Ethique et anti-impérialisme par Alexandre Moumbaris
11 décembre 2011
3ème Conférence de l’IAPSCC
Nouvelle Association Staline
Éthique et anti-impérialisme
Amis et camarades
anti-impérialistes
et anticolonialistes,
Au cours des soixante – et plus particulièrement des vingt-cinq – dernières années les agressions impérialistes ont été intensifiées, ont augmentées, sont devenues plus grossières et effrénées. Des nations souveraines ont subi des agressions impérialistes camouflées en «révolutions de fleurs», en «interventions humanitaires», en «révolutions démocratiques», ou étaient simplement des flagrantes intimidations militaires ou des guerres, qui ouvrirent la voie à la mort et à la dévastation, suivies par la misère et l’humiliation. Ces nations sont l’Ukraine, la Roumanie, la Yougoslavie, l’Iraq, l’Afghanistan, la Somalie, la Côte d’Ivoire, nous venons de voir la Libye, et bientôt la Syrie, puis l’Iran et si nous arrivons à éviter une Troisième Guerre mondiale, possiblement l’Algérie, le Venezuela et qui sait qui sera le prochain….
Mais l’impérialisme est-il
si invincible?
Il y a quelques années les États-Unis ont remplacé le régime colonialiste français dans son effort à asservir la nation vietnamienne, le peuple vietnamien. Ils ont été vaincus et ont dû partir en désordre, humiliés. En d’autres mots ils ont été jetés dehors! Le coût de la guerre a été si important, et la tension sur l’économie si grande que la convertibilité du dollar – une once d’or pour $35 – a dû être abandonnée. Par conséquent, depuis le début des années 70’ le dollar et les devises qui lui sont liées ne sont garanties d’aucune manière concrète, hormis par leur valeur de papier colorié. Aujourd’hui nous avons vu le prix de l’once d’or, monter à $1900. Il s’agit nullement d’une augmentation de la valeur de l’or; mais plutôt d’une dévaluation du dollar de cinquante fois. La dette publique des États-Unis a dépassé les 15 trillions de dollars. Une somme difficile à imaginer, 15 millions de millions, ou 15*1012, alors que son passif non capitalisé représente plus d’un million de dollars par contribuable étasunien…. Économiquement la fin se dessine à l’horizon.
Ce système consistant à imprimer des dollars en papier, a donné un avantage énorme aux États-Unis. Il leur a permis de produire des masses de dollars-papier et de les échanger contre de la richesse concrète, escroquant ainsi d’autres nations. Ce système a payé pour leurs guerres, enrichi leurs capitalistes, résolu leurs problèmes au jour le jour…. Mais inexorablement cette sorte de «martingale» frauduleuse a atteint ses limites, et de plus en plus, approche l’inévitable faillite. Maintenant, en désespoir de cause ils cherchent à trouver des solutions alternatives pour préserver leurs profits, pour préserver le gangster-capitalisme qui paie pour leurs privilèges et ceux de leurs laquais. Mais alors que l’impérialisme s’affaiblit, paradoxalement il devient plus dangereux, plus frénétiquement féroce.
En Iran à l’époque du Shah, les États-Unis avaient leurs forces sur la frontière avec l’Union soviétique. Depuis l’instauration de la République islamique, ils ont été contraints de partir. Ils ont été jetés dehors! Ces dernières années les États-Unis ont choisi de se battre en Irak et en Afghanistan, ils disent qu’ils se retirent. Il aurait été plus exact de dire qu’ils ont été vaincus parce qu’ils ne peuvent pas supporter les pertes humaines, militaires et économiques que les Résistances de ces pays leur inflige. Une fois de plus ils sont jetés dehors! Maintenant ils tentent de trouver en Afrique et en Méditerranée d’autres lieux et peuples à exploiter. Ils seront, une fois de plus jetés dehors!!! Et nous oublions l’Amérique du Sud: le Venezuela, l’Équateur, la Bolivie…. et aux dernières nouvelles les États-Unis établiront une grande base militaire en …. Australie.
