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18 novembre 2024

La symétrie du chaos, vers un nouveau paradigme international ?par Wissem Chekkat


paru dans Le Quotidien d’Oran / 15-09-11
La symétrie du chaos, vers un nouveau paradigme international ?
par Wissem Chekkat

Après six mois de résistance, le régime du colonel Gaddafi a fini par être surpris dans sa capitale par un coup de main assez élaboré. Il aura néanmoins réussi à briser l’élan des nouvelles guerres high-tech, rapides et multimédia s’abattant sur un nombre précis de pays arabes depuis l’avènement de l’année 2011.
Ce remake réussi de la Baie des cochons sur les rivages de Libye marque non seulement un tournant dans les relations internationales mais pèsera négativement à l’avenir sur les relations Nord-Sud en Méditerranée occidentale. Vingt ans après l’effondrement de l’empire soviétique et la suppression de la menace dite rouge, l’année 2011 fut choisie comme celle de l’assaut général contre les derniers régimes rétifs à l’hégémonie du nouvel ordre mondial et son idéologie. Première cible avant les pays satellites de la Chine et les pays d’Amérique latine contestataire de l’ordre mondial : les pays arabes hors de l’influence. En sacrifiant deux leaders alliés dont l’un du pays arabe le plus peuplé et le plus influent, les USA escomptaient obtenir un effet domino dans l’ensemble de la région et plus particulièrement un changement de régime dans des pays comme la Libye et la Syrie. Cependant, la très coûteuse occupation de l’Irak de Saddam Hussein et le désastre afghan obligèrent les stratèges américains à opter pour un nouveau type de guerre plus économique en utilisant les moyens de l’information, les réseaux sociaux, les Psyops, la propagande, les cellules terroristes dormantes et Al-Qaida, outil créé, financé et armé par la CIA, le MI-6 et bien d’autres services de renseignement pour l’achèvement de certains objectifs géostratégiques globaux. C’est en effet une nouvelle forme de guerre High Tech, rapide et reposant sur le concours des populations locales préalablement formatées par une propagande massive, multi-vectorielle, élaborée et adaptée à l’humus culturel, religieux et/ou idéologique. Si le putsch militaire en Tunisie fut relativement facile, ordonné et sans grande effusion de sang, celui de l’Égypte contraria deux acteurs clé de la politique étrangère US : le royaume d’Arabie Saoudite et Israël. Ce dernier avait toutes les raisons du monde d’appréhender un changement de régime en Égypte susceptible d’amener à sa tête des factions hostiles à l’État hébreux.
Malgré la soumission totale de l’armée égyptienne à son mentor US, véritable maître du pays du Nil, les choses semblent se détériorer dans la péninsule du Sinaï. Au détriment d’Israël. Effet collatéral inattendu d’une guerre dite globale. C’est le concept de la guerre tous azimuts ou guerre totale multidimensionnelle appliquée à des cas concrets. A distinguer du concept clausewitzien de la guerre. C’est une nouvelle forme de guerre dans laquelle les aspects informationnels, propagandistes, psychologiques, diplomatiques et économiques sont mobilisés comme des armes de combat de première ligne contre des États ou des groupes d’États. D’ailleurs, ce n’est point un hasard si les moyens diplomatiques incluant le recours au CS de l’ONU, et les médias sont considérés comme des étapes cruciales de tout plan militaire US. Ainsi après l’Afghanistan, le Pakistan, l’Iran, l’Irak, le Liban, la Palestine, la Syrie, le Yémen, la Somalie et le Soudan, il n’était pas étonnant de voir la machine bien huilée se tourner vers le Maghreb. Premier maillon faible de cet espace géopolitique en mal d’intégration : la Libye du colonel Mouammar Gaddafi. Bête noire et vieil ennemi de bons nombre de pays occidentaux et arabes du golfe arabo-persique. L’aventure militaire précipitée de l’OTAN sur les côtes libyennes a non seulement bousculé l’équilibre géostratégique de cet espace géopolitique mais risque fort de bouleverser l’ensemble des relations Nord-Sud en méditerranée occidentale. Cette aventure militaire a mis fin à cinquante ans de paix, puisque la dernière intervention armée occidentale en Afrique du Nord remonte à la bataille de Bizerte (Tunisie septentrionale) et à la guerre d’Algérie. Plus préoccupante est l’ingérence presque immorale de certaines entités étatiques du Golfe persique au Maghreb : la chasse frénétique aux subsahariens par les rebelles en Libye relève plus d’une vindicte dictée contre l’orientation africaine de la Jamahiriya et son mépris des Arabes du Golfe persique. Cette tendance africanophobe traduit la future orientation de la Libye de demain telle que voulue par les mentors et financiers de l’agression militaire contre ce pays : La Libye post-Gaddafi sera Arabe du premier camp. Celui de la Jordanie, du Qatar, des Émirats Arabes Unis, du Koweït et du Bahreïn. En d’autres termes, un pays détaché de son environnement africain.
