Pourquoi militariser la démocratie ?par Ahmed Halfaoui
13 mars 2012
http://www.lesdebats.com/editions/070312/les%20debats.htm
Pourquoi militariser la démocratie ?
L’ex-ministre de la Justice de Kadhafi, «recruté» pour servir de chef indigène à l’opération de «démocratisation» de la Libye, explique à qui veut l’entendre que ce qui se passe en Libye a pour «raison la démocratie», quand il n’accuse pas l’ancien chef d’Etat d’avoir monté les Libyens les uns contre les autres. Voyons voir de quoi elle est capable, cette «démocratie» aéroportée.
Après les cocoricos de la «victoire», qui continuent d’ailleurs de se faire entendre, des «prisonniers» ont les «organes génitaux coupés», d’autres ont subi des «décharges électriques» ou le fouet, beaucoup sont morts ou sont en train de mourir. Être noir de peau fait risquer le pire, la mise en cage ou l’assassinat. Les joyeusetés de ce genre animent la Libye «démocratisée», mais les «démocratiseurs» sont déjà occupés ailleurs à trouver le moyen de «démocratiser» la Syrie et ne démordent pas, encore, de le trouver. Alors qu’ils devraient présenter leur bilan et répondre de la situation où ils ont mis un peuple qui ne leur a rien demandé, quoi qu’ils puissent inventer. C’est ainsi qu’aussitôt élu président de la Russie, l’empêcheur de «démocratiser» en rond, Vladimir Poutine, est supplié de laisser l’OTAN faire un carton, installer son CNS «représentatif» au pouvoir et livrer aux bandes armées la mise en coupe réglée du pays. Le culot n’a plus aucune limite. On pourrait presque voir de la bave dégouliner des lèvres des prédateurs qui, aveuglés par leur soif de faire main basse sur une nouvelle proie et faute d’avoir un quitus pour y aller avec leurs bombardiers, ont décidé d’armer les Syriens les uns contre les autres. Ils disent, comme pour la Libye, que c’est pour aider les «révolutionnaires» à se battre. Ce, malgré les voix qui s’élèvent de l’intérieur de ce pays, que les médias n’entendent pas. «Nous objectons aux appels à armer l’opposition, parce que cela conduirait à une guerre civile complète», hurle à qui veut l’entendre Hassan Abdul-Azim, chef du «Comité de coordination de l’opposition nationale», parce que dit-il, «armer l’opposition ne pourrait que faire couler davantage de sang, et nous nous y opposons». Lui, il sait de quoi il retourne et il sait par dessus tout qu’il n’est nullement question de démocratie, mais de destruction de la Syrie en tant qu’Etat, au profit des occultes intérêts de l’impérialo-sionisme dans la région. Sinon on aurait eu affaire à de toutes autres exigences de la «communauté internationale», qui ne veut pas ce que les Syriens veulent. Elle ne veut pas que soient mis en œuvre des processus d’ouverture, qui aboutiraient à des consultations libres et pluralistes où les gens du CNS pourraient, s’ils le veulent bien, venir démontrer par les urnes la confirmation de la «représentativité» que leur a conférée Hillary Clinton, au sein des «amis du peuple syrien». Le pouvoir actuel étant prêt à jouer le jeu, il est temps que soit mis fin à la démarche va-t-en guerre, que rien ne justifie, sauf des intentions criminelles, qui intègrent de fait les flots de sang qui couleront et qu’il y a un peuple à soumettre par la violence.