A l’heure de l’austérité, combien nos pays consacrent-ils à la guerre ? par Simon de Beer
10 octobre 2011
A l’heure de l’austérité, combien nos pays consacrent-ils à la guerre ?
30 septembre 2011
Pour les guerres, nos gouvernements ne manquent pas d’argent. La dernière en date, contre la Libye, aura coûté au contribuable plusieurs centaines de millions d’euros en quelques mois. Et pendant ce temps, on annonce partout en Europe que les travailleurs devront se serrer la ceinture pour rembourser des dettes dont ils ne sont pas responsables.
France
Le ministre français de la défense, Gérard Longuet, a évalué le coût de la guerre pour la France à 320 millions d’euros en six mois (1). Cette somme, a-t-il affirmé, sera « mutualisée dans le budget global » de l’État et non prise sur celui de la défense. Le ministre a toutefois promis que les dépenses diminueraient dans les mois à venir. Mais il a également dit qu’il n’y avait « pas d’urgence » au désengagement de la France, du moins tant que la situation sur place ne serait pas réglée.
Lorsqu’on sait que la principale organisation patronale française – le Medef – a estimé le marché de la reconstruction en Libye à 200 milliards de dollars, on comprend que la France ne soit pas pressée de quitter les lieux. D’ailleurs, le secrétaire d’État au commerce extérieur ne le cache pas : « La France, a-t-il déclaré, bénéficie d’un capital de sympathie élevé auprès des nouvelles autorités libyennes. Il est normal que les entreprises françaises en profitent ».
Royaume-Uni
Un expert britannique vient de révéler que, contrairement aux chiffres officiels, le coût de la guerre pour son pays pourrait atteindre 2 milliards d’euros (2) ! Fin juin, le Royaume-Uni avait évalué ses dépenses à « seulement » 230 millions d’euros (3). Pour justifier cette somme, le secrétaire à la défense Liam Fox a expliqué qu’épargner des civils revenait cher. Une bonne chose en soi, puisque cela prouvait que les Britanniques avaient une « plus haute estime pour la vie humaine que le régime de Kadhafi ». Fox a d’ailleurs prévenu que, si l’on voulait des guerres « propres » à l’avenir, il faudrait accepter « d’en payer le coût financier ». Le chantage est donc clair : soit on paye, soit on tue. Et pourquoi pas simplement renoncer à la guerre ?
États-Unis
Alors que, depuis le début, les USA semblaient en retrait par rapport à la France et au Royaume-Uni, le prix de leur participation à la guerre est tout sauf négligeable. D’après le National Journal, le premier jour des bombardements leur aurait déjà coûté 100 millions de dollars rien qu’en munitions. Après quatre mois de conflit, le montant total de leurs dépenses s’élevait à 896 millions de dollars (4), soit 637 millions d’euros. La somme a dû aujourd’hui largement dépasser le milliard. Cependant, le Washignton Post a souligné qu’il s’agissait de frais minimes en comparaison de ceux des guerres d’Irak et d’Afghanistan, qui ont déjà dépassé ensemble les 1000 milliards de dollars. Et ça n’est pas fini !
Belgique
Avec la prolongation du conflit, décidée le 16 septembre par le gouvernement, le montant des opérations belges en Libye atteindra au moins 45 millions d’euros à la fin de l’année. Par rapport aux grandes puissances, cela peut sembler dérisoire, mais ça correspond quand même au salaire annuel de quelque 1750 jeunes professeurs. Depuis l’arrivée du nouveau ministre de la Défense, Pieter de Crem – qui refuse tout débat sur la guerre – le montant général des opérations belges à l’étranger n’a fait qu’augmenter, passant de 115 millions en 2007 à 170 millions en 2010, et plus encore aujourd’hui (5).
Notes :
(1) Le Monde, 06/09/11.
(2) The Guardian, 25/09/11.
(3) The Guardian, 23/06/11.
(4) The Washington Post, 23/08/11.
(5) Solidaire, 26/09/11.
Source : michelcollon.info