Oui ils sont en train d’être jetés dehors, mais le coût pour l’humanité est grand, grand en vies perdues, en traumatismes psychologiques, en catastrophes sociales, en destructions économiques, en dévastations culturelles, en dommages à la nature, en nourrissons difformes, en maladies connues ou inconnues ayant comme causes la radiation de l’uranium….
Nous n’avons comme choix que de faire face à cette situation, et tout ce que nous espérons réussir est de limiter les dégâts.
Qui sommes-nous?
Qui et Que représentons-nous?
Nous, en tant qu’anti-impérialistes, comme l’affirme notre nom, déclarons par ce fait que l’impérialisme est notre ennemi, notre ennemi direct et principal. Notre rôle, consiste à nous engager activement dans la lutte pour l’émancipation des nations opprimées, leurs classes ouvrières, leurs pauvres artisans et leurs populations opprimées, en général. Nous ne pouvons pas être en même temps anti-impérialistes et anticolonialistes, sans soutenir simultanément les victimes des agressions impérialistes; parce que cela signifierait que nous sommes contre le criminel mais pas contre le crime, contre le meurtrier mais pas contre ce qui arrive à la victime.
Notre rôle n’est pas seulement d’apaiser nos consciences, de donner l’impression ou simplement de condamner verbalement l’impérialisme et le colonialisme. Certainement, ce que nous pouvons faire est dépendant de notre environnement politique, nos capacités et plus généralement des circonstances dans lesquelles nous vivons. Notre devoir est de maximiser notre efficacité, de faire que chaque frappe compte, et de contribuer à l’affaiblissement et l’éventuelle destruction de l’impérialisme et du colonialisme.
Plus simplement dans le contexte actuel notre rôle international est essentiellement anticolonialiste. Pour nous il n’est pas question de religion, de race, de caste, hormis que l’impérialisme se sert de ces questions pour camoufler ce qui lui est essentiel, à savoir, d’exploiter le labeur des êtres humains et c’est précisément pourquoi nous le combattons, et dans ce contexte nous devons prendre en compte les offenses et les manipulations qu’il entreprend en matière de religion, de race et de culture.
Nous nous battons pour le respect du droit international, alors que celui-ci ne fait qu’être violé de manière flagrante, et que l’Organisation des Nations Unis est au mieux quasiment impuissante et au pire un instrument pour justifier les interventions colonialistes. Et quand bien même devrait-elle les désapprouver elle serait simplement balayée de côté et ignorée. Il n’y a plus d’Union soviétique et pas de camp Communiste pour se lever et les arrêter. En fait nous ne pouvons plus avoir confiance en aucune institution qui dépend du capitalisme. Le Fond monétaire international, le système bancaire, le système financier sont pourris. Nous ne pouvons même pas avoir confiance en l’Organisation mondiale de la santé, l’industrie pharmaceutique…. Et certainement nous ne pouvons pas avoir confiance dans les media. Particulièrement les media, devenus des instruments de guerre, moyens pour confondre, manipuler et préparer l’opinion publique au meurtre. Ils sont à mettre au même niveau de complicité que les militaires.
En plus de cela nous n’avons pas seulement à combattre l’impérialisme, le colonialisme et ses domestiques directs, nous devons aussi combattre – avec des extrêmement rares exceptions – les organisations politiques: sociaux-démocrates, soi-disant «marxistes», trotskistes, soi-disant communistes «pro-albanais»… qui de manière répétée, comme dans le cas des socio-démocrates du siècle passé, qui pour les raisons «les plus élogieuses» lorsque les dès ont été jetés s’associent aux positions impérialismes, aux guerres bourgeoises, au colonialisme et au fascisme (France en 1914, Autriche 1934, France années 50’ , Yougoslavie années 90’ , Grèce en 2011…).
