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25 avril 2024

Les dessous de la mission secrète du Royaume-Uni pour vaincre Kadhafi par Mark Urban


 

http://www.bbc.co.uk/news/magazine-16573516

 

Inside story of the UK’s secret mission to beat Gaddafi

By Mark Urban

 

Les dessous de la mission secrète du Royaume-Uni pour vaincre Kadhafi

 

Les forces britanniques pour aider à renverser le Colonel Kadhafi n’étaient pas limités à des frappes aériennes. Au sol – et en cachette – des soldats des forces spéciales ont été mêlés à des combattants rebelles. Voici le récit précédemment passé sous silence  du rôle décisif qu’ils ont joué.

 

La campagne britannique pour renverser le régime de Mouammar Kadhafi avait sa face publique – avec des avions larguant des bombes ou les bateaux de la Royal Navy apparaissant dans les eaux libyennes – mais aussi sa face secrète.

 

(Mes investigations dans cette force secrète révèlent une histoire, en fait, de gens disposés à essayer  de se mettre au travail, pendant tout le temps  faisant face aux contraintes politiques et juridiques imposées depuis Londres.)

 

En fin de compte les forces spéciales britanniques ont été déployées au sol afin d’aider les alliés du Royaume-Uni – les révolutionnaires libyens appelaient souvent le Conseil National de Transition ou CNT. Ceux qui ont une connaissance du programme soutiennent « ils ont fait un travail formidable » et ont contribué à l’effondrement final du régime de Kadhafi.

 

La politique du Royaume-Uni en matière d’intervention a évolué par à-coups et a été changée à des points clés par des événements sur le terrain. Les arguments jusqu’où le Royaume-Uni devrait aller ont été débattus au sein d’une série de réunions du Conseil national de sécurité à Downing Street. Sous la présidence du Premier ministre David Cameron, les principaux membres étaient :

 

-le chef d’état-major Général Sir David Richards

-le secrétaire à la défense Liam Fox

-le secrétaire aux Affaires étrangères William Hague

Le chef de cabinet de M.Cameron, Ed Llewellyn, a été une des principales voix exhortant  à l’action après le début de la révolution libyenne au mois de février dernier, ont déclaré les initiés de Whitehall.

La première implication significative des forces britanniques en Libye a été une mission de sauvetage montée juste quelques semaines après qu’éclate le soulèvement contre Kadhafi. Le 3 mars, les avions de la Royal Air Force C130 ont été envoyés sur une piste d’atterrissage déserte à Zilla dans le sud du pays pour sauver des travailleurs étrangers du secteur pétrolier. Beaucoup avaient été menacés par des hommes armés et des bandits.

Ce pont aérien avec 150 étrangers, dont environ 20 Britanniques, jusqu’à l’aéroport de La Valette à Malte s’est bien déroulé en dehors d’un avion qui a été touché par un tir au sol peu après son décollage.

Environ deux douzaine d’hommes du C Squadron of the Special Boat Service (SBS) ont accompagné ces vols et ont aidé à sécuriser la zone d’atterrissage. Ce fut une intervention discrète et à court-terme  qui a sauvé les travailleurs du risque d’un enlèvement ou d’un assassinat, et n’a guère causé de débat à Whitehall.

Cependant les évènements ont changé plus loin de manière chaotique et violente avec la dislocation des forces armées libyennes et Benhazi qui émergeait comme un centre de l’opposition. Le gouvernement a cherché à ouvrir des discussions avec le Conseil national de transition à la fois ouvertement et secrètement.

C’était le côté secret de cette relation qui a amené à peu près la Grande-Bretagne à une plus large tentative pour aider la révolution (to grief ?). Le Secret Intelligence Service, ou M16, a cherché à intensifier la communication avec certains de ses contacts dans l’opposition. Il a été décidé d’envoyer deux personnes du Service dans une ville pas loin de Benghazi pour rencontrer un de ces Libyens.

