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21 décembre 2024

Une révolution, non sir, une révolte par Jean Brière, écologiste


Une révolution, non sir une révolte
Barbanchon le 14 septembre 2011
Par jean Brière écologiste

Je n’ai pas le temps de faire un topo global , première approche de ce qui se passe dans les pays arabes .Nous avons des responsabilités particulières vis-à-vis de la Tunisie, où le processus démocratique pourra peut-être trouver une issue heureuse . Mais dans tous les cas de figures , l’aggravation de la crise écologique va peser durement sur cette région du globe où le déficit en eau est général

Une révolution, non sir une révolte.

L’ensemble des commentateurs de ce que la presse occidentale qualifie de printemps arabe fait totalement abstraction des données écologiques qui in fine décideront de l’issu du processus actuel.
En effet les pays concernés ont comme caractéristique commune de souffrir d’un déficit majeur en eau que ce soit pour l’agriculture, l’industrie ou pour une population urbaine en croissance qui assèche les ressources destinées à la survie d’une production agricole nécessaire à l’autosubsistance des populations.
Il semble hautement probable que la crise climatique ne pourra en aucun cas être endiguée même si les mesures drastiques nécessaires étaient immédiatement mises en œuvre. On peut donc craindre une aggravation de la situation. Le corollaire de ce problème de déficit en eau disponible est évidemment le nombre d’habitants que cette ressource permet de faire vivre sur un territoire donné.

