de la demande asiatique. La loi de finances est établie sur la base des prévisions du FMI qui le prévoit pour 2017 à 50/51 dollars. Le projet de budget prévoit un montant de 5.635,5 milliards de dinars (mds DA) de recettes, soit une hausse de près de 13% par rapport à celles de l’exercice 2016 avec pour la fiscalité ordinaire un montant de 2.845,4 mds et pour la fiscalité pétrolière prévue à 2.200 mds DA. En dépenses, le projet de budget prévoit un montant de 6.883,2 mds DA réparti entre 4.591,8 mds DA pour le volet fonctionnement et 2.291,4 mds DA en crédits de paiements pour le volet équipement. Ainsi, le solde global du Trésor affiche un déficit de 8%, contre un déficit de 15% en 2016 du fait que le cours plancher n’est plus 37 dollars mais 50 dollars. Malgré les contraintes financières pour 2017, 1.630,8 mds DA seront alloués aux transferts sociaux (23,7% du budget de l’année 2017) répartis ainsi : 413,5 mds DA pour le soutien aux familles, essentiellement à travers la subvention des prix des produits de base (céréales, lait, sucre et huiles alimentaires), 330,2 mds DA pour le soutien à la santé et 305 mds DA aux programmes nationaux de logement.

Quelles sont les différentes taxes contenues dans la Loi de Finances 2017 ?

Le ministre des Finances a rappelé que le gouvernement compte sur une augmentation des recettes hors hydrocarbures de 11% suite à la hausse de la base fiscale et à l’amélioration du recouvrement, ajoutant que les dépenses publiques seront plafonnées autour de 6800 milliards durant les trois prochaines années. Par ailleurs, il est demandé au Gouvernement de s’atteler à la réforme de la fiscalité et des finances locales pour accompagner les missions nouvelles dévolues aux collectivités locales en matière de promotion de l’investissement et d’accompagnement de l’activité économique.

Les différentes taxes sont les suivantes :

a. Le texte propose notamment une augmentation de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) la portant de 17% à 19% pour le taux normal et de 7% à 9% pour le taux réduit, une augmentation qui devrait permettre au Trésor public, selon le Gouvernement, d’engranger une plus-value fiscale de 110 milliards de dinars.

b. La LF 2017 prévoit l’augmentation des tarifs actuels de la Taxe sur les produits pétroliers (TPP) de 1 à 3 DA/litre respectivement pour le gasoil et les trois types d’essence. Le relèvement de la TPP devrait permettre au Trésor d’encaisser une plus-value de 42,49 mds DA dont 30,36 mds DA pour la TPP et 12,13 mds DA pour la TVA, car toute hausse des prix engendre automatiquement une hausse des produits de la TVA. Ainsi, la TPP de l’essence super et sans plomb sera de 9 DA/l au lieu de 6 DA actuellement (soit une hausse de 50%), et celle de l’essence normal passera à 8 DA/l au lieu de 5 DA actuellement (+60%), alors que la TPP sur le gasoil passera à 2 DA/l au lieu de 1 DA actuellement (+50%). Ainsi, le prix de vente en détail de l’essence normale sera de 32,47 DA/litre (+14,11% par rapport au prix actuel), celui du super à 35,49 DA/litre (+12,94%), celui de l’essence sans plomb à 35,08 DA/litre (+13,08%) et du gasoil à 20,23 DA/litre (+7,85%), selon le PLF

c. Le projet de loi institue une Taxe d’efficacité énergétique (TEE) applicable aux produits importés ou fabriqués localement fonctionnant à l’électricité, au gaz et aux produits pétroliers. Son taux variera entre 30% et 60% selon la classification. Cette taxe bénéficiera à hauteur de 90% au budget de l’État. Les 10% restants seront reversés au profit du fond national de maîtrise de l’énergie et pour les énergies renouvelables et de la cogénération. Ce qui permettra au Trésor public de percevoir environ 10,7 mds DA (9,2 mds DA en TEE et 1,5 mds DA en TVA).

d. Il est prévu d’instituer une autre augmentation de la taxe sur les recharges téléphoniques pour la faire passer de 5 à 7%.

