La résistance pacifiste et verte de Tunis se réorganise en consolidant ses liens lors d’une réunion historique
5 mars 2012
Les Dernières nouvelles de nos amis Pacifistes de Tunis
Ginette
La résistance pacifiste et verte de Tunis se réorganise en consolidant ses liens lors d’une réunion historique
Les Pacifistes de Tunis ont été invités samedi 3 mars 2011 à 15h à une réunion organisée dans un quartier chaud de la capitale tunisienne (Lafayette) par une association civile anti-liquidationniste et ouverte à tous les courants politiques. Nommée Jam’iya Awfiyeh Al-Hawiya, cette association s’attache à défendre l’identité ethnique et religieuse de la Tunisie et des pays arabes. Le constat de cette association est que c’est cette identité même qui « pose problème » à l’impérialisme lequel en a fait sa cible permanente depuis la première agression contre l’Irak (1991), il y a vint ans, jusqu’à l’invasion de la Libye sans parler de sa présente guerre d’usure contre la Syrie.
Les Pacifistes ont constaté que l’un des objectifs (notamment la nécessité d’une résistance aux mensonges de la presse internationale et nationale au sujet de la Libye) convergeait avec les siens [1]. Cette association s’était notamment distinguée par sa participation à la récente manifestation de Tunis contre la tenue de la réunion impérialiste de soutien aux Rats contre-révolutionnaires de Syrie. Lors de ce dernier événement, ses drapeaux verts (fixés jusque sur les antennes de leurs automobiles) avaient alors rejoint ceux des Pacifistes [2].
L’ordre du jour de la réunion comprenait des questions de politique intérieure mais aussi la revue de la situation au niveau panarabe. Une invitation avait été adressée à diverses organisations et notamment à la presse nationale. Cependant, il y eu boycott pour des raisons purement politiciennes. Aussi, les Pacifistes de Tunis se sont-ils retrouvés invités d’honneur et, pour leur plus grand bonheur, il ne fut question, lors des débats, que de la Grande Jamahiriya Libyenne…
Ousama, le héros pacifiste qui, l’an dernier, avait sauvé la vie de Moncef Marzouki, l’homme qui allait devenir par la suite président de la république tunisienne, était présent [3]. Il est notamment intervenu en fin d’après-midi en prenant le microphone pour déclamer les vers d’un poème personnel qu’il avait écrit en hommage au Colonel Gaddafi le 9 novembre 2011. Ce jour-là, il se trouvait avec les ami(e)s de son groupe au siège de la Ligue Tunisienne pour la Défense des Droits de l’Homme (LTDH) afin d’exprimer son refus de l’« extradition » du Dr Mahmood Al-Baghdady, le chef du seul gouvernement légal de Libye, à savoir celui de la Grande Jamahiriya Libyenne.
Le groupe pacifiste avait ainsi réussi à obtenir de la LTDH la diffusion (aux médias et au gouvernement) d’un communiqué objectif. En effet, ses membres avaient remarqué que le brouillon remis à la secrétaire commençait (comme s’il avait été été écrit par Al-Jazeera ou le lot des médias à la solde de l’impérialisme) par « souligner » ««les crimes de Gaddafi»». Les membres du groupe exprimèrent leur indignation et obtinrent la suppression du passage éthiquement choquant et litigieux. Indirectement, un tel document a permis d’influer positivement la décision du gouvernement provisoire de l’époque quand au sort du Dr Al-Baghdady [4].
Il est ici utile de noter qu’à l’époque, Marzouki n’était pas encore président de la république et qu’il est lui-même issu de cette même organisation (LTDH) considérée comme prestigieuse à tel point que cette dernière image a certainement permis au candidat de « réaliser son rêve ».