D’abord deux cas particuliers pour bien mettre en évidence l’importance du problème démographique : l’Egypte et le Yémen.
L’Egypte a vu tripler sa population depuis 1950, son taux de croissance est de trois pour cent par an et aucune politique de contrôle des naissances n’a jamais été mise en œuvre. Le problème particulier de l’Egypte est que son alimentation en eau dépend exclusivement du Nil et, outre les perturbations dues au barrage d’Assouan, son alimentation en eau se voit menacée par les projets de barrages soudanais sur le Nil. Mais de surcroit se pose à l’Egypte un problème de terres arables ; 90 % de la population vit le long du Nil dans une bande de terre d’une largeur de 10 à 20 kilomètres soit approximativement 50000 hectares progressivement dévorés par l’urbanisation qui dans le delta peut être qualifiée de sauvage.
C’est près d’un million de personnes qui chaque année s’ajoute aux 82 millions que compte aujourd’hui l’’Egypte. Il est exclu d’envisager qu’un gouvernement, qu’il soit démocratique ou autoritaire, puisse instituer une politique familiale à la chinoise ;, et quand bien même une telle politique serait instaurée trois générations seraient nécessaires pour que la population commence à diminuer. La conséquence en est d’inéluctables croissances de la paupérisation et de la dépendance alimentaire alors qu’actuellement déjà 50% de l’alimentation égyptienne est importée.
Le Yémen a vu sa population doubler en 15 ans. La culture du Kat pompe une nappe fossile en voie d’épuisement. Alors que les puits les moins profonds sont asséchés ce qui est une source de conflits permanents c’est grâce aux techniques pétrolières on peut aller chercher l’eau à mille mètres de profondeur ; combien de temps encore ?
Tunisie
Après le soutien sans faille de la Droite et de la Gauche à Ben Ali on a assisté à un brusque virage avec le soutien franc et déterminé de notre président aux révolutionnaires. Sans vergogne la presse aux ordre célèbre la révolution du jasmin qui a tout de même fait près de trois cents morts .Les événements de Tunisie qui ont ébranlé le monde arabe , vont probablement déboucher sur une consultation démocratique, organisée par le personnel politique du régime Ben Ali. Probablement la seule différence avec le régime Ben Ali sera sans doute une police moins brutale et la possibilité d’exprimer son mécontentement.
Cet événement a frappé par son caractère imprévu. Le lâchage de Ben Ali par les USA, s’explique sans doute par le fait que la famille Ben Ali rackettait indistinctement tous les secteurs de l’économie il faisait donc l’unanimité contre lui. Par ailleurs Ben Ali ne s’appuyait guère sur l’armée réduite à la portion congrue mais sur sa police. C’est la jeunesse qui, comme dans tous les pays émergents, aspire à accéder au mode de vie américain, a joué un rôle crucial. Cette population pour une part diplômée et au chômage, maitrisant les techniques de communication permises par le Web a pu organiser en dehors de toute structure politique une mobilisation populaire qui a touché toutes les couches de la population.
Pour ce qui est de la suite des événements il faut tenir compte que la politique suivie par Ben Ali ,bon élève de la mondialisation, fait que la Tunisie est totalement insérée dans l’économie mondiale, et que 70 % de ses importations et exportations se font avec l’Europe . La Tunisie est évidemment endettée, et l’une des premières décisions des agences de notation a été de baisser la note de la Tunisie. Si l’on veut aider la Tunisie se posera évidemment le problème de l’abandon de la dette tunisienne.
La Tunisie est pratiquement autosuffisante d’un point de vue alimentaire, son agriculture représente 12,3 % de son PIB et occupe 16 ,3 % de la population active. Le tourisme, autre pilier de son économie, représente 6,5 % du PIB et occupe 11,5 %de la population active. 64,6 pour cent de la population vit dans les villes ,30 % de la population active est féminine, mais 20% des diplômés sont au chômage. La densité démographique de la Tunisie méditerranéenne, le nord, est de 144 habitants au KM 2 alors que le sud est désertique. Heureusement la Tunisie a fait, grâce à Bourguiba, sa transition démographique et la population tunisienne est à peu près stabilisée à 10 ,2 millions d’habitants auxquels il faut ajouter une population émigrée de plus de 800 000 personnes. Les syndicats sont très influencés par les groupes marxistes français, reste à savoir quel rôle ils pourront pouvoir jouer dans la nouvelle république. La Tunisie est par ailleurs déstabilisée par la guerre en Libye et des groupes islamiques infiltrés dans les rangs des milliers de réfugiés contrôlent de fait le sud de la frontière.
Tout cela pour dire que la marge de manœuvre des nouveaux dirigeants sera mince sur le plan économique, ils ne pourront pas remettre en cause la mondialisation et ne pourront satisfaire les aspirations à mieux vivre des plus pauvres. Le secteur du tourisme quant à lui risque fort de décliner avec l’aggravation de la crise mondiale.
Pour ce qui est des élections à venir, les partis plus ou moins laïques ne sont pas moins d’une centaine. Seuls les islamistes d’Hennaba sont organisés et sont crédités de 35% des voix ; or leur seul projet est d’islamiser la future république. Les laïques auront bien des difficultés de ce côté.
Ce dont on peut être certain c’est que les préoccupations écologiques n’occuperont pas le devant de la scène lors des prochaines élections ; le futur pouvoir remettra-t-il en cause le projet de l’usine de dessalement de l’eau de mer ou, avec le tarissement du pétrole libyen ce projet est-il d’ores et déjà condamné ?

L’Egypte contrairement à la Tunisie c’est 82 Millions d’habitants et une situation stratégique essentielle dans le système de domination occidental au Moyen Orient. Obama, après avoir lâché Ben Ali a dû lâcher Moubarak au grand dam de ses alliés saoudiens et israéliens. Il était difficile de maintenir un tyran de plus de 80 ans qui envisageait de voir son fils lui succéder, ce qui ne plaisait pas spécialement à l’armée. D’autre part laisser Moubarak se maintenir au prix d’un bain se sang, aurait donné une curieuse idée de ce que l’Occident appelle la démocratie . La déposition de Moubarak qui a servi d’exutoire à la colère populaire, ne résout aucunement le problème du pouvoir. Cette destitution laisse la totalité du pouvoir à l’armée égyptienne ; cette dernière est contrôlée par le Pentagone qui lui fournit annuellement deux milliards de dollars pour son entretien. Le rôle dévolu par le Pentagone à l’armée égyptienne est de servir de garde frontière au service d’Israël. C’est évidemment un des enjeux du futur. Les Frères musulmans qui sont certainement prêts à soutenir l’armée contre le peuple risquent fort d’avoir des problèmes avec leur base sur le soutien à Israël. Les cinq égyptiens abattus par l’armée israélienne dans le Sinaï ont beaucoup moins ému nos médias que le sort du soldat israélien Shalit. Par contre cela n’a pas été bien vécu en Egypte, en témoigne les 1000 blessés et deux morts des manifestations autour de l’ambassade Israélienne.
Sur le plan économique l’armée contrôle directement un certain nombre de secteurs : transmission, bâtiment, … Elle n’est pas prête à lâcher ses privilèges pour satisfaire les revendications de la population la plus pauvre.