Des personnes au courant de ce qui se passait, disent que M16 décida à ce moment-là d’éviter la frégate de la Royal Navy à Benghazi ou tout autre symbole évident de la puissance nationale pour servir de lieu à cette rencontre. A la place, ils ont opté pour un transport de nuit de Malte en Libye par hélicoptère Chinook afin de rencontrer  » des arrangeurs » qui pourraient les aider à se rendre à la réunion.

Dans la planification de cette opération, SIS a choisi d’utiliser une branche sensible des forces spéciales, E Squadron, afin de protéger ses gens. Six membres de l’escadron E, lesquels sont recrutés au sein des trois unités Tier 1 (SAS, SBS ans Special Reconnaissance Regiment) sont montés comme convenu à bord du Chinook  afin de « surveiller » les gens du service secret.

Ils étaient équipés de diverses armes et de matériel de communication sécurisé. Conformément au rôle sensible du E Squadron,

ils étaient habillés en civil ou vêtus de combinaisons noires (les récits varient) et étaient porteurs de différents passeports.

Le plan est tombé à l’eau presque immédiatement. L’atterrissage de leur hélicoptère a suscité la curiosité locale.

La révolution libyenne, comme beaucoup d’autres, a été accompagnée d’une bonne dose de paranoïa au sujet des mercenaires étrangers et des espions et l’équipée britannique n’aurait pas pu paraître plus suspecte. Ils ont été arrêtés et emmenés à Benghazi. Les hommes sur le terrain ont estimé qu’ouvrir le feu détruirait la mission portant sur les efforts de rapprochement dans laquelle ils s’étaient engagés.

Cette débacle à Benghazi est devenue encore plus embarrassante lorsque le gouvernement de Kadhafi a publié un appel téléphonique qui avait été intercepté dans lequel un diplomate britannique a plaidé la libération de l’équipe avec le CNT.

Les conséquences de ce qui s’était passé avec l’escadron E ont été de mettre à l’écart pendant des mois ceux qui avaient préconisé l’emploi des forces spéciales pour renverser le régime. Ceci a causé aussi de grandes difficultés au M16 qui avait planifié de détourner quelques figures-clés du cercle proche de Kadhafi.

Quand, le 19 mars, les tanks du Colonel Kadhafi ont été bombardés alors qu’ils entraient dans Benghazi, le conflit est entré dans une phase effectivement différente. Une action militaire très médiatisée était en cours et les dirigeants  du Royaume-Uni, des Etats-Unis et de la france étaient de plus en plus engagés à renverser le leader libyen.

Mais les moyens pouvant être utilisés étaient limités en raison à la fois de l’expérience malheureuse en Irak et des termes de la résolution de l’ONU qui avait autorisé les interventions militaires.

Sous la Résolution 1973 du Conseil de sécurité de l’ONU, les pays étaient autorisés d’utiliser la force « pour protéger les civils et les zones habités par des civils menacées d’être attaquées ».  Le texte note que les mesures utilisées pour atteindre les objectifs exclues « une force d’occupation étrangère sous toute forme que ce soit et sur n’importe quelle partie du territoire libyen ».

La révolution autorise la force mais ses limites – en évitant toute mention d’aide aux forces combattants l’armée du Colonel Kadhafi et en écartant « la présence de bottes » sur le terrain – défine beaucoup de la pensée du gouvernement britannique

La résolution autorisait la force mais ses restrictions, qui, la fois, évitaient toute mention de soutien aux forces combattant l’armée du Colonel Kadhafi et écartaient, en apparence, « les bottes sur le terrain », rendaient beaucoup compte de la pensée du gouvernement britannique.

Des figures-clés des discussions à Downing street étaient toujours convaincues que des frappes aériennes seules ne suffiraient pas pour atteindre l’objectif qu’elles voulaient. Lors des sessions du Conseil national de sécurité, Gen Richards et M.Fox ont argumenté pour planifier un apport en formation et en équipement aux forces révolutionnaires du CNT.

