Parlement européen : la corruption au plus haut niveau ? – L’info
12 décembre 2022
12 Décembre 2022
Publié par El Diablo
le commentaire de Jean LÉVY
Parlement européen : ce que l’on sait de l’affaire de corruption présumée impliquant le Qatar
D’après Le Parisien, la police belge, a appréhendé l’eurodéputé Panzeri qui avait été condamné en 2017 par la Cour européenne de Luxembourg à rembourser 83 764 euros de dépenses indues au Parlement européen. Il est fondateur et président de l’organisation Fight Impunity, qui se dit « lutter contre l’impunité pour de sérieuses violations des droits humains » et pour la justice internationale….
Le Parisien précise que la Grecque Eva Kaili, l’une des quatorze vice-présidentes de l’institution, était arrêtée à son tour.
Selon le journal L’Echo, « plusieurs sacs remplis de billets » ont été découverts au domicile bruxellois de la vice-présidente.
Compte tenu de l’immunité dont jouissent les parlementaires européens, les interpellations ne sont en principe possibles qu’en prenant la personne en flagrant délit. Eva Kaili est une ancienne présentatrice de journaux de la télévision grecque, élue eurodéputée depuis 2014, et réélue en 2019.
Selon toujours Le Parisien, depuis le début de l’année, elle est vice-présidente, chargée, entre autres, des relations avec le Moyen-Orient.
Eva Kaili à la tribune du Parlement européen le 22 novembre. « Le Qatar est un chef de file en matière de droits du travail ».
Le procureur fédéral du royaume belge a confirmé qu’il s’agissait d’une possible corruption impliquant un État non identifié du Golfe et au moins un membre du Parlement européen.
Le Parisien poursuit : le bureau des assistants de deux députés du groupe S&D – Socialisme et Démocratie, les Belges Marc Tarabella et Marie Arena ont par ailleurs été fouillés par les enquêteurs et placés sous scellés.
Selon l’agence Belga, l’assistante parlementaire de l’ancienne ministre belge Marie Arena, d’origine italienne, travaillait il y a un an pour Fight Impunity. Un assistant parlementaire du groupe Parti populaire européen (PP) a également été interrogé.
Le « patron » mondial des syndicats, Luca Visentini, le secrétaire général fraîchement élu de la Confédération internationale des syndicats, a été également interpellé dans la matinée.
Du beau monde, en vérité.
Mais au-delà de ces vols et escroqueries, la corruption au quotidien revêt une autre forme : le lobbying, le démarchage des députés européens, pour qu’ils infléchissent leur vote dans le sens des intérêts de l’entreprise ou de la profession dont le Parlement européen discute.
Celui-ci, du fait de son rôle économique, est en relation étroite avec les groupes industriels et financiers. Les élus sont démarchés en permanence par des milliers de solliciteurs, qui défendent les intérêts de leurs patrons, à l’affût des moindres mesures touchant leurs affaires.
Cela s’appelle le lobbying.
Et je te fais pression pour introduire une modification au texte en discussion, quand celui-ci va trop loin – ou pas assez, – dans l’intérêt du capital.
Et de justifier cette pratique :
RAPPORT D’INFORMATION
DÉPOSÉ
en application de l’article 145 du Règlement
PAR LA COMMISSION DES AFFAIRES ÉCONOMIQUES,
DE L’ENVIRONNEMENT ET DU TERRITOIRE
sur le lobbying
Quand, par méconnaissance du terrain, la loi devient inapplicable
Quand les partenaires aux mêmes objectifs s’opposent faute de dialogue.
Les parlementaires ne peuvent tout connaître seuls.
Les pays performants et modernes développent, eux, le lobbying.
Les élus manquent de culture économique
Ces démarchages auprès des députés européens s’accompagnent parfois (souvent ?) de cadeaux pour les remercier – ou les inciter – à « bien voter » un texte encore plus favorable aux entreprises.
On ne refuse pas un voyage, un objet, parfois des gros billets…
Mais l’escroquerie la plus répandue, pour les députés européens, c’est de faire croire qu’ils sont là pour l’intérêt de leur pays, dont ils ont bradé la souveraineté.
