Ligne de mire de l’Authentique : « Les mallettes de Bourgi et nous » par Amar Oulde Béjà
16 septembre 2011
Ligne de mire de l’Authentique : « Les mallettes de Bourgi et nous »
Les déclarations de l’avocat libano-sénégalo-français, Albert Bourgi, sur les turpitudes de la France-afrique ne surprennent que ceux qui ne connaissent pas la réalité immorale des relations que la France entretient avec certains pays de son pré carré. Les dessous de table moyennant des silences complices y sont monnaie courante, depuis l’époque de Foccart. Les financements occultes de campagnes électorales ou d’opposants-marionnettes pour déstabiliser les régimes « peu coopératifs », la manigance de complots comme l’assassinat de Thomas Sankara ou les coups fourrés pour déstabiliser des régimes et destituer d’autres y sont légion. Sékou Touré, Mathieu Kerékou, Seyni Kountché, Moktar Ould Daddah et d’autres chefs d’Etat, en ont fait l’amère expérience pour avoir, à un certain moment, voulu sortir du diktat trop oppressant de la Métropole.
Les coups d’Etat fomentés à partir d’un bureau feutré à la Place du Colonel Fabien ou dans les chambres dorées de l’Elysée ou du Quai d’Orsay sont une habitude à laquelle les francophones d’Afrique sont assez habitués. Tout comme ils ont vécu les successions régulées par la France et les « légitimités » imposées par celle-ci à des peuples qui finissent toujours par payer à la classe politique de l’Hexagone. Les champions de ce sport sont incontestablement les leaders de la droite française, de De Gaulle à Sarkozy. Les diamants de Bokassa sont connus de tous. Et les mallettes qu’évoque aujourd’hui l’honorable « intermédiaire » ne sont que les ristournes de la dîme des fourberie francaises que sont obligés de payer les leaders sur le dos des populations de plus en plus misérables !
Albert Bourgi est loin d’être un sain. Il se dit lui-même « porteur de valises ». Il en a sûrement porté beaucoup durant toutes ses années de pérégrinations à l’ombre de Foccart qui lui a enseigné le métier avant de lui passer le témoin au crépuscule d’une vie agitée, émaillée de complots, d’intrigues et de compromissions.
Enrichissant les méthodes du maître par l’astuce de l’oriental né et la fourberie de l’africain par adoption, Albert Bourgi a franchi des seuils encore plus obscurs, nouant langues avec des groupuscules, des rebellions, des oppositions déboussolés ou avec des militaires assoiffés de pouvoir et de richesses. C’était sa manière à lui d’occuper l’espace et d’avoir de l’influence. Son bureau d’avocat servant de plaque tournante pour tout négocier, des affaires commerciales aux arrangements matrimoniaux. Des orientations politiques aux méthodes peu orthodoxes pour s’emparer (et garder) le pouvoir. Bien sûr pour les intérêts de Paris, mais aussi pour les exigences du compte bancaire qui voit autant de chiffres en transit…
Albert Bourgi n’est pas seulement un ami du Président Sarkozy. Il est aussi très copain á Claude Guéant, actuel ministre de l’intérieur et ancien puissant Secrétaire général de l’Elysée. Cerveau de la Cellule africaine, il avait fait basculer le destin de la Mauritanie en un clin d’oeil, réussissant à tourner la tête aux sherpas de Sarkozy sur la situation en Mauritanie lors du putsch d’août 2008. Sa méthode était simple : adopter les mensonges et la propagande des nouveaux maitres de Nouakchott comme une vérité sur laquelle se fonde la France pour prendre position. Ainsi, le Président démocratiquement élu est peint de tous les mauvais tableaux, alors que son véritable « crime » est seulement d’avoir usé de ses prérogatives constitutionnelles en destituant des chefs militaires qui s’occupait `de la politique avant tout autre chose.
Mieux, le sulfureux avocat s’est même publiquement affiché aux côtés du candidat de la junte, mettant toute son « expérience » au service de celui-ci. « Il s’est rendu en Mauritanie, à maintes occasions. Parfois, on le voyait aussi dans les quartiers huppés de Nouakchott aux côtés d’hommes d’affaires qui vendaient » la bonne cause des militaires à la communauté internationale. En d’autres termes, ce monsieur qui crie sur les antennes de RFI que « le Président Sarkozy sera implacable avec les chefs d’Etat qui ne respecteraient pas la démocratie » doit nous dire où était-il et où était cet acharnement de Sarkozy pour la démocratie lorsqu’ils se sont ligués contre la démocratie en Mauritanie en coachant les putschistes et en les soutenant contre la volonté d’une forte majorité du peuple mauritanien, incarnée à l’époque, par le FNDD ? A ce titre, il est normal de se demander si l’avocat Bourgi a tout révélé ; s’il n’a pas oublié de dire parler de valises à partir de Mauritanie.
On se rappelle encore que dernièrement et partout en Afrique, la France n’a souvent pas fait le bon choix. Au lieu de soutenir la démocratie, refuser les coups d’Etat pour que la démocratie triomphe en Afrique, la France de ces dernières années a préféré traiter avec les professionnels de la mafia politique et de la criminalité idéologique. Et c’est dommage pour l’image de la France qui veut se « racheter » aujourd’hui, en prétextant protéger les civils en Libye !
Amar Ould Béjà.
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