Le CNT Libyen divisé et répressif obtient la reconnaissance du machin
20 septembre 2011
Le CNT libyen divisé et répressif obtient la réconnaissance des Nations-Unies
Le Conseil national de Transition (CNT) libyen a obtenu (par 114 voix) la reconnaissance de l’Assemblée générale des Nations-Unies : seuls 17 pays se sont opposés et 15 se sont abstenus. L’Angola pour la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) a présenté une motion contestant la procédure d’accréditation du CNT, et les pays de gauche latino-américain (dont Cuba, le Vénézuéla et la Bolivie) ont défendu une motion refusant sur le fond la légitimité du nouveau régime libyen. Le représentant de l’Egypte a pris la parole pour demander à l’ONU de ne pas soutenir la motion latino-américaine qui a été écartée. Les pays qui ont voté contre la reconnaissance sont donc : l’Angola, la Bolivie, Cuba, la République démocratique du Congo, l’Equateur, la Guinée Equatoriale, Kenya, le Lesotho, le Malawi, la Namibie, le Nicaragua, l’Afrique du Sud, le Swaziland, la Tanzanie, le Venezuela, la Zambie, le Zimbabwe.. Les abstentions : l’Algerie, Antigua et Barbuda, le Cameroun, la République Dominicaine, le Salvador, l’Indonesie, le Mali, la Mauritanie, le Nepal, Saint Vincent et les Grenadines, l’Arabie séoudite (bizarrement…), le Surinam, Trinidad et Tobago, l’Ouganda, l’Uruguay. Beaucoup de pays n’ont pas pris part au vote : l’Albanie, la Biélorussie, le Centrafrique, la Corée du Nord, l’Erythrée, la Guinée, la Guinée Bissau, le Rwanda, la Somalie, le Burundi, le Cambodge, le Mozambique, le Myanmar, le Niger, le Pakistan, le Nigéria, Haïti, le Guyana, toute l’ancienne Asie centrale soviétique. A noter que des pays réputés non-alignés sur l’Ouest comme le Soudan, le Sri Lanka, la Syrie et le Liban ont voté en faveur de la reconnaissance du CNT…
Sur le terrain le CNT enregistre deux échecs cuisants : les fiefs kadhafistes de Sirte (ville natale de Kadhafi) et Bani Walid (bastion de la puissante tribu des Warfalla) pourtant encerclés par les insurgés et bombardés par l’OTAN résistent à leurs assaillants. A cela s’ajoute que, comme le reconnaissait le Figaro lui-même il y a huit jours, une grande partie du désert du Fezzan reste loyal à Kadhafi (ce qui peut permettre à ses partisans notamment de contrôler l’approvisionnement des villes en eau). Les médias dominants estiment que les fidélités tribales des villages du désert à Kadhafi sont imputables au caractère arriéré de ces régions, et à la présence de miliciens kadhafistes venus du Darfour. Ils estiment que le ralliement de ces zones au nouveau régime ne saurait tarder, mais l’ex-guide de la révolution garde de sérieux moyens financiers pour acheter des soutiens dans cette région.
Par ailleurs le CNT, déchiré par les dissensions entre ex-dignitaires du régime de Kadhafi et islamistes supporters de Abdoulhakim Belhaj, a échoué aujourd’hui à constituer un gouvernement.
Les partisans du CNT en revanche restent particulièrement efficaces en matière d’emprisonnement et d’exécutions sommaires (comme l’avait été le gouvernement pro-occidental en Irak après la chute de Saddam Hussein).
Les prisons étant pleines, les anciens partisans de Kadhafi, ou présumés tels, civils ou militaires (et notamment beaucoup de Noirs arrêtés au faciès), sont parqués dans des écoles, commes les 420 encore entassés (le 17 septembre) dans l’école secondaire de Misrata. A Tripoli 800 corps présentés comme des « pro-Kadhafi » ont été entassés dans un cimetière sans moyen d’identification. Des villages entiers ont été vidés comme Tawarga, peuplé de Noirs d’abord déplacés dans un camp de réfugié lequel a été attaqué par les insurgés de Misrata. Impossible de savoir si les habitants de Tawarga ont été tués par les bombes de l’OTAN ou par les insurgés. Ils sont en tout cas introuvables.
Ce triste bilan est à comparer au fait que selon la Croix rouge il n’y aurait eu qu’un millier de disparus imputable aux actions militaires de Kadhafi depuis le début du soulèvement. Un chiffre très éloignés des 50 000 avancés par le CNT et qui a été utilisé à tort par la propagande occidentale pour justifier l’intervention de l’OTAN (l’OTAN ayant elle-même tué, semble-t-il, un millier de personnes dans ses bombardements).
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