9ème Sommet « Leon Sullivan »,en Guinée Equatoriale
20 septembre 2012
9ème Sommet « Leon Sullivan »,en Guinée Equatoriale: Mme Calixthe Beyala, présidente du MAF, lors de son discours. Le cadre de cette rencontre internationale: la magnifique ville de Sipopo,près de Malabo, en Guinée Equatoriale; pays que son président Obiang Nguema Mbasogo a fait moderniser et progresser. Qui étaient présents?: Diaspora africaine de l’Europe, Africain-Français du MAF, Diaspora des Africains-Américains(USA), des chefs d’États africains .Événement: 9ème Sommet africain-américain »Leon Sullivan « (20 au 24 août 2012),consacré à la « croissance économique, à la diaspora africaine et aux droits de l’homme ». Une représentation de la presse congolaise de l’Europe était présente à Malabo pour cet événement. Ce sommet contribue à unir les nations et les peuples d’Afrique avec ses diasporas installées partout dans le monde. Le Magazine Ngambo Na Ngambo publie l’intégralité du discours que madame Calixthe Beyala, présidente du MAF (Mouvement des Africain-Français), vient de prononcer à ce 9ème sommet. Elle a été ovationné debout par des différents chefs d’Etat, des personnalités et les autres invités. Le échos du succès de son discours sont arrivés dans de nombreux pays, y compris en Suisse. « Ezali ya makasi « (en langue internationale africaine Lingala: « c’est un document historique fort »). Albert Lupungu Ndjate,secrétaire général de la Rédaction/Genève, Suisse. Le discours de la présidente du MAF, Calixthe Beyala: « Monsieur le Président, Son Excellence, Honorables invités, Merci de nous avoir invités dans ce beau cadre, de nous faire l’honneur d’être aujourd’hui parmi vous, vous qui aviez traversé les océans pour être en Guinée-équatoriale, ce pays phare de l’Afrique Centrale, ce pays miracle qui a donné à chaque africain, à chaque africain descendant sa dignité en octroyant à l’UNESCO le prix de la recherche pour les sciences de la vie. Nous en étions fiers, nous africain-descendants, nous qui sommes charriés, méprisés, bafoués, parce que nous faisait-on comprendre, rejetons de peuples esclavagisés et colonisés… Parce que nous faisait-on comprendre et quelquefois, sans qu’un mot ne soit prononcé, que nous n’étions que cela, des mendiants internationaux, consommateurs passifs, incapables d’apporter une quelconque contribution positive à l’universel. Voilà que la Guinée-équatoriale en octroyant ce prix, a démenti, conspué de la manière la plus éclatante ces injures, cet opprobre sur tout un peuple jeté. Mais qui suis-je, moi si minuscule devant une si noble assemblée ? Je suis écrivain, romancière, comme en témoignent des nombreux livres par moi publiés… dans plusieurs langues… Mais également, une femme, une militante et surtout Présidente du plus grand mouvement des africains descendants en Europe et tout principalement en France, le Mouvement des Africain-Français. Etre Africain-Français c’est se reconnaître dans des valeurs de paix universelle, d’égalité universelle et de fraternité universelle. Etre Africain-français c’est être fiers d’être Français, tout aussi fiers de puiser ses racines dans l’Afrique Ancestrale, cette Afrique berceau de l’humanité et de la civilisation, mais qui en ce troisième millénaire a décidé de sortir de son berceau. Monsieur le Président, Son Excellence, Honorables invités, Etre Africain-français n’est pas une question de couleur de peau étant donné que l’Afrique est le continent de toutes les couleurs, de toutes les nuances … Etre Africain-français est avant tout une vision, une manière de concevoir l’humanité comme un tout indissociable au-delà des différences culturelles, ethniques ou religieuses. Et cette manière de considérer le monde comme un tout indissociable nous a incités à nous réunir, à devenir au niveau de la France un tout indissociable afin de faire entendre notre voix dans ce monde, ce d’autant que ces dernières années, l’Afrique, notre continent mère objet de toutes les convoitises a subi toutes les formes possibles d’agressions injustifiées, de meurtres massifs de ses populations, sous prétexte d’instaurer dans nos pays d’origine, la liberté, l’égalité, la démocratie ! Au Mouvement des Africain-français, nous ne croyons pas à la démocratie au bout des canons ! Nous ne croyons pas à une démocratie qui fait résonner les bruits des bottes d’une armée marchant sur un village, le laissant à feu et à sang, ne nous ne croyons pas à une démocratie préfabriquée, fourguée aux peuples comme un vulgaire Macdonald, car la démocratie n’est pas un produit exportable. Il appartient à chaque peuple de construire la sienne en fonction de son histoire et de son évolution. Au Mouvement des Africain-français, nous ne croyons à la liberté octroyée dans un paquet cadeau par celui-là qui, hier encore, soumettait les peuples