A une réunion qui s’est tenuevers la fin du mois de mars, on nous a dit que l’autorisation a été donnée de prendre certaines mesures pour développer les forces terrestres embryonnaires du CNT. Ceci impliquait l’envoi immédiat d’une petite équipe consultative ainsi que le développement à long-terme d’un projet  » formation et équipement ». Des ministres ont été informés, selon les personnes coutumières de la discussion, que cette seconde partie du plan prendrait au moins trois mois pour être mise en oeuvre.

Lorsque une demi-douzaine d’officiers britanniques sont arrivés dans un hôtel balnéaire de Benghazi au début du mois d’avril, ils n’étaient pas armés et leur rôle était strictement limité. On leur avait dit d’aider le CNT pour mettre en place la création d’un ministère de la Défense, situé dans une usine réquisitionnée à la périphérie de la ville.

La première et la plus basique tâche de l’équipe consultative a été d’obtenir de placer les différents bandes de combattants libyens, qui tournaient autour en rugissant dans des pick-up armés, sous une certaine sorte de coordination centrale. Comme l’avaient découvert des journalistes, la plupart de ces hommes avaient une faible idée de ce qu’ils faisaient et bientôt paniquaient à l’idée que les forces du Colonel Kadhafi étaient en train de les attaquer ou de les déborder.

Il y avait un nombre de questions juridiques qui empêchaient de leur fournir plus d’aide. Certains avocats de Whitehall ont fait valoir que n’importe quel type de présence au sol était problématique. Des doutes juridiques ont été soulevés concernant l’armement du CNT ou le ciblage du Colonel Kadhafi

Une fois que l’opération aérienne a été vraiment positionné sur les bases de l’Otan , ces questions, selon les initiés, sont devenues encore plus controversées avec l’alliance disant qu’on ‘n’accepterait pas d’hommes sur le terrain « dirigeant des frappes aériennes », au point que les journaux , même à la fin du printemps, spéculaient sur ce qui se passait déjà.

 

Le désir du gouvernement britannique d’obtenir le renversement de Kadhafi, tout en conciliant les sensibilités juridiques enregistrées par les différents départements de Whitehall, conduisit à une certaine frustration parmi ceux qui étaient en charge du travail politique.

 

 » Cela me  semblait juste  un inutile chemin tortueux pour faire le travail alors que nous en connaissions tous les objectifs sous-jacents », déclara quelqu’un. « C’était presque comme si nous avions perdu la capacité de définir un objectif clair et d’y aller. »

 

Cependant, le bombardement accidentel des colonnes du CNT par des avions de l’Otan, début avril, offrait un argument puissant à ceux qui voulaient plus d’assistance directe. Les officiers britanniques et français sur le terrain ont été autorisés à coopérer plus étroitement avec le CNT dans le but d’une  » déconfliction » ou d’éviter que de tels clashs accidentels se reproduisent.

 

Sous la rubrique déconfliction, les conseillers britanniques ont fait leur chemin dans des endroits comme Misrata, alors assiégée, où la RAF avait concentré ses frappes aériennes. Le décor était alors planté pour des mois de bombardements qui, comme ils progressaient, épuisaient à la fois le stock d’armes de précision disponible pour certains alliés de l’Otan et la patience de nombreux politiciens en raison de ce qui se passait. Des initiés disent, discrètement, qu’ils étaient bientôt en train de faire plus que de la déconfliction en coordonnant, en fait, certaines attaques aériennes de l’Otan.

 

S’inspirant de l’accord de mars sur le principe d’un programme d’entraînement, Gen Richards avait débuté une série de visites  discrètes à Dohan la capitale du Qatar.

 

Cet émirat du Golfe avait joué un rôle prépondérant en appuyant le CNT, et son chef de la défense était, en juin, en négociation d’un accord avec le Royaume-Uni  et la France afin de fournir du matériel de secours ainsi qu’une formation au CNT.

traduction I.T.

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