Malgré la chute de Tripoli suite à l’opération «Siren», opération coup de poing qui fera date dans les manuels militaires des armées, les Libyens n’auront pas démérité et ont globalement fait face à l’agression de leur pays avec plus d’efficacité que ne l’ont fait les Irakiens pourtant infiniment mieux armés. La Libye a tenu à six mois de bombardements et autres pilonnages intensifs des forces de l’OTAN, lesquelles ont déversé sur ce pays près de 200 bombes par jour. Dans cette guerre, les rebelles libyens, en particulier ceux de la ville de Misurata ont bénéficié du soutien de firmes de sécurité et de renseignement privées ainsi que de mini-drones (des drones quadricoptères de type Scout). Ailleurs dans le pays, des drones américains Predator II armés croisaient dans le ciel libyen chassant en meute des cibles désignées.
Sous-estimée, la Libye du colonel Gaddafi et son système atypique de pouvoir non hiérarchisé et horizontalement distribué a donné du fil à retordre à l’OTAN. A la surprise générale de ses voisins, la Libye, plus petit pays du Maghreb, a failli écraser rapidement et efficacement la rébellion armée qui s’est déclarée en Cyrénaïque le 16 février 2011, n’était-ce l’intervention militaire occidentale. Néanmoins, la Libye a réussi à absorber le choc initial de l’agression de la coalition internationale menée par les USA, la France, la Grande Bretagne, le Qatar et les Émirats Arabes Unis avant de tenir tête à l’OTAN, la plus grande alliance militaire du monde.
Cette capacité de résistance d’un pays aux capacités technologiques quasi-inexistantes, doté d’une toute petite armée de quatre ou cinq brigades, ne peut s’expliquer que par le régime très particulier et hors normes imposé par le colonel Kadhafi. Un système opaque où le pouvoir est dissous parmi des centaines de tribus et où la notion d’État selon l’acception occidentale demeure un concept étrange. L’organisation de l’État des masses, un concept paradoxal pour un pays de cinq ou six millions d’habitants, a rendu caduc tous les plans précédemment utilisés en Irak et a imposé à l’OTAN un nouveau paradigme à peine connu. Indubitablement, c’est en Libye qu’a été mis en échec le cycle des révoltes arabes par le désordre et l’ingénierie du chaos au moyen des réseaux sociaux et des services de messagerie. Car, contrairement à la Tunisie et l’Égypte, pays pro-occidentaux ayant connu des putschs militaires déguisés en révolutions colorées, la Libye comme le Yémen et la Syrie ont fait autrefois partie d’un front du refus et de la résistance qui aura vécu. Il est paradoxal de constater qu’une ville éloignée comme Brega ait tenu tout au long de la guerre et ait survécu à Tripoli qui a succombé à un coup de main éclair et complexe.
L’histoire est riche de ces retournements spectaculaires d’alliances et d’allégeance. Toutefois, qui aurait osé concevoir il y a à peine une trentaine d’années que l’OLP (Organisation de Libération de Palestine) se retournerait contre Damas ? Il est vrai que la vieille organisation désuète et corrompue de la résistance palestinienne n’a jamais pardonné le positionnement du régime syrien laïc aux côtés d’une organisation islamiste rivale, ayant réussi à prendre le pouvoir dans l’enclave assiégée de Gaza. Comme dans l’épisode libanais, la main des Saoudiens n’est jamais très loin et il n’est pas étonnant dès lors de constater la stratification en cours et la superposition de la rivalité créée de toutes pièces entre l’Arabie Saoudite et ses alliés, garant d’une version rigoriste de l’Islam sunnite contre l’Iran chiite, ultime avatar de l’impérialisme perse. Un schéma correspondant parfaitement aux plans d’hégémonie US au Moyen-Orient, basés sur les divisions ethniques et confessionnelles et même au-delà.