e. La taxe intérieure sur la consommation sera étendue et relevée pour certains produits, la TIC concernant notamment les produits de luxe, le tabac, les fruits exotiques, le saumon et le caviar. La TIC passe ainsi pour la partie fixe de 1.260 DA/kg à 1.760 DA/kg pour le tabac blond et à 2.470 DA/kg pour les cigares alors que le taux proportionnel de cette taxe reste inchangé à 10% pour chaque paquet de cigarettes. La TIC augmente par ailleurs à 30% pour d’autres produits de luxe comme les véhicules tout-terrain et les cylindrés supérieurs à 2.000 cm3 et inférieurs à 3.000 cm3.

f. Il est prévu une taxation des marges sur les opérations de vente et livraison de biens meubles d’occasion. Cela concernera notamment le marché des véhicules d’occasion. Le but est d’organiser ce segment en réduisant le marché particulier tout en assurant de nouvelles recettes pour l’État.

g. La location des habitations individuelles sera soumise à un nouveau taux de 10% d’imposition sur le revenu global (IRG). Dans le même temps, les plus-values sur les cessions d’immeubles bâtis se verront imposées à hauteur de 5% (IRG) libératoire d’impôt. Ce prélèvement pourra néanmoins faire l’objet d’abattements (jusqu’à 100%) selon la durée de conservation du bien.

I. Pour ce qui est des droits de timbre, il est prévu une  »procédure accélérée » qui permet de délivrer le passeport biométrique dans un délai maximum de huit jours de la date de dépôt de la demande, contre le paiement d’un timbre de 25.000 DA pour le livret de 28 pages et de 60.000 DA (45.000 dinars dans le projet de loi) pour celui de 48 pages, dans le cadre d’un amendement adopté par les députés.

j. Il est prévu des avantages fiscaux accordés au profit des sociétés de production de véhicules industriels, à l’importation de parties, accessoires et composants qui font partie des collections destinées aux industries de montage ou celles dites CKD, avantage qui serait étendu à l’ensemble des sociétés de production activant dans le domaine de l’assemblage et du montage agréées par le ministère l’Industrie et des Mines. Dans le même ordre d’idée, l’avantage temporaire applicable actuellement depuis le 1er janvier 2015 pour une durée de trois ans, devrait être remplacé par un avantage permanent pour les acteurs du secteur.

N’oublions pas que le dérapage du dinar pour ne pas dire dévaluation par rapport au dollar gonfle la fiscalité pétrolière (vente en dollars) et par rapport à l’euro la fiscalité ordinaire, les taxes à la douane s’appliquant à un dinar dévalué. Avec un cours de 75 dinars un dollar et 85 dinars un euro, le déficit du trésor dépasserait 20 milliards de dollars. Comme le fonds de régulation des recettes est épuisé en 2017, tout accroissement des dépenses par rapport aux recettes prévues accroîtra le déficit budgétaire avec un impact inflationniste. À l’avenir, si le cours se maintient entre 45/55 dollars, la généralisation des subventions, injuste par définition, sera intenable financièrement, impliquant un ciblage pour les plus démunis et les secteurs que le gouvernement veut encourager transitoirement.

Face aux tensions budgétaires, afin de rapprocher les citoyens de leurs préoccupations, pouvez-vous nous rappeler vos propositions pour une réorganisation centrale et territoriale de l’Algérie ?

Il s’agira de synchroniser la gouvernance centrale et la gouvernance locale. La pression démographique souvent oubliée sera le principal défi des années à venir avec l’accroissement des besoins sociaux posant la problématique des liens entre développement et sécurité. La crise liée à la chute du prix des hydrocarbures et les conséquences sur le budget de l’État impliquent la révision des politiques menées, car l’ère des transferts des budgets de l’État pour pallier les déficits de gestion est révolue. Ces actions synchronisées doivent avoir pour objectif de rapprocher l’État du citoyen pour satisfaire la demande sociale en croissance. Cela signifie qu’il existe une solution locale aux problèmes locaux et que celle-ci est nécessairement meilleure qu’une solution nationale généralisée. Outre la refonte du statut de l’administration tant centrale que locale, il va sans dire que les prérogatives nouvelles qui en découleront pour l’autorité locale ne pourront s’exercer que si elles sont accompagnées par une réforme des finances locales, devant imaginer un système de péréquation entre les APC riches et les APC les plus pauvres. Dans le même temps, l’État doit sauvegarder ses missions fondamentales de garant de tout ce qui constitue les intérêts de la communauté nationale (cohésion et justice sociale, sauvegarde du patrimoine public, égalité des chances pour l’épanouissement de tous les citoyens…). En effet, l’autonomie de la gestion locale ne peut s’exercer que dans le respect des politiques et stratégies que met en œuvre l’État, tant pour régler et orienter le développement économique et social du pays, que pour aider et organiser le développement équitable et la bonne gestion de toutes les composantes de l’espace national. Tirons les leçons de toutes ces tensions sociales qui se manifestent à travers la majorité des wilayas (voir les derniers rapports 2016 alarmants de la gendarmerie nationale et de la DGSN). Il existe un lien dialectique entre sécurité et développement, entendu développement multidimensionnel, à ne pas circonscrire uniquement à l’Économique, vision bureaucratique matérielle du passé, ce qui serait une grave erreur politique.