d’Afrique à l’infamie du colonialisme, à l’horreur des chaînes de l’esclavage, au néocolonialisme françafricain laissant l’Afrique exténuée, exsangue, épuisée. Au mouvement des Africain-français, il nous est difficile de croire à l’égalité exportée par ceux-là mêmes qui en Europe ou en Amérique, se montrent incapables de créer de l’égalité entre les diverses composantes de leurs propres populations, où comme par un fait du hasard, les descendants d’Africains y sont les plus pauvres, les plus démunis ; il nous est difficile de croire en cette égalité qui fait que près de 40 % des jeunes africains descendants sont enfermés dans les geôles en Occident. Non, nous ne croyons nullement, ni en cette démocratie meurtrière, ni en cette liberté prédatrice, ni en cette égalité proclamatrice tout en forme, en évanescence et non dans son fond. Nous disons que L’Occident doit absolument arrêter de mener des croisades çà et là pour s’imposer dans un univers économiquement mondialisé ; qu’il se doit de moderniser sa pensée et de l’adapter à ce troisième millénaire dans lequel, peu à peu, et ce malgré lui, les mots, la connaissance, l’éthique et la pensée vont conquérir le chaos, venir à bout de l’ignorance et dans lequel, l’ingéniosité, la créativité, la beauté ne sont plus l’apanage d’un peuple, mais l’aspiration et la réalité de tous les peuples. Ce qui explique pourquoi, au MAF, nous exigeons le retrait rapide des armées d’occupation de plusieurs pays, parmi lesquels l’Afghanistan, la Côte d’Ivoire, la RCA, le Tchad et le Gabon. Au Mouvement des Africain-français, nous aimons la paix, la fraternité, la solidarité et la justice. Nous disons qu’avec les pays émergeants, l’Occident se doit d’entretenir des relations de partenariat et de respect mutuel. Monsieur le Président, Son Excellence, Honorables invités, les pays d’Afrique, notre continent d’origine ne sont pas seulement victimes des guerres meurtrières menées contre ses populations pour la captation de ses matières premières. Ils sont également victimes de nouvelles formes des pressions juridiques savamment conçues pour les assujettir. C’est ainsi que la dernière trouvaille des dirigeants du Nord pour mieux soumettre les gouvernements du Sud à travers des ONG complices est la notion de « Biens Mal acquis ». Nous constatons : A – Que les pays concernés par la question des « biens mal acquis » sont les pays pétroliers du Golfe de Guinée, de la Guinée Equatoriale en passant par l’Angola, du Gabon en passant par le Congo. Quid des Emirats ? Quid du Qatar ? Quid de la Russie ? Pourquoi les dirigeants de ces pays ne sont pas eux aussi mis au banc des accusés alors qu’ils achètent palaces et yachts de luxe en France ? S’agirait-il de faire chanter les dirigeants Africains pour les rendre encore plus dociles ? S’agirait-il de fragiliser ces Etats pour ensuite justifier des interventions militaires comme en Libye ? Où sont donc passés les milliards soit disant volés par Mobutu ? Qu’en est-il de la fortune Libyenne ? Monsieur le Président, Son Excellence, Honorables invités, Il est curieux de constater que la plupart des puissances occidentales qui ne reconnaissent pas la compétence de la cour pénale internationale pour juger leurs propres ressortissants, sont les mêmes qui exigent à cors et à cris que les Africains y soient envoyés pour y être jugés et ceci pour des crimes commis en Afrique contre les Africains. Il est temps de dénoncer cette fumisterie au nom des droits universels de l’homme. L’existence de la Cour Pénale Internationale est pour chaque Africain descendant une humiliation. Elle nous rappelle les périodes sombres de l’esclavage lorsqu’on expédiait les résistants Noirs mourir loin de la chaleur de leur terre natale, loin de leur soleil. Il en avait été ainsi de Toussaint Louverture, de Jean-Jacques Dessalines, de Boukman Duty, de Makandal pour ne citer que ceux-là, paix à leur âme ! Nous ne préjugeons pas de l’innocence ou de la culpabilité de ceux qui sont enfermés dans cette prison pour nègre. Nous demandons pour eux un traitement humain, à savoir celui d’être jugés dans leur pays, sur la terre de leurs ancêtres et par les leurs. Ceci explique pourquoi, le Mouvement des Africain-français demande la fermeture de la cours pénale Internationale, cette prison qui porte en elle les germes de l’esclavage et de la colonisation, cette prison qui ressemble étrangement en un purgatoire pour Africain récalcitrant, ce goulag pour peuple dominé. Nous, au Mouvement des Africain-français déclarons, que dorénavant nous serons l’interface entre l’Europe et l’Afrique parce que nous sommes les héritiers naturels de l’Afrique en Occident, parce que nous sommes les mieux fondés à défendre les intérêts des peuples d’Afrique. Monsieur le Président, Son Excellence, Honorables Invités, Plaider la cause d’un