Aller à…
RSS Feed

19 décembre 2024

Les droits de l’homme selon le libéralisme par Ahmed Halfaoui


http://www.lesdebats.com/editions/220312/les%20debats.htm

Les droits de l’homme selon le libéralisme


Pour appeler l’OTAN à bombarder la Libye, il y avait 70 ONG. Pour appeler au secours des populations menacées par la famine au Tchad, elles ne sont que deux. Les premières sont occupées sur un autre chantier, en Syrie, où leur nombre a presque triplé. Elles sont 200 à faire la commande de bombardiers. Les droits de l’homme au Tchad n’intéressent, apparemment, pas. Tout autant qu’en Somalie.

Pourtant les 70 associations, qui ont réussi le pari de faire de la Libye un champ de ruines et d’incertitudes, sont directement responsables de ce qui se passe. Les deux ONG qui ont lancé l’alerte, Action contre la Faim et Première urgence-aide médicale, annonce une grave crise alimentaire qui se prépare au Sahel, et qui touche déjà le Tchad.

La responsabilité des  » protecteurs de civils  » réside dans les conséquences de la  » révolution  » atlantiste sur les travailleurs sub-sahariens, qui ont tous perdus leurs emplois et les revenus qui vont avec. Quand ils n’ont pas perdu la vie sous les machettes des  » révolutionnaires « , ces civils que la résolution 1973 de l’ONU protégeait.

 » La région du Kanem, à l’ouest du Tchad, a basculé en phase d’urgence  » nous dit Action contre la Faim.  En février, on enregistre le triple d’enfants souffrant de malnutrition, par rapport à l’année dernière à la même période. Dans le canton de Kado, la moitié des habitants n’a plus de stock de nourriture. 

Et ce nombre est en augmentation. Beaucoup d’enfants acheminés vers les centres de soins décèdent en chemin. Et les ONG engagées dans le  » printemps  » ne les voient pas. Elles, qui pourraient, peut-être, obtenir des pétromonarques arabes d’allonger le budget d’armement des  » résistants  » syriens d’une rubrique consacrée à compenser l’annulation de l’importante source de vie que constituait la Libye, aujourd’hui  » libérée « .

D’un autre côté, ceux qui subventionnent les droitsdelhommistes pourraient, dans l’urgence, verser les sommes prévues aux populations en danger de mort, en les considérant en tant que victimes collatérales de l’opération  » protecteur unifié « .

Ce sera une façon de se donner une bonne image, de prouver leur bonne foi et de démontrer qu’ils sont, véritablement, des défenseurs de l’Humanité souffrante. Les familles témoignent ainsi :  » Tous les quatre ou cinq  mois, nos maris nous envoyaient l’équivalent de près de 400 euros. Maintenant nous ne disposons plus de ces sommes et il y a des personnes en plus à nourrir « , depuis que le CNT et les bandes armées gouvernent la Libye. Plus haut dans la hiérarchie, Barak Obama et son égérie Hillary Clinton qui s’inquiètent gravement de la démocratie dans la région et des droits humains, auraient une occasion en or de se battre contre un ennemi, tout aussi, sinon plus, nocif que les  » régimes autoritaires  » et qui tue plus sûrement, la faim. Mais ils ne bougent pas.

La raison en est que la faim est une catégorie économique et, en tant que telle, la religion néolibérale la classe parmi les effets de l’incapacité de survivre aux lois du marché. Il serait donc malvenu de venir interférer dans un processus, au risque de perturber son cours, où les faibles sont plutôt coupables que victimes. 

Par Ahmed Halfaoui 

Partager

Plus d’histoires deLibye