Les ennuis libyens
12 juillet 2011
Les ennuis libyens…
La guerre en Libye est en train de devenir un problème. Ce n’est pas la guerre-éclair que beaucoup attendaient. A presque quatre mois du début du soulèvement de la « coalition des volontaires », la situation sur le champ de bataille ne connaît pas de changements notables. Bien au contraire, les pays qui promouvaient l’intervention et les résolutions de l’ONU qui lui font lieu de paravent connaissent une agitation symptomatique.
En France, l’amiral Pierre-François Forissier, chef d’état-major de la marine nationale, a exprimé le 10 juin devant l’AJD (Association des journalistes de défense) de sérieuses préoccupations sur l’effet des opérations libyennes sur les ressources techniques et humaines de la marine de guerre. Tout en affirmant que les forces navales ne se trouvent pas en « surchauffe », il ajoutait aussitôt : « Nous consommons de façon intensive un potentiel qui aurait dû être consommé de façon régulière tout au long de l’année ». Les navires militaires français sont prévus pour naviguer une centaine de jours par an. Les ressources humaines de la marine sont calculées à l’aune de ces potentiels. Au-delà, les navires sont difficilement maintenus en condition, les personnels souffrent de « trous » dans leurs formations et leur entraînement, et des tensions apparaissent dans les familles.
En Italie, le ministre de l’intérieur Roberto Maroni a invité son gouvernement à « ne plus gaspiller de l’argent en jetant des bombes ». En Grande-Bretagne, l’armée de sa Majesté entrevoit la possibilité de ne pas poursuivre trop longtemps la mission à cause des coupes sombres faites à la défense. Les États-Unis ne sont pas en reste et le conflit libyen y provoque une certaine agitation. Le président américain a été accusé par le Congrès d’avoir violé la loi parce qu’avant de donner le top à l’intervention en république libyenne, il aurait dû avoir l’approbation du Parlement (loi sur les pouvoir de guerre de 1973). Un groupe de députés a même formellement dénoncé Obama à un tribunal fédéral de Washington pour violation des normes constitutionnelles.
Pour le moment, les opérations militaires en Libye ont coûté aux Etats-Unis la bagatelle de 716 millions de dollars, et devraient atteindre le somme d’1,1 milliard de dollars fin septembre, selon les estimations de la Maison blanche elle-même.
La France n’aurait quant à elle déboursé que 160 millions d’euros. C’est du moins ce qu’a déclaré la ministre du Budget, Valérie Pécresse, dans un entretien au Journal du dimanche (JDD).
Le 12 juillet, le Parlement français devra voter la prolongation ou non de l’intervention française en Libye. L’article 35 de la Constitution prévoit en effet que « lorsque la durée de l’intervention excède quatre mois, le gouvernement soumet sa prolongation à l’autorisation du Parlement ». Le débat pourrait être difficile. Se profile alors, en cas de difficultés persistantes sur le terrain militaire, le spectre de la partition de la Libye, le but étant de permettre à la rébellion la maîtrise des zones gazières et pétrolifères, c’est-à-dire essentiellement l’est et une partie du sud du pays. Les véritables objectifs de cette guerre apparaissent ainsi aux yeux de tous. Loin de la geste humanitaire du duo Sarkozy-BHL…
La domination sur la terre et ses richesses, le maintien des privilèges des multinationales, le maintien des tyrans aux ordres et le combat contre ceux qui résistent à l’Empire, ont un coût que les peuples vont une fois de plus devoir supporter. Et quels profits en tireront-ils ? Nous connaissons malheureusement la réponse.
Capitaine Martin.
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