Coup d’état au Mali Première et unanime constatation
25 mars 2012
Coup d’état au Mali
Première et unanime constatation
par Mohamed Bouhamidi publié le 24 03 2012 in Le Jeune Indépendant
LE MEILLEUR texte disponible sur les déterminations de l’instabilité malienne, à la fois synthétique et prospectif, reste la « DECLARATION D’INTELLECTUELS, HOMMES ET FEMMES DE CULTURE, SUR LA REBELLION AU NORD DU MALI «.
Ce texte montre comment et combien les orientations néolibérales imposées au Mali ont désarmé l’Etat malien face aux problèmes complexes et inextricables des lendemains de l’indépendance. Comme chez la Syrienne Nadia Khost ou la Malienne Aminata Traoré ou les analystes de l’embargo et des chantages infligés à la Libye – et qui ressemblent beaucoup à certains processus post-86 en Algérie – nous retrouvons les résultats de ce long travail de sape de l’identité nationale, toujours consubstantielle au désir de justice et de promotion sociale, dans la naissance, puis l’exacerbation des identités du passé et du retour à l’autonomie tribale ou ethnique.
Les pressions de la France ont mené la situation au stade de l’explosion, et les «condamnations» par ce pays du coup d’Etat feraient rire si elles ne maquillaient grossièrement la satisfaction de Juppé demandant juste des « élections le plus vite possible». C’est-à-dire, passons le plus vite possible à la prochaine étape, le cas ATT, qui essayait de se défaire du piège où l’avaient attiré les puissances extra-régionales, notamment la France, puis ce Canada belliciste à souhait et prosioniste avec le zèle des néophytes. La semaine passée, Juppé insistait lourdement avec l’arrogance du plus fort auprès d’ATT pour dialoguer et négocier avec la rébellion Touarègue ; c’est-à-dire, le mettait en porte-en-faux avec son armée qui recevait la pile sur le terrain et attend toujours les dotations promises par la France et les USA, promesses ayant largement servi à isoler l’Algérie et à inviter le Maroc dans une opération qui ne le regardait pas, mais le confortait dans la suggestion que le Polisario fait partie des menaces terroristes du Sahel. Comment dialoguer surtout avec des touareg nettement mieux dotés en armement que l’armée malienne, elle-même ?
La France a poussé le pourrissement entre ATT et l’armée à son maximum, promettant à l’un et à l’autre, tout en ayant la température des deux parties grâce à sa mission de coopération militaire. Il se trouve aussi que les armes proviennent des arsenaux libyens que la France a ouverts avec complaisance en agressant ce pays.
Faut-il croire à une «naïveté française» sur les conséquences terribles pour le Sahel quand tous les pays de la région et l’U.A. alertaient ce pays sur les dangers de l’agression de l’OTAN ? Ce serait mal connaître les services secrets et les services diplomatiques français experts en renseignement et en anthropologie. Les USA et la France ont simplement doté en armes toutes les forces centrifuges de la région, poussant par des actions tactiques à la réalisation du démembrement des Etats post-coloniaux.
Qui va croire, aujourd’hui, après ce coup d’Etat, que le Mali peut retrouver son unité avec un Etat central désarmé et une rébellion parée au plan militaire. La partition du Soudan a cassé le principe sacré des frontières intangibles. La Cyrénaïque a confirmé la poussée des Etats ethniques. L’Azawad l’accomplira. Avec ou sans nos touareg ?