L’une des techniques de tromperie en usage dans ces nouvelles campagnes militaires d’un nouveau genre contre des États est l’imposition d’un mensonge comme vérité dans la plus pure tradition stalinienne. Ainsi des médias nous présentent sans vergogne aucune des informations faisant état de l’usage du gouvernement syrien d’embarcations armées contre ses propres populations civiles tout en avançant des bilans dignes d’un accident de circulation. Est-il possible qu’une ville de la taille de Lattaquié soit pilonnée par l’artillerie navale et n’enregistre que trois ou quatre victimes ? Le cas libyen est encore plus pathétique : l’OTAN qui ne maîtrise qu’une forme de propagande unique et disons le sans ambages, sclérosée, qualifie ses raids meurtriers contre les populations civiles libyennes comme une opération de protection de ces mêmes populations ! Les sites officiels britanniques se sont illustrés par une propagande mensongère sans vergogne pire que celle de Staline. Cercle vicieux d’un mensonge orwellien. Cet auteur avait bien pressenti que le totalitarisme anglais pourrait être bien plus pire que celui du nazisme et du stalinisme de son époque.
Les États-Unis d’Amérique sont les principaux architectes de cet assaut. Mais dans le cas de la Libye, ils ont adopté une nouvelle ligne de conduite, faisant semblant de confier les opérations, dès l’élimination de l’ensemble des défenses aériennes libyennes à leurs alliés de l’OTAN. Ils en regrettèrent presque cette option. La Grande Bretagne et la France eurent une piètre performance face à une armée libyenne bien faible et pas du tout équipée. C’est grâce à la logistique US et à l’argent du Qatar et des Émirats Arabes Unis que cette guerre put aboutir à l’entrée des rebelles à Tripoli atour d’un noyau dur formé par les commandos spéciaux de la CIA, du SAS, du 2ème régiment de parachutistes, de la Légion jordanienne, des mercenaires de l’X (ex-Blackwater) et des forces spéciales italiennes et qatari.
Des observateurs peu avertis de la nature du pouvoir en Europe s’étaient interrogés sur les motivations de certains pays comme l’Italie de s’aliéner gratuitement et durablement l’ensemble des pays de la rive Sud de la méditerranée, en d’autres termes ses voisins immédiats, en s’impliquant dans une guerre d’agression contre la Libye ou en joignant sa voix aux cris d’orfraie des pays européens contre la Syrie. Alors que ce pays jouissait jusqu’ici d’une assez bonne image au sein des pays du Sud. Le fait est que le pouvoir réel en Italie et ailleurs en Europe n’est plus aux mains des habitants de ces pays mais appartient de facto à des oligarchies invisibles agissant assez similairement à des gouvernements d’occupation.
La stratégie du double endiguement utilisée contre l’Iran et l’Irak, la destruction de ce dernier et son occupation, la guerre civile libanaise, la scission du Soudan, l’élimination physique des figures historiques de la résistance palestinienne, la mise au pas du Liban, l’encerclement et l’assaut de la Syrie, la déstabilisation du Yémen, l’affaiblissement des pays du Maghreb, la mise en place d’une véritable ceinture de feu entre le Sahel et l’Afrique du Nord s’étendant de la corne de l’Afrique à l’Atlantique, et, actuellement, la mise en pièces de la Libye, ne sont qu’une suite ininterrompue d’évènements liés. Lesquels s’inscrivent dans le cadre d’un plan réglé et préconçu. Tel qu’il a été ébauché par l’ex-secrétaire d’État US Henri Kissinger dès l’avènement des années 70. A posteriori, l’actuelle vague de révoltes présentée comme un printemps arabe en référence à une série d’évènements ayant abouti à l’implosion de l’ancien bloc de l’Est, n’est que la continuation d’une même et unique stratégie visant toujours le même objectif : le formatage de l’environnement immédiat et lointain d’Israël à même de garantir sa survie pour les cinquante prochaines années et par-dessus tout garantir son existence au-delà de l’année 2048.
