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22 novembre 2024

Attentats terroristes israéliens en Tunisie et en Angola


Publié par Gilles Munier sur 7 Janvier 2017,

Mohamed Zouari, ingénieur aéronautique tunisien

Par Xavière Jardez

Et c’est encore la Tunisie qui a été victime, dans sa souveraineté, sa sécurité, de cet acte terroriste israélien que la terminologie euphémistique des journalistes qualifie d’attentat ciblé pour justifier tout assassinat politique.

Le jeudi 15 décembre 2016, un homme est retrouvé criblé de balles dans sa voiture devant son domicile à Sfax. Il s’agit de Mohamed Zouari, 49 ans, directeur technique d’une société privée d’ingénierie mécanique, rentré en Tunisie, après la Syrie, à la suite de la « révolution du jasmin ». Selon les méthodes employées – gros calibre et silencieux, agents tunisiens et étrangers dont des journalistes israéliens – homme et/ ou femme comme appât- munis de passeport allemand (ça ne vous dit rien ?) – tout semble pointer vers Israël et ses méthodes d’éliminations de « personnages dérangeants».

Mohamed Zouari, citoyen tunisien, était un ingénieur aéronautique qui travaillait pour le Hamas et avait développé pour ce dernier un programme de drone aérien. Les services secrets israéliens – le Mossad – l’avaient désigné, il y a « plus de dix ans », à Damas, comme une cible potentielle, en raison des ses efforts pour développer et doter le Hamas et la bande de Gaza, sous blocus israélien, et le Hezbollah chiite d’armes plus sophistiquées, notamment un drone armé sous-marin destiné à des frappes contre les plateformes pétrolières et gazières d’Israël en Méditerranée. Sous surveillance constante du Mossad, celui-ci avait acquis la certitude qu’il était en contact régulier avec des experts techniques palestiniens et libanais. Parmi ces derniers figurait Hassan Lakkis, commandant du Hezbollah, premier producteur et fournisseur d’armes du parti chiite pour ses actions militaires contre l’entité sioniste. Lakkis a été assassiné devant chez lui, à Beyrouth, dans les circonstances similaires à celles de Zouari, le 3 décembre 2013. Et cette ressemblance ne laisse aucun doute sur l’identité des commanditaires de l’attentat, confirmée par un journaliste d’investigation de la chaine israélienne de TV 10, Alon Ben-David, dans un article du journal Maariv, le 27 décembre.

Les Tunisiens ont déjà fait l’expérience de la justice d’Israël car la liste des assassinats extrajudiciaires de ce pays est longue et sanglante. En 1988, un commando de tueurs israéliens, dont l’un des chefs était Ehud Barak qui deviendra premier ministre ensuite, débarqua à Tunis en pleine nuit et assassina Abou Jihad, de son vrai nom, Khalil al Wazir, numéro 2 du Fatah alors même que Reagan tente d’organiser une conférence internationale pour négocier la paix. Le Département d’Etat US condamne l’assassinat comme un « un acte d’assassinat politique ». Dans les manifestations qui suivirent, sept autres Palestiniens furent abattus par les forces israéliennes (1). Les Etats-Unis ne furent nullement prévenus de ce que mijotaient les Israéliens, tout comme ne le furent les Pakistanais lors de l’assaut sur Ossama Ben Laden à Abbottabad.

En 1996, le 5 janvier, le Mossad assassine l’ « Ingénieur » du Hamas, Yahya Ayash, en déclenchant des explosifs placés dans son téléphone portable pendant qu’il l’utilise. « Nous avons rencontré beaucoup de problèmes quand nous avons voulu aider l’Autorité Palestinienne à enquêter sur le crime, qui demandait d’analyser la scène du crime. Ni les officiers des services du Département, ni les Israéliens ne se sentaient concernés par cette enquête.(2) ».

Parmi les assassinats les plus honteux, les plus haineux figurent ceux de l’écrivain Ghassan Kanafani, figure littéraire du monde arabe et membre du Front populaire pour la libération de la Palestine et sa nièce de 17 ans dans leur voiture à Beyrouth en 1972, du Cheikh Ahmed Yassin, fondateur du Hamas, âgé de 67ans, en fauteuil roulant alors qu’il sortait de la prière dans une mosquée de Gaza, tuant neuf passants innocents dans l’opération, le 22 mars 2004, et le 17 avril, c’est au tour du successeur du Cheikh, Abdel Aziz al-Rantissi, un modéré du Hamas !

Certains assassinats n’ont pas eu ce côté spectaculaire, à la James Bond, qu’Israël recherche pour asseoir sa publicité et propagande. Notamment, celui Khaled Meshaal, chef du bureau politique du Hamas à Amman en Jordanie. En septembre 1997, les agents israéliens titulaires de faux passeports (encore) tentent de tuer Meshaal en lui injectant du poison dans l’oreille.

Pour une fois, les assassins seront capturés et le roi Hussein parle de les faire pendre si Israël ne fournit pas le contrepoison. Israël s’exécute et, parallèlement, libère le chef spirituel du Hamas, cheikh Yassin.

En 2010, à Dubaï, des agents israéliens, dotés de faux passeports de la Grande-Bretagne, Allemagne, France et Irlande, exécutent dans sa chambre d’hôtel un haut dirigeant du Hamas, Mahmoud al-Mabhouh. Le scandale que cette exécution provoqua fut immense en raison des pays occidentaux cités qui se virent impliqués, indirectement ou directement, par l’opération.

Et, tout dernièrement, un homme d’affaires libanais, Amine Bakri, a été tué, le 1er janvier 2017 de la même manière que Zouari, en Angola, à Luanda, et le président de la République libanaise, Michel Aoun, a accusé Israël d’en être l’auteur.

Si ces exécutions ont visé des individus, d’autres ont frappé des familles entières comme en 2002 avec le bombardement d’un immeuble d’habitation en pleine nuit dans la bande de Gaza pour assassiner le dirigeant du Hamas, Salah Shehada. Quatorze civils sont tués dont neuf enfants et 50 blessés alors qu’un cessez-le- feu devait prendre effet avec le Hamas et d’autres groupes palestiniens.

Les cas précités ne sont que les plus connus et la liste n’est pas exhaustive. Israël a, dès les années 70, commis toute une série d’assassinats de militants suspectés d’appartenir à l’organisation Septembre noir.

(1) Liste non exhaustive des assassinats de dirigeants palestiniens par Israël (Agence Media Palestine – 2013)

(2) Mossad’s Fingerprints on a Murder in Tunisia, par Fred Burton, Stratfor Report (31/12/16)

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