Revue de presse : Le Trésor du breton (17/10/21)*
Depuis 1830, les armées françaises ont pris pied en Algérie. Elles mettront 17 ans à la conquérir. L’émir Abdelkader oppose une résistance farouche aux envahisseurs, en témoigne la bataille de Constantine qui fait l’objet d’une longue complainte en breton : Kemeridigezh Konstantin, kêr grenn meurbet eus an Afrik gant ar Frañsizien vaillant ( La prise de Constantine, ville moyenne de l’Afrique par les vaillants Français).
Le chef arabe local est bien sûr dépeint comme un tyran : Kruel evel un tigr ha kriz evel ur bleiz, Na selaoue nep propoz, na kennebeut nep rezon, N’en doa evit kundu nemet an draïzon (Cruel comme un tigre, impitoyable comme un loup, Imperméable à tout propos et fermé à la raison, il n’a pour conduite que la trahison).
La bataille s’engage avec une violence inégalée : Hon soudarded vaillant diouzhtu vel dre araj a gomañs da gombatiñ Evel tud gwall gounnaret ; mes ur vouled a lazh hor jeneral karet. (Nos vaillants soldats combattent comme enragés, mais un boulet tue notre général bien aimé). L’armée française perd trois généraux dans cette affaire et la prise de Constantine se passe dans le sang : Na weler nemet ravach, Revin, dallentiz sot holl gavis a ra dezho en em zifenn betek en o ziaes enep ar fransizien. (On ne voit que ruines, un aveuglement général les fit se défendre contre les Français jusque dans leur maison).
Ces corps à corps terribles rendent les soldats français incontrôlables : Allas hon soudardet kounnaret e pep poent, a sailh ‘barzh an tier hag a vasakr kerkent kement holl a rañkoñtront, gwazed, gwregez, bugale, ar goad vel rivieroù dre holl a ruilhe. (Hélas nos soldats furieux envahissent les maisons et massacrent tout le monde, hommes, femmes et enfants. Le sang roulait comme des rivières).
Le Morlaisien Alexandre Ledan qui signe cette gwerz tragique légitime complètement cette conquête en prônant l’union dans l’empire colonial français : Bezomp holl gwir Fransizien hag unanet a galon ha ra vezimp bepred e peoc’h, en union ! (Soyons tous Français et unis de coeur que nous vivions toujours en paix dans l’unité).
Une histoire douloureuse qui peut expliquer en partie les difficultés actuelles des relations franco-algérienne.
*Source : Le Trésor du breton