Dans ce cadre, je propose la réorganisation centrale et territoriale suivante que je propose aux autorités du pays, renouvelant mes propositions déjà formulées en 2004.

1. L’Algérie ayant opté, selon la Constitution, pour un régime semi-présidentiel, je préconise la création de grands départements au niveau de la présidence de la République chargés d’élaborer la stratégie socio-économique en symbiose avec l’organisation gouvernementale.

2. De grands ministères avec des secrétariats d’État techniques chargés du suivi de la stratégie, le Parlement et le Sénat étant chargés des lois appropriées et du contrôle démocratique.

3. Afin de débureaucratiser tant la société que l’économie au niveau régional, la création de cinq grands pôles régionaux (Est – Centre – Ouest – Sud-est et Sud-ouest), avec un gouverneur chargé non pas de gérer mais de représenter l’État central assisté de walis managers, évitant de puiser toujours dans l’école nationale d’administration. L’objectif est de manager et non de bureaucratiser : connaissez-vous le nom du préfet de Paris, de Bordeaux et de New York ? Évidemment non, mais tout le monde connaît le président du conseil régional et le maire de Paris ou de Bordeaux et le maire ou le gouverneur de New York. L’objectif est une véritable décentralisation et non déconcentration, qui favorisera une société plus participative et citoyenne.

4. Chargées de l’exécution, ce sont les entreprises qui créent la richesse et non l’administration, et la mise en œuvre concrète de projets à valeur ajoutée. La structure qui me semble la plus appropriée pour créer ce dynamisme, ce sont les chambres de commerce régionales (plusieurs wilayas). Comment serait organisée cette structure régionale opérationnelle ?

5. Les représentants de l’État jouant le rôle de facilitateurs, les présidents d’APC, les représentants de la société civile, les organisations patronales privées (qui doivent aller vers des unifications par branches d’activité, y compris le FCE qui n’est qu’une organisation parmi tant d’autres), les entreprises publiques, les banques, les centres de formation professionnelle, et les universités/centres de recherche. L’action des chambres de commerce, seul interlocuteur des pouvoirs publics tant au niveau national et régional (élection d’un conseil d’administration national et régional), lieu de concertation et d’impulsion pour la concrétisation de projets serait quadruple :

a. Premièrement, dynamiser les infrastructures de base et préparer des sites confiés à des agences de promotions immobilières publiques et privées.

b. Deuxièmement, mettre à la disposition des sociétés une main-d’œuvre qualifiée grâce à un système de formation performant et évolutif allant des ingénieurs aux gestionnaires, aux techniciens spécialisés et ce, grâce aux pôles universitaires et des centres de recherche, évitant ce mythe d’une université par wilayas. L’apprentissage en dynamique est un capital humain pour de futures sociétés qui s’installeraient dans la région, une société installée payant des impôts qui couvriront largement les avances en capital de la formation avancée. Cette formation devra être adaptée pour tenir compte de la norme qualité standard, le label qualité étant exigé pour tout exportateur en direction de l’Europe, de l’Amérique, de l’Afrique ou de l’Asie. Ainsi, nous assisterions à une symbiose entre l’université et les entreprises. Car les sociétés ont besoin de l’accès aux chercheurs et aux laboratoires pour les tests d’expérimentation et l’université a besoin des sociétés comme support financier pour améliorer la recherche. Les étudiants vivent ainsi la dialectique entre la théorie et la pratique.

c. La troisième action est de favoriser des entreprises souples reposant sur la mobilité et les initiatives individuelles. Des tests ont montré que l’initiative personnelle, pour certains produits, permet d’économiser certains équipements (donc d’avoir un amortissement moindre dans la structure des coûts) et de faire passer le processus de sept (7) minutes (420 secondes) à 45 secondes, soit une économie de temps de plus de 90% améliorant la productivité du travail de l’équipe. Ce qu’on qualifie d’équipes autodirigées.

d. La quatrième action, la chambre de commerce intensifierait les courants d’échange à travers différentes expériences entre les régions du pays et l’extérieur, et l’élaboration de tableaux de prospectifs régionaux, à l’horizon 2016/2020/2030. La mise à la disposition des futurs investisseurs de toutes les commodités nécessaires ainsi que des prestations de services divers (réseau commercial, loisirs) est fondamentale. Cette symbiose entre ces différentes structures et certains segments de la société civile doit aboutir à un tableau de bord d’orientation des futures activités de la région, afin de faciliter la venue des investisseurs.

