Ingérences : le débat est-il ouvert ? par Ahmed Halfaoui
16 décembre 2011
Cest au nom de ce « Droit d’Ingérence » qui n’est qu’un droit de coloniser, si cher à Bernard Kauchmar qu’ils ont massacré, deplacé des populations entières, détruits des nations et affamés des peuples qui se sont permis de résister.
Ginette
http://www.lesdebats.com/editions/141211/les%20debats.htm
Ingérences : le débat s’est-il ouvert ?
Les mots sont en train de perdre leur sens et la notion de justice son âme. Laurent Gbagbo, le président de la Côte d’Ivoire qui a refusé à la «communauté internationale» le pouvoir électoral dans son pays, va subir les dérives d’une époque où l’incongruité le dispute au cynisme. Il est accusé d’être «le coauteur indirect» de quatre crimes contre l’humanité, «meurtres, viols et autres violences sexuelles, actes de persécution et autres actes inhumains». Luis Moreno Ocampo, le procureur, ne fait pas d’enquête, incarcère au jugé et décrète les culpabilités, sans état d’âme et n’hésite pas à user des pires mensonges pour argumenter ses décisions. Il avait affirmé que Kadhafi avait fourni des tonnes de Viagra à ses soldats, sans susciter des doutes sur sa déontologie. Qu’importe, fort de sa «certification» par les puissants de ce monde, Alassane Ouattara, a livré son compatriote à la Cour Pour Indigènes (CPI), à ce procureur, à cette juridiction raciste spécialisée dans la légalisation des décisions colonialistes. Surfant sur le concept de démocratie, les partisans de cette forme de justice en font une épée de Damoclès pendue sur la tête de dirigeants, tous africains, pas toujours en phase avec la justice sociale, mais surtout un tantinet réfractaires à l’ingérence dans les affaires de leurs pays. Gbagbo est de cela. Il a eu sa tranquillité tant qu’il se conformait à l’ordre léonin qui régnait sur les marchés ivoiriens. Mal lui en pris quand il a jugé qu’il devait faire comme le marché lui-même le commande. Il s’est mis à mettre en concurrence les fournisseurs étrangers. La première fois, en 2002, il a eu droit à un coup d’Etat qui a heureusement foiré. Il ne résistera pas à la seconde attaque. On lui fomente une insurrection armée, surarmée, on lui impose de négocier avec elle et d’organiser des élections présidentielles, alors qu’une grande part du territoire et de la population se trouvent sous le contrôle des «rebelles» qui soutiennent son adversaire Ouattara. De mémoires de journalistes, les «Forces nouvelles» sont les plus impliquées dans les massacres et les sévices contre les civils.
Leurs chefs, désormais le chef de l’Etat et le ministre de la Défense, sont blanchis de la chose. Eux, ils ont tué pour accéder au pouvoir en vue de réparer le mal qu’a fait Gbagbo en permettant aux Chinois et à de nouveaux venus d’empiéter sur la chasse gardée. Leurs crimes sont jugés légitimes. Comme ceux d’Ehud Olmert, Tzipi Livni, Ehud Barak et de tous les chefs sionistes, en Palestine et au Liban. Ceux-là ne seront jamais inquiétés et la «communauté internationale» trouve même qu’ils ont le droit de se défendre contre les Palestiniens qui se défendent contre leurs exactions.
Inutile d’invoquer la liste ouverte des centaines de milliers de morts qu’alimentent depuis des décennies les bombes et les missiles des Etats-Unis et de leurs satellites. Il n’y aura pas de cour pour ça. Du moins tant que le monde continuera de subir le droit de la force. Il y a quand même une consolation. Des milliers d’Ivoiriens et des personnes, dont la dignité a survécu à la régression morale qui lamine la planète, ont organisé des marches de soutien au président Laurent Gbagbo, à Paris et à La Haye. C’est la première de ce genre que connaît ce tribunal éhonté. Ce qui signifie qu’il en connaîtra certainement d’autres. Il faut l’espérer.
Par Ahmed Halfaoui