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18 novembre 2024

Le « printemps  » du « marché » par Ahmed halfaoui


http://www.lesdebats.com/editions/140911/les%20debats.htm

Le «printemps» du «marché»
On ne sait pas ce que se sont dit les membres du G8 sur les dizaines de millions de chômeurs, de laissés-pour- compte et de précarisés qui bouillonnent et s’impatientent dans leurs pays. Ceux-là ils les traitent peut-être chacun pour soi et ne tolèrent pas que quelqu’un se mêle de la façon dont ils comptent gérer leurs affaires intérieures. Par contre, ils semblent préoccupés au plus haut point par les Arabes et assimilés. Après l’Egypte et la Tunisie, deux pays ont été ajoutés en tant que candidats au «printemps». Ce sont le Maroc et la Jordanie. Les deux n’ont pas hésité à approuver les bombardements démocratiques en Libye et à «voter» pour le CNT/OTAN à la tête de ce pays, avant-même que ce dernier ait obtenu des Libyens le droit de s’installer à Tripoli ou, au moins, quelque part sur le territoire qu’il est censé contrôler, selon les médias qui sont censés nous informer. Il y a ainsi, désormais, quatre pays qui sont élus à la sollicitude des puissants. Une enveloppe de 38 milliards de dollars va leur être distribuée d’ici à 2013. Juste avant que les grands de ce monde ne décident de cette aide, le Fonds monétaire international (FMI) avait «élu» le CNT/OTAN remplaçant de l’Etat libyen. Honni soit qui mal y pense, en faisant le rapprochement avec le fait que la «nouvelle Libye» va être fortement sollicitée pour contribuer aux milliards qu’il faut verser. On ne sait pas s’il y a eu concertation, mais tout porte à croire que la gestion des richesses libyennes a réellement changé de main. Ceux qui ont décidé de leur gel démontrent qu’ils procédaient de la volonté de les gérer. Ils en ont obtenu la légitimité grâce à cette «révolution» inédite qu’ils sont en train de vouloir faire. Avant, tout dictateur qu’il était, Kadhafi donnait beaucoup de cet argent à son peuple et aux Africains les plus pauvres ensuite. Le G8, pour montrer qu’il ne «révolutionne» pas pour rien, va changer le mode de distribution de l’argent libyen. Dorénavant, il ira à certains Etats et pas à d’autres et dans ces Etats aux hommes d’affaires privés. Même si, pour cette fois-ci, on ne sait pas encore le volume des prélèvements. Pour ce qui est du détail connu, voici le décompte, qui comporte des prêts bonifiés, des décaissements budgétaires, des prêts relais, des effacements de dettes, à hauteur de 10,7 milliards $ de la Banque mondiale, de 7,6 milliards de la Banque africaine de développement, de 7,5 milliards de la Banque européenne d’investissement, de 5 milliards de la Banque islamique de développement, de 3,2 milliards $ du Fonds arabe pour le développement économique et social, de 2,7 milliards d’euros pour la France, de 2,5 milliards de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement et de 1,2 milliard du Fonds monétaire arabe, sans compter la «nouvelle Libye». Ne cherchons pas, dans cette liste, en quoi le G8 est le décideur en chef. Retenons, simplement, que les conditionnalités les plus importantes sont le «développement du secteur privé» et «l’intégration régionale et internationale». Comprenons qu’il sera plutôt question de crédits qui iront au «marché» et d’obligation de lui laisser la porte grande ouverte. De toute évidence, le développement social ne fait pas partie du «printemps».
Par Ahmed Halfaoui

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