On devra impérativement prendre en compte les facteurs sociaux et culturels devant procéder à une réorganisation institutionnelle du sommet à la base en se fondant sur un État régulateur et non gestionnaire, se fondant sur le trio stratégie/suivi de la stratégie/exécution. Cette nouvelle organisation ne devant pas être imposée mais se faire progressivement et en concertation avec les populations locales – spécificités régionales (propositions contenues dans les documents remis en arabe-anglais-français à la Présidence de la République lorsque j’ai été invité pour la révision constitutionnelle). La pleine réussite de ce processus complexe éminemment politique implique de poser le rôle de l’État et son articulation avec le marché dans la future stratégie socio-économique, ce qui renvoie au mode de gouvernance tant local qu’international. L’ensemble des actions citées précédemment implique une vision stratégique, d’où l’importance d’un organe de planification stratégique sous l’autorité du Président de la République ou du Premier Ministre et non d’actions conjoncturelles, d’une réorganisation tant territoriale que gouvernementale autour de grands pôles régionaux et de grands ministères, notamment économie/éducation/recherche scientifique.

Dans le cadre de la mise en œuvre des dispositions de l’article 202 de la Constitution, le président Abdelaziz Bouteflika a procédé, par décret présidentiel en date du 14 septembre 2016, à la nomination de la composante de l’Organe national de prévention et de lutte contre la corruption. Qu’en pensez-vous ?

Je ne saurais trop insister que le contrôle efficace doit avant tout se fonder sur un État de droit, avec l’implication des citoyens à travers la société civile, une véritable opposition sur le plan politique, une véritable indépendance de la justice, tout cela accompagné par une cohérence et une visibilité dans la démarche de la politique socioéconomique, un renouveau de la gouvernance au niveau global afin de délimiter clairement les responsabilités. Cela impliquera plus de moralité des dirigeants au plus haut niveau pour un sacrifice partagé afin d’éviter le divorce État/citoyens. Si l’on veut lutter contre la corruption, notamment contre les surfacturations, les transferts illégaux de capitaux, rendre le contrôle plus efficient, il y a urgence de revoir le système d’information qui s’est totalement écroulé depuis des décennies, posant la problématique d’ailleurs de la transparence des comptes, y compris une grande société comme Sonatrach. Ayant eu à diriger un audit financier avec une importante équipe d’experts et l’ensemble des cadres de Sonatrach sur cette société, il nous a été impossible de cerner avec exactitude la structure des coûts de Hassi R’mel et Hassi Messaoud tant du baril du pétrole que le MBTU du gaz arrivé aux ports, la consolidation et les comptes de transfert de Sonatrach faussant la visibilité. Sans une information interne fiable, tout contrôle externe est difficile et dans ce cas la mission des institutions de contrôle dont celle de la Cour des comptes serait biaisée. Dans les administrations, disons que c’est presque impossible du fait que leurs méthodes de gestion relèvent de méthodes du début des années 1960 ignorant les principes élémentaires de la rationalisation des choix budgétaires. Effectivement, récemment, dans le cadre de la mise en œuvre des dispositions de l’article 202 de la Constitution, le président Abdelaziz Bouteflika a procédé par décret présidentiel à la nomination de la composante de l’Organe national de prévention et de lutte contre la corruption. Signalons qu’il existe d’autres textes de loi traitant également de la lutte contre la corruption, comme la loi sur la monnaie et le crédit relative à la répression des infractions de change et des mouvements des capitaux de/et vers l’étranger. Il s’agira impérativement d’éviter le télescopage de tous ces organes, notamment de l’organe chargé de la corruption, et de la Cour des Comptes, deux institutions stratégiques prévues par la Constitution. Pour la Cour des Comptes, dont le rôle est stratégique dans la majorité des pays développés où existe un État de droit, en Algérie, elle est sous-encadrée. Elle était composée en 2014 d’environ 100 magistrats financiers ne pouvant pas contrôler environ 17.000 entités (administration et entreprises publiques), notant que le contrôle de Sonatrach uniquement nécessiterait 200 magistrats financiers. Ayant eu l’occasion de visiter ces structures au niveau international et de diriger en Algérie par le passé (entre 1980/1983 pendant la présidence de feu docteur Amir, ex-secrétaire général de la présidence de la République) en tant que magistrat premier Conseiller et Directeur Général des études économiques à la Cour des Comptes, trois importants audits sur l’efficacité des programmes de construction de logements et d’infrastructures de l’époque, et sur les surestaries au niveau des ports et les programmes de développement des wilayas, en relation avec le ministère de l’Intérieur et celui de l’Habitat, assisté de tous les walis de l’époque, je ne saurais donc trop insister sur son importance en évitant, comme par le passé, qu’elle ne soit instrumentalisée à des fins politiques. Concernant les responsabilités, il y a lieu de tenir compte que l’Algérie est toujours en transition depuis 1986, sans économie de marché ni économie planifiée, un lien dialectique existant entre la logique rentière bureaucratique et l’extension de la sphère informelle qui draine plus de 50% de la masse monétaire en circulation et qui accapare autant pour la superficie économique (voir mon étude réalisée pour l’Institut français des Relations Internationales IFRI décembre 2013 – Poids de la sphère informelle au Maghreb). C’est cette interminable transition qui explique les difficultés de régulation, posant d’ailleurs la problématique de la responsabilité du manager de l’entreprise publique en cas d’interférences ministérielles, donc du politique, où la loi sur l’autonomie des entreprises publiques de 1990 n’a jamais été appliquée.

