INITIATION AU LEXIQUE RELOOKE DE POLITIQUE INTERNATIONALE par Ennedjar
14 décembre 2011
INITIATION AU LEXIQUE RELOOKE DE POLITIQUE INTERNATIONALE
( à l’usage des journalistes soucieux d’être de leur temps, mais pas seulement)
( à l’usage des journalistes soucieux d’être de leur temps, mais pas seulement)
La campagne révolutionnaire triomphale pour l’instauration de l’Etat de droit (pas de droite attention) et de la démocratie en Lybie a été l’occasion non seulement de faire bénéficier ce pays, encore en voie de développement, on le sait, d’un transfert des technologies de défense les plus sophistiquées que les laboratoires et le génie inventif de la communauté internationale ont créées ces derniers temps, mais de montrer que cet esprit d’innovation embrassait même le vocabulaire des relations internationales appliqué aux réalités de ce pays( et de nos pays, on peut dire). Ainsi, on dira le gouvernement de Sarkozy , Cameron ou Berlusconi, par exemple, mais le régime de Kadhafi, de Bachar El Assad, de Bouteflika…De la même façon on parlera de l’armée française ou britannique, des forces armées américaines, voire de la poétique Tsahal israélienne, mais des troupes de Kaddafi, des forces du régime Al Assad et quand cela empire des milices du régime ou des éléments et combattants loyalistes restés fidèles au régime(Al Assad, Kaddafi, Bouteflika, etc.). On parlera volontiers du courant Rocard, Hollande ou Fabius, au PS, des centristes de l’UMP en France, des socio-libéraux chez les travaillistes outre Manche, mais outre Méditerranée le maître- mot c’est les clans, exemple le clan Bouteflika, le clan de l’armée… La lecture des médias de la communauté internationale est très riche d’illustrations de cette innovation linguistique. Communauté internationale, ce vocable lui-même est un des fruits de ce lifting heureux du lexique de politique internationale.
Il est obligatoirement suivi des verbes s’inquiète, s’indigne, demande, exige, condamne, sanctionne…, puis d’une liste de pays choisis avec le plus grand soin. Il est tout à fait exclu qu’il ait comme complément d’objet direct le nom des pays suivants, par exemple : Israël, les Etats-Unis, la France, la Grande Bretagne, l’Allemagne, l’Italie, le Japon. Prenons un exemple, à titre d’illustration.
Tout récemment, Newt Gingrich, qui brigue l’investiture républicaine contre Obama aux prochaines élections américaines a déclaré : “Les Palestiniens ne sont pas un peuple parce qu’ils n’ont jamais eu d’État et qu’ils faisaient partie de l’empire ottoman avant la création d’Israël”. Les Palestiniens seraient, à ses dires « un peuple inventé ». Ce cas de figure ne peut pas autoriser à construire une phrase sur le mode de « La communauté internationale s’indigne des propos de New Gringrich » ou de quelque variante apparentée. On en déduit aisément ce que « communauté internationale » recouvre.
Tout comme il est, disons inapproprié, d’écrire, pour rester dans la brulante actualité de « la crise de l’euro » : «La communauté internationale » s’inquiète des conséquences dramatiques des agissements des banksters sur les peuples grec, espagnol ou portugais et particulièrement sur leur jeunesse ».Il est loisible à tout un chacun curieux de modernité langagière de cueillir sur les pages des mainstreams une floraison d’exemples instructifs de l’usage que l’on peut faire de la langue dans la politique internationale. Et voici qu’un autre cas d’école( le dernier c’est promis) nous est offert par l’actualité. Un drone américain s’est égaré par erreur dans l’espace aérien iranien. L’erreur est humaine n’est-ce pas. Mais un avion syrien, on va dire, ne peut que violer l’espace aérien israélien ! Etc, etc, etc..
Ennedjar