Actuellement elle utilise à plein les tribunaux militaires instaurés par Moubarak pour jeter en prison sans jugement tous les révolutionnaires trop actifs. Les lendemains de la place Tarhir risquent fort d’être difficiles, ne serait-ce que pour les raisons écologiques exposés précédemment. L’Egypte, qui du temps de Nasser était le phare des pays arabes, est saturée d’humiliations. Il va être difficile à l’armée et de réprimer les prochaines émeutes de la faim et de servir de force d’appoint à l’armée israélienne. D’autant plus que la Turquie qui accueille sur son sol les fusées et les radars qui menacent l’Iran, commence à vouloir jouer sa partition de leader régional en essayant de rallier à sa cause un islam moderne les populations arabes en durcissant le ton vis à vis de son allié militaire israélien. Quoi qu’il en soit la moindre démocratisation de l’Egypte et des pays arabes est une menace mortelle pour la colonisations de peuplement israélienne . Obama, allié indéfectible d’Israël, risque, malgré la puissance militaire des USA ,ses bases dans le monde, de voir sa capacité à imposer la loi des colons israéliens au monde, s’affaiblir avec la fin tôt ou tard de la domination du dollars . Reste à savoir si l’Amérique et ses supplétifs européens sont prêts à exterminer les Arabes afin de maintenir la colonisation de la Palestine. La politique actuelle d’Obama est d’utiliser au maximum le rideau de fumée révolutionnaire pour détruire les pays qui sur le plan international ne sont pas totalement sous le contrôle américain. L’agression contre la Libye a permis à l’Occident de se débarrasser d’un potentat local indocile et le pays transformé en champ de bataille et de ruines par ses sauveurs deviendra un vulgaire protectorat en proie à la guerre civile dès que l’armada aérienne de l’Otan cessera de pilonner les « Khadafistes ».
L’Algérie qui a, avec l’assentiment des occidentaux, piétiné la victoire du Fis, est actuellement sous pression. L’Occident utilisant sans états d’âme les djihadistes et autres séparatistes berbères pour non pas abattre le pouvoir en place mais la structure étatique même. Pour ce qui est de la Syrie où le pouvoir alaouite règne sur une majorité sunnite grâce au régime le plus policier de la région, l’objectif est le même.

La sainte alliance des monarchies marocaines, saoudiennes et autre émirats joue le rôle majeur, le même qu’a joué le Qatar avec son potentat régnant sur 11000 kilomètres carrés et ses immenses gisements de gaz naturel en envoyant ses avions et ses mercenaires pour liquider Kadhafi.

Mais l’arme la plus efficace est Al Jazeera mise au service de l’Otan. Il est à craindre que toutes ces révoltes ne se terminent dans le chaos, prélude à la désintégration de notre civilisation industrielle. Les responsables de la politique occidentale savent pertinemment qu’une avançée réelle de la démocratie signerait l’émancipation de ces pays de la tutelle occidentale. La fin de la période coloniale. C’est pourquoi leurs plus surs alliés pour le maintien de ces pays dans la dépendance occidentale sont les monarchies du Golfe et la monarchie marocaine

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