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21 décembre 2024

Quelle crédibilité démocratique pour le CNT ?par Sarah A. Topol


Comment voulez-vous qu’un machin fait de brics et de brocs, de tout et de son contraire puisse un jour diriger un pays aussi vaste et aussi ancré dans l’amour de sa terre comme l’est  le peuple libyen?

C’est inimaginable

Ginette

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http://www.slateafrique.com/41251/libye-le-cnt-divise-crise-de-popularite

Quelle crédibilité démocratique pour le CNT?

Certains membres de l’armée ont eux aussi fait part de leur opposition au leadership de Jibril. Si le gouvernement civil a tenté de contrôler les différentes brigades armées installées autour de la capitale, ces unités n’ont pas répondu à leur injonction de lever le camp et de rentrer chez elles. Des brigades de Misrata, comprenant certains des combattants les plus farouches du pays, refusent de partir tant qu’elles ne seront pas convaincues de la stabilité de Tripoli —qu’importe ce qu’en disent le CNT ou le Comité militaire de la ville.
«Nos bataillons de Misrata, ils ne suivent pas les ordres», admet Fortia non sans fierté. «Ils ne partiront pas tant que Tripoli ne sera pas stabilisée. Voilà ce que j’ai dit au ministre des Affaires internes: quand vous commencerez à monter des associations, quand nous verrons une police, nous pourrons partir.»
Ce fossé menace de déstabiliser toute l’entreprise du CNT.
«M. Jibril se donne beaucoup de mal ces dernières semaines pour nommer des gens qui avaient été très proches et occupé d’importantes positions dans le régime de Kadhafi», m’a confié un membre haut placé du Comité militaire de Tripoli, début septembre. «Il essaie de bâtir une nouvelle puissance avec les gens que nous avons combattus au cours des six derniers mois pour les chasser… on ne peut pas laisser Jibril être le chef.»
Déjà, de petites manifestations ont eu lieu à Tripoli pour dénoncer le leadership de Jibril, et le membre du Comité militaire m’a confié que ce n’était que la première étape.
«Nous apprécions leur travail», m’a-t-il affirmé au sujet du CNT. «Nous ne voulons pas l’interrompre, mais la plupart des gens disent que maintenant ça suffit. Nous ne pouvons pas laisser quelques personnes décider de l’avenir à la place du peuple libyen.»
Il m’a dit de guetter des manifestations massives plus tard dans la semaine.
Naturellement, le CNT nie toute allusion à un quelconque problème.
«Ce ne sont pas des divisions, ce sont des désaccords au sein du comité exécutif. Les désaccords sont sains dans une démocratie, nous ne sommes pas tous obligés d’être du même avis sur la conduite à tenir. Nous devons tous nous engager, tous les secteurs et tous les partis du système politique dans son intégralité, à trouver une solution. Ce n’est pas une division, ce sont simplement des approches différentes des mêmes objectifs», se justifie Jalal al-Gallal, porte-parole du CNT.
Mais si l’on assiste à des manifestations massives, la crédibilité démocratique du nouveau gouvernement —et celle de Jalil en tant que leader— sera durement mise à l’épreuve. Des initiés m’ont confié que Jibril essayait de se ranger du côté de Jalil depuis des années, qu’il cherchait à se gagner les faveurs de l’ancien ministre de la Justice déjà sous le régime de Kadhafi et qu’il appuyait sa candidature à la tête du CNT dans l’espoir de glaner des avantages politiques à long terme.
Et personne ne semble particulièrement emballé par aucun des deux hommes, ni par le gouvernement censé conduire le pays naissant vers un nouvel avenir démocratique.
«Jalil peut renvoyer Jibril comme ça», commente l’un des responsables en claquant des doigts. «Jalil est par nature un homme bon, avec de bonnes intentions. Son problème c’est sa naïveté politique. Administrativement, il est nul. La plus grande faute de toutes, c’est d’être freiné par Jibril. Il lui fait une confiance aveugle… Nous sommes infiltrés par Kadhafi, même aujourd’hui. Quiconque vous dit autre chose vous ment.»
Sarah A. Topol
Traduit par Bérengère Viennot

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