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29 mars 2024

Libye : le mythe d’une insurrection contre un « dictateur »


Libye : Le mythe d’une insurrection contre un « dictateur »
25/07/2011

http://lepetitblanquiste.hautetfort.com
Patrick Haimzadeh, ancien lieutenant-colonel de l’Armée de l’air, a été en poste à l’ambassade de France à Tripoli de 2001 à 2004. Il vient de publier un ouvrage où il analyse le conflit en cours en Libye. [1]

UNE RESISTANCE PREVISIBLE

Patrick Haimzadeh n’est pas étonné que Kadhafi résiste « plus que certains voulaient bien le penser ». Celui-ci a « les moyens de résister », précise-t-il.

Ceux qui ont prétendu le contraire se « sont laissés intoxiquer par les propagandes du CNT, d’Al-Jazira et de BHL […] relayées par les médias et les politiques français ». Ils ont confondu leurs « désirs avec les réalités du terrain ».

Si Kadhafi résiste c’est qu’il dispose à la fois de troupes « plutôt bien équipées et entraînées » et « d’une base sociale non négligeable au sein de la population, en particulier les populations originaires du Fezzan (Sud) qui ne se sont jamais soulevées mais aussi de certaines populations de Tripolitaine (Ouest) ».

C’est une illusion de penser que les « insurgés » de Cyrénaïque [région de Benghazi] iront « libérer » les populations de l’Ouest.

PAS D’INSURRECTION GENERALE CONTRE UN DICTATEUR

Pour Patrick Haimzadeh, « il s’agit d’une guerre civile et non d’une insurrection générale d’un peuple contre un dictateur ».

L’entrée en guerre s’est faite « sur la base d’analyses erronées » et « sans idée claire de l’effet final recherché ». Ainsi la chute du régime – tant réclamée par la France – n’est pas inscrite dans la résolution 1973 de l’ONU, laquelle repose elle-même sur une « manipulation » consistant à faire croire à l’imminence d’un bain de sang en Cyrénaïque. Manipulation efficace qui n’a rencontré que peu d’opposition.

C’est également une erreur de laisser croire aux « insurgés » du CNT qu’ils pourraient l’emporter militairement grâce à des bombardements. Ce discours « a conforté les plus extrémistes d’entre eux dans leur refus de toute concession avant le départ de Kadhafi du pays ».

Les bombardements des résidences de Mouammar Kadhafi et le meurtre de ses proches ont été « des erreurs stratégiques qui se sont révélées contreproductive ». Elles ont conforté le dirigeant libyen dans sa volonté de se batte.

« Tuer des enfants innocents au prétexte de protection des populations civiles constitue en outre une violation de la résolution 1973 et une faute morale ».

QUELLE ISSUE ?

Il n’existe pas de précédent où la chute d’un régime ait été obtenue uniquement par des bombardements aériens. Le recours à une intervention terrestre ayant été exclu « dès le départ », il n’y aura donc pas « de solution militaire à cette guerre civile ».

« La solution passera par un accord entre Libyens ».

On aimerait que les dirigeants des partis de gauche qui ont alimenté – sans preuves – le mythe de l’insurrection populaire contre un dictateur – honni et sanguinaire – prenne le temps de lire ce livre. Serait-ce suffisant pour qu’ils aient le courage politique de reconnaître leurs erreurs et leurs responsabilités ?

JPD

[1] Patrick Haimzadeh, Au coeur de la Libye de Kadhafi, Ed. Jean-Claude Lattès.

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