Non seulement nous devons combattre les organisations politiques, telles citées ci-dessus, mais aussi les organisations sociales, syndicales, même soi-disant anticolonialistes et anti-guerre qui leur sont liées, et qui portent et disséminent de la propagande, engageant des campagnes camouflées en campagnes anti-impérialistes mais en substance se rangent avec l’impérialisme. Nous devons rompre nettement avec elles, les dénoncer, les condamner. En France aucun des partis parlementaires ne s’est opposé à la guerre contre le gouvernement légitime de Libye, au contraire ils l’ont tous soutenue, avec une seule exception – à notre confusion – celle de l’extrême droite, le Front national.
Mais il y a pire, Pires sont ces pays, comme dans le cas de la guerre contre la Libye qui au-lieu de se ranger avec leur frères arabes, leur coreligionnaires musulmans et leur voisins africains, ont agi tels des laquais impérialistes.
Mais il y a plus triste encore. Bien que – et je suis content de le dire – toutes les organisations communistes staliniennes que je connaisse, aient tenu la ligne juste et défendu le gouvernement légitime de Libye, il y a eu des soi-disant «partis communistes» qui se sont rangés sans pudeur, du côté des «rebelles»; c’est-à-dire des réactionnaires royalistes, des voyous à gages, des agents impérialistes, des troupes et des mercenaires, tous au service des agresseurs impérialistes et de leur idée de ce que la démocratie libyenne devrait être.
Mais il y a encore plus désolant. Des organisation, qui avec courage mènent de justes luttes dans leur pays et qui défendent leur souveraineté d’une manière formidable, pourtant quant il s’agit de la souveraineté d’autres nations telles que la Libye, la Syrie ou l’Iran…. paraissent vouloir régler de vieux comptes politiques et religieux que ce soit par ingratitude, opportunisme ou tout simplement parce qu’ils ont été achetés, … ont agi dans la même direction que les impérialistes, c’est-à-dire comme des alliés objectifs de l’impérialisme et du colonialisme. Bien que nous devions continuer à soutenir loyalement ces organisations dans les luttes pour leur libération nationale et la défense de la souveraineté de leur nation, il est désolant que nous devions simultanément avoir à les combattre quand ils agissent comme des alliés objectifs des colonialistes contre un pays comme la Libye qui s’est battu et continue à se battre courageusement pour les mêmes causes qu’eux dans leur propre pays.
À la place de la Libye nous aurions pu utiliser comme exemples la Yougoslavie ou la Côte d’Ivoire, mais la guerre en Libye est plus récente, a duré plus longtemps et les attaques qu’elle a subi était plus flagrantes, hypocrites et éhontées.
Il y a encore pire, mais je vais vous parler du dirigeant communiste Nikos Zakhariadis.
Le secrétaire général du Parti communiste de Grèce, Nikos Zachariadis avait été arrêté et emprisonné en 1936 par le régime fasciste de Metaxas. Le 28 octobre de 1940, l’Italie fasciste avait déclaré la guerre à la Grèce fasciste. Mussolini exigeant de Metaxas de laisser passer ses armées dans le pays. Metaxas a répondu «OXI» qui veut dire «NON» en grec. Depuis ce temps le 28 octobre est devenu le jour du «OXI», du «NON» et célébré comme une journée nationale.
Nikos Zachariadis de sa prison, écrivit une lettre au dictateur Metaxas, appelant à la mobilisation dans les forces armées de tous les communistes – nécessairement sous le commandement du gouvernement fasciste – pour combattre l’envahisseur italien et défendre la souveraineté de leur pays.
L’illustration que je tente de faire est qu’il y a une distinction entre lutte de classe [interne] et la lutte patriotique – qu’elle soit sous la forme de lutte pour la libération ou pour la défense de la souveraineté, nationale. L’envahisseur colonialiste inflige inévitablement et de manière accrue, oppression, exploitation, abaissement culturel… à la population dans son ensemble. La classe ouvrière trouvera ainsi un allié dans la bourgeoisie patriotique et un ennemi dans la partie collaborationniste de la bourgeoisie compradore.