L’enthousiasme suscité par les révoltes arabes a fait long feu. Si les médias mainstream n’ont pas hésité à qualifier cet assaut général de «printemps arabe», la réalité des faits déformés sur le terrain, grâce à la magie des caméras embarquées sur les téléphones portables dans un monde ou presque tout le monde en est équipé, a fait déchanter plus d’un. De mémoire de révolutionnaire, on n’a jamais vu des rebelles armés de fusils d’assaut Gewehr-36 avancer contre les troupes gouvernementales de leur propre pays sous la couverture d’hélicoptères de combat avancé, de drones et de bombardiers étrangers tout en bénéficiant de l’appui feu de l’artillerie navale, le renseignement de l’imagerie satellitaire et l’encadrement des forces spéciales de pays ayant une longue tradition dans la subversion et le sabotage. C’est pourtant bien ce qui s’est passé en Libye. Et c’est ce que l’on tente de recréer en Syrie et si possible, ailleurs. Ce n’est point un hasard si, au départ des contestations, une aide logistique est mise à profit des insurgés, fussent-ils présentés comme de simples manifestants. Changement d’icônes. Depuis les années 60, le Kalachnikov était l’arme par excellence de tous les révolutionnaires et guérilléros de tous bords. L’usage par les rebelles libyens d’une variante du fusil d’assaut FN-FAL et de missiles antichar MILAN, puis après l’opération de Tripoli, du fusil Allemand G-36, équipant entre autres les forces spéciales jordaniennes, consacre une véritable rupture. Après les rébellions maoïste, communiste, socialiste et nationaliste, voici venu le temps des rébellions néolibérales financées par les riches Cheikhats du Golfe persique et soutenues militairement par les milieux trans-financiers internationaux.
Cependant, l’apparition spontanée de ces nouvelles guerres High Tech de propagation du chaos social par le bas et l’ingénierie du putsch scientifique n’est pas sans risque pour les pays l’ayant adopté. La Grande Bretagne (mais aussi la France) en sont de parfaits exemples. Et ce, malgré la surveillance exhaustive et maniaque des réseaux par des cohortes de cyber policiers dans ces deux pays. Surveillance bien plus intense, systématique et étroite que ne le serait la surveillance d’internet dans un pays comme la Chine. Le retournement des nouvelles armes que constituent désormais les réseaux sociaux et les services de messagerie contre l’un des pays les ayant le premier utilisé pour attaquer un autre pays (la tentative britannique de susciter une révolution colorée-verte-en Iran en 2009) a donné plus que des sueurs froides à Londres. Les émeutes du mois d’août 2011 ont fait craindre un retour de boomerang, voire une British Revolution. Signe qui ne trompe pas : deux facebookers ayant posté des blagues sur le net au sujet de ces émeutes ont été condamnées à de très sévères peines d’emprisonnement. Pendant ce temps, le gouvernement de sa majesté, le plus acharné dans sa guerre en Libye, finance, encourage et soutient des milliers de jeunes Arabes à propager via les réseaux sociaux le désordre, le chaos et la sédition.
