Une milice libyenne enferme ses prisonniers noirs dans une cage de zoo
13 mars 2012
trouvé sur France 24
Une milice libyenne enferme ses prisonniers noirs dans une cage de zoo
La vidéo n’est pas datée, mais elle a été publiée sur YouTube fin février. Les hommes que l’on voit debout autour de la cage semblent s’amuser du spectacle. Certains détenus portent des traces de coups et ont les pieds liés. Ils sont abreuvés d’injures. On entend notamment : « Toi, viens par ici, espèce de sale chien ! Avale ce drapeau ! ». Le drapeau en question est celui qui avait été choisi par Kadhafi en 1969 comme emblème de la Libye. À 0’57 et à 1’00, on entend quelqu’un tirer en l’air.
Ces prisonniers ne sont pas des immigrés africains vivant en Libye. Il s’agit de noirs libyens, originaires de la ville berbère de Tawergha, à 38 km de Misrata. Une ville qui servait de camp militaire aux forces de Mouammar Kadhafi pendant la révolution.
« Ce genre d’exactions montre bien l’anarchie dans laquelle se trouve la Libye aujourd’hui »
Des habitants de Tawergha ont été armés par Kadhafi pour lutter contre les rebelles durant le soulèvement. Ils se sont battus contre les rebelles de Misrata et ces derniers affirment qu’ils ont commis des viols et des massacres. Du coup, lorsque la ville est tombée entre leurs mains [le 13 août 2011, à la suite d’une opération menée en commun avec les forces de l’OTAN, NDLR], ces derniers ont voulu se venger. Ils ont emprisonné les hommes qui se trouvaient encore à Tawergha. Beaucoup d’habitants avaient déjà fui avant l’entrée des rebelles, par peur des représailles. Ils sont partis s’installer dans différentes villes du pays comme Tripoli, Bani Walid, Syrte ou Gheryana et ne peuvent pas rentrer chez eux par peur des représailles.
Ce genre d’exactions montre bien l’anarchie dans laquelle se trouve la Libye aujourd’hui, malgré les efforts du CNT [le chef du CNT, Moustapha Abdeljalil, avait promis de prendre des mesures sévères contre les arrestations arbitraires et les détentions prolongées non suivies de procès, NDLR]. Les rebelles contrôlent toujours certaines prisons du pays et refusent d’en confier la gestion à l’État. Certaines milices, comme celle de Tripoli, ont en outre leurs propres centres de détention. Les rebelles utilisent enfin la force pour contrôler la justice locale, et les juges commencent à se révolter [en décembre dernier, une milice a même envahi le bureau du procureur général à Tripoli, NDLR].
Ces rebelles n’ont rien compris à l’esprit de la révolution. Nous n’avons pas viré Kadhafi pour avoir un pouvoir tout aussi dictatorial. Ces mauvais traitements infligés aux prisonniers, dont les preuves circulent sur le Net, choquent les Libyens. Ni les médias publics ni les médias privés n’en parlent. Je ne pense pas que ce soit parce que le gouvernement fait pression, mais plutôt parce que nos journalistes ont trop l’habitude de ménager le pouvoir. »