Or, Maître Baccar, invité à la réunion de samedi dernier, est chargé de la défense du Dr Al-Baghdady. Il a prononcé un discours marqué par une revue précise des événements (notamment ceux de février 2011 à Benghazi). Il a notamment insisté sur le fait que le coup d’Etat contre la Grande Jamahiriya Libyenne avait été préparé dès 2010 et que l’une des ses formes visibles avait été les manœuvres militaires françaises au sud de la méditerranée. L’avocat, qui connaît très bien la Libye et que le journaliste d’investigation Michel Collon (Belgique) avait notamment accompagné dans ce pays, a informé le public qu’il possédait des pièces à conviction concernant tous ces événements. Par exemple, peu de personnes savent que lors des premières « manifestations » de février 2011, de nombreux policiers libyens sans armes dans leur commissariat avaient été massacrés de sang froid. Ces faits prouvent encore une fois que Gaddafi avait cherché à limiter les affrontements entre la police et les «manifestants «pacifiques»» [1].
Me Baccar a également détaillé avec optimisme le travail de ses confrères français Jacques Vergès et Roland Dumas (France) lesquels ont déposé plainte contre Sarkozy pour crimes contre l’humanité. L’affaire ne sera effective que lorsque le criminel en question ne sera plus protégé par son immunité légale liée à son mandat présidentiel. Dans le même registre, un avocat belge poursuit l’OTAN (dont le siège se trouve en Belgique) pour le même type de crimes. Le tout devrait aussi atteindre la CPI (Cour Pénale Internationale) malgré les obstacles systématiques posés par Luis Moreno, son président. L’avocat tunisien considère d’ailleurs ce dernier comme un agent au service du sionisme, notamment depuis qu’il a empêché, en abusant de ses fonctions, les poursuites contre Israël à la suite de sa dernière guerre d’envergure contre Gaza.
Marzouki doit prendre une décision sur la libération du Dr Al-Baghdady lequel attend (dans la prison de El-Mornaguia, à l’ouest de Tunis) de rejoindre son asile politique, probablement en Afrique du Sud. Les « autorités » du CNT/OTAN, qui ont transformé la Libye en l’Etat le plus policier du monde et en véritable camp de torture quotidien pour la majorité du peuple, maintiennent, par toues sortes de chantages, la pression sur le faible gouvernement provisoire de Tunisie. Aussi, Me Baccar a déclaré qu’il allait mettre en demeure son président ans les jours qui suivent.
La majorité du public ayant assisté à la réunion était composé de femmes. Aussi, on peut se demander : « Pourquoi les femmes du monde entier aiment-elles autant Gaddafi? ». Les Pacifistes de Tunis ont abordé cette question dans un article à paraître sous peu [5].
Avant de quitter les lieux, entre gâteaux et musique soufie, les participants ont entonné avec cœur deux hymnes nationaux :
1. celui de la Grande Jamahiriya Libyenne qui est un chant de la résistance verte à l’impérialisme : « Dieu est bien au-delà des ruses de l’agresseur » (« Allah fawqa kayd al-mou’tadi »)
2. celui de la Tunisie dont les paroles (notamment les vers du poète national Aboul Qasim Achchabi annonçant la libération des chaînes de l’oppression impérialiste) résonnent plus que jamais avec celles du précédent.
En sortant de cette réunion historique, les militants pacifistes ont encore été victimes de provocations. Portant encore la casquette aux couleurs rouge et verte des drapeaux tunisien et libyen mêlés au slogan « Un seul peuple couvrant deux Etats » (« Chaab wahed fi dawlatayn »), un individu a interpelé l’un d’entre eux. Au moment même de l’appel du muezzin, il lança : « Témoigne ! » (sous-entendu de l’unicité de Dieu en prononçant la Chahada, credo de la religion musulmane). Or, la provocation consistait à signifier par là que notre ami pacifiste était un mécréant en raison même de son soutien ouvert à la Grande Jamahiriya Libyenne. L’accrochage faillit dégénérer.
Moins d’hune heure plus tard, dans le quartier de Bab Al-Khadra (« Porte de la Verte… encore une ironie de l’Histoire….), un individu barbu, calotté et portant une robe (« jebba ») s’approcha du même militant en feignant de ne pas comprendre ce que signifiait l’association des deux drapeaux tunisien et libyen. Il exprima sa « stupéfaction » en demandant : « Es-tu tunisien » et « De quel pays est ce drapeau » ? Notre collègue resta de marbre et lui répliqua fièrement: « Je suis libyen et toi, que veux-tu à présent ? » « Ca, c’est le drapeau de la Jamahiriya libyenne ! ». Il déroula alors devant lui un portrait du Colonel Gaddafi qu’on lui avait offert, avec la casquette et un drapeau, dans les locaux de l’association. La mine dépitée, le fanatique religieux déguerpit en lançant : « Que Dieu lui pardonne [à Gaddafi…] pour…. ses péchés !… ».
