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21 décembre 2024

Aycha kadhafi ne fait plus la une : par Ahmed halfaoui


http://www.lesdebats.com/editions/280911/les%20debats.htm

Aïcha Kadhafi ne fait plus la une

L’information a fait le tour de la planète médiatique. Elle est de taille et doit être traitée toute affaire cessante. Une citoyenne des Etats-Unis se trouve réfugiée dans une mosquée à Syrte. De plus, elle est enceinte de trois mois et a trois enfants. Si elle se trouve là c’est parce qu’elle est mariée à un Libyen, qui se trouve du mauvais côté. Elle s’était déjà enfuie d’une autre ville devant les bombardements de l’OTAN (c’est elle qui le dit), pour se trouver dans le pire endroit qui soit. Les bombardements sont encore pires. La seule journée du dimanche 25 septembre, il a plu des bombes durant six heures d’affilée, soit 89 raids. Sur une ville censée avoir été «libérée» plus de 20 fois, au moins. A cette heure-ci on ne sait pas si les bombardiers ont tenu compte de l’appel de la dame, mais on peut supposer que les commanditaires vont faire attention. Car un cadavre comme celui-ci aura sûrement un impact très fort sur les bonnes âmes et mettra à mal l’opération «protecteur unifié». Etant entendu que les autres, les Libyens, n’ont pas compté jusqu’ici et ne compteront pas. Une autre information a fait la une. Mouammar Kadhafi qui a fait une révolution et qui a pu régner 42 ans aurait, pas éparpillé dans le désert vaste de centaines de milliers de km², pas jeté à la mer, mais… enterré dans un charnier 1 700 personnes à Tripoli. Les journalistes de CNN (la télé connue pour son objectivité légendaire) conduits sur les lieux, «un terrain boueux», déclarent n’avoir rien vu que «ce qui semblait être des ossements d’animaux».

Ceux de la BBC ont cru voir un débris d’os et des lambeaux de vêtements, tandis que France 24 qui n’avait pas de reporters sur les lieux est sûre de son fait. La chaîne, péremptoire, titre «plus d’un millier de corps découverts dans un charnier près de Tripoli», pour rapporter dans le texte le nombre de 1 700 corps. Notons que 1 700 cela fait quand même un peu plus que l’approximation «plus d’un millier». Mais quand on jubile on ne compte pas. Cependant, les charniers faits par les «révolutionnaires» dans la capitale grâce aux assassinats de masse, dénoncés par les ONG des droits de l’homme les plus connues (Amnesty International et Human Rights Watch), n’existent pas, médiatiquement parlant.

Une troisième information qui n’intéresse pas autant que les deux précédentes, parce que son registre est moins attrayant. Il s’agit d’une portion d’histoire qui talonne la France officielle depuis près de 50 ans. Les harkis se rappellent au bon souvenir de celui qui leur avait promis, en mars 2007, que s’il était élu il reconnaîtrait leur abandon lors de l’évacuation de l’Algérie devenue indépendante. Ce qui équivaut à leur reconnaître la qualité de «Français à part entière» qui leur est toujours refusée, tant qu’ils seront inscrits comme «indigènes supplétifs» de l’armée française et non en tant que soldats français. En ce qui les concerne, ils avaient pourtant gagné cette qualité, de la manière la plus louable qui soit, en offrant leur vie à ce qu’ils avaient choisi comme patrie. Partis de Montpellier, le 22 août dernier, dix d’entre eux sont arrivés à Paris le 22 septembre, dans l’espoir que leur communauté cesse d’être méprisée. Dans le même temps ils permettent de juger du degré de l’ingratitude du colonialisme. Avis aux «révolutionnaires» du CNT/OTAN.

Par Ahmed Halfaoui

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