Dans ce cas, la responsabilité n’est-elle pas collective et ne renvoie-t-elle pas au blocage systémique, les managers prenant de moins en moins d’initiatives ?

Cela explique la bureaucratisation de la société avec des contraintes au niveau du climat des affaires qui bloque les initiatives créatrices, notamment celles du secteur privé, et ce, en référence aux libertés économiques. Parmi les facteurs favorisant la liberté économique, il y a la taille du gouvernement, la structure juridique du pays en matière de protection des biens de propriété, la valeur de la monnaie, le libre-échange avec les pays du reste du monde et la réglementation des crédits, du travail et des entreprises. Le rapport publié par la Fondation Heritage et le Wall Street Journal pour l’année 2015, en date du 25 janvier 2016, classe les 178 pays étudiés en 5 grandes catégories sur une échelle allant de 40 points (les moins libres) à 100 points (les plus libres) : « libres » (80-100 points), « plutôt libres » (70-79,9 points), « modérément libres » (score 60-69,9 points), « plutôt pas libres » (50-59,9 points) et « réprimant la liberté » (40-49,9 points). L’Algérie a été déclassée de onze places, la 157ème position sur 178 pays. Ce rapport place l’Algérie dans la catégorie des pays où la liberté économique est « réprimée » avec un score global de 48,9 points, soit 1,9 point de moins que l’année 2014, ce score global restant inférieur à la moyenne aussi bien régionale que mondiale. Le think tank canadien Fraser Institute dans son édition de 2016, classe l’Algérie à la 151e place sur 159 pays avec un score de 5,15/10. En matière de taille du gouvernement, l’Algérie est classée 157e, pour la liberté de commerce 154e, le système légal pour le droit de propriété à la 106e place et pour la force de la monnaie à la 113e. Cela explique le manque d’esprit des entreprises qui est fondé sur le risque et la déperdition des entreprises productives. Aussi, sans une transparence dans la gestion et une nette volonté politique de lutte contre la corruption, il ne peut y avoir de développement en Algérie impliquant une profonde moralisation de la société.

Les PMI/PME dans la majorité des pays sont le socle du développement. Pouvez-vous nous rappeler les propositions que vous avez émises pour le gouvernement algérien afin les dynamiser ?

La nouvelle loi sur les PME n’aura aucun impact sans de profondes réformes structurelles d’ensemble et une vision stratégique d’adaptation au nouveau monde. Aussi je formule dix propositions. Ce sont les propositions sur la dynamisation des PMI/PME émises lors de la rencontre du 06 novembre 2014 au Palais des Nations devant le Premier Ministre et les membres du gouvernement, au moment ou je préconisais un comité de crise pour parer à la baisse du cours des hydrocarbures.