La reprise du symbolisme religieux islamique par les services de renseignement US et britannique n’est pas nouveau. Il remonte à plus d’un siècle, avec les théories du manteau vert, du messie attendu et les intrigues de Lawrence d’Arabie. On percevait aisément derrière tous ces vendredis «colorés» une forte touche de marketing. «Vendredi de la colère», «Vendredi de la vengeance» ou encore «vendredi de la défiance» sont des produits marketing 100 % US adaptés à l’humus local. Un peu comme les filiales de Coca Cola au Moyen-Orient. A ces techniques s’ajoutèrent le renfort d’une pléthore de pseudo-fatwas issues de manière désordonnées et diffusées par des «clercs» musulmans majoritairement sunnites mais dont la majorité provient des pays du Golfe persique inféodés à l’empire ou de pays comme l’Égypte ou la Jordanie. C’est un Islam version US, aussi corollaire au néo-libéralisme que l’est la spéculation boursière sur des actifs pourris. Support de propagation : internet et chaînes satellitaires. Après l’anathème vient la diabolisation. Le président syrien est qualifié de Hulagu dans une référence à l’invasion mongole du Moyen-Orient au 13ème siècle ; le guide libyen qui s’est déjà auto-affublé de toute une série de titres, se voit en plus affublé de tous les noms d’oiseaux. Il est vrai qu’il ne s’est fait que des ennemis. La propagande des pays du CCG s’acharne plus particulièrement sur lui avant, pendant et après son règne. Même hors de son complexe de Bâb Azizya, le colonel sera accusé par les US d’avoir collaboré avec leurs services dans la lutte antiterroriste. Quant on sait que tous les pays musulmans ont été sommés de collaborer dans la lutte contre un terrorisme créé de toutes pièces par ceux là même qui l’exigent, on ne peut que rester stupéfait de la tromperie avec laquelle agit l’empire quel que soit le contexte.
Mais tout cela est voué à l’échec. Les Américains et leurs alliés sont dans une impasse non seulement économique mais idiosyncratique. Si au Levant, la déstabilisation de la Syrie aura de très graves conséquences sur Israël, dont l’arsenal nucléaire conséquent ne lui sera d’aucun secours, au Maghreb, le dépeçage de la Libye aura des conséquences négatives durables sur l’ensemble des relations Nord-Sud en Méditerranée occidentale. Il ne fait aucun doute que tôt ou tard, l’intrusion militaire de puissances étrangères en Libye aura un prix.
A ce propos, certains observateurs ont mis en doute la mainmise étrangère sur les ressources de la Libye à cause du sentiment ultranationaliste de certaines factions rebelles. C’est méconnaître les ressorts cachés de la soumission consentante. Les rebelles, y compris leurs ailes militaires les plus radicales sont beaucoup trop faibles pour pouvoir prétendre tenir tête à leurs puissants protecteurs. De facto, ils sont encore plus faibles que les forces loyalistes. C’est pour cette raison que la Libye représente un cas d’école : c’est le nouvel eldorado des multinationales et l’entrée rêvée en Afrique du Nord et au Sahel. Et connaissant certains pays de la coalition «humanitaire» caractérisées par leur hargne et leur cupidité à tenir coûte que coûte la moindre parcelle de terre tombée en leur pouvoir et ne plus jamais la relâcher à moins de provoquer un génocide généralisé, on ne voit pas la Libye se débarrasser de sitôt de ces protecteurs de la dernière heure.
Avec l’épilogue libyen, l’Africom devrait avoir résolu le choix de ses bases en Afrique. Elle y disposera aussi bien de bases stratégiquement situées sur le golfe de Syrte qu’en bordure du Sahel, voire au Sahara central. En parallèle, la Russie perd plus qu’un important client de ses armements. Tandis que la Chine voit sa présence en Méditerranée, en Afrique du Nord et au Sahel assez compromise. Certains pays occidentaux voyant d’un très mauvais oeil la présence chinoise dans la bande sahélienne du Soudan en Mauritanie, en passant par le Niger, principal pourvoyeur d’uranium aux centrales électronucléaires françaises.
Propager le désordre dans un pays fait partie intégrante de la panoplie de guerre. Le chaos est un nouveau paradigme des relations internationales. L’ex-ambassadeur US en Chine, Jon Huntsman et probable candidat aux présidentielles américaines en sait quelque chose. Sa tentative très maladroite de susciter des troubles en Chine en utilisant les réseaux sociaux l’a forcé à quitter son poste.
Cependant, la question qui se pose actuellement est celle relative aux conséquences à moyen et long terme de cette nouvelle ingénierie du chaos appliqué à l’échelle géostratégique. Utilisant des outils transcendant la guerre asymétrique que pourrait opposer le pays ciblé face à un assaillant technologiquement plus avancé, cette nouvelle forme de guerre ne serait-elle pas susceptible de créer une symétrie du chaos dans les deux camps ? L’avenir nous le dira.

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