Si nous, en tant que communistes, vivions en Libye dans cette période – selon l’exemple de Zachariadis – nous nous serions battus, armes à la main, aux côtés du gouvernement légitime de Lybie et de son guide Mouammar Kadhafi. Mais en étant basés dans un pays étranger, nous avons fait ce que nous pouvions pour assister la Libye depuis notre territoire et avec les moyens auxquels nous avions accès. Je considère que c’est l’approche correcte à adopter par des organisations anti-impérialistes et les partis communistes. Notre fonction était de mobiliser l’opinion publique, manifester…. faire tout ce que nous pouvions pour entraver et mettre autant de pression possible contre l’agression impérialiste française de la Libye.
Au moment où les cartes sont sur la table, quand la guerre colonialiste d’agression se déchaine contre un pays souverain, et que des gens meurent, nous devons assumer nos responsabilités et nous ranger du côté de celui qui est agressé. Les barricades n’ont que deux côtés. Chacun doit choisir avec qui et contre qui il se battra. Il n’y a pas de troisième option. Ceux qui avaient choisi ce moment pour déclarer qu’ils étaient contre l’intervention impérialiste, et dans le même souffle traitaient Mouammar de «dictateur», confondaient la lutte de classe et la défense de la souveraineté nationale. Ils montrent de l’hostilité à l’égard de la nation victime, tout en condamnant l’impérialisme agresseur. En fait ils adoptent le même argument «naïf» et hypocrites que les coupe-gorges du Conseil national de transition, tout en agissant pertinemment en faveur des impérialistes.
Comment peut-on mobiliser l’opinion publique, ou même des militants de sa propre organisation pour soutenir la Libye si on qualifie Mouammar Kadhafi de «dictateur». Autant dire «qu’il a eu ce qu’il méritait». Cela produit un effet désastreux, va à l’encontre de l’effort de lutte contre l’ennemi, c’est indigne d’organisations anti-impérialistes, indigne de communistes, indigne de partis communistes.
Un parti communiste arrive à un résultat aussi répréhensible, en faisant une analyse critique de l’histoire de la Libye avec des qualificatifs élogieux de la Résistance, pour conclure sur la nécessité de créer un hypothétique Front de «Résistance» avec un programme plus progressiste pour faire face aux agresseurs impérialistes, plutôt que de soutenir la Résistance existante.
Si nous sommes déterminés à être efficaces, alors que la lutte atteint son zénith, même si nous nous souvenons d’événements passées, nous devons néanmoins rester silencieux sur tout ce qui pourrait avoir un effet négatif au résultat. Nous ne sommes ni spectateurs, ni juges, ni donneurs de leçons; nous sommes des alliés, et en tant que tels nous assumons nos responsabilités.
Je n’ai pas mentionné de noms d’organisations, pourtant mes exemples n’ont pas été tirés de mon imagination. Celles concernées et d’autres aussi, savent à qui je fais référence, et ceux qui ne le savent pas peuvent très facilement le découvrir.
Je veux juste dire que si nous, en tant qu’organisation ou pays, nous ne défendons pas la souveraineté d’autres pays, comment pouvons-nous attendre que d’autres organisations et pays se solidarisent avec nous.
Vive les nations, organisations, individus qui combattent l’impérialisme!
Vive la lutte de la Libye, de la Syrie, de l’Iran, de la Corée du Nord, de Cuba de Venezuela….!
Dans la bataille qu’ils engagent contre l’impérialisme, ils combattent aussi pour nous. Il est de notre devoir de nous battre pour eux!
Alexandre Moumbaris
président de
la Nouvelle association Staline, France
3èime Conférence Internationale d’IAPSCC—SPB
27 au 29 of novembre 2011,
Dhaka, Bangladesh
28 of novembre 2011