POST-SCRIPTUM : Lors de son dernier déplacement à Siliana, la veille même, dans le centre du pays, Marzouki avait révélé à la population que des « investisseurs libyens » étaient « intéressés » par la remise en état du Musée local. C’était une manière de dire que la position de soutien du gouvernement tunisien au CNT/OTAN était en train de se traduire par des « retombées économiques » qui, selon ses espérances et celles de groupes comme Ennahda, devraient permettre de sortir la Tunisie du chaos économique. Or, si l’on ne considère que le tourisme, secteur essentiel sur lequel l’économie du pays reposait en bonne partie, on peut affirmer qu’il s’agit là d’une criminelle hypocrisie. En effet, le tourisme s’est effondré en raison même du bombardement de la Libye pendant 7 mois et non pas en raison de la « Révolution ». Les habituels candidats au voyage au « pays ami » n’ont pas été apeurés par la « révolution de jasmin » (bien au contraire), mais simplement terrorisés, voire tétanisés, par le spectacle désormais effrayant d’un tel « voisinage » géopolitique. La « destination-phare » de Jerba se trouve aux portes mêmes de la Libye [6]…
Mais il y a aussi un autre crime moral sans même évoquer les fausses promesses tout autant criminelles comme les 25 milliards d’euros promis par Sarkonazi/G8 à la Tunisie en échange de l’étouffement de la contestation potentielle de la rue tunisienne en raison du bombardement dans le pays voisin)[1]. En effet, les autorités ont longtemps fait croire à une population ravagée par le chômage qu’il allait exister de nombreux emplois ouverts aux Tunisiens en Libye. Non seulement il s’agit d’un mensonge de plus mais quand bien même ces macabres « opportunités » de travail seraient de vraies offres de « coopération », elles signifieraient qu’un gouvernement propose délibérément à ses ressortissants d’aller gagner leur pain dans l’odeur recouverte du gril des dizaines de milliers de cadavres dus aux bombardements de l’OTAN.
SOURCES BIBLIOGRAPHIQUES :
[1] Al-Jazeera: Un revirement criminel récent contre la révolution tunisienne, la Jamahiriya Libyenne et la Syrie ; pas un complot originel [تآمر قناة الجزيرة الحديث على الثورة التونسية و الجماهيرية العربية الليبية و سورية ؛ جهة نظر دعاة للسلام بتونس]. Les Pacifistes de Tunis, 22 Feb 20102.
http://www.mathaba.net/news/?x=629924
[2] Une Pacifiste de Tunis montre aux Syriens comment s’y prendre avec les Rats (Journée de solidarité avec la Syrie. Tunis, 19 fév. 2012). Les Pacifistes de Tunis, 20 fév. 2012
http://lavoixdelasyrie.com/data/?p=983
[3] Ousama Barka, le Pacifiste de Tunis qui a sauvé la vie à Moncef MARZOUKI (président de la Tunisie), interpelle ce dernier au sujet de son soutien aux contre-révolutionnaires de Libye et Syrie. Les Pacifistes de Tunis, 2 mars 2012
[4] Libye – Le communiqué de la ligue tunisienne pour la défense des droits de l’homme contre l’extradition du premier ministre libyen Al-Baghdadi. Les Pacifistes de Tunis, le 10 nov 2011.
[5] Le rouge et le noir chez Hala Misrati, héroïne mondiale du journalisme et symbole libyen universel de la femme moderne et vraiment libre. Les Pacifistes de Tunis (à paraître sur le portail de Mathaba, mars 2012)
[6] Révolutionnaire tunisien, que savais-tu et que sais-tu encore de la Libye ? Les Pacifistes de Tunis, 25 janv. 2012
http://www.mathaba.net/news/?x=629835
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