Premièrement, créer une Agence de service aux petites entreprises de moins de 20 salariés. L’environnement juridique, administratif, fiscal et social est particulièrement complexe et instable pour une très petite entreprise. En qualité d’employeur, une TPE est aujourd’hui en relation avec plusieurs dizaines d’organismes. Pourquoi ne pas s’inspirer du Small Business Service, interlocuteur administratif unique pour les très petites entreprises, créé par le gouvernement britannique ?

Deuxièmement, pour le délai de paiement, je propose d’imposer une loi, si nécessaire, ou un décret exécutif pour le paiement aux PME à moins de 30 jours à compter de la date de livraison. Une telle décision permettra aux PME de recouvrer les milliards de dinars de trésorerie pour toutes les livraisons aux grandes entreprises et pour tous les marchés passés avec les collectivités publiques, les longs retards accumulés dans le paiement devenant étouffants, en supposant de revoir les procédures des finances publiques.

Troisièmement, il s’agira de réduire le délai de remboursement de la TVA aux PME à 15 jours maximum où il devra être exigé que l’administration fiscale rembourse dans les 15 jours la TVA aux PME, sauf interrogation motivée sur un risque de fraude. En cas de dépassement, l’administration fiscale devra être pénalisée selon les mêmes modalités que celles appliquées aux entreprises.

Quatrièmement, il faudrait élargir les possibilités de financement des PME en introduisant le Leasing, le capital-développement, afin de financer les petites et moyennes entreprises à un stade peu avancé de leur expansion, car la majorité des entreprises familiales rechignent à chercher du capital à l’extérieur, et plus encore à entrer en Bourse d’Alger qui est d’ailleurs en léthargie depuis des années.

Cinquièmement, contraindre les grandes entreprises publiques dont Sonatrach et Sonelgaz notamment à réaliser de la sous-traitance par un co-partenariat. Il ne s’agit pas là de prendre des décisions administratives, mais d’en appeler à des changements de mentalité chez les dirigeants des grandes entreprises. À l’instar de ce qui se fait dans d’autres pays, les grandes entreprises algériennes fonctionnant d’ailleurs avec des fonds publics, pourraient s’appuyer sur des réseaux puissants de PME qui peuvent leur apporter des sous-traitants fiables, des innovations et des centres de recherches compatibles avec leurs propres activités. L’expérience allemande qui considère les PME comme des partenaires égaux, contrairement à la France où existe l’effet de domination, est intéressante à étudier.

Sixièmement, les règles comptables régissant les PMI-PME sont très lourdes et ne sont pas utiles à toutes les entreprises. On pourra donc s’orienter vers une comptabilité de trésorerie pour les entreprises de moins de 10/20 salariés. Cette mesure permettrait de réduire leurs charges administratives. Cependant, cela ne concerne pas les PMI/PME empruntant ou augmentant leur capital, qui devront répondre comme à l’heure actuelle aux demandes d’information des investisseurs et des banquiers.

Septièmement, il serait souhaitable de soumettre les petites PMI/PME à un régime fiscal et social spécifique, notamment pour ceux dont le chiffre d’affaires ne dépasse pas 10.000.0000 dinars avec un prélèvement libératoire de 10 à 15% assimilable à l’impôt sur le revenu, se substituant à tous les impôts directs.

Huitièmement, alléger la procédure des 49/51%, ce que j’ai demandé au gouvernement depuis 2010, et ce que vient d’annoncer le Premier ministre devant les walis le 13 novembre 2016, concernant le partenariat avec l’étranger pour les activités non stratégiques à lister, dont les petites et moyennes entreprises, en introduisant la minorité de blocage d’environ 30% et l’obligation d’un transfert technologique, managérial, et d’une balance devise positive pour l’Algérie.

Neuvièmement, faire un bilan du crédit documentaire Crédoc qui n’a pas permis de limiter la facture d’importation, ni de dynamiser le tissu productif et réintroduire le Remdoc pour certaines petites et moyennes entreprises et donc adapter les règles aux besoins du tissu économique algérien cas par cas, ce qui est prévu en principe dans la Loi de Finances 2017.

Dixièmement, au final, l’amélioration du climat des affaires en synchronisant la gouvernance centrale, locale, et la gouvernance d’entreprise. Cela passe par une lutte contre le cancer de la bureaucratie, la corruption, la réforme profonde du système financier. On devra éviter tant l’illusion monétaire que mécanique des années 1970, le système socio-éducatif devant reposer sur la qualité, le marché du travail conciliant flexibilité et protection sociale, et réformer le marché du foncier afin de pouvoir faire face à la concurrence internationale en termes de coût/qualité et donc à l’inexorable défi de la mondialisation.

