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6 octobre 2024

Marikana, une épreuve dans le sang


Témoignage d’un militant qui connait bien l’Afrique du sud, pour avoir résidé dans ses prisons au temps de l’apartheid.

 

 

Marikana, une épreuve dans le sang

Les événements sanglants du mois d’août à Marikana, en Afrique du Sud, imposent la réflexion. Bien que la réalité sud-africaine soit complexe, il y a néanmoins des aspects simples et faciles à circonscrire.

La grève sauvage déclenchée à Marikana vers le 10 août – considérant les conditions d’exploitation et d’existence des ces mineurs – exprimait une exaspération non seulement justifiée mais inévitable, même conditionnée. Poussés à bout, leurs vies étaient invivables.

La mort de 46 personnes est à déplorer, la plupart des mineurs, mais également deux policiers, deux gardiens de sécurité et six délégués syndicaux du Syndicat national des mineurs (NUM), tués les jours précédents sans compter ceux gravement blessés.

Mais diverses autres formes de violence, potentiellement mortelles, affligent aussi le quotidien des habitants du bidonville de Marikana; elles peuvent être physiques, économiques, sanitaires, criminelles…..

Parmi les ouvriers et habitants de Marikana je ne tenterais pas de mettre dos à dos les victimes et les agresseurs, les morts et leurs meurtriers, les volés et les voleurs, les raquettés et les raquetteurs, … mais plutôt je considèrerais Marikana comme un ensemble humain, qui dans ces conditions spécifiques, a engendré de tels comportements extrêmes, où finalement tous sont des victimes.

Mais victimes de qui? Victimes de la nature du capitalisme débridé (ou pas suffisamment bridé), de la course à la maximalisation des profits et des dividendes, de la compression du coût de la main d’œuvre. Bien que de par sa nature le système capitaliste soit amoral, néanmoins dans la pratique, les rapports humains entrent en jeu et pour chaque cas spécifique cette règle mécanique s’adapte «intelligemment» et tente par des tactiques, des stratégies et des alliances à s’imposer à la classe ouvrière qui répond avec ses propres armes, tactiques et stratégiques dans ce que nous appelons la lutte des classes. Dans ce cadre on doit tenir compte non seulement du présent mais aussi de l’histoire, de la culture… des espérances, qui font valoir une moralité qui alimente la volonté et éclaire le chemin à prendre.

Dans le cas de l’Afrique du Sud, qui produit près de 80% du platine mondial, soit un quasi-monopole, serait-il infaisable d’imposer au marché international — que nous savons manipulé — un prix qui comprendrait une paye décente pour les mineurs? Parce que si ce n’est pas le cas, une solution socialiste — la nationalisation de la mine — qui en économisant les bénéfices dont jouissent les propriétaires/actionnaires et de leurs alliés de classe, pourrait bien être la seule alternative nationalement adéquate.

Certes cela aurait des répercussions sur tout le secteur minier, et particulièrement sur l’or, qui en augmentant occasionnerait une baisse relative des devises, en particulier celles de réserve, telles que le dollar, déjà affaibli par des assouplissements qualitatifs [la création monétaire ex-nihilo] à répétition auxquels ont eu recours le gouvernement des É-U et la Banque Fédérale, pour sauver leur économie accablée de dettes. Cela étant ce n’est pas aux ouvriers sud-africains de subventionner l’impérialisme étasunien!!!

Mais allons un peu plus loin, ou plus près des criminels directs. Quand la direction de Lonmin a décidé, au cours de la grève, plus sauvage que prétendument contrôlée par le syndicat minoritaire AMCU, de proposer une augmentation aux mineurs-perforateurs et pas à leurs assistants, c’était là une provocation, un affront, une tentative abjecte et coupable de diviser les ouvriers pour qu’ils s’en prennent les uns aux autres. Mais les ouvriers sont restés solidaires et n’ont repris le travail qu’après une augmentation de 11% à 22%, qui certes était loin des 300% qu’ils revendiquaient au départ, mais après six semaines sans paie certains avaient tout simplement «vraiment faim».

À l’initiative immédiate du le président Jacob Zuma, une enquête a été ouverte. Il est à souhaiter que les décisions qui résulteront de celle-ci, coïncideront avec les revendications des travailleurs, les espérances du peuple sud-africain, mais aussi celles de ceux, dont le président Zuma fait partie, se sont battus pour une Afrique du Sud libérée de l’apartheid et conforme à la Charte de la liberté de l’ANC.

Alexandre MOUMBARIS

 

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