Libye : des armes belges fournies aux rebelles en pleine guerre ?
8 mars 2012
Libye : des armes belges fournies aux rebelles en pleine guerre ?
jeudi 08 mars 2012
Nouveau rebondissement dans la saga des armes wallonnes. Des FAL de la FN Herstal auraient été livrés aux insurgés de Benghazi par le Qatar en avril 2011. La Belgique était-elle informée ?
Armement saisi dans le port de Tripoli. © Reuters
En février 2011, Benghazi mettait le feu aux poudres de la révolution libyenne. La Belgique, elle, s’interrogeait en découvrant que ses armes servaient à réprimer dans le sang le soulèvement populaire. La découverte, huit mois plus tard, sur le colonel Muammar Kadhafi, d’un pistolet doré qui faisait partie d’un lot plus important d’armes belges livrées peu auparavant, est loin d’avoir mis le point final à ce dossier.
Au terme d’une enquête menée notamment en Libye, Le Vif/L’Express révèle, dans son édition de cette semaine, que les rebelles de Benghazi ont reçu des armes belges après le début de l’intervention militaire de l’OTAN, le 19 mars, en violation d’une interprétation stricte de l’embargo sur les armes à destination de la Libye imposé par la résolution 1970 du Conseil de sécurité (26 février 2011).
D’après les témoignages recueillis par l’envoyé spécial du Vif, l’armement provenait du Qatar. Mais ces livraisons posent aussi question sur le rôle de la Belgique dans le commerce d’armes à destination des pays du Golfe. Première hypothèse : le Qatar a pu décider de réexporter les FN FAL livrés aux rebelles sans en informer la Belgique, ce qu’il a déjà fait avec du matériel suisse par exemple. Seconde hypothèse : le Qatar a pu demander et obtenir l’autorisation de la Belgique. Les autorités belges compétentes rejettent cette dernière possibilité, sans toutefois pouvoir définitivement se dédouaner : problème de confidentialité.
L’enquête du Vif/L’Express révèle aussi qu’une partie des armes vendues par la FN au régime Kadhafi en vertu d’un contrat conclu en 2008 et approuvé par le ministre-Président de la Région wallonne Rudy Demotte en 2009 sont désormais aux mains des combattants de la Brigade Tripoli, une des brigades chargée de la sécurité de la capitale et qui dépend du Conseil militaire de Tripoli dirigé par le très islamiste Abdelhakim Belhaj, ancien djihadiste d’Afghanistan.
Un dossier sensible au moment où la Région wallonne débat d’une nouvelle procédure en matière d’exportation d’armes.
La sénatrice Nele Lijnen (Open VLD) interpellera le ministre belge des Affaires étrangères Didier Reynders ce jeudi après-midi sur ces nouvelles informations.