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25 novembre 2024

L’Afrique otage de sa bourgeoisie nationale par Nzwamba Simanga


L’Afrique, otage de sa bourgeoisie nationale

Source : http://afrohistorama.over-blog.com/

L’année électorale africaine 2011 a été riche en évènements qui ont montré les limites des méthodes généralement admises dans la classe politique africaine. Avec les Occidentaux montrant aux naïfs leur vrai visage et ces acteurs politiques persistant dans leur schéma politique sans lendemain, nous avons vu la Côte d’Ivoire sombrer dans l’enfer post-électorale, des coups d’état électoraux un peu partout en Afrique, une offre publique d’achat aur la Libye avec l’assassinat cruel de son président Khadafi et enfin le colosse au pied d’argile de l’Afrique la RDC vaciller dans la tourmente des contestations électorales.

Avec tous ces rebondissements qui ne font que confirmer la suprématie des états cannibales en Afrique qui mangent leurs enfants, il y a lieu de se demander : comment en sommes-nous arrivés là ?

Frantz Fanon avait déjà vu venir tout cela et suivons ce qu’il en pensait :
« La bourgeoisie nationale qui prend le pouvoir à la fin du régime colonial est une bourgeoisie sous-développée. Sa puissance économique presque nulle, et en tout cas, sans commune mesure avec la bourgeoisie métropolitaine à laquelle elle entend se substituer. Dans son narcissisme volontariste, la bourgeoisie nationale c’est facilement convaincue qu’elle peut facilement remplacer la bourgeoisie métropolitaine.

Mais l’indépendance qui la met littéralement au pied du mur va déclencher chez elle des réactions catastrophiques et l’obliger à LANCER DES APPELS ANGOISSÉS EN DIRECTION DE L’ANCIENNE MÉTROPOLE. Les cadres universitaires et les commerçants qui constituent la fraction la plus éclairée du nouvel Etat se caractérisent par leur petit nombre, leur concentration dans la capitale, le type de leurs activités : négoce exploitations agricoles, professions libérales. Au sein de cette bourgeoisie nationale on ne trouve ni industriels ni financiers.

La bourgeoisie nationale des pays sous-développés n’est pas orientée vers la production, l’invention, la construction, le travail. Elle est toute entière canalisée vers des activités intermédiaires.

ETRE DANS LE CIRCUIT, DANS LA COMBINE, TELLE SEMBLE ÊTRE SA VOCATION PROFONDE.

La bourgeoisie nationale a la psychologie d’un homme d’affaire, non de capitaine d’industrie. Et il est bien vrai que la rapacité des colons et le système d’embargo installé par le colonialisme ne lui ont guère laissé de choix. Dans un système colonial une bourgeoisie qui accumule du capital est une impossibilité.

Or précisément il semble que le rôle d’une bourgeoisie nationale authentique dans un pays sous-développé est de se nier en tant que bourgeoisie, de se nier en tant qu’instrument du capital et de se faire totalement esclave du capital révolutionnaire que constitue le peuple.

Dans un pays sous-développé une bourgeoisie nationale authentique doit se faire un devoir impérieux de trahir la vocation à laquelle elle était destinée, de se mettre à l’école du peuple, c’est-à-dire de METTRE A LA DISPOSITION DU PEUPLE LE CAPITAL INTELLECTUEL ET TECHNIQUE QU’ELLE A ARRACHÉ LORS DE SON PASSAGE DANS LES UNIVERSITÉS COLONIALES.

Nous verrons malheureusement que, assez souvent, la bourgeoisie nationale se détourne de cette voie héroïque et positive, féconde et juste, pour s’enfoncer, lame en paix, dans la voie horrible, parce qu’antinationale d’une bourgeoisie classique, d’une bourgeoisie bourgeoise, platement, bêtement, cyniquement bourgeoise.

L’objectif des partis nationalistes à partir d’une certaine époque est, nous l’avons vu, strictement national. Ils mobilisent le peuple sur le MOT D’ORDRE d’indépendance et pour le reste s’en remettent à l’avenir.

Quand on interroge ces partis sur le programme économique de l’Etat qu’ils revendiquent, sur le régime qu’ils se proposent d’instaurer, ILS SE MONTRENT INCAPABLES DE RÉPONDRE parce que précisément ils sont totalement ignorants à l’égard de l’économie de leur propre pays.

Cette économie s’est toujours développée en dehors d’eux. Des ressources actuelles et potentielles du sol et du sous-sol de leur pays, ils n’ont qu’une connaissance livresque, approximative. Ils ne peuvent donc en parler que sur un plan abstrait, général. Après l’indépendance cette bourgeoisie sous développée, numériquement réduite, sans capitaux, qui refuse la voie révolutionnaire, VA LAMENTABLEMENT STAGNER.»

Frantz Fanon, Les damnés de la Terre.

Resté d’une troublante actualité…

By Nzwamba Simanga

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