peuple devant une nation à laquelle il est censé appartenir voilà qui n’est pas aisé ; ceci est d’autant plus difficile que ce peuple a depuis des siècles accepté par la force ou par facilité les épithètes les plus saugrenues qu’on lui accole ; il arrive quelquefois qu’il utilise lui-même certaines épithètes qui le disqualifient en tant qu’être social, en tant que entité culturelle ayant une pensée, une capacité d’analyse et finalement en tant que personne physique ayant des droits. Est-ce que l’Afrique a besoin de sa diaspora pour se développer ? Peut-être. Peut-être pas. Ce qui nous saute aux yeux, en ces périodes troubles où l’équilibre du monde tangue, où il y a une fragmentation de la bipolarité en une foultitude de pôles d’influences, c’est que l’Afrique a besoin sans l’ombre d’un doute, de sa diaspora pour se protéger des moult agressions dont elle est victime. Nous nous devons d’offrir nos dos en rempart aux forces prédatrices qui rêvent de la dépecer, de se distribuer sa dépouille comme on les a vu faire en Libye et ailleurs. Nous nous devons en Occident de nous opposer politiquement à ces moult tentatives d’invasion dont elle est l’objet. Nous nous devons pour cela de prendre notre responsabilité politique et de faire entendre nos voix discordantes lorsqu’à chaque fois arrivent à nos oreilles les bruissements d’une quelconque déstabilisation du continent. En effet, l’Afrique ne saurait se développer tant qu’elle ne connaîtra pas de paix. La paix voilà l’élément incontournable de toute forme de développement. Car pour le reste, le continent dispose en son sein de tous les ingrédients pour bâtir une vie meilleure, une société de paix et de respect telle que l’ont imaginée les grands humanistes, les grands hommes de paix et les grands universalistes. Jeunesse. Dynamisme. Inventivité. Créativité. Richesses… Le continent le plus riche du monde… Une aberration lorsque l’on parle de la pauvreté en Afrique. Mais il appartient aussi à l’Afrique de se donner les moyens de sa survie à long terme… En se fédérant, en renforçant l’Union Africaine, en allant vers la construction des Etats-Unis d’Afrique pour prendre toute la place qu’elle mérite dans le concert non des nations, mais dans celle des blocs des décideurs. Il appartient aux pays Africains de sortir de ces faux partenariats, de remettre en cause le traité de Rome, ce marché de dupes, cette sorcellerie Occidentale! Monsieur le Président, Son Excellence, Honorables Invités, Nous ne saurons conclure notre propos sans vous parler des objectifs à court long et moyen terme de notre Mouvement. Le Mouvement des Africain-français, n’est pas un mouvement de contestation, mais de construction et de responsabilisation. Au Mouvement des Africain-français, nous suscitons les ambitions et nous les accompagnons. Nous voulons des postes et nous allons les conquérir afin d’apporter notre contribution à la construction Républicaine. En matière économique, grâce au nombre de nos adhérents qui nous l’espérons atteindront 1 000 000 de personnes dans un futur proche, nous générerons de l’argent. Nous serons alors en mesure de prêter des fonds à nos entrepreneurs afin qu’ils puissent créer des entreprises et des emplois, améliorant ainsi notre condition sociale. Et nous y arriverons. Sur le plan culturel, le MAF a pour projet la création des MAISONS DES CULTURES AFRICAIN-FRANCAISES. Et ce, grâce aux cotisations, à la bonne de volonté de chaque adhérent et aux divers dons. Nous ne tendrons plus jamais la main, car la main qui donne est au-dessus de celle qui reçoit. Dans les 10 prochaines années, nous envisageons d’acheter un bien immeuble à Paris, Lille, Marseille, Lyon et Bordeaux. Ces lieux seront des endroits d’éducation de nos jeunes, de lecture, d’apprentissage des langues africaines, de promotion de culture africaine, de prise en charge de ceux qui ont été déscolarisés, un lieu de formation à une véritable citoyenneté Oui, nous y réussirons, nous le ferons, ensemble, main dans la main, comme un seul homme ! En matière politique… fort de l’engouement que suscite notre Mouvement, fort de l’approbation et du crédit que lui porte chaque Africain-français dans l’hexagone, à travers l’Afrique, l’Europe et même l’Amérique, le Mouvement des Africain-français sera dans un futur très proche, le premier Mouvement politique de France. Il a pesé lourdement selon tous les analystes politiques sur les récentes échéances électorales en France, notamment lors des dernières présidentielles. Parce que nous en avons assez de souffrir. Parce que nous en avons assez d’être méprisés. Parce que nous en avons assez d’être exclus. Nous nous incluons dans cet univers globalisé avec l’amour qui nous caractérise, avec le sens d’équité et de justice que nous ont légué nos ancêtres Africains et Français ». Calixthe Beyala. |