Il existe une polémique actuellement sur la réforme des caisses de retraite en Algérie, qu’en pensez vous ?

Le Président de la République vient de décider le 01 décembre 2016 d’ajourner le départ à la retraite à plus de 60 ans, avec une période transitoire de 2 années, et toute personne ayant fait 32 ans d’activité peut partir à la retraite. Sans entrer dans des polémiques sur un sujet si sensible, devant tenir compte des arguments productifs des uns et des autres privilégiant les intérêts supérieurs du pays, en tenant compte tant de la situation financière du pays que des nouvelles mutations mondiales, il s’agit de modifier les pratiques collectives et réduire les à-coups sur l’emploi en accroissant la flexibilité des revenus et des temps de travail par une formation permanente pour permettre l’adaptation aux nouvelles techniques et organisations, dans le cadre de l’amélioration de la qualité qui s’est nettement détériorée. Une décentralisation de la gestion de l’éducation d’une manière globale est souhaitable afin de faire jouer la concurrence régionale et son adaptation aux besoins de la société, avec quatre (04) grand pôles d’excellence et éviter le mythe d’une université par wilaya. L’autre axe de la cohésion sociale est celui d’une nouvelle gestion de la sécurité sociale. Le financement de la protection sociale continue à être assis pour l’essentiel sur les cotisations sociales et absorbe les gains de productivité au détriment de l’emploi et des salaires directs. Force est de reconnaître qu’avec la baisse de la salarisation due à l’accroissement du chômage, cela pèse sur le compte de la sécurité sociale, le déficit étant couvert par des prêts à moyen terme qui sont supportés sur les générations futures. Aussi la pérennité du système risque d’être menacée à moyen terme et nécessite de profondes réformes structurelles. La notion d’équité a changé et l’accès à l’emploi doit être une priorité car la protection sociale actuelle accroît le chômage. Donc, ce n’est pas un changement d’assiette des prélèvements qui résoudra les problèmes mais dans la maîtrise de la dépense, aussi bien la dépense globale que la dépense remboursée, car dans cette sphère spécifique, celui qui consomme n’est pas nécessairement celui qui finance, et cela n’est pas neutre pour l’activité productive. Aussi, l’ensemble des dépenses de la sécurité sociale ne doit pas croître, en volume, plus vite que la croissance du Produit intérieur brut (PIB). Cette rationalisation des dépenses ne saurait signifier restriction aveugle afin de permettre de couvrir les besoins des plus démunis, supposant des enquêtes ciblées sur le terrain. Quant au système fiscal, le niveau de l’impôt direct dans une société mesurant le degré d’adhésion de la population, il y a urgence d’une nouvelle politique, car le système d’impôt est au cœur même de l’équité. Mais l’impôt peut tuer l’impôt, car il modifie l’allocation des ressources réalisée, notamment l’offre de capital et de travail ainsi que la demande de biens et services. Je déplore qu’aucune enquête précise quantifiée dans le temps ne mette en relief les liens entre la répartition du revenu national entre les couches sociales, l’évolution du processus inflationniste et le modèle de consommation, information indispensable. Un système fiscal efficace doit trouver le moyen de prélever des recettes en perturbant le moins possible les mécanismes qui conduisent à l’optimum économique, supposant une mutation de l’État providence. La population algérienne est passée de 12 millions en 1965, de 34 591 000 le 1er juillet 2008, à 37,5  millions d’habitants en 2010, 39,5 millions d’habitants au 1er janvier 2015, et  40,4 millions d’habitants au 1er janvier 2016. Dans une étude publiée par l’ONS fin 2015, la population active est de  9 493 millions d’habitants en 2005, 10 862 en 2010, 10 661 millions d’habitants en 2011, 11 964  en 2013, et 11 932 millions en 2015. La population en chômage pour la même période, toujours selon l’ONS, est de 15,3% en 2005, 10% en 2011, 11% en 2012, 9,8%  en 2012/2013, 10,6% en 2014 et  11,2% en 2015 avec un taux de chômage des jeunes de 29,9%, un taux de chômage de 9,9% en 2015 pour le sexe masculin et de 16, 6% pour le sexe féminin (dont le taux d’activité retenu est inferieur), incluant les sureffectifs, les empois temporaires et la sphère informelle. Selon l’enquête de 2013 de l’ONS, la structure de l’emploi selon le secteur d’activité fait ressortir un secteur tertiaire (commerce et services) en progression. Ce dernier absorbe 59,8% de la main d’œuvre totale, suivi par le BTP (16,6%), l’industrie (13,0%) et enfin l’agriculture (10,6%). Quant à la part de la fonction publique, selon la direction générale de la fonction publique, le nombre de fonctionnaires au 01 janvier 2015 est de 2.020.172 fonctionnaires dont 1.608.964 à temps plein (79,64%) et 411.208 agents contractuels (20,30%). Le ratio masse salariale sur le PIB a été en 2001  de 22,94%, en 2005 de 18,03%, en 2010 de 25,97%, en 2014 de 27,11% et en 2015 de 29,70%. À titre de comparaison, la France comptait 5.416.900 agents de la fonction publique fin 2014, dont 2.385.000 à la fonction publique d’État, 1.878.700 à la fonction publique territoriale, 1.152.000 à la fonction publique hospitalière. Juste derrière vient l’Allemagne et ses 4,9 millions d’agents publics. La part des fonctionnaires français dans la population reste toutefois nettement supérieure à la médiane européenne. Par contre, elle est loin derrière certains pays européens lorsque l’on considère le nombre d’agents publics pour 1000 habitants, avec 80 fonctionnaires pour 1000 habitants, se situant au même niveau que la Belgique, loin derrière le Danemark avec plus de 145 agents pour 1000 habitants, la Finlande avec 129,40 agents et la Suède avec 123,60. Le Maroc comptait 900.000 fonctionnaires pour 35 millions d’habitants en 2015 (ratio 25,7),  la Tunisie 630.000 fonctionnaires pour 11 millions d’habitants (69,3), alors que, selon le FMI, la Tunisie comptait 44 fonctionnaires pour 1 000 habitants en 2013, et le Maroc avait un ratio de 27 fonctionnaires pour le même nombre d’habitants. L’Algérie, contrairement à certaines supputations, a un ratio de 50,5 pour 2015, loin derrière les normes européennes. Mais un  ratio global peut voiler l’efficacité, il faut donc calculer l’optimalisation de la valeur de la fonction publique qui ne crée pas de valeur, excepté l’éducation et la santé indirectement, selon le rapport du PNUD et ce afin de rapprocher l’État du citoyen.