C’est l’escroquerie la plus répandue.
JEAN LÉVY
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VOIR ÉGALEMENT L’ARTICLE CI-DESSOUS:
Corruption au Parlement européen : Eva Kaili suspendue de ses fonctions de vice-présidente
Exclue du Parti socialiste grec le soir de son arrestation, le 9 décembre, Eva Kaili s’est vu retirer provisoirement les tâches que lui avait déléguées la présidente Roberta Metsola, a annoncé un porte-parole.
Une opération anticorruption de la police belge au Parlement européen, en lien avec le Qatar, a suscité de très vives réactions à Bruxelles, élus et ONG appelant à débattre en urgence d’une amélioration des règles d’éthique dans cette grande institution de l’UE.
Dans la soirée du 10 décembre, le Parlement a annoncé la première sanction dans cette affaire : la Grecque Eva Kaili, interpellée la veille au soir par la police, s’est vu retirer provisoirement les tâches que lui avait déléguées la présidente Roberta Metsola, comme celle de la représenter dans la région Moyen-Orient.
« À la lumière des enquêtes judiciaires en cours menées par les autorités belges, la présidente Metsola a décidé de suspendre avec effet immédiat tous les pouvoirs, devoirs et tâches qui ont été délégués à Eva Kaili en sa qualité de vice-présidente du Parlement européen », a annoncé un porte-parole de Roberta Metsola.
Dès le soir de son arrestation, Eva Kaili avait été exclue du Parti socialiste grec (Pasok-Kinal), qui souhaiterait aussi la voir céder son siège au Parlement européen. Le groupe Socialistes et Démocrates (S&D) de l’assemblée européenne a annoncé sa suspension « avec effet immédiat ».
L’eurodéputée grecque Eva Kaili est une ex-présentatrice télé de 44 ans devenue une figure de la social-démocratie dans son pays. Elle a le titre de vice-président du Parlement européen comme 13 autres élus. Désormais sans délégation.
Ciblé, le Qatar dénonce « une grave désinformation »
Cinq personnes dont Eva Kaili ont été arrêtées à Bruxelles à l’issue d’au moins 16 perquisitions dans une enquête sur des soupçons de versements d’argent « conséquents » par un pays du Golfe pour influencer les décisions des eurodéputés.
Le parquet fédéral n’a pas nommé le pays, mais une source judiciaire proche du dossier a confirmé à l’AFP qu’il s’agissait du Qatar, comme le révélaient les médias Le Soir et Knack. « Toute allégation de mauvaise conduite de la part de l’Etat du Qatar témoigne d’une grave désinformation », a réagi un responsable du gouvernement qatari sollicité par l’AFP. L’affaire éclate en plein Mondial de football, alors que le pays organisateur doit déployer des efforts pour défendre sa réputation décriée en matière de respect des droits de l’Homme, notamment ceux des travailleurs.
Eva Kaili s’était rendue début novembre au Qatar où elle avait salué en présence du ministre qatari du Travail les réformes de l’émirat dans ce secteur. « Le Qatar est un chef de file en matière de droits du travail », avait aussi affirmé la Grecque le 22 novembre à la tribune du Parlement européen. Ces propos, qui avaient alors suscité des remous dans les rangs de la gauche, sont revenus à l’esprit de nombreux eurodéputés à l’annonce de son arrestation.
Des socialistes français ont dénoncé « un scandale gravissime », tandis que les écologistes Michèle Rivasi et David Cormand ont pointé du doigt «une complaisance coupable» de certains socio-démocrates (S&D) lors du débat sur le Qatar à la dernière session plénière.
Vers un placement en détention provisoire ?
Les auditions de cinq suspects se poursuivaient le 10 décembre à Bruxelles, selon un porte-parole du parquet fédéral. Un éventuel placement en détention provisoire par le juge d’instruction doit être décidé dans un délai de 48 heures après l’interpellation, soit ce 11 décembre au plus tard.
Vu sur l’application RT News
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