Revue de presse : Algerie Part (11/8/21)*
C’est une image terrible qui résume à elle-seule le profond sous-développement de notre pays. Oui, une simple image qui en dit long sur le fonctionnement encore archaïque de l’Etat algérien et son imprévoyance que l’on peut qualifier aisément de « criminelle » puisque le pays est en train d’affronter des feux de forêt d’une intensité extrême avec des moyens totalement rudimentaires. Cette image est celle de jeunes soldats appelés de l’Armée Nationale et Populaire (ANP) qui essaient d’éteindre les feux des incendies dans le massif forestier de Larbaâ Nath Irathen avec des pelles aidés et accompagnés par des habitants ou des villageois infortunés armés uniquement par des seaux d’eau transportés dans des brouettes.
Désolant et triste spectacle qui donne l’image d’un pays totalement dépourvu de moyens les plus élémentaires pour gérer des situations de sinistres et des catastrophes naturelles qui sont prévisibles notamment en raison des effets du réchauffement climatique et des risques élevés d’incendies dans tous les pays du pourtour méditerranéen qui sont signalés régulièrement par de nombreux climatologues dans d’incessants appels internationaux à la vigilance.
La protection civile algérienne ne possède pas de moyens de lutte ariens qualifiés, tels que les canadairs, pour venir à bout des feux de forêt qui ravagent le nord du pays. Depuis plusieurs années, des observateurs et des spécialistes de la protection des forêts et de l’environnement ont appelé les autorités algériennes à s’équiper en toute d’urgence de moyens modernes pour garantir la protection de la couverture végétale qui est réputée très inflammable en Algérie. Notre pays a été pressé de s’équiper en canadairs à l’instar des pays méditerranéens.
Malheureusement, les autorités algériennes n’ont jamais pris ce conseil très au sérieux. La protection civile algérienne n’a jamais anticipé le besoin en moyen aérien dans la lutte contre les feux de forêt. Jamais un plan de lutte contre les incendies de forêts n’a été discuté au Parlement algérien et l’Etat algérien n’a jamais réfléchi sur un programme d’acquisition des moyens logistiques les plus appropriés comme une flotte d’avions bombardiers d’eau.
Les derniers investissements consentis par l’Algérie remontent à la période de 2010-2014 au cours de laquelle notre pays a débloqué 100 millions de dollars entre 2010 et 2014 pour acheter six hélicoptères au profit de la Protection Civile. Avec une telle somme, l’Algérie aurait pu acquérir au moins 4 canadairs puisque chaque appareil de ces avions très utiles contre les incendies de forêt coûte environ entre 20 et 25 millions de dollars Us.
Ces mauvais choix des autorités algériennes ont perduré pendant longtemps et le pays est resté désarmé jusqu’à cette année 2021 où les feux de forêt sont devenus une source potentielle de catastrophes naturelles menaçant la sécurité nationale. Et pour gérer les urgences soulevées par les incendies gravissimes ayant ravagé les forêts de Tizi-Ouzou, l’Armée algérienne a été obligée de recourir à ses hélicoptères MI26 pour déverser de l’eau sur les incendies qui ravagent les forêts de plusieurs localités en Kabylie. Le Mi-26 est principalement sollicité pour des missions de transport de charges lourdes en soute ou par câbles. Il est capable de transporter des camions, des tanks, des avions ou d’autres hélicoptères. Quant au transport de personnes, le Mi-26 peut contenir jusqu’à 90 parachutistes ou 60 soldats blessés allongés. Pour faciliter le chargement et le déchargement, il est équipé d’une rampe à l’arrière. Il a aussi été engagé dans les conflits de l’ancienne URSS, principalement en Arménie et en Tchétchénie où deux modèles ont été abattus en 1992 et 2003. Il n’est donc pas réellement adapté à de telles opérations d’extinction des feux de forêts.
Au Maroc, notre voisin de l’ouest, les autorités ont anticipé le danger et ont fait preuve de bon sens puisque le pays est doté depuis 2013 d’au moins 5 canadairs. En effet, fin septembre 2013, les Forces Royales Air marocaines (FRA) avaient reçu le dernier lot d’avions bombardier d’eau de type Canadair CL-415 de lutte contre les incendies du constructeur aéronautique canadien Bombardier. Ce lot est composé de cinq avions spécialisés dans l’extinction des feux de forêts. Ces appareils ont renforcé la capacité du Maroc à lutter contre les grands feux de forêts avec ses propres moyens alors qu’il faisait auparavant appel appel à l’Espagne ou la France pour pouvoir maitriser certains incendies.
Les Canadairs sont des avions spécialisés dans la lutte contre les incendies. Ils sont dotés de deux soutes à deux compartiments d’une capacité totale de plus de 6000 litres. L’avion, plus connu sous le nom de Canadair, est utilisé un peu partout dans le monde.
C’est dire enfin que l’Algérie est très en retard par rapport à ses propres voisins qui ont des politiques beaucoup plus judicieuses et intelligentes en matière de préservation des massifs forestiers face aux risques élevés d’incendies. Notre pays doit en toute urgence corriger ces carences et se remettre sur les rails du développement. Autrement dit, les Algériens deviendront une proie facile pour les flammes des brasiers qui s’allumeront régulièrement à cause de plusieurs facteurs dont les effets désastreux du réchauffement climatique.
*Source : Algerie Part