Interview réalisée par Mohsen Abdelmoumen

 Qui est le Professeur Abderrahmane Mebtoul ?

Le Professeur Mebtoul est un économiste algérien, professeur des Universités et expert International. Fils de feu un grand militant de la guerre de Libération nationale algérienne, il est un ancien émigré ayant effectué des études primaires, secondaires, une fraction du supérieur à Lille (France). Docteur d’État  en Sciences Economiques (1974), diplômé d’expertise comptable de l’Institut supérieur de Gestion de Lille (1973), il est membre de plusieurs organisations internationales, auteur de plus de 20 ouvrages, et conférencier de plus de 500 conférences nationales et internationales. Au cours de sa carrière, il a été officier d’administration à la route de l’unité africaine (1972/1973), Directeur d’Études au Ministère de l’Énergie/Sonatrach (1974/1979, 1990/1995, 2000/2006), ancien magistrat, premier Conseiller, directeur général des études économiques à la Cour des Comptes (1980/1983), président du Conseil algérien des privatisations au rang de Ministre Délégué (1996/1999), Directeur d’Études au cabinet de la Sûreté Nationale-DGSN (1997/1998), Expert conseil économique et social (1995/2007), Expert à la Présidence de la République (2007/2008), Expert indépendant auprès du Premier ministre (de janvier 2013 à ce jour) ayant dirigé plusieurs dossiers importants pour le compte des gouvernements algériens successifs de 1974 à 2016. Le Professeur Mebtoul est Expert indépendant depuis le 10 novembre 2016 pour des dossiers économiques auprès du Secrétaire Général du FLN, le président du FLN étant le Président de la République.

Published in English in American Herald Tribune, December 28, 2016:http://ahtribune.com/world/africa/1410-abderrahmane-mebtoul.html

In Oximity, partie 1:https://www.oximity.com/article/Prof.-Mebtoul-Toute-d%C3%A9stabilisati-1

Partie 2:https://www.oximity.com/article/Prof.-Mebtoul-Toute-d%C3%A9stabilisati-2

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